Mon mal aise face à Gad (pas Elmaleh)

Ninouchka

Broute de l'herbe
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Voilà quelques jours que j'entends beaucoup parler des employés des abattoirs Gad, des licenciements, de leur abandon, etc.

Il se trouve que je suis bretonne (finistérienne, même), et que je suis sur Facebook et Twitter les comptes du Télégramme et de Ouest France, mais aussi, bien sûr, ceux d'amis bretons... Et que tous en parlent pas mal.

C'est terrible, mais je me sens paralysée face à ce sujet :oops: : j'ai toujours, bien sûr, beaucoup de peine en voyant des gens perdre leur emploi, je vois bien qu'il s'agit de gens qui n'ont pas de gros moyens, qui bossent à l'usine, qui n'ont sans doute pas une vie très rose... Mais il s'agit d'abattoirs.

Et moi, face aux abattoirs, je ne peux pas avoir la même réaction qu'avec les autres "corps de métier".
Ca m'énerve, parce que je suis vraiment tiraillée entre ce dégoût de l'industrie de la viande, et la peine que j'ai pour les gens qui vont perdre leur boulot (qu'ils soient de ma région n'y fait rien, c'est juste que j'en entends du coup plus parler).

On parle beaucoup du fait que la Bretagne vive en grande partie de l'agro-alimentaire, et vu ce que je pense de ce domaine (du moins pour sa majorité : celle qui se fout des animaux et de la planète), je ne me vois pas défendre cette branche... Même si j'aime la Bretagne.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Quelle est votre réaction face à tout ça ?
 
Je comprends ton ressenti, même si on peut se réjouir de voir un abattoir fermer, il y a aussi des humains derrière qui se retrouvent broyés (au chômage alors qu'il reste 20 ans pour rembourser la maison... aïe). Ce n'est pas contradictoire d'avoir de la compassion à la fois pour les humains et pour les autres animaux, c'est logique d'éprouver des sentiments mitigés du coup quand un même événement est positif pour les uns et négatif pour les autres.
 
D'autant plus que dans le cas de Gad, la fermeture n'est pas dû à une diminution de la consommation de porc.
Cet abattoir n'était plus rentable en raison d'une baisse de la production porcine française dans un contexte de forte concurrence internationale.
 
Je te comprends aussi.
Sur le moment, des gens perdent leur boulot et c'est dur. Mais faut voir quel boulot...

- Si on part du principe que chaque humain est capable, et même, a le devoir d'utiliser sa propre conscience pour se tirer vers le haut et améliorer les choses en soi et autour de soi (au lieu d'alimenter, ne serait-ce que par la passivité, ce système de merde), alors c'est difficile de les plaindre.
- Si au contraire on les considère uniquement comme des victimes passives et incapables de réfléchir et de réagir, alors oui, on les plaint.

La vérité doit être entre les deux, comme d'hab !...
mais en ce moment je penche plutôt vers le premier choix. C'est presque méprisant de toujours considérer que les gens sont de pauvres victimes incapables de faire des choix. Que certains sont mieux dotés que d'autres, ont la force de se révolter, au prix de quelques sacrifices, tandis que d'autres n'ont pas de bol, sont vifs comme des huitres, et suivent les ordres et la foule en répétant "bin c'est triste mais c'est comme ça".
Bordel, faut se réveiller. Le système, le monde, la société... c'est NOUS !


je dis ça, mais je sais que c'est difficile, bien sûr. Je parle un peu en théorie. Je me le dis un peu à moi-même aussi, donc.
 
C'est tout à fait compréhensible. J'ai souvent la même réaction d'ailleurs.
Et dans ton cas, je dirais même que c'est doublement logique, en raison de ton amour pour les animaux, mais aussi en raison de ton amour pour la Bretagne, car si ça enlève des emplois, ça allège un peu aussi la charge qui pèse sur la Bretagne, complètement défigurée par cette industrie agro-alimentaire démesurément présente dans la région. Les dégâts faits à ta région par cette industrie justifie aussi largement tes réticences à son égard.
 
Idem, je vis aussi en Bretagne... j'ai eu le même souci avec l'affaire "DOUX"
on passe pour des gros méchants si on se réjouit pour les animaux. comme le dit Tcharls soit on part du principe que les gens qui travaillent là sont des abrutis finis qui pourront jamais se reconvertir (et dans ce cas, c'est qui les gros méchants ?) soit on croit encore à la capacité d'adaptation de l'être humain et on se dit que c'est une chance pour eux d'enfin quitter un boulot bien pourri.

Il y a un très bon article de Charlie Hebdo là-dessus, paru au moment de l'affaire Doux justement : http://www.charliehebdo.fr/news/a-mort- ... u-595.html
 
Un grand merci pour vos réponses !
C'est réconfortant de lire que vous comprenez, voire partagez ce que je ressens... :)

Effectivement, Tcharis, j'en reviens moi aussi souvent à cette question.
Ces personnes qui n'ont pas (encore ?) le recul nécessaire pour remettre en question le système pourri dans lequel nous vivons.
Ils voient tout d'abord leur quotidien : les traites de la maison à payer, les bouches à nourrir, etc., ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour déconstruire ce que l'on croit savoir sur l'alimentation (et le reste).

Mais comme tu dis, c'est sans doute méprisant de se dire qu'ils sont trop idiots ou qu'ils manquent d'éducation ou que sais-je pour, eux aussi, réfléchir à ces questions. Et c'est trop facile de se dire qu'on est tous des victimes et qu'on ne peut rien faire. Comme ça, rien ne changera jamais, je suis bien d'accord.

Ca me rappelle un passage des Vaisseaux du cœur de Benoîte Groult, où elle, qui vient d'un milieu parisien aisé, intellectuel, est face à son amant, un breton (justement ;)) d'une famille de la classe ouvrière, et elle se demande comment lui parler de la surconsommation occidentale, alors que sa famille s'est battue pour réussir à se nourrir correctement, et que lui est le premier à "bien" vivre (en gros, disons, car j'ai lu ce livre il y a quelques temps).

Pas évident, tout ça... Je n'ai vraiment pas envie d'avoir une attitude de mépris envers eux, mais je me doute bien que pour eux, aujourd'hui, ce qui compte, c'est de réussir à vivre au jour le jour, ni plus ni moins...
Mais à côté de ça, je ne peux m'empêcher de me dire que ces gens ont justement le nez dans la souffrance animale, ils la voient chaque jour (peut-être justement la voit-on moins, à force ? Je ne sais pas...) et en sont quelque part les complices (le mot est peut-être un peu fort).
Pour moi, le monde n'est pas divisé en deux, avec d'un côté les méchants riches qui nous font manger de la merde et des animaux qui n'ont rien demandé à personne, et de l'autre, des pauvres gens exploités qui n'ont pas d'autre choix que de participer à ce massacre.
Comme tu le dis, Tcharis, le système, c'est nous, nous TOUS avons une place à jouer là-dedans...
 
J'ai été révolté d'entendre une déléguée syndicale (FO) de cet abattoir appeler dans les médias au vote sanction, c'est à dire pour le FN, et applaudie par ses collègues. FO c'est pas un syndicat de gauche ?
Pas de compassion pour eux. Ils se battent pour défendre une industrie de la mort. Je suis pour la fermeture inconditionnelle des abattoirs, tous les abattoirs.
 
HerbieVore":3hq4vyl1 a dit:
J'ai été révolté d'entendre une déléguée syndicale (FO) de cet abattoir appeler dans les médias au vote sanction, c'est à dire pour le FN, et applaudie par ses collègues. FO c'est pas un syndicat de gauche ?
Non ?! Je n'avais pas entendu ça... De pire en pire !
 
HerbieVore":2zsqcv2b a dit:
J'ai été révolté d'entendre une déléguée syndicale (FO) de cet abattoir appeler dans les médias au vote sanction, c'est à dire pour le FN, et applaudie par ses collègues. FO c'est pas un syndicat de gauche ?
Pas de compassion pour eux. Ils se battent pour défendre une industrie de la mort. Je suis pour la fermeture inconditionnelle des abattoirs, tous les abattoirs.

ça motive pas à voter ...
 
Autre chose de scandaleux là-dedans: les médias en parlent beaucoup, tous les jours en ce moment, ils parlent des salarié-e-s, de la région, mais à aucun moment n'est mentionné le sort des animaux, pas un mot là-dessus.
Dans un sens c'est peut-être mieux car quand les médias en parlent c'est le plus souvent en terme de "produits" ou de "matière première"...
 
HerbieVore":1x83vjs1 a dit:
Autre chose de scandaleux là-dedans: les médias en parlent beaucoup, tous les jours en ce moment, ils parlent des salarié-e-s, de la région, mais à aucun moment n'est mentionné le sort des animaux, pas un mot là-dessus.
Dans un sens c'est peut-être mieux car quand les médias en parlent c'est le plus souvent en terme de "produits" ou de "matière première"...

Oui, c'est la même chose quand il y a des hangars/entrepôts (je ne sais pas comment appeler ça) avec 200 cochons dedans qui brûlent... On ne parle que de la perte financière de l'éleveur... Je ne sais plus si c'est l'année dernière où il y a deux ans, des centaines d'animaux (je ne sais plus si c'était des poules ou des cochons) étaient morts "à cause de la canicule", autrement dit à la chaleur excessive qu'il faisait dans les hangars. Ils ont parlé de la perte financière que ça représentait, jamais il ne leur ai venu à l'idée d'ouvrir les portes... tout simplement.
 
HerbieVore":3s64o6t7 a dit:
J'ai été révolté d'entendre une déléguée syndicale (FO) de cet abattoir appeler dans les médias au vote sanction, c'est à dire pour le FN, et applaudie par ses collègues. FO c'est pas un syndicat de gauche ?
Pas de compassion pour eux. Ils se battent pour défendre une industrie de la mort. Je suis pour la fermeture inconditionnelle des abattoirs, tous les abattoirs.
FO est un syndicat donc ils représentent les salariés (et surtout est élu par eux). La déléguée syndicale est salariée de l'entreprise, elle ne va donc pas dire que cette fermeture est une bonne chose !

FO est traditionnellemnt affilié à l'extrème gauche (parti communiste) et est en grosse perte de vitesse tout comme le PC d'ailleurs. En France, il semble d'usage actuellement que si on est mécontent de l'UMPS et des politiques en général, vote sanction = vote FN.

Edit : le mal aise de la Bretagne est lié à un choix politique passé, celui d'en faire le centre français de l'élevage porcin.
 
s'il y a des gens pour qui nous devons avoir de la compassion, àma c'est eux car ils sont les 2des victimes de cette industrie de la mort après les animaux. De plus, que changera en bien cette fermeture, du point de vue social et de la cause animale ????
 
on déménage hors de bretagne le mois prochain. on a habité durant 7 ans en finistère (3 ans à quimper, 1 ans à brest, 3 ans à coté de plougastel, en gros.
Je suis absolument pas partagée quand à cette fermeture: j'en suis heureuse, comme j'ai été heureuse de l'histoire de Doux, comme je suis heureuse d'apprendre que les éleveurs porcins bretons se portent mal également, comme je suis bien contente que les éleveurs de vaches vendent à perte.
Si y'a que par l'argent et la rentabilité que le sort des animaux avance, c'est dommage pour une frange humaine de la population qui vit sur le dos des animaux, mais j'irais pas les plaindre: ils ont fait leurs choix, c'était juste pas les bons.
Qu'est ce que ça change au sort des autres animaux qui partiront dans d'autres abattoirs, je suppose malheureusement rien... mais ce sera toujours un abattoir de moins, et rien que ça, je suis pour!
Ce que vous dites sur les infos où l'on parle de la perte financière des éleveurs suite à la mort accidentelle de leurs cheptels, je l'ai vécu y'a pas un mois, avec mon beau-père et ma belle-mère: le beau-frère de mon loup est éleveur ovin. Son frère a retourné le camion alors qu'il transportait les brebis. "non, mais ça va, le camion est pas cassé, et lui va bien" je demande comment vont les animaux "oh, y'en a 100 qui sont mortes, mais ça fait pas trop de perte". Je sais pas s'ils ont vu mon expression, j'ai prétexté aller aux toilettes tellement ça m'a choquée, en fait. :anger:
 
J'aime beaucoup (c'est ironique bien sûr) l'ordre de priorité du gars : d'abord on se soucie du camion, ensuite du conducteur, et finalement on compte le nombre d'animaux morts...


Pour ce qui est de la reconversion, c'est ce que je me dis à chaque fois que je vois des infos sur des abattoirs qui ferment, ou des éleveurs qui perdent des sous, ou autre info du même genre : "mais pourquoi ils ne font pas autre chose dans ce cas ???". Mais j'ai eu droit à tellement de regards courroucés pour avoir dit ça que maintenant je m'abstiens (sauf à la maison où je fais beaucoup sourire mon homme à tenir toujours les mêmes propos face aux mêmes types d'infos).
 
:mmm:

900 personnes au chomage, 7000 autres emplois touchées par ricochet, un abattoir qui sera transféré dans un pays étranger, de la viande moins chère pour les consommateurs, et aucune conséquence sur le recul du carnisme...

youpi, ça c'est une vraie victoire, on débouche le champagne ?!

:pom: :pom: :pom:
 
Ce qui m'inquiète, c'est un abattoir qui ferme en Bretagne, mais est-ce que les élevages réduisent le nombre de victimes porcines ?
J'ai peur qu'en délocalisant l'abattage, ça va simplement augmenter le calvaire des porcs, qui devront faire un long, beaucoup + long trajet, entassés dans un camion.
 
comme l'a dit Kob, la fermeture n'est pas due à une baisse de la demande/consommation. Elle est le fruit d'une politique libérale engendrant de rapports de concurrence intenables pour les pays les plus avancés dans le droit du travail, la rémunération des ouvriers, les contraintes écologiques et le traitement des animaux destinés aux abattoirs.

Cette configuration est absolument perverse : en France, toute législation contraignante allant dans le sens d'une amélioration pour l'écologie ou le traitement des animaux aboutira en fait à un recul, car les industries concernées seront à terme délocalisées dans des pays où ces contraintes sont moindres et qui produiront pour nous de la viande moins chère. La consommation de viande sera encouragée par la baisse des prix, et le carnisme sera renforcé (l’abattage se passant loin de chez nous, le lien entre l'animal et la viande sera rendu encore plus abstrait).

donc àma, le + probable est que les animaux élevés en France soient soumis à des trajets de + en + long, jusqu'à ce que nos élevages ferment et soient transférés à l'étranger pour des raisons de rentabilité.

Au final : aucune incidence sur le carnisme, une régression du traitement des animaux consommés en France, des chômeurs en + et le droit du travail affaibli :confus:
 
En même temps, la traçabilité et les contrôles sanitaires seront probablement moins rigoureux, les réglementations sanitaires plus lâches aussi. Et les seuls événements ayant eu un réel impact sur la consommation de viande ces dernières années sont les scandales sanitaires...
Le gens, d'une façon générale, n'ont pas confiance dans la viande "produite" à l'étranger.
A voir, je sais pas.
 
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