Mais peut-être que sans céder on peut quand même être un peu stratégiques et bien choisir nos combats. Là le truc confrontationnel avec les boucheries ça me semble pas le plus productif quand même, et pas tellement le meilleur contexte pour bien mettre en valeur pourquoi notre combat est juste.
Je comprends bien l'idée de stratégie, mais alors quelles sont tes préconisations pour ce contexte ?
Se taire, laisser retomber les tensions, se faire oublier, pour reprendre de plus belle plus tard ? Ne se passera-t-il pas exactement la même chose à chaque fois qu'on élevèra la voix pour dénoncer ce qui se passe ? Notre occasion actuelle de parler, elle est donnée par l'instauration d'un contexte de violences matérielles qui menace l'ordre en place.
Il me semble que c'est notre message en lui-même qui constituera toujours une confrontation avec les acteurs de l'exploitation animale. On peut l'exprimer de la façon qu'on veut, on sera soit ignoré, soit ridiculisé; soit on sera réprimé et on aura alors la possibilité de s'engager dans un rapport de force.
Puisque nous avons justement le contexte qui met en avant cette confrontation, c'est l'occasion de le faire. Dans quel autre contexte que celui de la confrontation directe est-ce qu'on peut déployer nos arguments
et être écoutés ?
L'anecdote de Kob illustre parfaitement ce que je dis:
Du moment que l'activité des un.es et des autres n'est pas menacée par la présence du logo "végane", ils peuvent la tolérer sans problème. Et s'ils ou elles ne se sont jusqu'ici pas senti.es menacé.es par ce logo, c'est parce que la revendication de l'abolition de l'exploitation animale au travers du mot "végane" n'était entendue par personne.
Le fait qu'une répression idéologique s'étende est un très bon signe. (désolé pour ton chocolat Kob
).
Aujourd'hui c'est les commerçant.es, hier c'était les canines des bébés malnutris avec du soja OGM, demain ce sera peut-être la bouffe des animaux de compagnie. Laissons trouver aux médias des prétextes pour nous discréditer (ils en trouveront toujours), et concentrons-nous sur la diffusion de notre message et les opportunités qui nous sont données pour le faire.
Le petit boucher de quartier, il est dans la même situation que l'épicier, le primeur, et tous les autres commerçants, à s'échiner à bosser 80H par semaine pour un salaire à peine décent.
Ce n'est pas sur lui qu'il faut taper.
Qui est-ce qu'il faut viser ?
Les grandes surfaces sont dépersonnalisées, les abattoirs sont éloignés et ignorés, les élevages sont cachés derrière un voile d'illusions. Les gens n'ont de lien avec le fonctionnement d'aucun de ces trois systèmes; les dénonciations produites par les activistes de L214 ont impacté peu de gens de manière significative, qu'elles se soient faites envers les élevages ou les abattoirs. La principale réaction du système agroalimentaire a été de mettre une couche de peinture dans les élevages, les télés et les esprits, et c'était à priori suffisant pour que débat public il n'y ait pas.
Le commerce de proximité en revanche, c'est ce qui parle à la classe dominante, parce que c'est le dernier maillon de la chaîne pour elle. C'est la représentation d'un idéal derrière laquelle elle peut se réfugier. C'est le seul endroit où les victimes sont visibles sur la voie publique et dans les villes où vivent la plupart des gens. Pour la grande majorité de ceux qui consomment des produits animaux, leur seul contact avec les animaux qu'ils condamnent, c'est justement à travers les vitrines de ces commerces. Quelle meilleure cible pour faire résonner un message et installer un rapport de force ?
Est-ce que vous pensez vraiment que ceux ou celles qui ont décidé de casser des vitrines n'ont fait aucun choix stratégique, et ont juste décidé de taper dans le premier venu ? (à vrai dire j'en sais rien, mais à mon avis, quand on met en cause sa sécurité, l'intégrité de sa personne et sa crédibilité sociale en agissant dans l'illégalité sur un sujet aussi lourd d'implications, on réfléchit un peu avant à ce qu'on fait).