Lien biologique entre une femme et son enfant ?

Picatau

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Voilà toute la question est dans le titre. Je n'ai pas les ressources pour pouvoir y répondre.
Lien biologique affectif et/ou lien culturel affectif ?
 
L'ADN mitochondrial est issu exclusivement de la mère il me semble.
Et j'ai lu que certaines des cellules XY ont déjà été retrouvé dans les cerveaux de femmes ayant eu des garçons ( groupes avec et sans comparés ), donc l'ADN de l'enfant peut se retrouver chez la mère en petite quantité.

C'est tout ce que je sais du "lien" biologique ^^' ( je saurais pas retrouver les articles, c'est dans un magasine de vulgarisation scientifique que j'ai lu ça )
 
Intéressant, merci. Je me posais davantage la question du point de vue affectif, vous voyez, comme quand on entend des expressions comme "la chair de ma chair" pour exprimer l'attachement à son enfant.
Bref, le lien affectif entre une mère et son enfant est-il une "construction" sociale ou prend-il appui aussi sur du biologique (le développement intra-utérin, la mise au monde, la têtée...) ?
La mère d'un enfant adopté a-t-elle exactement le même lien affectif avec son enfant qu'une mère avec son enfant biologique (dans le cas où elle l'a voulue et où elle l'aime bien entendu) ?
 
La grossesse et l'allaitement provoquent une montée d'hormones de l'attachement la plupart du temps, mais elle peut être provoquée par le simple fait d'élever son enfant puisqu’elle est aussi constatée chez les pères impliqués.

Donc pour moi un lien affectif plus grand pour son enfant biologique que pour son enfant adopté peut parfois être expliqué par la valorisation sociale du "lien du sang" ( après c'est dur à déterminer puisque parmi plusieurs enfant biologiques des parents peuvent avoir des préférences pour certains ).
 
Le concept d'"instinct maternel" est très loin d'être présent dans toutes les cultures et époques en tout cas. Jusqu'aux Lumières, en Europe, les enfants étaient couramment séparés de leurs mères juste après leur naissance, et envoyés à des nourrices, dans des conditions souvent désastreuses (trajet en charrette pour un nouveau-né + mauvais traitements et surnombre chez la nourrice).
L'amour maternel tel qu'"on" le conçoit a largement été développé par des philosophes des Lumières (Rousseau entre autres) alarmés par la surmortalité infantile, et s'est progressivement imposé.

Je n'ai pas connaissance de preuves concernant l'existence d'un instinct maternel, le peu que j'ai lu à ce sujet ne m'a pas semblé super concluant (mais ça remonte et je n'ai pas de souvenirs très précis).

Concernant l'attachement enfant-mère, les expériences de Harlow (atroces) ont montré que des petits singes pouvaient s'attacher à n'importe quel objet, pour peu que ça soit le premier qu'ils perçoivent et qu'ils puissent interagir avec.
Attention, glauque et sadique :
Il a séparé des singes nouveaux-nés de leur génitrice, et en a placé certains face à deux objets, dans le même espace : une "mère" en peluche douce et une "mère" en matières dures, mais qui distribuait de la nourriture. Les petits se réfugiaient auprès de la peluche quand ils avaient peur, mal, besoin d'affection... et allaient vers l'autre pour se nourrir.
Il a également placé des singes nouveaux-nés face à une machine qui les blessait quand ils l'approchaient ; les petits continuaient à aller vers elle, en l'absence d'alternative, jusqu'à être grièvement blessés.
Ensuite, les expériences de ce type ont été interdites suite aux actions d'assocs' de défense des animaux.
Cette expérience, et ce que je connais des recherches effectuées sur "l'attachement maternel" (sur des humains), laissent penser qu'un nouveau-né s'attache au premier être (voire à l'objet qu'il perçoit comme être) présent après sa naissance, qui s'occupe de lui, etc.
Apparemment, le fait pour une mère de s'occuper de son enfant favoriserait aussi l'attachement. Dans les articles que j'ai lu, il était question de modifications hormonales et autres changements physiologiques, mais rien d'assez détaillé pour que je sache si la méthodologie était un minimum sérieuse ou pas (sans compter que je suis loin d'être une spécialiste en la matière, donc pas toujours à même de détecter les conneries au premier abord).

Voilà pour le peu que j'en sais. Je laisse les développements aux gens qui ont des diplômes en biologie de la reproduction, par exemple, vu qu'on a la chance d'en avoir ici... :p
Au passage, je crois que L'Amour en Plus de E. Badinter est son seul bouquin que j'ai trouvé pertinent et intéressant (c'est un essai sur l'histoire de la manière de traiter les bébés/enfants et l'apparition du concept d'instinct maternel, justement).
 
Je ne crois pas a l'instinct maternel :) C'est une construction sociale.

Quand on a un bébé dans les mains les premières fois, on ne peut pas s'empêcher de dire comment çà marche?
Quelle mère s'est directement pourquoi son bébé pleure précisèment? Comment changer une couche, comment tenir l'enfant?

On apprend à aimer son enfant, la société nous apprend qu'il faut l'aimer c'est pour çà.

Je cherche un texte intéressant sur l'instinct maternel écrit par une sociologue féministe :)
 
La question que je posais ne postulait pas particulièrement d'instinct maternel ou paternel d'ailleurs. Je me demandais plutôt si l'idée qu'un enfant est issu de ses "propres chairs" influait sur le sentiment d'attachement à son égard.
Mes expériences tendraient à me faire penser que c'est le cas, en raison de phrases entendues comme "la chair de ma chair", "le sang de mon sang"... on pourrait presque entendre "les gènes de mes gènes" lol, que je vois que la plupart des gens préfèrent nettement avoir un enfant issus de leurs gamètes, qu'ils ne se replient à l'évidence sur des solutions alternatives (donneurs de spermes...) qu'en cas de déficience, et que je constate la quête des géniteurs chez les enfants abandonnés.
Vous me répondrez construction sociale sans doute. Peut-être, je ne sais pas, j'attends des références qui auraient étudié le sujet sérieusement.

PS : Je viens de voir les liens postés par Jezebel. Je suis en train de les lire.
 
Disons que notre société glorifie ce lien biologique, essaie de faire passer des modes d'organisations sociales comme "naturels". Du coup, évidemment, pour beaucoup de gens c'est important et on entend ce genre d'expressions, on observe ce que tu dis..

Mais c'est forcément une construction sociale, le fait de partager le même ADN ne peut pas en soi créer un lien affectif entre des personnes, étant donné qu'on n'a pas notre code génétique inscrit sur le front, donc le seul moyen de savoir qu'on a tel ou tel lien biologique avec tel enfant c'est simplement parce qu'on sait comment fonctionne la reproduction, et qu'on se doute qu'en se retrouvant enceinte après avoir fait des galipettes le foetus en question vient de nos gamètes.

De plus, surtout, en regardant les autres cultures on voit qu'il y a de tout, que l'équation géniteurs=parents n'est qu'une possibilité parmi d'autres, donc que la parentalité et ses modalités sont socialement construites, donc que le fait d'attacher de l'importance à ce que l'enfant soit "la chair de sa chair" est aussi social.

Par contre tu parles de grossesse, mise au monde, de tétée, etc.. Pour moi ce ne sont pas des liens "biologiques" ça, mais une expérience, un vécu partagé avec le bébé. Donc oui ça participe à la création du lien entre ces deux personnes, mais pas pour des raisons "biologiques". (D'ailleurs une femme enceinte suite à un don d'ovule vivra elle aussi ces mêmes expériences données en exemple).
 
OK. C'est davantage un lien charnel ou sensuel que je mettais en avant pour la tétée et tutti quanti...
Sinon, tu parles de construction sociale, en effet, c'est sûrement une composante, mais n'y aurait-il pas aussi une composante psycho-affective sans forcément un lien avec le "conditionnement" social ? Mettre au monde un enfant n'est-il pas un acte marquant (en tous cas, ce n'est pas anodin) psychologiquement induisant, le plus souvent, un attachement (qui d'ailleurs pourrait aussi bien être positif que négatif mais c'est une autre histoire) ?
 
Je trouve que la question est pas forcément hyper bien posée à la base. Par exemple le fait qu'on porte un enfant 9 mois, cela créé un lien. Mais si porter et accoucher l'enfant sont des faits biologiques, on leur donne forcément, chez les humains, une signification, qu'elle soit culturelle, individuelle ou plus probablement un mélange des deux. Le lien émotionnel entre la mère et l'enfant ne provient donc pas directement du fait qu'elle l'ait porté et mis au monde, mais de la signification qu'elle donne à ces actes, signification qui est extrêmement variable selon les personnes et les cultures. Cela dit c'est peut-être vrai que cela induit fréquemment un lien d'attachement très fort; mais ce n'est pas forcément toujours le cas, donc si ce n'est pas toujours le cas on ne peut pas dire que c'est inné.
Comme souvent dans les débats "inné vs acquis" on se rend compte que tout est finalement de l'acquis bâti sur de l'inné.

C'est vrai aussi que la gestation et l'accouchement sont marquants sur le plan biologique (dans le sens où ce sont des expériences très éprouvantes pour le corps) et que du coup ce sont des phénomènes biologiques auxquels la personne qui les vit va avoir tendance à attribuer une grande importance, notamment sur le plan émotionnel, de la construction de soi, de la construction d'un lien, etc etc. Mais le sens qu'on va donner à tous ça, ça dépend de beaucoup de facteurs.
 
Je suis toujours attachée au sein de ma mère à 30 ans, je me vois bébé en train de téter j'ai même parfois des flashs de quand j'avais quelques jours et je me sentais bien! Je trouve qu'un sein ressemble à un visage de bébé comme si c'était son ami.
 
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