Le pardon et vous ?

kEeNa

Broute de l'herbe
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Guadeloupe
Bonjour à tous,

Ma question étant trop longue j'ai du trouvé un résumé pour le titre.
Voilà l'interrogation philosophique du jour :

"Pensez-vous que le pardon doit être bâti sur le refoulement ou au contraire sur le dialogue" ?

Comme tout le monde le sait, on doit savoir pardonner pour avancer (enfin à ce qu'il parait 0:)), nous réagissons tous de manière différente, face à une déception, une trahison, un manque de respect, une humiliation, une rupture amicale, sentimentale ou même familiale ... mais qu'en est-il de l'après clash ? Après quelques jours, quelques semaines ou encore quelques années, qu'en est-il pour les personnes qu'on ne peut pas fuir éternellement parce que celles-ci tiennent néanmoins une place et un rôle dans nos vies ?

Pensez-vous qu'en se contentant d'enterrer la hâche de guerre cela suffise pour repartir sur de bonnes bases ?
 
kEeNa":1lt4b3wb a dit:
Pensez-vous qu'en se contentant d'enterrer la hâche de guerre cela suffise pour repartir sur de bonnes bases ?
Je commencerai en répondant à cette partie de ta question.
D'après moi, il est possible de repartir sur de bonnes bases si chacun enterre la hâche de guerre à deux conditions tout de même :
- s'accorder le temps nécessaire
- rester vigilant tout au long de la relation qui suit pour chaque chaque personne ne ramène pas les vieilles rancoeurs sur la table
 
Je viens en direct de tester le refoulement:

Travail de groupe, on m'a fait une crasse et j'ai envoyé un mail pour dire que c'était ma faute et que j'étais désolé (vu que les personnes en face ont tout fait pour avoir la confrontation, je test).

On va voir les réponses :p

De manière générale, j'essaie plutôt de résoudre les conflits par: on se réunit à un endroit différent (comme laisser passer du temps, changer de lieu permet de se calmer) et on met tout sur la table avec pour objectif d'arriver à un compromis.
 
kEeNa":1314r90r a dit:
"Pensez-vous que le pardon doit être bâti sur le refoulement ou au contraire sur le dialogue" ?
D'après moi ni l'un ni l'autre. Le pardon est quelque chose de personnel, d'intime. Pour pardonner, il faut d'abord avoir quelque chose à reprocher. Je pense qu'il vaut mieux ne pas avoir de reproche... mais nous sommes ainsi fait que nous reprochons beaucoup de choses aux autres et il ne faut pas le refouler. Il faut en avoir conscience, ça ne sert à rien de se cacher des choses, se cacher à soi-même c'est une des pires choses que l'on puisse faire. Il faut en prendre acte, simplement observer le fait : "je reproche ceci à telle personne", de quoi ça vient, pourquoi, etc.
Le pardon c'est avant tout se rendre compte - soi-même - que le reproche n'est pas justifié. Ça ne vient pas du dialogue, mais de l'observation de soi-même, de l'introspection. Il me semble que souvent, ce que l'on appelle pardon est un consensus. Le vrai pardon ce n'est pas ça, c'est quelque chose d'acquis, d'inaliénable. C'est extrêmement difficile à acquérir.

Pour ne pas dire toujours, souvent, la plupart du temps, le reproche que je peux faire aux autres émane d'un problème que j'ai avec moi-même.

kEeNa":1314r90r a dit:
Pensez-vous qu'en se contentant d'enterrer la hâche de guerre cela suffise pour repartir sur de bonnes bases ?
Pour repartir sur de bonnes bases, il suffit que les deux pardonnent.
Enterrer la hache de guerre ça ne suffit pas à mon avis. C'est le consensus dont je parle plus haut. Enterrer la hache de guerre, ça implique qu'elle puisse être déterrée à nouveau. Ça peut n'être qu'une trêve. Il faut littéralement détruire la hache et transcender la notion de guerre. C'est ça le pardon.
 
Merci pour vos réponses et particulièrement pour la tienne barbux que je trouve joliment exprimée.

Le pardon c'est avant tout se rendre compte - soi-même - que le reproche n'est pas justifié.
Je ne suis pas trop d'accord avec ça. Parfois les rancœurs sont justement justifiées et les blessures induites sont toujours à vif. Parfois "l'autre" quel qu'il soit est allé trop loin et c'est dans ce genre de cas qu'on a du mal à se situer.

Je crée ce topic surtout parce que je me retrouve dans cette situation précise et que je ne sais pas la gerer, je ne bénéficie pas d'avis suffisamment neutres autour de moi pour me permettre d'avoir une vision objective. Sans faire l'étalage de ma vie privée, c'est ma mère qui me demande aujourd'hui mon pardon ainsi que l'enterrement de la hâche de guerre après 9 ans de silence. Moi je pense que cela ne peut pas se faire sans assainir le terrain et repartir sur des fondations saines, elle, elle pense que regarder en arrière empêche d'avancer (l'un n'empêche pas l'autre pour moi cela dit) et préfèrerait qu'on "oublit".

Voilà pourquoi je m'interroge et tente de comprendre.
 
D'accord avec Barbichou, le pardon ça vient de soi et de personnes d'autres c'est un acte gratuit (faut pas le faire à contre coeur), et surtout c'est un apaisement de soi envers soi. L'autre ne peut jamais savoir que tu lui pardonne.
Ensuite si tu dois interagir avec une personne à qui tu as pardonner, il faut que la personne en face ne se sente ni inférieur ni supérieur, que la relation soit dépassionné, et qu'elle devienne saine dans le sens que s'il y a conflit il n'y ai pas le retour du problème précédent, montrant que le pardon n'était que de façade.

C'est assez abstrait le pardon, mais si on pouvait le décrire physiquement ça serait un apaisement de l'âme et du cœur.
 
Alors, je ne vais peut-être pas aller trop dans ton sens, je suis désolé, c'est une situation difficile que tu vis, j'espère ne pas enfoncer le clou et j'espère au contraire que ça pourra t'aider. En tout cas ça vient du cœur. Je suis assez d'accord avec les propos que tu rapportes de ta mère, enfin pas sur tout. Je m'explique. Le passé c'est quelque chose de révolu, on ne peut pas y revenir et je suis d'accord sur le fait que s'appesantir dessus empêche d'avancer. Il vaut mieux se concentrer sur le présent. Mais ça ne veut pas dire oublier. Je ne suis pas d'accord avec elle sur le fait qu'il faut oublier. D'ailleurs tu ne pourras pas oublier, tu ne pourras que refouler et ça te rongeras plus insidieusement que le souvenir.

Pardonner ce n'est pas oublier, surtout pas. Pardonner sur un oubli c'est un mensonge, il faut avoir pleine conscience des reproches pour pourvoir pardonner.

Il y a des situations comme la tienne ou le pardon est très difficile à donner. Et ce n'est pas une obligation. Je ne pense pas que c'est quelque chose que l'on peut réaliser volontairement, ça s'impose quand le moment est venu.

La phrase que tu as cité de moi, "Le pardon c'est avant tout se rendre compte - soi-même - que le reproche n'est pas justifié." Ce que je veux dire c'est que pour pardonner il faut que le reproche ne soit pas justifié et ça seul toi peux le savoir, je n'ai pas la prétention de le savoir pour toi, désolé si ça à pu te blesser étant donné ta situation. Ne cherche pas à la pardonner, ne te force pas à ça. Ça prendra le temps que ça prendra, il faut que ça vienne naturellement. Peut-être que ça ne viendra jamais, il ne faut pas te juger négativement (je ne sais pas si c'est ce que tu fais) pour ça non plus.

Tu n'es pas obligé de la pardonner pour recommencer à entretenir des relations avec elle non plus. Tu peux lui dire que tu ne peux pas la pardonner (il vaut mieux ne pas lui mentir dans ce cas là), mais que tu veux bien reprendre une relation, que le pardon pourra venir avec le temps, que tu as besoin de temps.
 
Keena, si tu n'es pas prête à pardonner de bon coeur, ne le fait pas. Le pardon ça ne se force pas. Il faut parfois une vie pour l'atteindre.
Tu as plusieurs choix, ne pas pardonner ne veux pas dire ne rien faire. Tu peux la laisser venir dans ta vie en premier sans lui pardonner. Lui donner le moyen de t'aider le faire.
Tout n'est pas tout blanc ou tout noir. Tu as le droit de choisir. Le pardon n'est pas un devoir.
 
Keena
Khate a écrit :
C'est assez abstrait le pardon, mais si on pouvait le décrire physiquement ça serait un apaisement de l'âme et du cœur.
La formule est belle et très juste. Lorsque l’on a été blessé par une attitude, des paroles, notre réflexe naturel est d’en vouloir à celui ou celle qui l’a faite.
Mais il en est comme de toute blessure : plus tu la grattes, parce qu’elle te démange, et plus elle est longue à cicatriser et plus tu TE fais mal. Pardonner c’est déjà favoriser au maximum la cicatrisation qui laissera probablement une cicatrice (ne pas oublier), mais te permettras de retrouver plus rapidement un bon usage de la partie blessée.
Par ailleurs ; pardonner à autrui c’est se mettre dans les dispositions d’esprit pour être soi-même pardonné de ses propres erreurs (lequel d’entre nous n’a jamais blessé quiconque, qu’il lève le doigt).
Et enfin, ne pas pardonner c’est ressasser constamment (se gratter !) ce qui a fait mal et donc empoisonne l’esprit et le corps de la « victime ». Ne pas pardonner c’est SE faire du mal en en voulant aux autres. Et donc pour reprendre la formule de kathe : « ça donne un apaisement de l’âme et du cœur »
 
Vous m'avez fais prendre conscience qu'effectivement il n'est pas obligatoire de pardonner à quelqu'un pour lui ouvrir de nouveau sa porte. (et je vous en remercie :) )

Ne t'inquiètes pas Barbux tu ne m'as pas blessé, il est bien difficile de se faire une idée d'une situation à la fois quand on ne connait pas l'histoire mais en plus lorsque celle ci est aussi grossièrement résumé (par écrit de surcroit). ^^


Ceci étant dit, je pense malgré tout que même si on ne vit pas dans le passé, il est important de savoir en tirer les leçons nécessaires en réfléchissant sur ses faits, parce que le refouler ne permet (à mon avis) pas de ne pas recommettre les mêmes erreurs. J'en suis encore au stade écrit avec ma mère, je tente de lui faire comprendre cette dernière réflexion, je me demande aussi s'il ne serait pas plus judicieux de se revoir en présence d'une tierce personne neutre (comme un psy par exemple) afin de facilité les échanges. Je ne sais pas, tout ça c'est si nouveau et si compliqué pour moi.
 
keena
Laisse parler ton coeur plutôt que ta tête et, si ta mère en fait autant, le conflit cessera de lui même. Dans ces cas là, il ne faut pas chercher à déterminer qui a tort, cela viendra éventuellement plus tard, sinon cela ravive la plaie et le but a atteindre n'est justement pas celui-là.
 
kEeNa":1isbvdc2 a dit:
"Pensez-vous que le pardon doit être bâti sur le refoulement ou au contraire sur le dialogue" ?
Je pense que le pardon est un mélange de temps et de dialogue. Revenir sur le pourquoi, il y a toujours une cause à chaque acte. Cependant, je ne pense pas que le refoulement est une solution, puisque le passé reste toujours en surface. Le refoulement risque de faire devenir rancunier, et de toujours y penser, et auquel cas, le pardon n'est pas sincère, les reproches risquent de grandir, et lorsque ça clash, alors là, attention aux meubles!
Je refoule beaucoup mes sentiments et mes ressentis, mais mon pardon n'est pas accordé. Je n'offre mon pardon qu'aux personnes qui en valent vraiment la peine
Je considère la relation humaine comme non nécessaire, je suis un peu associable. Cependant, je veux seulement que les rares qui existent soit vraiment au mieux, que l'un ne déçoive pas l'autre, ou sache s'excuser pour que le pardon ait lieux.
 
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