Kahte":3hvgq5wo a dit:
Chips vient de me faire comprendre une chose que je n'arrivais pas à définir de manière cohérente. Je n'aimais pas le terme antispécisme, maintenant je sais pourquoi.
Dans le racisme, les races ça n'existe pas (sujet déjà évoqué, ce n'est qu'une invention pour classer des gens, et les discriminés)et une notion de valeur qu'une "race" en vaudrait plus qu'une autre. alors que les espèces,il y a bien une différence réelle, on peut pas s'accoupler avec un lapin, ni avec un gorille, on a pas les même relation avec un dauphin, qu'avec un vautour.
Le problème c'est pas les espèces, c'est la valeur qu'on donne les unes aux autres.
C'est ça qui me choque, on peut être spéciste et antispéciste. Q_Q, je crois aux différences entre les espèces mais sans jugement de valeur.
La définition des espèces n'est pas aussi tranchée :
http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article81
Fabicha":3hvgq5wo a dit:
Perso, je ne suis pas du tout anti-spéciste, ça ne m'empêche pas d'être en faveur des droits des animaux. L'anti-spécisme est une pure contradiction (imposture à mon sens même, mais ça peut froisser, désolée :/) puisqu'il n'y a pas de rapport d'égalité possible entre humains et animaux non humains. Les animaux n'auront jamais que les droits que les humains veulent bien leur accorder, ils ne parleront jamais pour eux-mêmes.
Ce que je trouve dommage, moi, c'est que de déclarer que puisque l'oppression spéciste est encore plus forte, encore plus compliquée à déconstruire que les autres oppressions, alors on va se débarasser du terme qui prétend chercher à faire le plus, à viser quelque chose d'utopique, pour finalement se contenter d'un terme un peu mois fort... Et donc plus l'oppression est forte, moins on va donner de la force à la lutte qui s'y oppose...
Je ressens un peu ça comme si on déclarait que c'était une "lutte moins noble"
parce que l'oppression est trop compliquée à affaiblir, trop forte...
(Plus l'oppression est forte, mais la lutte est noble ?...)
Alors qu'on peut aussi déclarer que l'antispécisme est une réflexion permanente dont la limite n'est pas connue. Qu'il faut viser loin pour espérer obtenir autant que possible, tout en reconnaissant nos faiblesses (en tant qu'alliés oppresseurs luttant contre soi-même). On peut se dire antispéciste ou prôner l'antispécisme, en reconnaissant son propre spécisme, sans prétendre savoir comment le déconstruire.
Par exemple, les antispécistes (en tout cas une bonne partie des antispécistes) ne se contentent pas de demander l'abolition de l'exploitation animale. Ils cherchent aussi à dépasser ça, à voir ce qu'on pourra faire pour aider les animaux "sauvages" qu'on ignore aujourd'hui, et qui subissent des souffrances dont les humains ne sont pas forcément responsables. Qu'on ignore parce qu'ils sont d'une autre espèce.
Si les animaux "ne parlent pas", et qu'en tant qu'antispéciste, on sait que les animaux doivent parler pour eux-mêmes, la chose à faire, c'est d'aller chercher leur voix, les visibiliser, montrer leur individualité, leur volonté de liberté et de vivre, et de prendre plaisir à vivre, montrer ce qu'ils communiquent. Porter leur voix. Leur donner le micro. Dire "les animaux ne parlent pas, alors tant pis la luttte ne peut pas être antispéciste", c'est faire l'inverse, c'est nier leur voix.
L'antispécisme réel pourrait aussi complètement chercher à améliorer la communication entres humains et non-humains, les espèces pour lesquelles ce serait possible en tout cas, justement pour savoir et comprendre ce qu'ils peuvent revendiquer. Justement pour les faire parler pour eux-mêmes, qu'on cesse de les ignorer quand ils parlent. Ou chercher des moyens de leur donner des pouvoirs pour lutter pour eux-mêmes (Avec les gorilles et peut-être même les dauphins, on n'en est pas loin.). Mais pour cela, il faut déjà être ambitieux, penser plus loin et le vouloir, donc déjà parler d'antispécisme.
Selon la même réflexion, on peut aussi déclarer que les animaux autres qu'humains, opprimés, sont antispécistes. S'ils veulent mettre fin à leur oppression, alors de fait ils sont antispécistes. Et nous sommes alliés des antispécistes. Mais là encore, il faut accepter d'utiliser le terme.
Fabicha":3hvgq5wo a dit:
Et le terme anh est spéciste en lui-même en mettant tout le monde dans un même sac sauf l'humain qui, comme d'hab, sort du lot.
Je ne sais plus où j'avais lu une philosophe antispéciste qui préférait l'utilisation du terme "animaux autres qu'humains".
Ceci dit, que la réflexion fasse sortir les humains du lot, c'est normal, puisqu'il s'agit de définir qui est l'oppresseur. Comme les blancs oppriment les racisés. Bon, on a inventé le terme "racisé" pour éviter de dire "non-blancs" (ce que font certaines personnes) ou les lister tous. Il faut être honnête, peu de gens connaissent le mot "racisé", et encore moins de gens l'utilisent sans tiquer. On pourrait peut-être utiliser le terme "spécisé".