Mon chemin vers le végétalisme...

Mamzelle S

Avale du tofu
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senourrirautrement.wordpress.com
Je ne sais pas si un jour je serai végétalienne. J'en entends déjà me répondre "mais si, tu verras, on a tous traversé nos périodes de doutes". Vraiment, je ne sais pas. Pour diverses raisons.
La 1ère est que je rêve d'avoir un bout de terrain et que ce rêve aboutira un jour. Et ce jour-là, j'aurai non seulement un potager/verger bio mais aussi des poulettes (3). Elles vivront leur vie peinarde, feront des oeufs selon la saison (oui, y a une saison pour les oeufs mais la plupart des gens ne le savent pas). Et il ne me viendra pas à l'idée de les tuer si un jour elles n'en font plus. Donc, un des arguments qui m'amène à ne pas vouloir arrêter ma consommation d'oeufs. Actuellement, mes oeufs sont bio et proviennent d'un élevage local. Alors, c'est vrai que je ne sais pas quelle est sa politique quant aux poules qui ne pondent plus. Faudrait que je lui demande. Donc, je vais diminuer ma consommation d'oeufs mais je ne pense pas la supprimer totalement.
Une 2nde raison pourrait être tout simplement le fait que j'aime le fromage mais je sais que c'est un argument superficiel qui n'est que lié à ma façon de m'alimenter actuelle. Cela fait une semaine que je ne mange plus de beurre salé (et Dieu sait combien j'aime ça) et je ne ressens pas de manque.
La 3ème raison est plus de l'ordre de l'humain. Je me fournis chez des producteurs locaux que je connais, que je côtoie depuis des années. J'ai envie d'encourager cette forme d'économie.
Donc, voilà où j'en suis : mi-végétalienne à tendance vegan.
J'ai arrêté tous les produits laitiers d'origine industrielle (même si bio), par contre, je ne me sens pas encore d'arrêter d'acheter ce qui est produit localement par des gens que j'apprécie. Peut-être que je pourrai faire ce pas le jour où je ne pourrai plus aller au marché pour des raisons d'horaires de travail incompatibles (ils sont en semaine) ? Ou peut-être que j'en viendrai à avoir 2-3 chèvres à qui je laisserai les petits et récupèrerai juste de quoi me faire quelques fromages... sans présure.
Je continue mon chemin avec ce qui me semble important, parallèlement à ce choix de végétarisme/végétalisme : le bio et le produit localement. Nous avons mangé notre dernière pêche aux pesticides. Si je ne peux pas en acheter de bio pour cause de prix rédhibitoire, nous n'en mangerons plus (jusqu'à ce que nous ayons notre verger).
Et puis à tendance vegan car même si je n'ai plus l'intention d'acheter de chaussures en cuir, j'en ai encore que j'userai jusqu'au bout. De même, j'ai récupéré un blouson qui a plus de 30 ans (appartenait à mon père) et tant qu'à faire autant l'amener jusqu'au bout. Mes vêtements ne sont pas tous en coton bio.
Bref, y a du boulot et encore un long chemin...
 
Merci pour ce témoignage. Il est intéressant, car il illustre l'une des manières de vivre le végétarisme (et le végétalisme). Tes engagements semblent forts, tes choix de consommation locale, équitable, respectueuse de l'environnement humain et naturel ressemblent à des choses qui me font envie, dans une ligne décroissante...
J'en suis encore loin, certains de mes idéaux diffèrent (je n'aime pas l'idée de propriété), mais je m'y reconnais pas mal, amusant!
 
je comprends et partage tout à fait ton point de vue. ce serait aussi d'une certaine manière mon idéal de vie végétarienne (et donc pas végétalienne en l'occurence). j'en suis encore très loin moi aussi, mais j'essaie petit à petit d'y tendre de plus en plus.
 
En fait, ma réflexion (et mon questionnement) c'est que tout est lié : idée de système où tout se tient (le social, l'économie, l'animal, l'environnement...). Et donc, je trouve cela difficile d'avancer de la même façon dans chacune de ces directions. J'aimerais trouver l'équilibre. :)
Et sinon, oui, je suis une foutue capitaliste qui rêve d'être propriétaire ! ;) Non, ce n'est pas ça. Et puis tu connais ma position quant aux projets d'habitat collectif autogéré. :) Disons que je n'ai pas envie de dépendre d'un propriétaire (et surtout d'un bail) : j'ai envie de pouvoir lancer un projet dans la durée (surtout qu'il en faut pour un verger).
 
J'ai aussi cette envie, de ne pas dépendre d'un propriétaire. Mais je n'aime pas l'idée de propriété, et j'aime la liberté de ne pas être lié à une terre. Un espace collectif autogéré me plairait bien, car il répond à ces deux envies. En attendant, je choisis la location, car j'aime trop la liberté :)
Mais je comprends et respecte ton approche, bien sûr !
 
Le seul problème pour moi avec le "véganisme raisonné" c'est que même si vous traitez bien vos animaux, la plupart ne le font pas. Pour moi être vegan, c'est aussi donner l'exemple, dire "on peut se passer entièrement de l'exploitation animale pour vivre et vivre bien".

Question subsidiaire - sais tu que fait ton producteur bio de ses poussions mâles? Et tes producteurs de lait et fromages bio des petits que leurs vaches et chèvres doivent avoir une fois par an afin de produire du lait? Ce n'est pas une agression, juste une question car j'imagine que certains producteurs doivent vivre sans cruauté animale (efin je voudrais l'espérer).

Ceci dit je comprends très bien ton désir d'encourager une économie locale, c'est quelque chose que je fais aussi (sauf que dans mon cas c'est boulangère bio, maraîchers etc ...) en plus ce sont des gens qui sont ouverts aux notions de végétarisme et végétalisme.

Pour ce qui est du cuir, je me considère vegan, mais j'ai encore des choses en cuir que je n'ai pas usées (bon les manteaux et blousons je les ai donnés, parce que je ne supporte pas, mais il me reste quelques paires de chaussures que je remplace petit à petit et un portefeuille de grande marque qui a 10 ans et qui paraît tout neuf) je n'ai en effet pas envie de rentrer dans la surconsommation pour devenir une vegan idéale et conforme. Après, là aussi, je trouve qu'il faut donner l'exemple, et je suis incapable de militer pour le vegan avec une paire de chaussures en cuir aux pieds, je ne me sens pas crédible.


Courage pour ton cheminement en tout cas, et pour moi devenir VGR était facile, devenir VGL l'a été bien plus et a été bien plus progressif.
 
Merci Noann pour tes remarques parce que c'est en étant poussée dans mes retranchements (sans agression, je l'entends bien :)) que j'avance.

Le gars à qui j'achète des oeufs bio vend aussi de la volaille. Donc, je me doute bien qu'il n'a pas de scrupules à tuer des animaux. Est-ce que je devrais boycotter ses oeufs ? J'y ai pensé...
J'achète mon fromage à deux exploitations différentes, l'une avec des chèvres, l'autre des brebis. Dans la 1ère, je sais qu'elle garde la plupart des petits et donne les autres au bout de quelques mois (il y a séparation mais pas mort). Dans la 2nde, je n'ai jamais eu l'occasion d'en discuter mais certains de ce GAEC sont végétariens donc j'imagine qu'ils respectent aussi une certaine éthique.
En fait, j'aimerais montrer que l'on peut vivre en harmonie avec l'animal, que c'est une question d'équilibre. Je n'ai pas envie de rejeter toute relation avec l'animal. Et je ne perçois pas l'utilisation de l'animal comme de l'exploitation si c'est fait dans le respect.
 
La question du respect de l'animal est complexe. Certains considèrent que l'exploitation contre leur gré d'un animal, même s'il y a grand respect des rythmes, des vies, etc. est déjà inacceptable.
Ces questions sont délicates et complexes, souvent la théorie ne rejoint pas la pratique, notamment parce que la civilisation dans laquelle nous vivons ne permet pas d'accomplir nos actes comme nous le souhaiterions.
Mamzelle S, as-tu déjà eu l'occasion de parcourir un exemplaire des cahiers antispécistes:
http://www.cahiers-antispecistes.org/
Certaines de leurs réflexions vont dans le sens de la remarque de Noann, et même si parfois il forcent à réfléchir, c'est toujours très intéressant.
 
si toi tu le fais pas mamzel, qui le fera ?...
la question superficielle du gout et du plaisir, est effectivement bien superficielle. mais c'est vrai, faut etre pret.
 
Effectivement je crois que ce sont des questions intéressantes. Personnellement j'ai déjà tranché car je suis abolitionniste et effectivement la notion d'antispécisme m'interpelle plus que tout. Donc pour moi, clairement, utiliser ne peut être fait avec respect, jamais, tout comme je ne peux pas utiliser un animal humain avec respect. Pour qu'il y aie respect, il faut, pour moi, qu'il y aie consentement.

Mais je suis consciente aussi que cette manière de penser est minoritaire même chez les VG, et que c'est une sorte d'idéal utopique vers lequel je tends, mais je ne suis pas certaine que le monde devienne comme ça un jour.

Ceci dit, c'est bien de voir qu'au moins dans l'une des exploitations, les petits sont donnés et ne finissent pas en viande en tout cas.

Et oui, pour moi c'est à nous, justement de boycotter, de montrer que la consommation animale au moins, est inacceptable sous toutes ses formes, bio comme non bio. Il est toujours difficile de savoir jusqu'où boycotter ... comme il n'existe pas de magasins VG on achète de toute manière nos produits en supermarchés, biocoops qui vendent aussi de la viande ...

Tous autant que nous sommes, ici, nous répondons à ces questions à notre propre manière.
 
Cependant, il ne faut pas ignorer que les choix de consommation locale que fait Mamzelle S permettent de réduire nettement l'impact de l'humain sur la nature, et notamment évite qu'un grand nombre d'animaux ne pâtissent des activités de l'humain.
En effet, le fait de ne pas consommer local entraîne des comportements humains à risque pour les animaux: les routes sont des tueurs incroyables, la pollution engendrée par le déplacement de matériaux, ou encore de personnes est source de nombreuses éradications.
Certes, ce n'est pas de l'exploitation animale, mais c'est clairement quelque chose qu'on inflige à l'écosystème (et notamment à la faune) si l'on ne consomme pas local.

Je ne pense pas qu'il n'y ai qu'une manière de s'approcher du respect total de la vie animale, l'antispécisme et la décroissance en sont deux.
 
C'est clair, je trouve que ce serait bien que l'on consomme tous plus local et saisonnier (j'essaie, mais je suis une grande consommatrice de poivre, de thé, de café ... et j'ai du mal à m'en passer ...) c'est d'ailleurs pour ça que je me pose des questions sur les noix de lavage, par exemple.

Et bien sûr que c'est une bonne démarche. Comme je l'ai dit plus haut, je pense que tout le monde ici essaie de répondre à sa manière, nous avons tous des solutions et des pratiques différentes.
 
Ce que j'aime ici, c'est qu'on peut s'enrichir de l'expérience des autres, en échangeant sur des choix de vie qu'on envisage de faire, ou qu'on découvre :)
 
Je te rejoint beaucoup Mamzelle.

J'appréciais bien les quelques œufs des poules de mon patron, malheureusement elles se sont rapidement faites mangées par les renards. Je pense qu'elle trouve aussi leur compte dans le "foyer" qu'on peut leur offrir. Elles étaient en totale liberté, aucune barrière, elles pouvaient s'enfuir pour vivre leur vie ailleurs, mais elle restaient tout le temps là, ou tout du moins elles revenaient très régulièrement.

Moi non plus j'aime pas la propriété mais j'envisage aussi la possession d'un terrain (que ce soit seul ou à plusieurs). Ce n'est pas pour être chez moi, mais pour vivre dans un espace que je pourrais préserver. Ce n'est pas non plus un lieu pour m'enfermer, je le tiendrais ouvert dans l'idéal.
 
Ton témoignage est vraiment intéressant Mamzelle S
Il est difficile de trouver le chemin et de rester dessus, chacun fait comme il peut selon ses convictions les plus fortes.
J'ai un peu la même philosophie, je rêverai d'avoir mon potager quelques poules, et autres animaux de ferme.
Mais je ne pense pas que la chose se réalisera, donc je vais vers un végétalisme-veganisme et je rejoins Noann sur le fait de montrer l'exemple.

(Pour ce qui est de la consommation de cuir, je ne pense pas qu'il faille être vegan pour ça. Je suis végétarienne depuis 4 ans et je n'achète plus rien qui proviennent d'un animal que ce soit le cuir ou autre chose, c'est dans la logique pour moi. On ne peut pas dire : je ne mange pas vache, je ne veux pas qu'elles souffrent, et en même temps avoir une paire de chaussure en cuir.
Comme vous, j'ai de vieilles chaussures à user mais plus jamais je n'en ai racheté.)
 
Chouette de lire vos remarques. :)
J'ai conscience de l'exemple à donner et c'est d'ailleurs plus par ce biais que je veux "militer". Mais je crois aussi que j'ai peur des conséquences vis-à-vis des autres. Je sens déjà qu'en étant végétarienne - même si je n'ai aucune remarque - je suis parfois "exclue" de certains dîners car les gens ont prévu un plat de viande et doivent se dire que vu que je n'en mangerai pas ce n'est pas la peine de m'inviter ! Je ne côtoie aucun végétarien ici et encore moins de végétalien. Il y en a sûrement mais je ne les connais pas (j'ai juste croisé un végétarien une fois mais je n'ai pas eu l'occasion de sympathiser plus que ça). Etre végétalienne à la maison et m'adapter à l'extérieur ? C'est vraiment une question complexe.
Et toutes ces questions de consommation m'interpellent. J'aime boire une grande tasse de café noir le matin. Mais bien entendu je cautionne un transport qui pollue. Mais si nous n'achetons plus de café, comment vivront certains paysans sud-américains ? Je pose la question pour montrer les conséquences d'un point de vue commercial mais je suis persuadée qu'ils s'en sortiraient très bien en "autarcie" en vivant des ressources de leurs terres.
J'aime beaucoup ta phrase, jm : Je ne pense pas qu'il n'y ai qu'une manière de s'approcher du respect total de la vie animale, l'antispécisme et la décroissance en sont deux. Ca correspond à ce que je pense. Parce que forcément nos choix de consommation induisent des conséquences environnementales, humaines : les insecticides qui détruisent des zoocénoses (voire des biocénoses si l'on considère que certains animaux permettent la répartition de certaines graines), la surconsommation qui augmente les déchets et de ce fait la destruction de biotopes entiers.
Je connais Les Cahiers antispécistes de nom, j'ai peut-être lu un article ou deux mais je n'ai pas le réflexe d'aller sur leur site régulièrement. Je vais voir ce qui pourrait me convaincre, m'ôter ces doutes.
Mais socialement, c'est un choix difficile à faire... même si je suis heureuse de retrouver ici des gens avec qui partager certains rêves. Dans mon quotidien, je me sens assez seule face à mes choix.
 
Mamzelle S":luefn7h2 a dit:
Mais si nous n'achetons plus de café, comment vivront certains paysans sud-américains ? Je pose la question pour montrer les conséquences d'un point de vue commercial mais je suis persuadée qu'ils s'en sortiraient très bien en "autarcie" en vivant des ressources de leurs terres.
Ils éviteraient la monoculture qui est la cause de nombreux dégâts écologiques (les maladies s'y développent plus vite, une éradication complète de la flore en culture est dramatique, etc.) et sociale (qu'arrive-t-il quand le café est brutalement dévalué, quand la récolte est détruite, etc.).
La sur-consommation de café dans le monde est un vrai souci pour ces paysans justement, qui se trouvent sous le dictat du marché...

Je n'ai pas encore non plus réussi à me passer de café, mais j'essaye de plus en plus souvent de boire d'autres boissons chaudes, comme le yannoh par exemple. Mais tout le monde n'aime pas ces alternatives... Le café est une drogue dure, pas très bonne pour la santé, mais qui est quasiment incontournable...
 
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