Plutarque et les autres

Hippathia

Jeune bulbe
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6/1/08
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Paris
J'apporte ma petite pierre à l'édifice : Plutarque a écrit un traité intitulé "Manger la chair / Traité sur les animaux" (qu'on peut facilement trouver en poche chez Rivages, la Petite Bibliothèque, traduction d'Amyot). En voici des extraits :

Tu me demandes pour quelle raison Pythagore s'abstenait de manger de la chair, mais au contraire, je m'émerveille moi, quelle affection, quel courage, ou quelle raison eut donc l'homme qui le premier approcha de sa bouche une chair meurtrie, qui osa toucher de ses lèvres la chair d'une bête morte, et comment il fit servir à sa table des corps morts, et par manière de dire des idoles, et faire viande et nourriture des membres qui peu devant bêlaient, mugissaient, marchaient et voyaient. Comment purent ses yeux souffrir de voir un meurtre ? de voir tuer, écorcher, démembrer une pauvre bête ? comment put son odorement en supporter la senteur ? Comment est-ce-que son goût ne fut dégoûté par horreur, quand il vint à manier l'ordure des blessures, quand il vint à recevoir le sang et le jus sortant des plaies mortelles d'autrui ?

Mais rien ne nous émeut, ni la belle couleur, ni la douceur de la voix accordée, ni la subtilité de l'esprit, ni la netteté du vivre, ni la vivacité du sens et entendement des malheureux animaux, ainsi pour un peu de chair nous leur ôtons la vie, le soleil, la lumière, et le cours de la vie qui leur était préfixé par la nature ; et puis nous pensons que les voix qu'ils jettent de peur ne soient point articulées, et qu'elles ne signifient rien, là où ce sont prières, supplications et justifications de chacune de ces pauvres bêtes qui crient: "si tu es contraint par nécessité, je te supplie point de me sauver la vie, mais bien si c'est par désordonnée volonté ; si c'est pour manger, tue-moi ; si c'est pour friandement manger, ne me tue point." Ô la grande cruauté ! C'est l'horreur de voir seulement la table des riches hommes servie et couverte par cuisiniers et sauciers qui habillent ces corps morts, mais encore plus d'horreur n'y a-t-il à la voir desservir, par ce que le relief de ce qu'on emporte est plus que ce qu'on a mangé : pour néant donc que ces pauvres bêtes-là ont été tuées. Il y en a d'autres qui épargnant les viandes servies à table ne veulent pas que l'on en touche, ni que l'on en coupe, les épargnant quand elles ne sont plus que chairs, là où ils ne les ont pas épargnées quand elles étaient encore bêtes vivantes."

Plutarque n'était pas végétarien mais s'interrogeait sur les raisons qui poussaient les hommes à se nourrir de chair animale et se demande comment on peut jouir de manger de la chair. Plutarque n'est sans doute pas allé jusqu'au bout de sa réflexion (en devenant végéta*ien) mais il a le mérite de poser certaines questions ...
 
Merci pour cette référence. Le texte est très bien écrit et donne envie de le lire.
 
Merci Hippathia !
Plutarque était un écrivain ouvert (dommage qu'il ne soit pas allé jusqu'au bout avec les animaux ; il était par ailleurs prêtre d'Apollon), concernant les femmes également, ce qui était plus que très rare à l'époque !
 
Et il à un style trés agréable à lire et trés poétique je trouve! Merci.
 
Le traducteur de Plutarque vivait au XVIe siècle. Aujourd'hui, on ne traduit plus de cette manière-là.
 
hippocrate aussi était végétarien, avant-gardiste,futé,intelligent ....etc
Je l'aime, c'est l'homme de ma life
chuis mal barrée dis donc :ROFLMAO:
 
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