Relations humains/animaux dits domestiques par Florence Burgat

Ludo

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http://www.la-croix.com/Famille/Par...amour-sans-ambivalence-_NP_-2012-09-11-852129

Florence Burgat : « Une relation d’amour sans ambivalence »

"Pour la philosophe Florence Burgat (1), la relation avec un chat ou un chien n’est pas le substitut d’une relation non existante avec un être humain. Elle est unique.


La Croix : L’animal fait aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches, menées notamment par des philosophes. Cette année, l’animal était d’ailleurs au programme de l’agrégation. Comment l’expliquez-vous ?

Florence Burgat : Il est vrai que, depuis une quinzaine d’années, les travaux sur la place de l’animal dans la société ont pris de l’ampleur dans plusieurs directions et ont investi plusieurs champs de la philosophie : la philosophie morale – on s’interroge, par exemple, sur la question de savoir si les animaux ont des droits –, la philosophie de l’esprit, qui s’intéresse notamment à l’éthologie cognitive et se penche sur les formes de conscience et les représentations mentales des animaux. D’autres travaux portent sur la question de savoir comment « penser » l’animal : est-ce un modèle simplifié de l’humain ?

Le livre de la philosophe Élisabeth de Fontenay sur Le Silence des bêtes a été fondateur, du moins en philosophie. À sa suite, des chercheurs français, également influencés par les philosophes américains, se sont peu à peu emparés du sujet. La « philosophie animale », comme nouveau champ de recherche, émerge. Aujourd’hui, de plus en plus d’étudiants en philosophie osent travailler sur ce thème, qui, auparavant, était plutôt déconsidéré.

Parallèlement se développe une réflexion sur le droit animalier, sur la réglementation et la législation (la chasse, la corrida, les mauvais traitements). En premier lieu, j’y vois une raison historique : la condition animale s’est détériorée. On n’a jamais autant tué d’animaux qu’aujourd’hui, qu’il s’agisse d’abattage avec des élevages à grande échelle, d’expérimentation animale ou encore de chasse. De plus, depuis les années 1990 et la crise de la vache folle, le grand public est sensibilisé aux conditions de l’élevage industriel, dont il a alors commencé à prendre connaissance.

Partagez-vous l’avis de certains ethnologues pour qui l’amour porté à des animaux de compagnie surprotégés serait une « rédemption » par rapport aux animaux d’abattoir surexploités ?

F. B. : D’abord, je ne suis pas sûre que surprotéger son animal de compagnie soit de la bientraitance. On dit que ces animaux sont choyés, mais qu’est-ce que cela signifie ? Bien s’occuper d’un animal, c’est respecter ses besoins propres et lui consacrer du temps. Je dois dire que je suis surprise par la présence si importante d’animaux dans les familles et je m’interroge souvent sur la vie qu’ils y mènent. Par ailleurs, je ne pense pas que l’on accueille un animal sous l’effet d’une quelconque culpabilité. J’en veux pour preuve que les gens achètent le plus souvent un joli chiot ou un chaton dans une animalerie, rarement un animal adulte abandonné dans un refuge. Je ne crois pas que les personnes qui ont acheté un lapin nain dans un commerce du quai de la Mégisserie à Paris éprouvent de la culpabilité d’être carnivores.

Que traduit alors ce besoin croissant des Français d’avoir un animal ? Est-ce un besoin de nature, de pouvoir ? L’envie de donner une image particulière de soi-même, de lutter contre la solitude ?

F. B. : Toutes ces raisons peuvent exister. Mais il faut bien garder à l’esprit que ce sont surtout les foyers avec enfants qui ont des animaux, et non d’abord les gens seuls. Ce sont, en effet, les enfants qui sont souvent demandeurs et qui, malheureusement, s’en détournent parfois très vite. Mais je pense que la présence d’un animal est aussi très éducative, car elle permet d’apprendre à un enfant à être responsable. Certaines familles peuvent aussi considérer qu’elle est un facteur d’équilibre. Je pense surtout que la relation avec un chat ou un chien n’est pas le substitut d’une relation non existante avec un humain, elle ne ressemble à rien d’autre.

Comment définiriez-vous cette relation ?

F. B. : J’aime beaucoup la façon dont Freud en parlait dans une lettre à Marie Bonaparte, à la suite du petit livre qu’elle écrivit sur son chien Topsy. Lui aussi avait des chiens et qualifiait le lien qui unissait l’humain à l’animal d’« amour sans ambivalence ». Je trouve que c’est très juste. C’est une relation dépourvue de tout conflit, jalousie, rivalité, qui font parfois le tissu des relations humaines. Elle ne se substitue pas. Elle se situe sur un plan différent et c’est ce qui en fait la richesse et la singularité.

(1) Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique. Elle est également rattachée aux Archives Husserl (CNRS-ENS). Elle a publié en 2012 Une autre existence – La Condition animale (Albin Michel, 384 p., 24,30 €).

Recueilli par MARIE AUFFRET-PERICONE "
 
Il faudrait arrêter de se poser uniquement des questions sur les animaux (leurs droits en l’occurrence) et agir.
Perso, je pense qu'il faut aussi arrêter d'essayer d'intellectualiser à tout prix les relations que l'on peur avoir avec les animaux (tout comme les relations entre humains).
Un animal est un animal, un humain est un humain et (chose étonnante pour - malheureusement - pas mal de monde), nous pouvons vivre tous ensemble :)
 
Trinity":11ing70a a dit:
Un animal est un animal, un humain est un humain (...)

Je sais pas si c'était volontaire, mais c'est un tantinet spéciste comme discours :) (et un humain est un animal, n'en déplaise)

"Un animal" n'existe pas en soit : il y a des chiens, des chats, des escargots, des cigognes, des humains, des éléphants, des musaraignes, des nautiles, des concombres de mer, ces tiques, des sangsues, des protées, des chèvres, des vaches, etc...

Il y a quantité de dites espèces (représentations toujours théoriques en passant hein), chacune comportant une infinité d'individus tous différents.

Il n'est donc pas pas plus inutile "d'intellectualiser" (d'étudier je dirais plutôt) les relations des humains avec les autres animaux non-humains que d'étudier les relations des humains entre eux.
Comment combattre un phénomène si on ne le comprend pas ?

Et ici Florence (que j'aime <3) démonte tout simplement le grand argument spéciste qui dénigre tout "amoureux" d'un ou des animaux en brandissant éternellement la pancarte de l’anthropomorphisme et de la substitution.

Exemple ici : post291660.html?hilit=petit%20livre%20vert#p291484

Si le comité Noé et les déblatérations de Titi Coste ne sont pas une menace pour toi, ça l'est pour d'autres :)

PS : Florence est manifestement anti-spéciste (ses discours y tendent en tout cas sévèrement) et accessoirement directrice (et non pas "directeur", c'est une femme que je sache) de recherches à l'INRA, donc je doute qu'on puisse lui reprocher de ne pas "agir" en l'occurrence. :)
 
Presque tout à fait d'accord avec toi V3nom.

Pour ce qui concerne "un animal est un animal, un humain est un humain".
C'est de l'anthropocentrisme, ici l'humain n'est même plus une espèce animale (une créature divine peut-être?).
Pour parler de spécisme dans ce cas il faut déjà avoir conscience que l'espèce humaine n'est que l'une des 10 000 000 d'espèces animales qui vivent sur la Terre.

Heu Trinity, Florence Burgat est une des personnes qui agit le plus en France pour abolir toutes les formes d'oppressions faites aux animaux.
 
A vrai dire, peut importe comment on considère sa propre espèce : légitimement dominante et fier de l'être, "à part", exceptionnellement "intelligente", divine, unique car soit disant capable de culte, de projection future, ou autre choses, ça reste toujours une distinction pouvant servir d'excuse à considération différente des besoins et souhaits ne serait-ce que primordiaux.

A la limite, considérer personnellement l'espèce humaine comme "unique" pour quelque raison que ce soit, tant que ça reste de l'ordre de l'avis personnel sans implication, tout va bien dirais-je (après tout, toutes les espèces sont uniques). C'est quand ça devient le prétexte à tout ou partie de ce dont on combat qu'il s'agit de spécisme pur et dur.

Et englober tout ce qui est non-humain dans un même sac "animalité" et l'homme à part, c'est déjà un discours ouvert à la discrimination (je suis persuadé que c'était involontaire Trinity)
 
Oula !
Mais qu'est-ce qui m'a pris de répondre à ce poste ? :mmm:

Vous avez vous même donné une interprétation à mes propos et en avez fait une anti-thèse directement derrière.
que puis-je ajouter à celà ?

Rien d'anti-speciste dans mes propos, c'est tout ce que je dirais.
Pas envie de me justifier de ce que je n'ai pas écrit et donc que je ne pense pas :)
 
C'est bien pour ça que j'ai dis (à plusieurs reprises) que la notion antispé n'était pas volontaire dans ta phrase.

Je ne faisais qu'indiqué le fait que ça pouvait tout a fait être interprêté comme tel (puisque on peut régulièrement lire ce genre de tournure chez les spécistes purs et durs).

J'me doutais bien que ce n'étais pas le fond de ton propos, c'est pour ça que j'me suis pas attardé dessus d'ailleurs, ça a été le prétexte à redonner quelques points. Vois ça comme du tatillonage sur la forme, rien de plus.

Après, Ludo, lui, a peut-être cru que cette interprétation spéciste était la bonne, mais il est possible que ce soit par méconnaissance de ta personne.
 
Effectivement je ne te connais pas Trinity, enfin peut être pas, difficile de savoir qui l'on croise lors de manif', actions ou tables d'infos un peu partout en France.

Je trouve qu'écrire est quelque chose de difficile, pour moi en tous cas, car il faut être précis dans les termes que nous utilisons, comme le dit V3nom je n'ai fait que donner mon avis sur cette suite de mots : "Un animal est un animal, un humain est un humain".

Rien qu'il ne faille que tu prennes personnellement puisque ce ne reflétait pas ta pensée.

Mais ensuite je ne suis pas d'accord avec avec toi lorsque tu dis :
Trinity":iei6kb5w a dit:
Il faudrait arrêter de se poser uniquement des questions sur les animaux (leurs droits en l’occurrence) et agir.
Perso, je pense qu'il faut aussi arrêter d'essayer d'intellectualiser à tout prix les relations que l'on peur avoir avec les animaux (tout comme les relations entre humains).
Je pense qu'au contraire il est très important de comprendre les relations que nous, au sens large, avons avec les autres animaux.
Comprendre comment se sont installées les oppressions et quels sont les rouages qui les font accepter et pratiquer par une majorité de personnes qui du fond d'eux même ne les exerceraient pas est primordial pour les démonter, les déconstruire.
 
Je dois vraiment faire une explication de texte ? :p

Bon, ben allons-y :

Il faudrait arrêter de se poser uniquement des questions sur les animaux (leurs droits en l’occurrence) et agir.
Là, je parle d'un point de vue général. Beaucoup de gens s'interrogent sur les droits des animaux, leurs conditions de vie (quelque soit les animaux, bien entendu). C'est très bien en soit, mais il y a des moments où ça me gave royalement :zzz: En effet, je pense que nous n'en sommes plus à nous poser des questions, mais nous en sommes au moment d'agir, en vrai. Y penser, se poser des questions......ça ne suffit plus.
voilà ce que je voulais dire dans cette phrase ;)

Perso, je pense qu'il faut aussi arrêter d'essayer d'intellectualiser à tout prix les relations que l'on peur avoir avec les animaux (tout comme les relations entre humains).
Là, l'auteur pense que......euh, excusez moi, je m'égare, j'ai fait un retour au lycée :p
Ce que je veux dire par là est un super résumé de ma pensée (en effet, il y a des fois où je suis très flemmarde et je n'ai pas envie d'écrire une tartine, qui ne sera certainement pas lu en entier, ce que je comprend parfaitement).
Encore une fois je parle d'un point de vue très général.
Comprendre les animaux : bien sûr ! comprendre les humains : bien sûr !
quand je parle "d'intellectualisation des relations animaux/humains", je pense que j'ai mal choisit les termes. En fait, ce que je crains dans la recherche (trop) poussée d'une étude relationnelle entre animaux et humains c'est l'anthropomorphisme. Ceci reviens à limiter l'animal à une pensée, un sentiment humain. L'animal est plus que ça, tout comme l'homme est plus que la pensée animale...euh, vous me suivez là :mmm: (parce que pour moi c'est super clair :p ).
Nous sommes malheureusement dans une société où l'humain prend toute la place, ce qu'il ne comprend pas soit il "l'humanise" soit il le rejette.
Je passe mon temps à me battre contre ceci au quotidien. Je déteste que l'on prête à qui que ce soit une pensée (un sentiment) qui n'est pas le sien (animal ou humain).
explication de la second phrase : checked ! ;)

Voilà (en gros) ce que je voulais dire dans ma petite (à la base) réponse.
C'est donc pour ceci que je vous ai fait dresser les cheveux sur la tête, les poils sur les bras (ou ailleurs, enfin ceci ne me regarde pas :whistle: ), en écrivant le pire, l'irréparable :
Un animal est un animal, un humain est un humain et (chose étonnante pour - malheureusement - pas mal de monde), nous pouvons vivre tous ensemble
:p
 
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