Comment discuter avec des éleveurs (ou simplement des campagnards) ?

"Il parait d'ailleurs que mon grand-père égorgeait les animaux de la ferme devant mon père quand il avait cinq ans. Visiblement mon père n'était pas choqué."

Chez ma grand mère qui a un poulailler les poules ont toujours été égorgées devant nous dès qu'on était petits et ça ne nous choquait pas non plus. Pourtant ma grand mère et toutes les personnes de ma famille éprouvent de l'empathie pour les anh (même plus que la moyenne je pense), mais à un moment donné les tuer pour les manger fait partie de "l'ordre des choses", ce n'est pas considéré comme mal dans leur cadre moral c'est tout.
Par contre je me souviens que pour l'aïd quand j'étais petite ma mère m'avait amené à un rassemblement où tous les agneaux/ moutons étaient tués en masse au même endroit et là ça m'avait choqué (pourtant un seul mouton tué une autre année chez l'habitant là ça m'avait pas perturbé).
Ce que je veux dire c'est que tant qu'on ne s'est pas forgé sa propre morale par un gros travail d'introspection (qui ne débouche pas forcément sur le véganisme d'ailleurs )on agit selon les normes sociales dans lesquelles on est nés (et on sait tous qu'à peut près tout le monde intègre très rapidement que "norme" = "bien", y a qu'à voir le nombre de végéta*iens qui s'indignent de ce qu'ils voient en disant "mais ce n'est pas normal !" alors que si ça l'est), ça veut pas dire qu'on est un psychopathe sans empathie.

PS: Sinon effectivement "discuter" à 10 contre 1 c'est peine perdue, faut juste attendre que ça passe :caillou:
 
VinZetJu, tu le sais peut-être mais aucune autruche n'a jamais caché sa tête dans le sable.
Cette expression vient d'une vieille publicité. Pas sympa pour les autruches. ;)
 
Question environnement agricole, j'ai vu ma dose étant petit (trigger warning) :
-assomer, écorcher "enlever le pyjamalol", puis vider les lapins d'une traite.
-noyer des portées de chatons dans un seau remplis d'eau avec une pierre sur le couvercle. (je pense sincèrement qu'on peut pas faire pire, long et "inefficace" comme mort)
-trancher les têtes de poulets sur le billot et attendre que le corps cesse de courir partout en tapissant le poulailler de sang.
-et évidemment voir des membres de ma famille que j'aimais revenir de chasse avec du gibier criblé de plombs sous le bras.

Et ayant grandit en voyant ça très tôt (et m'estimant heureux de n'avoir jamais été forcé à le faire), parfois avec une explication lacunaire vaguement patrimoniale, sinon rien du tout, même si ça me questionnait souvent, je n'avais pas plus de révulsion que ça, c'était dégueu au pire. Parfois je me questionnais, mais il m'a fallut arriver à 10 balais pour commencer à trouver étrange la différence de traitements entre individus de la même espèce (lapin de compagnie / lapin à manger), mais seule la chasse et les tortures gratuites se sont retrouvés "spontanément" dans ma zone à bannir.

C'est pas par hasard si l'on parle souvent de déconstruction dans les milieux militants : quand tu nés et grandis dans un environnement donné, il peut être aussi horrible que tu veux pour untel, c'est quand même ta norme, ton quotidien eti la base avec laquelle tu va entamer ton devenir.

Pour être choqué, d'une manière générale, je pense qu'il faut avoir une certitude (même inconsciente) à ébranler, une connaissance établie comme plus ou moins sûre et perçue comme "universelle" et qui va se retrouver prise en défaut.
Quand tu es tout petit, tu n'as pas de certitudes (ou ultra primaires), tu n'as que des absences de connaissances. (et un esprit scientifique très naïf, ultra pragmatique, mais très efficace)

Considérer que les morts, les coups de feu et la ruine puisse être un environnement où se développent des enfants qui voient ça comme "normal" n'est pas moins envisageable que d'apprendre à un enfant qui voit un camion pour la première fois "ceci est une girafe", ou que le père noël existe...

Ceci dit ce n'est pas parce-qu'un environnement donné est considéré comme "normal" pour la personne qui a vécu dedans que cet environnement est forcément sain pour elle. (c'est bien pour ça que j'abonde avec Krishnamurti quand il parle de société profondément malade remplie de gens qui s'y sentent bien)

Et ce n'est pas parce-qu'en disant ça signifierait qu'un petit enfant pourrait "tout encaisser" qu'il faut le faire.

Exemple très con et d'une violence ahurissante pour moi (trigger warning encore, chasse), (et ici déjà, 9 ans c'est déjà bien assez "vieux" pour être choqué de bien des choses) :

https://www.dailymotion.com/video/x28sskb
Cette fillette est présentée partout sur le net en répétant bêtement qu'elle serait "tremblante de bonheur" pour avoir tué son premier animal à la chasse (à 9 ans, youpi), et son visage semble le confirmer, mais au delà du fait qu'elle doit surement avant tout répondre par son attitude à l'attente de son père (soit "être fière et contente d'avoir chassé comme papa"), à mes yeux, celles de ma compagne psychologue et d'autres personnes, elle est surtout en état de choc...
 
Pommier":22bjj6g6 a dit:
Merci pour cette réponse sympathique.
Dans la famille de mon père la compassion pour les animaux n'existe tout simplement pas. Il parait d'ailleurs que mon grand-père égorgeait les animaux de la ferme devant mon père quand il avait cinq ans. Visiblement mon père n'était pas choqué.

— Le 22 Aoû 2018, 10:47, fusion automatique du message précédent —

D'ailleurs VinzetJu, n'oublie pas de te présenter sur le forum, on veut te connaitre un peu mieux :)
nouveaux-venus.html

Oh MY GOD ! Bon, mes grands parents le faisaient aussi et mes parents ont été éduqués avec ces "images" même s'ils ne l'ont pas reproduit.
Heureusement que nos générations, et les futures peuvent envisager d'autres façons de voir les animaux et de vivre avec plutôt que de les manger.
Bon courage en tout cas !
 
Retour
Haut