Ah oui, alors la réflexion que cette manifestation a provoquée en moi, tout comme la manifestation contre les violences faites aux femmes est celle-ci :
Ces manifestations, qui rassemblent énormément de monde et sont vues d'un oeil approbateur par tous les badauds sur les trottoirs, sont festives. Tout le monde est content, y a de la musique. Les gens gueulent et exigent d'être entendus, et déclament qu'ils en ont marre des injustices subies, mais ce qui s'en dégage et contamine les passants, c'est quand même de la satisfaction, de l'entraide, de la solidarité, limite de la joie. Les gens rient, les gens sont fiers. Les spectateurs applaudissent. Et puis la musique.
Alors que dans les quelques manifestations animalistes que j'ai vues, ce qui s'en dégage surtout, du moins je trouve, c'est de la violence via les images, de la culpabilisation envers les auteurs de violence/les consommateurs, de l'infinie tristesse, et parfois de la colère voire de la haine. Je peux comprendre ces sentiments. La situation est révoltante, les souffrances infligées sont immenses, pratiquement infinies et totalement dispensables. Mais le spectateur, qui n'est que spéciste, ça le dépasse, il ne comprend pas tout ça. Pas forcément en tout cas. On lui balance sans préavis et sans son consentement une souffrance infinie dans la gueule, donc sa seule défense, c'est de s'y désensibiliser. Alors je suis d'accord qu'il ne faut pas se passer des images dans ce genre de manifestations, elles sont nécessaires, elles doivent être là, d'une manière ou d'une autre. Mais je pense aussi que la manifestation doit "aller vers le spectateur". A ma première manif, celle pour l'abolition de la viande en 2012, j'étais végé depuis des annés mais je n'étais pas à l'aise, je me disais que plutôt que montrer sa colère envers la société, plutôt que d'insulter violemment les boucheries sur le chemin, plutôt que de gueuler aussi fort et de ne provoquer qu'incompréhension face à ce qui est perçu comme de la haine d'illuminés, il aurait fallu que ça ressemble à une marche funéraire, un truc sombre et silencieux, que ça exprime de la tristesse, du deuil, mais pas de la colère envers les abattoirs et les mangeurs d'animaux... mais je me demande aussi si ça ne pourrait pas, dans certaines circonstances exprimer de la joie, de la fierté de se battre pour les animaux, de l'espoir pour la fin du massacre, de l'espoir pour la libération animale, de la joie dans la compassion... Je me demande si le cortège ne pourrait pas se décomposer en deux temps. Le début de cortège qui clame et montre l'horreur, puis la fin de cortège qui montre l'espoir et la joie, qui apporte une solution possible, quelque chose d'heureux, qui cherche à appeler le public, à lui faire comprendre, adhérer, rejoindre le mouvement... Que le spectateur voie ça d'un oeil complice plutôt que culpabilisé, méprisant ou méfiant.
Ou au moins qu'il y ait de la musique, quoi.
Et même de la bouffe... Ne serait-ce que pour attirer les militants...
Voilà, c'était ma réflexion, qui ne sert à rien, puisque je ne suis pas en train de parler à des organisateurs de manif... Vous leur passerez le mot si vous en connaissez.
Et puis j'ai pas assisté à tant que ça de manifs, y en a peut-être qui ressemblent un peu à ce que je viens de décrire. Ou peut-être que ça m'a échappé. Ou peut-être que ma réflexion est idiote.
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Ajout : Le happening pour des fêtes sans cruauté de L214 d'hier, aux Champs Elysées (y en a un autre samedi prochain), dont je n'ai vu que la fin, fonctionnait peut-être un peu comme ça. Il y avait des militants déguisés, des images, mais aussi un stand qui vendait du faux-gras. Ça avait peut-être un côté "original", "festif", "attractif"... Paraît que ça a eu un certain succès. Si j'avais pu arriver à temps pour voir...
