Véganisme et agriculture : quelles limites ?

Balika

Élève des carottes
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On entend souvent lors de discussions des arguments idiots pour détruire le végétalisme/véganisme. Mais parfois, on tombe sur des choses beaucoup plus sérieuses qui nous mettent le doute, notamment concernant l'agriculture. J'ai identifié quelques points intéressants (parfois traités ailleurs sur le forum) :

- les vaches consomment principalement de l'herbe (62% en France) et produisent 250 kg de viande, souvent sur des terrains où le maraîchage est impossible. Cela "valorise" donc ces terrains pour la production de nourriture. Même si le maraîchage est possible sur ce même terrain, tuer une seule vache ferait beaucoup moins d'animaux sentients morts qu'une culture de végétaux comestibles par les humains (céréales, légumes), principalement des mammifères dans le sol (souris, taupes, etc), sans compter les insectes, notamment en raison du labour et des traitements. Cela dit, il existe des recherches pour de l'agriculture sans labour ni pesticides puissants ...

- l'arrêt de la traction animale, pour le labour, l'entretien des cultures et le transport des aliments, n'est possible que grâce aux moteurs thermiques (motoculteur, tracteur, fourgon, etc), qui consomment des carburants assez polluants et en quantité finie. Il faudra bien un jour trouver des alternatives à ces moteurs thermiques ...

- la production de légumes demande énormément d'apports. Certains maraîchers apportent jusqu'à 60 tonnes de compost à l'hectare par an. Certains engrais proviennent de l'élevage ou de déchets d'abattoirs (fumiers divers, lisiers, poudre d'os, sang séché, poudre de coquillages, etc) ou de la pétrochimie (engrais azotés), comment s'en passer ?

- les terrains agricoles ne permettent pas tous de produire des végétaux comestibles par les humains. Est-ce que ceux qui le permettent seraient suffisants pour nourrir la population actuelle (y compris avec des échanges entre régions) ?

Un youtubeur m'a envoyé vers cette étude sur l'impact de 10 régimes alimentaires différents sur l'agriculture aux EU :
https://www.elementascience.org/article ... ta.000116/

Qu'en pensez-vous ? :whistle:
 
Bonjour Balika,
je lirais l'article que tu a posté. l'association végétarienne de France a récemment publié un article qui explique que le pâturage est contrairement à ce que l'on croit très mauvais pour environnement :
https://www.vegetarisme.fr/paturage-pas ... r-planete/
Moi même, j'ignorais que c'était problématique à ce point.
 
Si les prairies n'étaient pas broutées par les vaches, on pourrait :
- Soit les laisser évoluer naturellement (se reboiser, généralement) et diminuer notre emprise sur les terres
- Soit mettre en place un maraîchage diversifié avec des plantes adaptées au sol en question. Je ne pense pas qu'il y ait de sol totalement impropre à la culture (à part les zones aux conditions extrêmes d'humidité ou de sécheresse, ou en altitude, ce qui représente une faible surface en France)

La Ferme du Bec Hellouin s'est installée dans une vallée au sol pauvre et caillouteux qui n'avait jamais été cultivée auparavant, et ils ont bien réussi à faire pousser des choses.

Avec des techniques issues de la permaculture et de l'agroécologie, pas besoin de labour (on sait maintenant que ça dessert le sol et l'agriculteurice plus que ça ne les sert !), et pas forcément besoin d'intrants issus d'animaux : la culture d'engrais verts et le paillage peuvent suffire. Je ne sais pas si l'efficacité se vaut, mais M. Fukuoka, par exemple, utilise cette technique (il appelle sa façon de faire "agriculture sauvage") et n'a pas de mal à s'en sortir. Pas besoin non plus de pesticides ni quoi que ce soit en -ide. Lorsque l'agriculture fonctionne avec son environnement, les maladies sont bien moins fréquentes (plantes plus résistantes) et il faut accepter qu'une partie soit mangée par d'autres animaux (une faible part, si les chaînes alimentaires sont complexes et fonctionnent bien).

Si nous ne pouvons plus transporter de nourriture à l'aide de moyens motorisés, le transport de nourriture risque bien de se réduire drastiquement... Les aliments ne voyageront plus que dans un périmètre restreint autour du lieu de production, comme avant. On pourrait revenir au transport animal pour cela, mais on pourrait en imaginer d'autres : le vélo + remorque par exemple, système de transport qui se développe déjà (autre que pour la livraison de repas du restau').

Sur le plan technique, je suis convaincue que véganisme et agriculture peuvent tout à fait aller ensemble. Il n'y a rien à inventer, tout est déjà là : on peut développer et améliorer ces techniques, mais on les connait déjà.

La question la plus importante est celle de la quantité. Je ne sais pas du tout si on pourrait nourrir tous les français avec la production nationale, ce serait intéressant de trouver des chiffres là-dessus.
On peut intensifier les cultures (avec la rotation des cultures, les associations, l'agroforesterie...), développer l'agriculture urbaine, re-diversifier les aliments que nous consommons, développer considérablement le réseau de fermes à travers toutes la France... Il faudrait beaucoup de personnes pour faire tout ça, mais ça tombe bien, il paraît qu'on cherche activement à créer des emplois !
Bon, les idées ne manquent pas, mais j'avoue que je ne sais pas du tout comment on peut s'assurer qu'on a assez pour nourrir 67 millions de personnes, d'autant plus qu'avoir assez en théorie n'implique pas que chacun reçoive ce dont il a besoin.
 
On ne nourrira pas la France comme ça, mais on peut aussi penser aux incroyables comestibles, initiative qui vise à faire des mini potagers en zone urbaine. http://lesincroyablescomestibles.fr/ C'est une goutte d'eau, mais en multipliant les gouttes d'eau, on peut remplir un vase.
 
J'ai un peu du mal avec le fait de vouloir à tout prix mettre de la production alimentaire en ville. Même si on a nous même un potager en ville, pour moi ça doit vraiment rester au niveau anecdotique et non dévié vers des projets de production réelle (dans le sens la ville va se nourrir à hauteur de % par sa propre production). La ville regroupe déjà un nombre important de fonction sur un territoire restreint, augmenter ces fonctions risquent d'impacter sur la qualité de vie des ses habitants. Et à priori ce sont les campagnes qui sont faite pour produire la nourriture. Et ajoutons à ça que pour le moment la plupart des projets d'agricultures urbaines utilisent pour des raisons de rentabilité les animaux (ex. l'aquaponie) et donc ça colle très difficilement avec un modèle végane. Au besoin, je veux bien développer plus sur ce sujet.

P.
 
Je pense que mettre sur son balcon une jardinière avec un plant de tomates et un plant de persil, ce n'est pas ça qui va renverser la tendance ville / camapagne, et encore moins avoir un impact négatif sur les urbains. :)
 
Je pense aussi que l'agriculture urbaine (que ce soit un plant de tomate sur le balcon ou un jardin partagé dans les parcs, squares, sur les toits) peut être un bon moyen de reverdir un peu les villes, en plus d'avoir une fonction sociale (engagement personnel, projets collectifs...). Les villes ne peuvent sans doute pas être autonome en alimentation par ce biais, mais ça ne peut sans doute pas faire de mal de développer ça.
 
Aucun souci avec les balconières ou même mettre des bacs potagers en rue gérés par les habitants, c'est des projets fort sympatoches.

Par contre pour ce qui est des parcs et squares, j'ai plus de mal. Éventuellement oui si ça répond à une demande réelle des habitants du quartier, mais non si c'est un projet imposé. Dans les quartiers à forte densité (qui sont aussi les quartiers pauvres), il y a déjà un manque d'espace vert et de récréation avec des espaces publics sur utilisés. Souvent dans ces quartiers les gens n'ont pas de jardin privé, les parcs, places, squares sont donc les endroits de détente et de récréation extérieures. Utiliser ces espaces (déjà peu disponibles) pour y mettre des potagers si les habitants ne le souhaitent pas nécessairement et préfèrent peut-être à juste titre une aire de jeux, un endroit de promenade c'est peut-être pas le plus judicieux. Même s'il est vrai qu'on peut aussi combiner la fonction potagers en l'intégrant dans un espace de détente/repos. Je ne dit pas que c'est pas bien de mettre du potagers, j'suis juste plus prudente et faut pas le considérer comme seule solution pour mettre du vert en ville. (et de toute façon ces potagers ne font pas répondre aux besoins alimentaires des gens de la ville).

Et j'ai aussi pu constater des dérives pas top avec cet engouement pour l'agriculture urbaine : des poules qu'on fout dans des enclos dans des parcs urbains (pour je ne sais quelle raison si ce n'est la distraction des gens), des ruches qui fleurissent un peu partout ou on propose aux gens des animations autours des ruches (animation que je pense stressante pour les abeilles), des charrettes tirés par des ânes en pleine ville pour récolter les déchets verts à composter (âne qu'on sort à toute occasion lors de fêtes de quartier et autre)...

Concernant l'utilisation des toitures, quid de la rentabilité et des ressources (eau, composte ...) qu'il faut amener lorsqu'on fait de l'agriculture hors sol. La solution pour le hors sol en ville qui revient de plus en plus souvent c'est l'aquaponie, à Bruxelles il y a d'ailleurs un projet récent avec utilisation des toits d'un abattoir en ferme urbaine avec 2000 m² de pisciculture : https://www.lecho.be/entreprises/im...e-ouvre-ses-portes-a-anderlecht/10004445.html. J'sais pas moi ce genre de projet me laisse très très très dubitative, je me trompe peut-être mais ne pense pas qu'il y ai de l'emploi à créer dans le secteur de l'agriculture à Bruxelles. J'ai juste l'impression que ça répond à une de demande de faire écolo, avec l'installation d'un circuit le plus court possible.

Et pour conclure de ce que j'en peut voir ces espaces à potagers/ fermes potentiels bizarrement ont les retrouvent dans les quartiers déjà très dense (et donc pauvre) et donc à qualité de vie pas top...

P.
 
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