Pour moi, le problème bient de la manière dont l'omnivorisme de l'être humain est compris, définis et accepté.
La position plus ou moins officielle qui décrit l'humain comme omnivore extrême (comportemental) ou omnivore à tendance végétarienne (biologique) est fortement empreinte de ce tabou culturel de l'herbivorisme (de même que, pour beaucoup, il y a un tabou concernant notre lien avec les autres singes).
Je me trompe peut-être, mais il me semble que, chez les primates, la majorité ont un comportement herbivore à tendance omnivore dans le sens où ils consomment occasionnellement des insectes ou de petits animaux, mais où cela n'est pas nécessaire à leur alimentation ni la base. Il me semble qu'il n'y a qu'une espèce de primate qui soit réellement carnivore et une seule considérée comme totalement herbivore. Evidemment, certains vont jusqu'à considérer le Chimpanzé comme un omnivore "comme l'être humain" pour justifier la notion d'omnivorisme biologique de notre espèce, oubliant au passage qu'il s'agit d'un omnivorisme très relatif (occasionnel).
En règle général, on classifie les autres animaux en fonction de la tendance dominante, sans pour autant nier les comportements omnivores ou la possibilité biologique pour eux de tirer quelque chose d'un ressource animale ou végétale qui fasse entorse à leur régime principal. Les chiens, par exemple, sont toujours principalement définis comme des carnivores à tendance omnivore (biologiquement) de par leur anatomie et leurs préférences, bien qu'il soit plus communément admis que les chiens ont un comportement particulièrement omnivore.
Je trouve le cas du chien très intéressant car il souligne bien l'ambiguité de la notion d'omnivorisme. Si le chien, de par son comportement général, est vu comme un omnivore, mais classé comme un carnivore à tendance omnivore, pourquoi l'humain n'est-il pas classé comme un herbivore à tendance omnivore ?
Les deux espèces sont opportunistes et expriment une préférence (non culturelle) assez claire en général, de plus leur biologie est bien distincte.
C'est encore un problème de question prise dans un sens ou dans l'autre, mais la science n'est pas indépendante (subventions, financement, culture, etc.), il est donc nécessaire d'essayer au maximum de connaitre les différents points de vue.
Personnellement, si je n'ai aucun doute sur le fait que l'être humain ait réussi à évoluer pour mieux tolérer une alimentation parfois déficiente en végétaux (opportunisme, en partie lié a fait qu'il se soit étaler sur des continents plus ou moins accueillants), il n'en reste pas moins un herbivore à tendance omnivore (mais le terme d'omnivore à tendance végétarienne a un mérite : il permet de faire accepter aux omni la viabilité de notre régime alimentaire et de leur faire admettre qu'on est potentiellement herbivores sans prononcer le mot).
Je crois que le plus gros soucis dans ces catégories, c'est qu'elles sont globalement vues de manière trop strictes par la plupart des gens (sans compter le mythe du carnivore).
La Terre ne compte pas que des espèces herbivores strictes, carnivores strictes ou omnivores strictes puisque cela n'est pas forcément avantageux pour la survie.
Le chat est un carnivore strict car il ne peut vivre sans viande sans être supplémenté en taurine (et a quelques soucis de digestions avec les céréales notamment, d'où le problème des croquettes en général). Le chien est classé comme un carnivore à tendance omnivore car il n'a pas ce problème malgré un organisme plus adapté à une alimentation carnivore et une préférence pour la viande.
Le problème des études concernant l'alimentation humaine, c'est qu'elles ne prennent pas toujours tous les éléments en compte ce qui leur permet de faire naître le mythe de l'omnivore strict. En réalité, les "omnivores" sont plus souvent des opportunistes ayant un penchant pour les végétaux OU la viande et non des omnivores stricts.
C'est la question B12 qui entre en jeu le plus souvent car on rappelle que la seule source de vitamine B12 actuelle se trouve dans les produits d'origine animale. On oublie que cela est lié à notre mode de vie et à l'exploitation de la planète. Bien.
A ce propos, le CIV défend les grands consommateurs de viande en rappelant que les petits consommateurs sont à risque pour les carences en B12. Il est intéressant de noter que les grands consommateurs sont à risque pour de nombreuses maladies cardiovasculaires et des cancers et que la consommation maximale de viande par semaine est recommandée à 200g dans certains pays, mais que cela n'est pas mentionné.
(Quoi, on nous impose des peurs pour vendre ? Incroyable !)
Cependant, attention aux études comparatives qui sont elles aussi parfois biaisées. On y trouve malheureusement autant de preuve de la thèse herbivore que de la thèse omnivore, et même les études nous comparant avec d'autres singes peuvent démontrer des différences. Evidemment, cela n'a rien d'étonnant puisque nous évoluons avec nos habitudes alimentaires...
Je suis très intéressée par la question de l'omnivorisation de l'être humain "moderne", est-ce que cela rejoint la disparition progressive des dents de sagesses dont le but principal était de permettre une meilleure digestion des aliments contenant de la cellulose (ce qui renforce la thèse "herbivore à tendance omnivore" dans la mesure où notre dentition compensait l'absence d'enzymes permettant de digérer la cellulose, d'ailleurs, on l'oublie souvent aussi, mais il y a plusieurs sortes d'herbivores...) ?