Végéta*isme par émotion

Hugo38

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21/7/16
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Bonjour,
je suis nouveau sur le forum alors je me présente en guise d'introduction.
J'ai 33 ans, ai été végétarien, ne le suis plus mais suis attentif à la provenance de la viande (achat direct au producteur local, abattage à la ferme). Je viens d'une famille d'agriculteurs/vignerons travaillant en bio et suis très sensibilisé aux problèmes d'environnement et d'économie sociale et solidaire.

Je viens partager une réflexion et aimerai avoir votre opinion.
J'ai un peu parcouru le forum, mais pas tout, alors désolé si ce post fait doublon.

Je suis devenu végétarien par compassion pour les animaux. C'était une émotion de voir l'animal directement exécuté pour un repas dont je pourrais me passer d'un point de vue physiologique. Je ne portais pas non plus de cuir par soucis de cohérence. Puis, en prenant du recul, je me suis aperçu que m'habiller en fibres synthétiques avait des conséquences bien plus néfaste sur la condition animale. Mais la dimension émotionnelle était moins présente du fait de l'aspect indirect de ma mise en cause.
Un vêtement en cuir tanné sans chlore qui dure 30 ans est probablement plus respectueux (et fait moins de dégât) de la cause animale que 10 vestes non écologiques achetées (bio compris).

Bien sûr être végétarien c'est toujours apporter sa contribution et c'est déjà très bien. Mais j'ai parfois l'impression que c'est un "cache-misère", une façon de soulager sa conscience pour fermer les yeux sur un problème plus vaste (et qui comprend aussi des faits dénoncés par les végétariens). D'un point de vue éthique il serait idéal d'être à la fois végétarien, de s'habiller et de manger écolo. Mais si l'on ne va pas jusque-là, que choisir ?
Choisir en fonction d'une émotion directe ? Choisir en fonction des conséquences réelles sur la vie des animaux ?

Petit rappel : l'industrie du textile est la deuxième plus polluante après le pétrole. Et le pétrole est nécessaire dans le textile (ex : 1,5kg de pétrole pour 1kg de polyester, sans parler des traitements). La culture du coton consomme énormément d'eau. 70% des cours d'eau en Chine seraient pollués par le textile (eau bue par les animaux). Chaque article fabriqué à partir de fibres naturelles a un impact en termes de gaz à effet de serre équivalent à plus de 20 fois son poids.

Ne nous méprenons pas, je suis favorable au fait d'être végétarien et je songe à y revenir. Mais dans un soucis de cohérence, il me semble que c'est plus la cerise sur le gâteau qu'une pierre solide à l'édifice. C'est mieux que rien, c'est clair. Mais je crois que parfois, inconsciemment, on le fait plus pour soi que pour les animaux.

C'est aussi un reflet de notre société. Dans de nombreux domaines on agit plus facilement sur ce qui se voit, ce qui nous touche directement.

Hugo
 
Hugo38":2h9cz1sf a dit:
Mais je crois que parfois, inconsciemment, on le fait plus pour soi que pour les animaux.
Il y a un débat sur l'altruisme en court sur le forum (mais j'ai la flemme de chercher où il est).

Sinon tu peux lire "Tout peut changer" de Naomi Klein, ou "No logo" toujours de Naomi Klein. Enfin en gros tout ce qui parle d'un changement drastique de modèle économique.
Ca ne t'empêchera pas de redevenir vgr en prime. :p
 
Il y a des textiles moins polluants que les exemples que tu cites.
Par exemple, en fibres végétales, le chanvre et le lin
Pour les fibres synthétiques, la polaire est faite à partir de bouteilles plastiques recyclées.
Tout n'est pas parfait, certes

Un vêtement en cuir tanné sans chlore qui dure 30 ans est probablement plus respectueux (et fait moins de dégât) de la cause animale que 10 vestes non écologiques achetées (bio compris)
Je me suis aussi posée la question de qu'est ce qui était pire.
Alors, d'un côté, nous avons cette fameuse veste en cuir capable de durer 30 ans (et effectivement, j'ai déjà vu des gens qui avaient leur perfecto depuis + de 20 ans donc 30 ans me semble une vie probable).
Encore faut-il un cuir suffisamment épais (j'ai réparé une fois un manteau en cuir fin qui ne vivra sûrement pas 10 ans). Par contre, on ne fait malheureusement pas que des classiques intemporels en cuir, et beaucoup de gens changent de veste avec les modes. Et aussi, en 30 ans, une bonne partie des gens auront pris du poids et ne sauront plus rentrer dans cette veste en cuir.
Nous pouvons supposer que cette veste en cuir écologique est compostable.... (mais faut voir la doublure)

De l'autre côté, nous avons 10 vestes non-écologiques. Soit la durée de vie de la veste estimée à 3 ans. Ca me semble en effet une valeur moyenne (je pense qu'on peut la garder quelques années de +, mais qu'on a généralement 1 veste de mi-saison et un manteau chaud pour l'hiver). Et là, y a tellement d'autres matières possibles pour une veste (laine, skaï, polyester, ....) qu'il faudrait voir pour chaque matière son impact écologique (et je suis d'accord que les marées noires, les déchets plastiques,.... tuent aussi beaucoup d'animaux. Mais je ne sais pas comment quantifier pour 1 veste en particulier)

Plus globalement, le problème n'est pas tellement le dilemme entre le manteau en cuir ou le manteau en skaï. Le problème, c'est de vivre dans une société de surconsommation ou on achète et jette au rythme des modes, des articles de piètre qualité fait pour durer juste une saison, le moins cher possible et sans se soucier de ce qu'il y a derrière (matériaux polluants, piètres conditions de travail,...).
Alors là, oui, la personne qui aura gardé son manteau en cuir écologique pendant 30 ans, qui choisit de s'habiller en fibres bio végétales et sais recoudre ses vêtements au lieu de les jeter, (et, je suppose, 2 paires de chaussures en cuir écolo, durée de vie 15ans par paire, pour continuer dans la même démarche) (bilan total : 2 vaches mortes sur 30 ans)... aura très probablement un moindre impact sur la faune qu'une personne qui achète compulsivement de nombreux articles mode à chaque saison et ne recycle rien...

Sauf qu'il faudrait comparer ce qui est comparable. C'est à dire avec des habitudes d'achat comparable

Il me semble que le sujet avait déjà été traité dans le forum et que, globalement, la balance penchait quand même en faveur du synthétique. Faudrait retrouver les sources.
 
Merci pour ta réponse. C'est vrai que chanvre et lin sont aujourd'hui des fibres parmi les plus écologiques et éthiques. En plus d'être solides et de durer longtemps.

Par contre la polaire n'est pas nécessairement faite à partir de bouteilles recyclées, c'est même une infime minorité. Fabriquer la fibre polaire nécessite plus de pétrole que le polyester (1,9kg de pétrole pour 1kg de polaire).

Après oui c'est sûr que le problème est plus profond et vient de notre société ultra consommatrice.

Mais l'objet ici n'est pas dans l'absolu de porter de jugement de valeur sur la façon de consommer ou le fait d'être végétarien -lien. Je voulais juste soulever les différentes raisons des choix que nous faisons, et l'importance de cet aspect émotionnel direct qui entre souvent en jeu. Et se dire que si on est végétarien uniquement pour ne pas participer au massacre des animaux il y a peut être d'autres actions à mener prioritairement (concernant sa façon de consommer), même si elles sont moins gratifiantes et parfois très difficiles à mettre en oeuvre.
 
Comme le petit Colibri qui essaye de sauver sa forêt à coup de gouttes d'eau, on peut faire sa part. On peut dire que c'est pas assez, mais c'est déjà ça.
 
C'est juste qu'on manque (encore) d'alternatives au niveau vestimentaire.
Mais ça se développe. Cf le cuir d'ananas par exemple :D

Et puis vraiment, maintenant les marques font du simili cuir super résistant et qui tiens trèèèèèès longtemps. Genre : http://glamconscious.fr/marques-cuir-ve ... e-ethique/ (toutes les marques citées sont cools)

Après c'est une question de budget.
Oui il existe des alternatives qui évitent la mort d'animaux, qui sont respectueuses de l'environnement, et qui sont éthiques, mais il faut y mettre le prix.

Le meurtre pour son propre besoin ne devrait pas être une alternative à envisager dans une société idéale ^-^

:)
 
Hugo38":314gkrmr a dit:
Puis, en prenant du recul, je me suis aperçu que m'habiller en fibres synthétiques avait des conséquences bien plus néfaste sur la condition animale. Mais la dimension émotionnelle était moins présente du fait de l'aspect indirect de ma mise en cause.
Un vêtement en cuir tanné sans chlore qui dure 30 ans est probablement plus respectueux (et fait moins de dégât) de la cause animale que 10 vestes non écologiques achetées (bio compris).

Je pense que tu sous-estime largement l'impact écologique et éthique des matières animales. Le tannage des peaux se fait avec des métaux lourds très dangereux pour la santé humaine, animale et pour l'environnement. L'immense majorité de la production se fait en Inde ou en Asie du sud-est où les travailleurs ne sont absolument pas protégé des produits qu'ils manipulent, développent très vite des maladies professionnelles graves et voient leur espérance de vie drastiquement réduite. De plus des animaux ont du être élevés, nourris, transportés et abattus dans l'unique but d'utiliser leur peaux. On connait bien les problèmes écologiques que pose l'élevage des animaux pour la viande et le lait, celui pour le cuir n'est pas différent.

Ce texte répond de façon rigoureuse à ce genre de questionnement.

Je suis d'accord avec toi pour dire que le végétarisme n'est pas suffisant si on cherche à réduire son impact écologique mais personnellement je suis végane pour ne pas tuer ni exploiter d'animaux. L'écologie est un bonus mais pas ma motivation principale.
 
Merci Usagi, c'est l'article que j'essayais de retrouver :)

Concernant les marques vegan en faux - cuir, je pense que ça serait une avancée de mettre en place une filière de recyclage pour leur produit en fin de vie (parce qu'effectivement, ça peut être des composés pas très cool comme le pvc ou le polyuréthane... ceci dit, ces composés se retrouvent dans de très nombreux produits comme nous l'explique wikipédia
Un pdf traitant du recyclage du polyuréthane

Le cuir d'ananas a l'air d'avoir de l'avenir et présente une texture sympa ... à suivre :)

Pour la polaire, j'étais persuadée que c'était fait uniquement avec le recyclage des bouteilles... mea culpa

Sinon Hugo, si tu tiens à porter du cuir, l'alternative serait peut-être d'acheter ta veste dans une boutique de seconde main
 
Hugo38":65gbfrvq a dit:
Et se dire que si on est végétarien uniquement pour ne pas participer au massacre des animaux il y a peut être d'autres actions à mener prioritairement (concernant sa façon de consommer), même si elles sont moins gratifiantes et parfois très difficiles à mettre en oeuvre.
Y a que moi qui comprends pas cette phrase ?
 
Yapuka : Je suppose que ça veut dire que boycotter le cuir n'est pas forcément la meilleure solution pour lutter contre l'exploitation animale, même si on fait plus facilement le lien entre cuir et exploitation qu'entre synthétique et exploitation.
(Je retranscris juste, hein, je ne suis pas d'accord avec ça, cf réponse d'Usagi Chan).
 
Je vois pas le rapport entre le cuir, le végétarisme "de sensiblerie" (j'aurai dit empathie moi, mais bon)" et l'écologie.
Ce que je comprends du message de Hugo38, c'est qu'il est prioritaire d'arrêter le cuir, et aussi le plastique et tout ce qui est à base de pétrole parce que ça tue les animaux, alors qu'être végé n'est pas prioritaire.
Soit c'est mal formulé, soit je suis trop fatiguée pour comprendre correctement, soit c'est pas compliqué, il suffit d'être végan et écolo en même temps. :hein:
 
J'ai lu le texte que cite Usagi, je le trouve excellent !

"Le but de cette comparaison est seulement de leur rappeler [aux végans] que les végans ne sont pas végans s'ils ne sont pas aussi écologistes."

Il est bien plus vrai, à mon sens, que les écologistes ne sont pas écolo s'ils ne sont pas véganes ou à minima végétariens (vu la cata environnementale que crée l'industrie de la viande, entre autres, et qd bien meme chacun aurait son petit cochon, sa chèvre et sa vache, ça ne ferait pas moins de méthane, de fumier polluant les terres et les nappes phréatiques, de déforestation pour nourrir ces animaux en surnombre et destinés à la consommation humaine).

Selon Brenda Davis, manger vegan 1 jour/sem dégage moins de gaz à effet de serre que de manger 100% local pendant 7 jours.
 
Le végétarisme et le véganisme sont des boycotts de l'industrie de l'exploitation animale, dans un but assez clair, net et palpable : L'abolition de l'exploitation animale (et dans un premier temps l'abolition de la viande -élevage, chasse, pêche-).
Le boycott ne fait pas tout, ne peut pas être parfait et n'est pas la seule stratégie militante nécessaire à mettre en place pour obtenir cette revendication. Mais ça a un impact financier réel, donc ça fait partie de l'ensemble. De toute façon, pour que l'abolition de la viande soit envisageable en pratique, il faut évidemment que la consommation/production de produits animaux continue à décroitre considérablement.

L'abolition de la viande n'est pas motivée par l'écologie, elle est motivée par le fait de respecter le droit de vivre et de profiter de leur vie de l'ensemble des individus sensibles. C'est-à-dire la question éthique, morale, voire antispéciste.
Si l'écologie passait avant l'éthique, avant la nécessité de respecter le droit de vivre des individus, alors il serait largement plus écologique de légaliser l'homicide, voire le cannibalisme, et le promouvoir massivement, pour réduire considérablement l'impact écologique de la population humaine en pleine explosion démographique, et qui n'en finit plus de dévaster la planète.
Et d'ailleurs la dégradation de l'environnement a aussi un coût sur les vies humaines (la pollution et les catastrophes écologiques tuent des humains), alors on pourrait très bien argumenter qu'il est préférable de tuer tout de suite une grande quantité d'humains (et les manger) pour réduire leur impact écologique, et ce pour le meilleur bien de leurs congénères survivants/descendants.

Mais ça n'est pas dans ce sens-là qu'on réfléchit, parce qu'on sait bien que pour permettre de respecter la vie de l'ensemble des individus sensibles, on commence par déclarer qu'il n'est pas acceptable de les inséminer/enfermer/mutiler/tuer par plaisir gustatif. A partir de là, on peut réfléchir à leur octroyer des droits.

Et après ça, on peut travailler à réduire considérablement l'impact écologique de nos pratiques, en réfléchissant, en les améliorant, en faisant fonctionner les avancées technologiques, la recherche (et on déjà tout un tas d'alternatives végétales au cuir, et de nouvelles pistes, et pas mal d'arguments pour penser qu'elles ont beaucoup moins d'impact écologique que le cuir), pour tenir compte aussi des conséquences indirectes beaucoup plus difficiles à évaluer, sur tous les autres individus sensibles qui peuplent la planète.

Dernièrement, j'ai lu le résumé de Zoopolis sur les Cahiers Antispécistes, et je pense que c'est aussi une lecture très intéressante pour comprendre exactement ce qu'on recherche et revendique (ou du moins une première piste) quand on se met au végétarisme/véganisme.
http://www.cahiers-antispecistes.org/qu ... s-animaux/
http://www.cahiers-antispecistes.org/de ... s-animaux/
http://www.cahiers-antispecistes.org/et ... e-a-chats/
 
Hugo38":1grh2nie a dit:
t se dire que si on est végétarien uniquement pour ne pas participer au massacre des animaux il y a peut être d'autres actions à mener prioritairement (concernant sa façon de consommer), même si elles sont moins gratifiantes et parfois très difficiles à mettre en oeuvre.
Tu trouves qu'être végéta*lien est gratifiant ? Je ne sais pas dans quel monde tu vis.

Sinon, c'est clair que dire "je ne mange pas de viande" et à côté polluer à donf, n'arrange rien. Il est heureusement possible d'être végéta*ien et en même temps décroissant (par exemple).
 
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