Sciences Humaines: " Faut-il encore manger de la viande?"

Nefer

Jeune bulbe
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12/11/12
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Dans la revue Sciences Humaines, il y a 3 doubles pages sur le thème du végétarisme:" faut-il encore manger de la viande?" .
Le journaliste fait vraiment le tour des grandes questions éthiques en ce qui concerne la souffrance des animaux en balayant les soucis écologique et la non nécessité des protéines animales. De plus, il parle du débat entre D.LESTEL et P.SINGLER.

Bref un article intéressant et assez objectif me semble t-il.
A faire lire à ceux qui hésitent encore...
Lien pour le lire : http://www.scienceshumaines.com/faut-il ... 29777.html
 
"faut-il encore manger de la viande" c'était pas le titre d'un docu arte. Plagiat ?
Les journalistes manquent d'imagination. Je vais y jeter un coup d'oeil.
 
J'ai bien aimé cet article ! Calme, argumenté, bien écrit...
Je viens de l'envoyer à un pote, à mon père, à ma mère. J'attends les réactions !
 
Tcharls":1py8g2or a dit:
J'ai bien aimé cet article ! Calme, argumenté, bien écrit...
Je viens de l'envoyer à un pote, à mon père, à ma mère. J'attends les réactions !

oui, on va l'imprimer avec mon copain pour le donner à nos familles très récalcitrantes à notre végétarisme... ils voient ça comme "la nouvelle secte des illuminés". :mmm:
 
J'ai vu que l'article n'est plus disponible gratuitement...
J'aurais voulu le faire lire encore, est-ce que quelqu'un l'aurait copié quelque part ?
 
Merci à mon père qui l'a copié sur son blog ^^


"Pour que chaque année des milliards d’animaux ne soient plus élevés et tués dans des conditions abominables, il est nécessaire de diminuer fortement notre consommation de viande. Faut-il pour autant devenir végétarien ?
Demandez à vos amis s’ils accepteraient que l’on fasse souffrir des animaux pour leur plaisir. Très probablement, offusqués par la question, ils vous répondront « bien sûr que non ». Pourtant, s’ils mangent régulièrement de la viande pour se faire plaisir, ils savent bien qu’ils entretiennent une industrie qui inflige chaque année des souffrances effroyables à des milliards d’animaux.
Prenez les vaches. Avant d’en faire des steaks bien saignants, il a fallu les dépecer. Ce n’est pas une tâche facile. Dans un abattoir, les vaches ne sont pas tuées sans douleur. Elles doivent d’abord être étourdies, c’est-à-dire rendues inconscientes par perforation du crâne. L’intention est bonne. Mais les bêtes ne sont pas dociles. Elles bougent et se débattent. Quant aux personnes en charge de l’opération, elles ne sont pas toujours à la hauteur de la tâche. En plus, elles n’ont pas le temps de faire soigneusement leur travail. Rentabilité oblige, les cadences sont très élevées. Résultat : de nombreuses bêtes, simplement sonnées, restent conscientes. Or voilà que commence l’opération de dépeçage. On suspend donc à un crochet ces vaches toujours conscientes par une patte de derrière et on leur tranche la gorge. Pas pour les tuer ; juste pour qu’elles se vident de leur sang. C’est au cours de ce processus qu’elles sont censées mourir tranquillement. Mais, dans l’industrie, on ne peut pas se permettre d’attendre longtemps. Alors, quand de nombreuses bêtes sont encore conscientes, on se met à les dépecer, en commençant par couper les pattes de devant. Les vaches, toujours suspendues par une patte arrière, se débattent tant qu’elles peuvent. Mais leur destin est scellé. Le couteau de boucher continue sont œuvre. Après plusieurs minutes d’horribles souffrances, la mort est enfin au rendez-vous. Quelques jours plus tard, les steaks sont dans les assiettes.
La vie rêvée des cochons d’élevage
Selon la réglementation imposée à l’industrie, ces scènes, dignes de films d’horreur, ne devraient pas se produire. Mais elles sont très courantes comme le révèlent nombre d’enquêtes (1). C’est logique : la mise à mort des animaux de rente se fait avec la même cruauté que celle qui préside à leur élevage. Prenez les cochons, par exemple. Ce sont des mammifères sensibles, très sociables et intelligents. Or la vie des cochons d’élevage est une abomination. Peu après leur naissance, leurs queues sont coupées, leurs dents sont meulées, et les mâles sont castrés, le tout sans anesthésie. Sevrés précocement, ils sont ensuite enfermés dans des enclos bondés, où ils peuvent difficilement se déplacer. L’air y est presque irrespirable et ils ne voient jamais la lumière du jour. Quand elles sont en âge d’être inséminées, les truies sont parquées individuellement 24 heures sur 24 dans une cage minuscule où elles ne peuvent pas se retourner. Les conditions sont telles que beaucoup de mâles et femelles meurent avant d’atteindre l’âge de l’abattoir. Quand ce moment est venu, les cochons qui ont eu la malchance de survivre sont entassés dans des camions, où pendant un voyage qui peut durer deux jours, sans alimentation et sans eau, ils doivent faire face à la violence de leurs congénères paniqués. À l’abattoir, saisis de peur, ils refusent d’avancer. Mais, sans pitié, à coups de bâton, les employés ont raison de leur résistance. Avec plus ou moins de succès, ces bonnes âmes tentent ensuite de les étourdir en les électrocutant. L’opération de dépeçage peut ensuite commencer, que les cochons soient conscients ou pas. Encore peuvent-ils s’estimer heureux : les conditions d’élevage des volailles sont pires (2). Face à cette cruauté, le prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer avait comparé la condition des animaux d’élevage à celle des Juifs dans les camps d’extermination nazis, avec cette différence que pour les animaux l’horreur n’a jamais de fin. Aussi avait-il parlé d’un « éternel Treblinka » pour caractériser leur situation (3).
Devant une telle abomination, il y a en gros trois attitudes. La première consiste à fermer les yeux sur la souffrance animale. C’est l’attitude la plus communément adoptée. La deuxième consiste à prôner l’élevage traditionnel, plus respectueux du bien-être des bêtes. La troisième attitude consiste tout simplement à refuser que des animaux soient tués pour être mangés. C’est le végétarisme. Quelle attitude adopter (4) ?

Une industrie jugée indéfendable
En dehors peut-être de quelques sadiques, personne ne défend en soi le martyre des animaux. Dans ces conditions, comment expliquer la pérennité de l’industrie de la viande ? Deux arguments lui servent souvent de justification. D’abord, tout en regrettant les souffrances des animaux, certains prétendent que l’alimentation carnée est une nécessité pour l’être humain et que, par conséquent, l’industrialisation de ce secteur alimentaire est indispensable pour nourrir une population croissante. Ensuite, des responsables politiques, des chefs d’entreprises et des employés de cette industrie avancent que son maintien est nécessaire pour faire vivre une population qui en dépend économiquement. En somme, à travers ces deux arguments, domine l’idée que la souffrance des animaux est dommage, mais nécessaire pour éviter celle des êtres humains. Est-ce crédible ?
Le premier argument est tout simplement infondé. Manger de la viande n’est pas une nécessité pour être en bonne santé. Certes, une alimentation carnée est source de protéines nécessaires à l’organisme. Mais celles-ci se trouvent également dans d’autres aliments (5). Pour l’anecdote, il faut savoir que l’athlète Carl Lewis, neuf fois médaillé aux Jeux olympiques, était végétalien au temps de sa plus grande splendeur (6).
La justification économique semble au premier abord plus sensée. Imaginons qu’un boycott généralisé de l’industrie de la viande soit un succès. Des millions de travailleurs dans le monde se retrouveraient au chômage. Cette dégradation temporaire de leur niveau de vie serait à prendre en compte. Mais, premièrement, que pèse-t-elle face aux souffrances sans commune mesure et sans fin des animaux si une telle industrie perdure ? Deuxièmement, comment ne pas se rendre compte que la fin de l’industrie de la viande serait créatrice d’emplois dans le reste de l’industrie alimentaire ?
Bref, les souffrances effroyables que l’industrie de la viande inflige chaque année à des milliards d’animaux ne semblent pas avoir d’autre justification que d’enrichir ceux qui sont à sa tête et de procurer du plaisir aux mangeurs quotidiens de jambon, de steaks ou de poulet. À notre époque, où les animaux apparaissent de moins en moins privés des qualités que les êtres humains possèdent (capacité à souffrir, à avoir des émotions, à raisonner, à élaborer une culture, etc.), il semble toutefois qu’un nombre croissant d’individus en vient à penser que cette industrie est indéfendable, et cela sans que ces individus aient besoin de prendre en compte les ravages écologiques que par ailleurs elle provoque (encadré p. 27).
Pour ne plus entretenir cette industrie cruelle, les carnivores pourraient décider de se tourner exclusivement vers l’élevage traditionnel. Enquêtes de terrain à l’appui, une chercheuse comme Jocelyne Porcher a montré que, dans ce type d’élevage, un animal n’est pas une chose que l’on exploite sans scrupule pour obtenir de la viande (7). Au contraire, un éleveur traditionnel veille au bien-être de ses bêtes, il établit des liens affectifs avec elles et il se prend souvent à les aimer. Il assure même la perpétuation de ces animaux de rente puisque, si le végétarisme se généralisait, il n’y aurait pratiquement plus de vaches, de cochons, de poules, etc., sur la surface de la Terre. Ce don de la vie a toutefois un prix. En retour, il faut que l’animal donne sa viande. Au moins, il a bien vécu.

La tentation de l’élevage traditionnel
Dans son essai Faut-il manger les animaux ? (L’Olivier, 2010), le romancier Jonathan Safran Foer avoue être touché par cette bonté des éleveurs traditionnels et se sent prêt à leur donner raison quant à la légitimité qu’il y aurait à manger leurs animaux. Il s’arrête toutefois au seuil de cette reconnaissance, pour une raison toute simple. De nos jours, la quasi-totalité des abattoirs relève de l’industrie de la viande. La vache, le cochon et la poule qui ont été élevés dans des conditions « champêtres » vont donc quand même subir, comme les animaux d’élevage industriel, une fin de vie horrible. Sans une réforme radicale des abattoirs, l’élevage traditionnel ne résout donc pas l’un des problèmes les plus criants de l’industrie de la viande.
Sachant que, en France, plus de 90 % de la viande consommée provient des élevages industriels, il faudrait également que les carnivores diminuent drastiquement leur consommation s’ils ne veulent plus entretenir cette industrie. Par sa nature artisanale, l’élevage traditionnel ne pourra en effet jamais répondre à un désir quotidien de manger de la viande. Tant qu’un quasi-végétarisme (un repas de viande par semaine environ) n’est pas instauré et que les abattoirs ne sont pas réformés, les consommateurs de viande seront donc toujours complices d’une industrie qui inflige des souffrances effroyables aux animaux.

La question du végétarisme
Reste la question de la mise à mort. Si une vache a passé de belles années dans un pré, pourquoi n’aurait-on pas le droit de la tuer de manière relativement douce pour s’en nourrir ? On pourrait avancer que manger de la viande est naturel, au sens où l’être humain l’a toujours fait et où les autres animaux le font aussi. Que l’on soit ou non végétarien, il est toutefois facile de comprendre que cette justification ne tient pas la route. D’abord, l’ancienneté d’une pratique ne lui apporte aucune légitimité. Par exemple, l’esclavage a duré des millénaires ; ce n’est pas pour autant qu’il faut le perpétuer. Ensuite, si les lions mangent bien les gazelles, les mâles peuvent aussi tuer les lionceaux qui ne sont pas les leurs. Quel carnivore trouverait légitime de prendre modèle sur cette pratique ? Peu, on imagine. Alors ? Comment justifier que l’on puisse tuer des animaux pour les manger ?
Les végétariens éthiques, c’est-à-dire ceux qui ne le sont pas pour des raisons diététiques ou religieuses, partent du principe qu’il ne faut pas faire souffrir les animaux quand ce n’est pas nécessaire (8). Or tuer des bêtes, même s’il était possible de recourir à des procédés indolores, reviendrait à leur faire du mal sans nécessité. Ce n’est pas la mise à mort en tant que telle qui pose problème aux végétariens éthiques. Tuer en douceur une vache en fin de vie serait envisageable, suggèrent-ils, si cela permettait d’abréger ses souffrances, par exemple. Mais envoyer à l’abattoir, comme le font même les éleveurs traditionnels, des animaux alors qu’ils sont encore très jeunes, c’est les priver sans nécessité d’une vie dont, en tant qu’individus, ils auraient pu jouir pleinement.

Le mangeur de viande peut-il être éthique ?
Dans son livre Apologie du carnivore (Fayard, 2011), Dominique Lestel s’en prend à cette volonté des végétariens éthiques de ne pas faire souffrir sans nécessité. Ce philosophe commence par reconnaître « que les justifications habituellement données du régime carnivore sont (…) plutôt inconsistantes ». Mais il pense pouvoir enfin justifier un tel régime en affirmant qu’un «  homme qui n’infligerait plus aucune souffrance à un autre être vivant ne serait tout simplement plus un homme, ni même un animal, car un principe fondamental de l’animalité est précisément de souffrir et de faire souffrir ». Très en verve sur ce sujet, il écrit aussi que « la vie repose sur une forme de cruauté qu’il n’est ni possible ni souhaitable d’éradiquer ». Il en conclut qu’il faut assumer sans honte d’être un carnivore.
Aux yeux de D. Lestel, cette cruauté assumée n’implique pas qu’il faille manger de la viande n’importe comment. Il faut au contraire devenir un « carnivore éthique ». Cela veut dire au moins deux choses. Premièrement, il faut que la mise à mort entraîne chez l’animal le minimum de souffrance possible. D’où une condamnation sans appel de l’industrie de la viande de la part de D. Lestel. Deuxièmement, manger de la viande doit être vécu comme une dépendance vis-à-vis des animaux. Il faudrait d’ailleurs les remercier par une sorte de rituel. Le carnivore éthique serait ainsi ce mangeur de viande qui considère qu’il ne dispose pas d’un statut d’exception dans la sphère de l’animalité et qu’il a une dette vis-à-vis des animaux. Du coup, il devrait même accepter un jour de se faire manger.
Si l’on en juge par la critique cinglante que lui a adressée le végétarien Pierre Sigler, cette rare défense du régime carné apparaît problématique (9). Exemples de quelques mises au point. D. Lestel accuse les végétariens d’avoir le désir absurde de supprimer la souffrance dans le monde. C’est faux, rétorque P. Sigler, les végétariens veulent simplement ne pas faire souffrir sans nécessité les animaux. D. Lestel affirme que la seule façon de reconnaître son animalité est de manger de la viande. C’est stupide, répond P. Sigler, on peut faire l’amour. D. Lestel considère que manger de la viande marque notre dépendance vis-à-vis des animaux. C’est une escroquerie, s’indigne P. Sigler, il n’y a aucune dépendance puisque tout être humain qui a accès a des protéines végétales peut se passer de viande. Enfin, D. Lestel se dit prêt à donner son corps à manger, mais bien sûr uniquement quand il sera mort. Exaspéré, P. Sigler rappelle que les animaux n’ont pas cette chance d’avoir une vie pleine avant de se faire occire.

La question du spécisme
S’il y a une telle incompréhension entre les carnivores et les végétariens éthiques, c’est que, à la différence des seconds, les premiers estiment que l’on peut tuer les animaux parce que ce ne sont que des animaux. Cette justification relève de ce qu’on appelle le « spécisme ». Ce mot est formé par analogie avec « racisme » et « sexisme », qui désignent une discrimination injustifiée selon la race ou le sexe. Est raciste, par exemple, celui qui estime que l’on peut mettre les Noirs en esclavage pour la simple raison qu’ils sont Noirs. De la même manière, être spéciste, c’est assigner différentes valeurs ou droits à des êtres sur la seule base de leur appartenance à une espèce, et non pas en fonction de leurs intérêts propres. Par exemple, vous êtes spéciste si vous vous offusquez que l’on mange du chat, mais pas du cochon. En revanche, vous êtes antispéciste si vous prenez en compte l’intérêt des animaux indépendamment de l’espèce à laquelle ils appartiennent.
La très grande majorité des végétariens éthiques sont antispécistes. Ils récusent l’idée d’accorder des considérations morales de façon arbitraire à telle espèce et pas à telle autre. Or le statut moral des animaux se pose parce que, à la différence des légumes ou des pierres, ce sont des êtres sensibles capables de souffrir. Du coup, contrairement à ce dont on l’accuse parfois, cet antispécisme n’incite pas à accorder aux animaux les mêmes droits qu’aux êtres humains. Qui voudrait en effet donner aux vaches le droit à l’éducation ? Mais il incite à prendre en compte cette capacité des animaux (êtres humains compris) à souffrir, notamment en agissant, dans la mesure du possible, de façon à ce qu’ils ne souffrent pas sans nécessité. Les antispécistes soulignent d’ailleurs que tout le monde trouvera monstrueux, par exemple, que l’on crève l’œil d’un chat juste pour s’amuser. Pourquoi alors, se demandent-ils, ne pas aussi condamner les souffrances infligées aux animaux que l’on mange ? Sur ce point, ils n’attendent pas une condamnation partielle qui s’accommoderait d’améliorations des conditions dans lesquelles vivent ces animaux. Ce serait, à leurs yeux, comme si on cherchait à améliorer les conditions des esclaves sans remettre en cause l’esclavage. Selon eux, la seule position cohérente est d’arrêter de tuer les animaux pour les manger.

Le carnivore comme le violeur ?
Bien sûr, les carnivores résistent à une telle argumentation. Ils disent que la souffrance infligée aux animaux n’est pas inutile. Elle sert à leur apporter, à eux les carnivores, du plaisir. D. Lestel reproche ainsi aux végétariens éthiques de prétendre lutter contre la souffrance et pourtant de vouloir faire souffrir les carnivores en les privant de viande. Dans sa critique de D. Lestel, P. Sigler cherche à montrer l’absurdité de ce raisonnement en le transposant au cas du viol. Voici ce que cela donne : il existe une loi qui punit le viol parce qu’un tel acte fait souffrir celles et ceux qui en sont victimes ; mais ce faisant, cette loi impose aux violeurs potentiels d’immenses frustrations ; par conséquent, en voulant éviter que des personnes souffrent en étant violées, cette loi en fait souffrir d’autres ; ce qui montre bien qu’il n’est pas juste de vouloir interdire le viol pour diminuer la souffrance de ses victimes !
À leur décharge, il faut reconnaître que les carnivores qui acceptent que des animaux soient tués pour leur plaisir ne font qu’adopter la position schizophrène de notre société, comme le souligne parfaitement la juriste Marcela Iacub dans ses Confessions d’une mangeuse de viande (Fayard, 2011). Dans ce livre, elle raconte comment, après avoir été très carnivore, elle a été conduite au végétarisme à la suite de trois « révélations ». Grâce à l’acquisition d’une chienne, elle s’est rendu compte que les animaux sont des individus sensibles, ayant des désirs et des intentions. Grâce à un texte de Plutarque, elle comprit qu’ils veulent vivre et nous supplient de ne pas les tuer. Enfin, grâce à une décision de justice, elle prit conscience de la complète incohérence de notre relation aux bêtes. Il se trouve en effet que, en 2007, un individu a été condamné pour avoir sodomisé son âne. Vu les spécificités anatomiques des ânes et des hommes, cet acte ne semble pas avoir causé de souffrance chez l’animal. La justice a néanmoins considéré que, en l’absence de consentement, c’était un viol qu’il fallait punir. Or cette même justice autorise cet individu, qui est le propriétaire de l’âne, à le faire écorcher pour le manger. M. Iacub n’avait jamais été frappée à ce point par l’absurdité qu’il y a, d’un côté, à accorder à juste titre des droits aux animaux puisque ce sont des êtres sensibles, et, d’un autre côté, à leur dénier le droit le plus élémentaire, celui de vivre. Ne pouvant plus accepter cette incohérence, elle ne vit pas d’autre option que de devenir végétarienne. Ce qui montre finalement qu’à travers la question du végétarisme se pose celle de notre cohérence. À méditer avant de passer à table…"
 
Sinon le titre du dossier Théma d'Arte c'était "doit-on encore manger des animaux ?"

Où l'emploi du verbe "pouvoir" s'est vite substitué à celui du "devoir", surtout dans le débat post docus, et y est assez malheureux car sujet à toutes les interprétations. Et l'anthropologue Noelie Vialles (un brin carniste) s'y était engouffrée en courant : "oui on PEUT" (sous entendu on en a la capacité technique)

En ce sens FAUT-il, ici ou sur le titre du bouquin de Foer est infiniment plus judicieux, je trouve.
 
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