Hell":2n9wszdj a dit:
Hier j'ai pu me rendre compte que j'utilisais toujours des réactions de défense carniste.
J'ai fait la connaissance d'une personne fruitarienne qui m'expliquait que tuer les plantes pour se nourrir était mal, parce qu'elles aussi souffraient. Là, tac tac, "Elles n'ont pas de nocicepteurs ni de système nerveux". Elle me répond qu'elles souffrent à leur manière.
C'est à ce moment-là je me suis surprise à chercher comment lui expliquer qu'elle se trompait.
Alors que ça n'a pas d'importance puisqu'elle est heureuse avec son choix de vie et qu'il n'impacte pas du tout sur le mien. Juste, je ne voulais pas qu'elle pense que j'étais une personne mauvaise.
Heureusement, je me suis rendu compte de ce que j'étais sur le point de faire et je me suis abstenue. Mais je trouve que c'est révélateur d'un mode de fonctionnement que je croyais avoir abandonné depuis des années.
L'impact, c'est que cette croyance complexifie de beaucoup le militantisme pour la cause animale, parce que ça rajoute un pallier de complexité pour imaginer une société qui puisse en tenir compte si c'était vrai (tant sur le fait de savoir si une telle agriculture serait applicable à grande échelle, que de savoir si c'est tenable au niveau santé et universalisable).
Que l'argument de la sentience des plantes est utilisé par les carnistes (pour mettre au même niveau animaux et plantes), et que même si c'est bancal pour justifier le carnisme, il est certainement possible de trouver des cas où ça justifierait de causer du tort à des animaux plutôt qu'à des plantes. (Tiens, par exemple, ça fausse le raisonnement sur les plantes carnivores.)
Et que factuellement, c'est faux, et qu'il y a tellement de manières de le démontrer que c'en est énervant.
Et ça n'a pas grand chose à voir avec le fait de se sentir gentil ou méchant, parce que moi, les gens qui disent des choses que je trouve manifestement fausses, et qui propagent des raisonnements faux, de fausses croyances, ça m'énerve, même si ça n'a a priori aucun rapport avec le bien et le mal. (Mais accessoirement, si on fausse nos raisonnements, on fausse aussi -de proche en proche- notre capacité à faire les meilleurs choix pour causer le moins de mal possible.)
Et ça m'énerve également qu'on déclare quelque chose de vrai, en faisant deux erreurs de raisonnement qui s'annulent. (Parce qu'il suffira alors qu'une des deux erreurs de raisonnement se révèle à celui qui énonçait le raisonnement, pour que sa conclusion lui apparaisse comme fausse.)
Et si je me tais bien souvent, c'est parce que la situation est telle que je sais qu'en essayant de dissiper cette croyance, je causerais du mal à la personne qui la possède (plus de mal que n'en cause sa croyance -si elle en cause-). Ou que ça m'en causerait à moi.