Bonjour.
Merci de ne pas hurler en apprenant mon âge, comme tant d'autres l'ont fait précédemment ; j'ai quinze ans - tout juste.
Quinze ans, "sans viande" depuis trois ans, totalement végétarienne depuis six mois, et s'engageant sur la voie d'un "bio-végétarisme", avec consommation d'oeufs et de lait bio uniquement...
Le tout, bien sûr - pensez-vous, ce serait trop beau ! - dans une famille omnivore, sans personne de végétarien dans mon entourage.
Comme de bien entendu, quand j'ai arrêté la viande, ç'a été le branle-bas de combat. Qu'arrive-t-il à notre chère enfant ? On nous l'a endoctrinée ! La malheureuse, où se cache la secte ? Mais non, elle ne peut pas cesser de déguster cette aliment si délicieux - qu'elle adore, elle le dit, enfin disait, elle-même - à même pas douze ans, de sa propre volonté ! Et du jour au lendemain, qui plus est !
Mais heureusement, il y a de merveilleuses inventions pour rassurer les parents inquiets. Celle qui nous occupe se nomme : crise d'adolescence.
Invoquons donc la crise d'ado de notre progéniture. A douze ans ? Si si, elle est assez précoce alors...
Bref, crise d'ado ; elle se rebelle contre la société qu'est méchante et qui fait rien que d'embêter les pauvres petits n'animaux. C'est passager, elle se rendra bien vite compte que pour être acceptée, il faut participer à la grande boucherie collective - par chance, même si on nous met les mains dedans, on nous bande les yeux avec, alors on arrive à faire comme si on ne savait pas.
Seulement voilà, au bout de six mois, la rébellion paraît durer. Un an, un an et demi, deux ans, deux ans et demi...
Deux ans et demi, catastrophe ! La fillette qui n'en est plus une, en colonie, se dit tout de même que ne pas manger de viande et manger du poisson, c'est sacrément stupide.
Jusqu'ici, elle comptait arrêter de manger des animaux marins à sa majorité. Comprenez, jeune fille, c'est pour votre santé, le régime végétarien nuit au développement. Si vous le dites, Docteur. Après tout, c'est vous la nutritionniste...
Mais bon, si à douze ans, on veut bien croire que les adultes savent ce qu'ils font, à quatorze, on commence à fouiner, parce qu'on a découvert que le business, c'est un très bon argument aussi, et que les adultes ne savent pas tout.
Rebelote donc, revenant de colo, l'enfant déclare qu'elle a quelque chose à dire. Elle a soigné ses arguments, imaginé divers scénarii, s'est mise à la place parentale pour évaluer l'impact...
Pour finalement, déballant ses valises, entendre sa mère lui dire que son assiette de saumon est prête - le reste de la famille mangera poulet. Elle ne répond donc pas.
La mère entre, suivie du père. Ma chérie, ça va ?
Oui Maman. Mais tu sais, cette chose...
Précisons là que je ne suis pas totalement crétine, et mes parents non plus. Lesquels saisissent rapidement.
Ici, notons qu'en apprenant mon pesco-végétarisme, ma mère avait accepté du moment que cela ne me posait pas de problèmes de santé, même si mon père avait été plus dur à convaincre - ma mère connaissait un peu mieux ma façon d'être. Les propos rapportés au-dessus viennent de quelques-unes de leurs lectures - "Les sectes", hein, sans surprise - et de conversations, et de blagues sur la viande - ma cadette : "Hum, sens le bon pâté", et le classique cri de la carotte de la part de mon père.
Mais ici, c'est tout autre.
"Non !"
Je salue là l'argumentaire parental. Et ce n'est pas tout.
Car me voilà menacée ! Tu ne le feras pas, c'est dangereux, tu t'es faite endoctrinée - si si, on y revient -, il ne faut pas croire que c'est bon pour ta santé, on ne peut pas te laisser faire ça, si tu le fais, on peut se faire condamner au tribunal pour maltraitance, c'est bien que le végétarisme est dangereux, non ?
Pour finir par : "Si tu continues, on t'envoie à l'hôpital, et tu devras même manger de la viande !"
Certes, Maman. Je me suis renseignée sur le végétarisme, mais je veux bien le refaire si tu veux. Cependant, finir sur une menace bancale, ça casse un peu l'effet : j'ai eu des comportements alimentaires aberrants, tu te souviens ? Et de manière générale, je suis curieuse. Donc j'ai déjà lu pas mal de choses,sur le manque de place dans les hôpitaux. Ne pas pousser Mémé dans les orties, j'ai énormément d'affection pour elle. Y envoyer une gosse parce qu'elle est végétarienne, euh...
Le silence se montrera très éloquent, je crois.
Contraints et forcés, ils sont donc obligés d'accepter. Espérant peut-être que je vais "craquer". Mais, si j'ai relativement peu de volonté en ce qui concerne la nourriture d'ordinaire, le végétarisme ne m'a jamais posé problème. A partir du moment où je vois le vivant derrière le cadavre, c'est simple, l'envie s'envole.
Vous avez sûrement lu Bidoche, de Fabrice Nicolino.
Là, je me suis réveillée. J'avais dormi sur mes décisions, laissant les habitudes m'emporter.
J'ai ouvert les yeux. Malgré l'exaspération marquée de ma mère, je ne pouvais continuer ainsi.
Voilà donc où j'en suis, décidée à cesser la consommation d'oeufs et de lait non bios, à me renseigner autant que possible, à faire quelque chose contre cette horreur.
Et puis à ouvrir des yeux, peut-être. Ceux de ma mère sont fermés - elle m'a clairement fait comprendre qu'elle ne voulait pas savoir, que le foie gras était une torture ? Tant pis, c'est bon. Que j'étais une donneuse de leçons et que ça commençait à l'exaspérer.
Bref... Bref, je ne sais pas trop que faire pour équilibrer mon alimentation. Comment m'organiser ? Qu'acheter ? Comment le cuisiner ?
Je ne sais pas, je viens ici pour savoir. j'ai des livres là-dessus, mais c'est de témoignages dont j'ai besoin.
Excusez la littéraire de ce pavé.
Merci de cette lecture pour le moins laborieuse, je suppose, pardon des fautes de frappe.
Lofaé
Merci de ne pas hurler en apprenant mon âge, comme tant d'autres l'ont fait précédemment ; j'ai quinze ans - tout juste.
Quinze ans, "sans viande" depuis trois ans, totalement végétarienne depuis six mois, et s'engageant sur la voie d'un "bio-végétarisme", avec consommation d'oeufs et de lait bio uniquement...
Le tout, bien sûr - pensez-vous, ce serait trop beau ! - dans une famille omnivore, sans personne de végétarien dans mon entourage.
Comme de bien entendu, quand j'ai arrêté la viande, ç'a été le branle-bas de combat. Qu'arrive-t-il à notre chère enfant ? On nous l'a endoctrinée ! La malheureuse, où se cache la secte ? Mais non, elle ne peut pas cesser de déguster cette aliment si délicieux - qu'elle adore, elle le dit, enfin disait, elle-même - à même pas douze ans, de sa propre volonté ! Et du jour au lendemain, qui plus est !
Mais heureusement, il y a de merveilleuses inventions pour rassurer les parents inquiets. Celle qui nous occupe se nomme : crise d'adolescence.
Invoquons donc la crise d'ado de notre progéniture. A douze ans ? Si si, elle est assez précoce alors...
Bref, crise d'ado ; elle se rebelle contre la société qu'est méchante et qui fait rien que d'embêter les pauvres petits n'animaux. C'est passager, elle se rendra bien vite compte que pour être acceptée, il faut participer à la grande boucherie collective - par chance, même si on nous met les mains dedans, on nous bande les yeux avec, alors on arrive à faire comme si on ne savait pas.
Seulement voilà, au bout de six mois, la rébellion paraît durer. Un an, un an et demi, deux ans, deux ans et demi...
Deux ans et demi, catastrophe ! La fillette qui n'en est plus une, en colonie, se dit tout de même que ne pas manger de viande et manger du poisson, c'est sacrément stupide.
Jusqu'ici, elle comptait arrêter de manger des animaux marins à sa majorité. Comprenez, jeune fille, c'est pour votre santé, le régime végétarien nuit au développement. Si vous le dites, Docteur. Après tout, c'est vous la nutritionniste...
Mais bon, si à douze ans, on veut bien croire que les adultes savent ce qu'ils font, à quatorze, on commence à fouiner, parce qu'on a découvert que le business, c'est un très bon argument aussi, et que les adultes ne savent pas tout.
Rebelote donc, revenant de colo, l'enfant déclare qu'elle a quelque chose à dire. Elle a soigné ses arguments, imaginé divers scénarii, s'est mise à la place parentale pour évaluer l'impact...
Pour finalement, déballant ses valises, entendre sa mère lui dire que son assiette de saumon est prête - le reste de la famille mangera poulet. Elle ne répond donc pas.
La mère entre, suivie du père. Ma chérie, ça va ?
Oui Maman. Mais tu sais, cette chose...
Précisons là que je ne suis pas totalement crétine, et mes parents non plus. Lesquels saisissent rapidement.
Ici, notons qu'en apprenant mon pesco-végétarisme, ma mère avait accepté du moment que cela ne me posait pas de problèmes de santé, même si mon père avait été plus dur à convaincre - ma mère connaissait un peu mieux ma façon d'être. Les propos rapportés au-dessus viennent de quelques-unes de leurs lectures - "Les sectes", hein, sans surprise - et de conversations, et de blagues sur la viande - ma cadette : "Hum, sens le bon pâté", et le classique cri de la carotte de la part de mon père.
Mais ici, c'est tout autre.
"Non !"
Je salue là l'argumentaire parental. Et ce n'est pas tout.
Car me voilà menacée ! Tu ne le feras pas, c'est dangereux, tu t'es faite endoctrinée - si si, on y revient -, il ne faut pas croire que c'est bon pour ta santé, on ne peut pas te laisser faire ça, si tu le fais, on peut se faire condamner au tribunal pour maltraitance, c'est bien que le végétarisme est dangereux, non ?
Pour finir par : "Si tu continues, on t'envoie à l'hôpital, et tu devras même manger de la viande !"
Certes, Maman. Je me suis renseignée sur le végétarisme, mais je veux bien le refaire si tu veux. Cependant, finir sur une menace bancale, ça casse un peu l'effet : j'ai eu des comportements alimentaires aberrants, tu te souviens ? Et de manière générale, je suis curieuse. Donc j'ai déjà lu pas mal de choses,sur le manque de place dans les hôpitaux. Ne pas pousser Mémé dans les orties, j'ai énormément d'affection pour elle. Y envoyer une gosse parce qu'elle est végétarienne, euh...
Le silence se montrera très éloquent, je crois.
Contraints et forcés, ils sont donc obligés d'accepter. Espérant peut-être que je vais "craquer". Mais, si j'ai relativement peu de volonté en ce qui concerne la nourriture d'ordinaire, le végétarisme ne m'a jamais posé problème. A partir du moment où je vois le vivant derrière le cadavre, c'est simple, l'envie s'envole.
Vous avez sûrement lu Bidoche, de Fabrice Nicolino.
Là, je me suis réveillée. J'avais dormi sur mes décisions, laissant les habitudes m'emporter.
J'ai ouvert les yeux. Malgré l'exaspération marquée de ma mère, je ne pouvais continuer ainsi.
Voilà donc où j'en suis, décidée à cesser la consommation d'oeufs et de lait non bios, à me renseigner autant que possible, à faire quelque chose contre cette horreur.
Et puis à ouvrir des yeux, peut-être. Ceux de ma mère sont fermés - elle m'a clairement fait comprendre qu'elle ne voulait pas savoir, que le foie gras était une torture ? Tant pis, c'est bon. Que j'étais une donneuse de leçons et que ça commençait à l'exaspérer.
Bref... Bref, je ne sais pas trop que faire pour équilibrer mon alimentation. Comment m'organiser ? Qu'acheter ? Comment le cuisiner ?
Je ne sais pas, je viens ici pour savoir. j'ai des livres là-dessus, mais c'est de témoignages dont j'ai besoin.
Excusez la littéraire de ce pavé.
Merci de cette lecture pour le moins laborieuse, je suppose, pardon des fautes de frappe.
Lofaé