(Je vais en profiter pour répéter ce que je dis souvent, et qui permet, je pense de bien recadrer la vue d'ensemble...)
Le véganisme est le boycott de l'exploitation animale, dans le but de revendiquer la fin de l'exploitation animale (et en priorité la fin des industries alimentaires, qui font 99% des victimes) et en vue de faire évoluer la société vers une société antispéciste (ou du moins une société qui intègre l'antispécisme à ses valeurs collectives de justice - ce qui ne veut pas dire que le non-spécisme est un absolu clair, mais on sait moins dans quel sens se diriger).
Mais aucun boycott n'est parfait. Le boycott fait partie des stratégies militantes qui existent, il est très probablement nécessaire, mais il ne peut pas suffir à lui seul à obtenir l'abolition. Aucun militantisme d'abolition (de l'esclavage, de la peine de mort, de l'autorité maritale, de ceci ou de cela) n'obtient de résultat en se contentant d'un simple boycott. On ne peut pas attendre que quelque chose disparaisse simplement parce que 100% des consommateurs choisiraient de le boycotter.
A un moment donné, les institutions elles-mêmes agissent et transforment directement la société, en lui faisant faire un (petit) bond.
(Pour l'abolition de l'esclavage, c'est un peu plus que "les institutions"... Ce sont carrément des guerres civiles, des révoltes armées, mais bref, au final il a bien fallu que l'issue soit validée par des lois, donc une action des institutions.)
Donc le boycott ne doit pas devenir une finalité en soi. C'est un outil, avec une efficacité forte mais spécifique, qui n'est pas infinie. Le véganisme est un outil de militantisme. Et il se complète avec d'autres outils de militantisme (informer les divers acteurs, changer les discours officiels, revendiquer publiquement, viser les acteurs économiques, viser les politiques, etc.), qui doivent servir à atteindre un objectif qui lui ne doit pas être perdu de vue (l'abolition de l'exploitation animale + la société antispéciste, avec ses étapes : abolition(s) de la viande, des produits animaux, de ceci, de cela).
Quand on oublie la priorité de l'objectif, en faisant passer la tactique militante en priorité (se mettre à croire que le boycott-véganisme parfait est l'objectif, ou perdre à temps fou à essayer de définir le "bon végane", et en venir même parfois à s'opposer aux autres tactiques, par pur dogmatisme, sans chercher à analyser les pour et les contre), on se tire une balle dans le pied.