Il sort du cadre de ce travail de fournir une analyse critique pour démontrer le caractère absurde et nuisible des techniques de gestion actuellement préconisées pour l’eau. Je me contenterai de donner quelques idées directrices sur lesquelles chacun peut partir pour rechercher l’information – de plus en plus rare – sur les solutions techniques et politiques alternatives.
Le point de départ est de prendre pleinement conscience du fait que les déjections humaines et animales ne sont pas des déchets à éliminer sous prétexte d’épuration ou de dépollution, mais qu’elles font partie intégrante de la biosphère. Elles constituent le chaînon qui nous relie à la terre. La santé de celle-ci en dépend et déterminera l’alimentation des générations futures et peut-être la possibilité de vie même sur cette planète.
L'idée n'est pas nouvelle. Que disait à ce sujet, il y a bien plus d'un siècle, Victor HUGO dans les "Misérables"?
"Paris jette par an 25 millions à l'eau. Et ceci sans métaphore. Comment et de quelle façon? Jour et nuit. Dans quel but? Sans aucun but. Avec quelle pensée? Sans y penser. Pour quoi faire? Pour rien. Au moyen de quel organe? Au moyen de son intestin. Quel est son intestin? Son égout. 25 millions, c'est le plus modéré des chiffres approximatifs que donnent les évaluations de la science spéciale. La science, après avoir longtemps tâtonné, sait aujourd'hui que le plus fécondant et le plus efficace des engrais est l'engrais humain. Les Chinois, disons-le à notre honte, le savaient avant nous. Pas un paysan chinois, c'est Eckelberg qui le dit, ne va à la ville sans rapporter, aux deux extrémités de son bambou, deux seaux pleins de ce que nous nommons immondices. Grâce à l'engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu'au temps d'Abraham. Le froment chinois rend jusqu'à cent vingt fois la semence. Il n'est aucun guano comparable en fertilité aux détritus d'une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or. Que fait-on de cet or fumier? ... On le balaye à l'abîme. On expédie à grands frais des convois de navires afin de récolter au pôle austral la fiente des pétrels et de pingouins, et l'incalculable élément d'opulence qu'on a sous la main, on l'envoie à la mer. Tout engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d'être jeté à l'eau, suffirait pour nourrir tout le monde. Ces tas d'ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boues cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux sur la voirie, ces fétides écoulements de fange souterraine que le pavé cache (N.B. Il s'agit des égouts) savez-vous ce que c'est? C'est de la prairie en fleur, c'est de l'herbe verte, c'est du serpolet et du thym et de la sauge, c'est du gibier, c'est du bétail, c'est le mugissement satisfait des grands boeufs le soir, c'est du foin parfumé, c'est du blé doré, c'est du pain sur votre table, c'est du sang chaud dans nos veines, c'est la santé, c'est la joie, c'est la vie. Ainsi le veut cette création mystérieuse qui est la transfromation sur le terre et la transfiguration dans le ciel." (Texte lu par Danielle BAILLY)
D’une manière plus pratique, disons que les déjections humaines (W-C) et celles de nos animaux (élevages hors sol) n’ont pas leur place dans l’eau. Le gâchis réalisé par leur rejet dans l’eau est la cause numéro un de la dégradation de nos écosystèmes dans lesquels l’eau est de plus en plus malade et devient de plus en plus rare. En ce sens, le principe même de l’épuration des eaux usées urbaines est incompatible avec le concept du développement durable.
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