Avec les animaux, les sociétés de chasseurs échangent une vie contre une autre vie. Ainsi, en Sibérie, on va mourir dans la forêt pour nourrir les bêtes. On leur rend ce qu'on a reçu. Et chez les Indiens on ne doit pas tuer plus d'animaux que nécessaire, car cela va entraîner la mort de quelqu'un. Avec le marché, au contraire, on tue jusqu'à épuisement de l'espèce. Vu sous cet angle, le marché n'est donc pas une généralisation de l'échange. Il en représente au contraire une perversion, une exacerbation jusqu'à l'extinction des protagonistes progressivement métamorphosés eux aussi en objets
[...]
Le moderne pseudo-émancipé du devoir de réciprocité, croulant sous le poids de l'accumulation de ce qu'il reçoit sans rendre, devient un grand infirme, et sa sensibilité le rend incapable de supporter les rapports humains et les rapports aux animaux : incapable de voir le spectacle d'un animal qu'on abat – veau, poule, etc. –, mais supportant parfaitement le traitement que lui a fait subir l'élevage moderne rentable, pire que ce qu'aucune société a jamais fait à une telle échelle à des animaux. Tout cela est parfaitement acceptable à condition d'être caché, qu'on ne le voie pas autrement qu'enrobé sous le plastique de la protection marchande.
J.T.Godbout et A.Caillé, dans
L'Esprit du don
le vg*isme comme contre-don aux animaux ?
"Et les animaux, qu'est-ce qu'ils ont fait pour nous ?!"
Bof , pratiquement rien ...