Je vais essayer de ne pas trop répéter ce qui a déjà été dit (je t'encourage par contre à relire calmement les messages à tête reposée et quand tu es dans les meilleures disposition niveau concentration, désolé de lire que c'est souvent un problème pour toi, je ne sais pas à quoi c'est dû mais j'espère que ça va s'arranger).
Je voudrais revenir sur cette histoire de pyramide de Maslow parce que ça me semble intéressant à deux niveaux. Le premier, c'est que si on regarde la pyramide telle qu'on la trouve par exemple en haut de
sa page wikipédia on peut s'interroger sur la classification de la sexualité dans les besoins physiologiques aux côtés des autres :
- respiration : si on reste plus de quelques minutes sans respirer, on meurt ;
- faim : si on reste plus de quelques semaines sans manger, on meurt ;
- soif : si on reste plus quelques jours sans boire, on meurt ;
- sommeil : si on reste trop longtemps sans dormir, on meurt (note : on a fait l'expérience sur des animaux non humains, pas sur des humains...) ;
- élimination : si on reste trop longtemps sans uriner ou sans déféquer, on meurt ;
- sexualité : on peut vivre des décennies sans avoir de rapport sexuel avec quelqu'un et on n'en meurt jamais.
Comme tu disais, on pourrait dire que la procréation est importante pour l'espèce, mais ce n'est pas un
besoin physiologiquepour l'individu, alors que la pyramide est censée être centrée sur l'individu. Aussi, si le sexe était un besoin
physiologique il pourrait être satisfait par la masturbation. Quand on parle de la recherche de rapports sexuels satisfaisants avec des partenaires que l'on trouve attirant·e·s on n'est pas du tout sur un truc physiologique.
Je me permets de faire remarquer que la bouche des hommes et celle des femmes étant assez semblables, recevoir du sexe oral de la part d'un homme ou d'une femme ça fait pas vraiment de différence physiologique, or la plupart des mecs qui se plaignent d'un manque « d'accès » au sexe ne trouvent pas les deux équivalents du tout : c'est donc bien qu'on n'est pas sur le plan physiologique. Je juge pas leur préférence, j'ai des très bons amis hétéros et du moment qu'ils sont heureux comme ça c'est ce qui compte, mais c'est juste pour dire qu'on parle vraiment pas de physiologie. La sexualité (sous-entendu satisfaisante avec des partenaires qu'on trouve attirant·e·s) devrait être sur une autre ligne de la pyramide, probablement à côté des besoins d'amour et d'affection.
Donc c'est intéressant qu'un homme a priori instruit et tout classe dans les besoins physiologiques un truc qui n'en est pas un du tout. Ça montre un gros biais pas du tout questionné. Je pense que ça rejoint beaucoup ce que dit Jezebel sur le fait qu'on a l'impression que beaucoup de mecs placent au centre de leur univers l'obtention de sexe (sous-entendu avec des femmes jugées désirables).
Le deuxième point (désolé j'ai du mal à faire court), c'est qu'une fois qu'on a replacé la sexualité (avec partenaire plaisant·e) sur la bonne ligne de la pyramide, on se rend compte du déséquilibre de l'équation « OK les femmes ont une situation économique plus défavorable et elles sont plus victimes de violences, mais d'un autre côté les hommes ont plus de mal à avoir « accès » à du sexe » : en terme de pyramide, les besoins fondamentaux des femmes ne sont pas assurés, alors que les hommes c'est pas des besoins fondamentaux. (Et on rejoint ce que disait Crabe sur le fait qu'on cherche à se convaincre que ça se compense alors qu'en fait non.)
Et encore là c'est en admettant que la situation soit réellement en défaveur des hommes au niveau sexuel. Je pense qu'en réalité c'est tout le contraire, et je t'engage à relire le message de Watermelon à ce sujet en distinguant bien ce qui est possible et arrive dans certains cas de ce qui est statistiquement le plus fréquent et arrive dans la plupart des cas. (Je trouve que tu accuses souvent les gens de généraliser quand elles parlent de faits statistiques.) Enfin ce qu'elle dit dans son deuxième message, quoi.
Tu te rendras peut-être compte qu'il y a moins de contradictions entre ce que vous dites que ce que tu sembles croire, si on replace bien les choses : vous dites tous les deux que le viol est inacceptable, elle dit qu'il est néanmoins une réalité dont (à l'âge adulte) les femmes sont largement plus victimes que les hommes et un risque qu'elle ne peuvent malheureusement pas dissocier de leur vie sexuelle. Tu dis que les rapports devraient inclure consentement et empathie, personne ne dit le contraire mais malheureusement
en moyenne les femmes reçoivent moins d'attention à leur plaisir que les hommes. Etc.
Je m'arrête là parce que j'ai déjà fait plus long que ce que je voulais, mais je t'invite vraiment quand tu en auras la possibilité à relire les messages avec ouverture d'esprit, en cherchant à comprendre vraiment ce qui est dit - c'est pas facile de comprendre un point de vue différent de ceux qu'on a l'habitude d'entendre, ça demande des efforts et souvent du temps.