La prostitution volontaire, pour, contre, s'en branle ?

Fushichô

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Je viens de lire cette tribune qui parle de la prostitution volontaire (et qui est contre) :

http://www.bastamag.net/article2602.html

J'avais un jour écouté une émission de radio avec une prostituée du Strass, farouchement pour la liberté de se prostituer. D'en faire un métier comme un autre. J'avoue trouvé cette personne très convaincante et cela m'avait fait dire que la prostitution, c'est pas que des femmes de l'Est sous le joug d'un proxo. Que, même si c'est une infime minorité, certaines personnes peuvent vouloir faire ça comme métier. Et je m'étais dit, après tout, pourquoi pas, si c'est un métier qu'elles aiment, je vois pas le souci.
On parle de vendre son corps, mais comme dans tout métier. Perso, c'est mon cerveau que je vends, d'autres, avec un métier manuel, vendent leur corps (et dans les métiers physiques ou manipulant des produits à la con, en deviennent physiquement malades et développent des cancers). Tout métier revient à vendre tout ou partie de son corps (et de son temps ; même le temps libre est fonction du temps de travail). Je vois pas ce qu'il y a de plus grave à vendre son anus qu'une autre partie de son corps (je répète que je reste dans l'optique d'une prostitution choisie, pas dans le cadre de traite des femmes).

L'article suscité dit que le concept de prostitution choisie est complètement con, parce que la prostitution n'est pas vraiment choisie, on le fait pour le fric, par contrainte économique, donc, et qu'on est en plein dans le capitalisme tentant de se trouver un nouveau marché et pas dans la défense d'une soit-disant liberté sexuelle comme les discours le disent.
L'auteure me semble ainsi défendre l'abolition de la prostitution.
Soit. Mais dans ce cas là, si on part du principe qu'on peut pas vendre son trou du cul librement, je vois pas pourquoi on pourrait en revanche vendre son corps, son temps, sa vie à en crever en faisant cheminot, peintre en bâtiment ou traducteur (même si c'est moins crevant d'être traducteur que peintre en bâtiment).

Bref, si sur ces bases on demande l'abolition de la prostitution, même choisie que n'importe quel autre métier, alors c'est carrément le travail (capitaliste) qu'il faut abolir.

Il me semble que soit on autorise la prostitution et on lui donne le statut de métier à part entière, soit, si on décide de l'abolir parce qu'il ne faut pas vendre son corps, alors il faut abolir le travail (et perso, je suis plus sur cette deuxième position).

Voilà à peu près mes réflexions à l'heure actuelle.

Comme je sais qu'il traîne un-e ou deux féministes dans le coin, j'aimerai avoir votre sentiment/avis sur la prostitution librement choisie (car je pense qu'on est tous d'accord pour dire que forcer les femmes à se prostituer, c'est pô bien) afin de me faire une meilleure opinion sur le sujet.

Et si vous avez pas bien suivi qu'est-ce que je veux dire, c'est pas grave, on s'en fout de ce que je peux penser et dire à l'heure actuelle car c'est tout flou pour moi ; c'est votre avis et vos réflexions qui m'intéressent afin de voir le sujet sous des jours complémentaires et différents pour que je puisse avoir un avis plus éclairé sur le sujet.

Vous avez 2h, les calculatrices sont interdites (mais pas les bouliers).
 
Personnellement je suis pour la prostitution choisis, sans derrière le frique pour survivre.
 
Il me semble que la liberté commence par celle de posséder son propre corps et donc d'en faire ce qu'on veut ( tant qu'on atteint pas à celle des autres, of course ).
Pour le moment je pense comme toi, quand on parle d'interdire la prostitution j'ai tendance à voir ça comme une mise sous tutelle, d'un Etat "parent" et ça me gêne un peu.
 
La féministe que je suis est 100% d'accord avec ce que tu dis, Fushicho.
Je trouve ça absurde et hypocrite de considérer qu'un(e) prostitué(e) vend son corps et pas un ouvrier.
Je trouve absurde de s'insurger contre le fait qu'ils/elles apportent du bien-être à des gens, et de trouver tout à fait normal d'autres formes de bien-être, comme aller au restaurant ou dans un parc de loisirs par exemple, alors les conditions de travail dans ces domaines-là sont loin d'être toujours idylliques.
Je trouve absurde de prétendre être une société libérée et de perpétuellement vouloir dire comment ils doivent vivre leur sexualité, et de la régenter à tout prix.
Et surtout, je trouve absurde de se prétendre féministe et de véhiculer des préjugés archaïques entièrement créés par une société dominée par des religions machistes, raison pour laquelle je ne fais pas partie d'une association féministe.

A mon sens, le proxénétisme devrait puni beaucoup plus sévèrement qu'il ne l'est actuellement, les réseaux de prostitution devraient être traqués avec acharnement, mais à l'inverse on devrait offrir à celles et ceux qui souhaitent vraiment faire ce métier des conditions de travail décentes, avec des lieux dans lesquels ils/elles pourraient travailler en sécurité, sans crainte d'être agressés, voire qu'ils/elles puissent avoir accès à un suivi médical spécifique, une médecine du travail adapté aux risques spécifiques à cette profession en somme.

Mais je crains que, pour le moment, on en soit à des années lumière...
 
+1 à jess, Fushichô etc. J'ai entendu et lu pas mal de témoignages de prostituées ces derniers temps, et c'est ce qui en ressort. Les prostituées de Lyon, dans le 7ème, près de l'ENS où je travaille, sont très revendicatrices, j'ai lu 3 ou 4 interviews d'elles).
 
Merci pour ses premiers retours.

Et c'est bien que tu évoques les témoignages de prostituées, Guanac0. Car s'il y a bien des personnes qu'on entend quasi jamais, c'est les premiers et premières concerné-e-s.
Des ministres, des assoc', des féministes, des gens plein de postures, d'idées (bonnes ou mauvaises, préconçues ou non, proches ou loin de la réalité, peu importe) s'expriment, mais rarement voir jamais les prostitué-e-s.
Ce qui est franchement aberrant.
 
Je suis très partagée sur ce sujet.

D'un part j'entend bien que chacun devrait être libre de disposer de son corps comme il l'entend, mais peut-on réellement parler d'une décision libre dans la société dans laquelle nous vivons ? Je pense qu'on ne peut pas dissocier la prostitution du patriarcat. Nous vivons dans un système qui est fait tel que toutes les femmes sont opprimées par tout les hommes, et cela en permanence. On ne peut pas sortir du système tant qu'il existe, même si on le veut. C'est pourquoi je pense que tant que les femmes seront éduquées dans le don de soi, l'abnégation, la culture du "care" (ça passe mieux en anglais) et qu'en même temps les hommes seront confortés dans l'idée que leur sexualité est sacrée et qu'elle nécessite des corps de femmes disponibles, que pour être un homme, un vrai il faut être conquérant, viril et avoir une sexualité débordante, alors il sera totalement illusoire de penser que les femmes peuvent librement choisir la prostitution.
Si un.e noir.e déclarait avoir réellement envie d'être l'esclave d'un.e blanc.he, que ça le rend heureux et que c'est librement consentie, ça ne vous choquerait pas ? Moi ça me choquerait, et sans vouloir parler à sa place, je penserais qu'il/elle est victime du système de domination raciste dans lequel nous vivons.

Si nous vivions dans une société égalitaire, non raciste, non sexiste, non hétérosexiste, etc ... Alors oui, les individu.e.s seraient livre de disposer de leur corps comme ils l'entendent. Mais tant que ce n'est pas le cas, je resterais pour l'abolition du système prostituteur, comme on a abolie le système esclavagiste.


Sinon, je suis un peu gênée de lire :
jess":2thzbo8i a dit:
ils/elles apportent du bien-être à des gens,
Je ne crois vraiment pas que les prostitué.e.s apportent du bien être aux clients. les forums de "notations" des prostitué.e.s par les clients sont légions sur le net et les propos qu'on peut y lire sont véritablement révoltants !
Ce n'est pas du bien-être, ce n'est pas un échange de services, ce n'est même pas de la sexualité, c'est de la domination pure et simple.
 
Guanac0":2ixros5v a dit:
http://www.marieclaire.fr/,prostitution,20258,452133.asp
Cet article-là, par exemple, qui est la première fois où j'ai lu des évidences comme : les prostituées ont des histoires d'amour, un mari, des enfants, une famille, etc.

Il ressort bien de certains témoignages que certaines prennent ça pour un métier comme un autre, comme si elles allaient à l'usine.
Je suis pas d'accord que c'est un métier comme un autre, parce que les conditions ne sont pas là pour que ça soit un métier comme un autre (notamment le stigmate sur la prostitution), mais ça pourrait très bien le devenir.
Il ressort bien aussi la dissociation sexe et amour (les actrices porno sont évoquées aussi : pas de plaisir, c'est un job).
Je trouve ces témoignages intéressants. Notamment parce qu'ils sont variés (certaines le vivant mieux que d'autres).

@ Usagi.Chan:

De la domination pure et simple, oui, mais si cela devenait un métier comme un autre et pas un truc clandestin, tu penses pas que ce mépris diminuerait pas ?
Je suis d'accord pour ce que tu dis sur le patriarcat, c'est un angle que je n'ai pas évoqué (même si j'y ai pensé, mais l'article que je cite m'a plus poussé vers mon dada, l'abolition du travail :p), j'avoue que je sais pas trop quoi en penser par rapport à l'abolition ou non de la prostitution volontaire. C'est clair que c'est essentiellement des hommes qui vont voir des prostitué-e-s (non, je ne nommerai pas DSK !), et que c'est avant tout un service fourni par des femmes pour les hommes. Mais je crois qu'il y a un marché porteur sur la prostitution au bénéfice des femmes. Trouvez-moi 2 marketeux de base et ils vous font une pub pour développer ce marché (pour l'instant) de niche. ^^
Disons que dans un esprit de légalisation (et de capitalisme), sans doute j'imagine que le marché féminin peut/pourrait également être satisfait. C'est sans doute pour ça que je néglige (trop) facilement le côté patriarcal de la prostitution (tjs dans le cadre d'une prostitution volontaire qui serait légalisée, bien sûr, pas tel que c'est à l'heure actuel, on est bien d'accord.) ou que je sais pas trop quoi faire avec cet angle.

Edit: Après petite réfléxion, je me dis que finalement, c'est pareil que ce que j'évoquais pour le travail. De même que c'est pas la prostitution qu'il faut abolir, mais le travail, bah c'est pas la prostitution qu'il faut abolir, mais le patriarcat.
 
Sauf que l'esclavage par principe n'est pas consenti. Si ce que tu appele "esclavage" est consenti, ça s’appelle être majordome ^^ Et on retombe sur le problème de comment considérer le "travail" ?
Usine et chaines d'assemblage: horaires fixés, pressions psychologique et physique, et ton travail ne te sert qu'a manger et avoir un toit en fin de compte.

Pour ce qui est du bien être apporté, je pense qu'il y a deux cas séparé, d'un coté ce dont parle Usagi, de l'autre certaines personnes (sans doute minoritaire) chez qui les prostituées peuvent être une source de contact/affection (dans un sens je suppose, bien que je ne comprenne pas) bienvenue (et rémunérée).
J'avais lu un article (qui me fait penser ) ce cas sur la misère sexuelle des handicapés/paralysés dans les hôpitaux et leurs demandes parfois insistantes de masturbation auprès du personnel soignant.

Ensuite dans la question de la prostitution il y a un problème qui concerne directement les intervenants. (Je parle là de la situation "maison close, suivi médical, acceptation sociale que souhaitent les pro-prostitution, que j’appellerais désormais les pro² :D )
- les anti : qui considèrent que toute prostitution est une désacration/un viol/non consentie, et que les prostituées ne peuvent pas savoir (les imbéciles) parce qu'elles sont prises dans la prostitution et donc non-indépendantes du sujet.
- les pro : qui affirment que c'est un choix raisonné et murement réfléchi, que vendre son sexe n'est pas différent de vendre ses mains ou son cerveau, et qui disent que les antipro² ne peuvent pas savoir, parce que non-impliqués dans la chose.

Mon avis est que les prostituées elles mêmes on le plus de légitimité, d'autant plus que ce ne sont pas celles qui se font taper dessus par des proxo que l'on entend parler. Je sais qu'elles font parti de la prostitution, mais de la même manière que certaines femmes savent que leur place n'est pas limitée à la cuisine, je suis sur qu'il y a un nombre de prostituées indépendante (psychologiquement et financièrement) qui continuent de leur plein gré.

Donc pour moi cette forme de prostitution volontaire est acceptable, et devrait être dé-stigmatisé. La problème étant de définir le "volontaire". Si les maisons choses sont légalisées (+contrôle étatique et sanction très sévères sur la prostitution illégale) on évitera les prostituées sous proxo, ce qui serait dejà un grand pas je pense. Restera bien évidement les prostituées qui le font pour des raisons financières certes.

Ca me fait beaucoup penser au débat welfarisme vs abolitionnisme, et dans ce domaine, je pense que la voix vers l'abolition est pavée de welfarisme ^^
Encore que dans le cas de la prostitution, la visée de l’abolitionnisme peut être remise en cause (toujours cet "objectif" de déstigmatisation des métiers du sexe)

Edit : les notations de prostituées ne m'étonnent pas, et ne me choque pas dans le principe. Si on le considère comme un métier comme un autre, il y a un aspect technique qui peut justifier des notations, comme un kiné, ou un prof.
Evidemment les termes employés reflètent l'état d'esprit du client, mais dans l'absolu, ce peut être aussi trash et irrespectueux que poli et factuel.
 
Et je me dis aussi, en rapport avec mon Edit du dessus, que supprimer la prostitution (volontaire), c'est supprimer un effet mais ça ne supprime en rien les causes qui conduisent à se prostituer (le besoin d'argent/de travailler), ni le fait que se soit surtout le femmes qui se prostituent (le patriarcat). En s'attaquant aux causes, la prostitution disparaîtra, car si le travail disparaît, c'est plus un travail, donc on bascule plutôt dans la libération sexuelle (ou dans autre chose), et si le patriarcat disparaît, bah n'importe qui peut se prostituer au bénéfice/plaisir de n'importe qui, quel que soit le sexe des divers intervenants.

Comme l'évoque Wombattitude, c'est un peu l'abolitionnisme/welfarisme. Supprimer les cages des poules pour les mettre dans des hangars, c'est mieux, mais ce qu'il faut, c'est s'attaquer à la considération que l'animal est un objet que l'être humain peut utiliser pour son plaisir gustatif superflu et ainsi supprimer les élevages sous quelque forme que ce soit. Bah là, faut s'attaquer aux causes qui poussent les femmes à se prostituer, plutôt que d'interdire la prostitution sous toutes ces formes de façon "bête et méchante", si on veut quelle disparaisse.
Si on veut la faire perdurer, bah légalisez-moi tout ça et basta ! ^^
 
Contre.
La prostitution, même volontaire, répond majoritairement à la même logique : un mâle loue un vagin/anus/bouche, et n'a donc considération pour le travailleur du sexe que celle qu'il aurait pour un objet de consommation.
Banaliser la prostitution revient à conforter cette terrible dualité : pour le mâle, le sexe est un besoin, pour la femme, un devoir. Non seulement on nie le besoin féminin, mais on nie aussi son plaisir. :rolleyes:
 
C'est oublier qu'il existe la prostitution opposée brigande : les gigolos pour ces dames (même si l'image est à 100 lieues de celle des femmes, et la pratique largement moindre -ou largement moins médiatisée...)

Personnellement je reste convaincu qu'une femme qui "choisit" de se prostituer le fait toujours plus ou moins sous la contrainte de quelque-chose, mais cela peut revêtir tellement d'aspects pour une même personne que ça serait à étudier au cas par cas. (argent, famille, enfants ou petits enfants sans le sou, misère quelconque...)

Néanmoins ce n'est pas moi, à la fois homme ET sans "besoin" d'avoir à faire ce choix, qui irait expliquer à une prostituée qu'elle a tort de choisir ce qu'elle a choisit.

Que dire alors des actrices porno ? Des playmates ? des photo modèles ? des figurants de films, des volontaire pour des trucs débiles à la télé, des volontaires pour des scéances d'hypnoses, des malades à qui on propose des soins expérimentaux (quand on leur propose !), etc...
 
Uniquement si tu ne considère pas le sexe comme un objet de consommation, ce qu'il est au même titre que le reste des plaisirs physiques.
Mais effectivement le prostitution est très asymétrique, et c'est là qu'est le problème.
 
Quoi qu'on en pense la prostitution n'est pas un travail comme un autre.

Si l'on est difficilement objectif sur la prostitution, c'est sans doute parce qu'en plus du corps, la personne qui se prostitue vend aussi une partie de son intimité.
S'ajoute à cela la dimension criminelle, un nombre énorme de personnes sont violées tous les jours en France, alors que l'esclavage est moins courant. Je ne parle pas des personnes sous payées ou stagiaires, mais bien des personnes à qui l'on met le couteau sous la gorge pour utiliser leur force de travail : ces cas là restent marginaux. On peut donc comprendre pourquoi la prostitution déchaîne autant les passions.
Moi même toute féministe et libertaire que je suis, la première chose qui me vient à l'esprit avec ce sujet est une grande angoisse.

Cela dit je suis totalement pour la légalisation, ne serait-ce que pour l'accès à un salaire déclaré, la sécurité sociale et sécurité tout court.
 
Contre, pour les même raisons cités par Usagi et Brigande.

Comprenons bien tout d'abord que la prostitution n'est pas de la sexualité ou du moins qu'elle ne va que dans un sens, celle du client et encore, ceux-ci ne sont pas toujours satisfait, loin de là (genre recherche de la "girlfriend experience" et bon, ben faut pas pousser, quoi).

Le STRASS et notamment Morgan Merteuil (la personne que tu as entendu je suppose, Fushichô) multiplient effectivement les apparences médiatiques pour défendre leur point de vue. Point de vue qui va jusqu'à la défense du proxénétisme.

"Ainsi, si beaucoup d'entre nous préfèrent évidemment rester indépendantes, certaines peuvent préférer être "employées", autrement dit "salariées"; pour ne parler que de mon expérience personnelle, j'ai commencé en bar à champagne : j'avais donc un patron; mais je travaillais en sécurité, je n'avais rien à gérer; juste, je venais quelques heures par jour, j'y attendais les clients; j'étais payée à la commission sur les verres que le client m'offrait et les bouteilles de champagne qu'il achetait pour pouvoir passer un moment en salon avec moi; en revanche les pourboires me revenaient intégralement.
aujourd'hui je suis escort indépendante; tout l'argent me revient, certes, mais je pense être moins en sécurité."
http://forum.partipirate.org/societe-so ... tml#p62063

" Par exemple, vu la difficulté de passer les frontières aujourd'hui (au niveau de l'Europe forteresse notamment), des personnes font appel à des réseaux de passeurs, envers qui elles contractent une dette; arrivées en France, l'argent de leur passes sert notamment à rembourser cette dette et à envoyer du fric à leurs familles restées au pays. Je ne dis pas que c'est une situation "idéale", "enviable", mais cette personne n'est pas pour autant une victime de traite ou d'exploitation."
http://forum.partipirate.org/societe-so ... tml#p62331

Le "service" rendu au client: il faudrait pouvoir en finir avec l'idée que la prostitution est nécessaire et qu'il faut des femmes pour "ça". Quelles femmes tout d'abord? Et surtout pourquoi les envies des hommes en la matière doivent elles être assouvies? On ne meurt pas de manque de sexe. Seulement les sociétés patriarcales montent en épingle depuis des siècles le besoin impérieux des hommes en la matière si bien que celà a effectivement fini par imprégner les mentalités et on finit par lire que la prostitution permet de diminiuer le nombre de viol, par exemple, et autres mythes du même genre.
De ce fait, le déséquilibre prostitution à destination des hommes ou des femmes est effectivement flagrant: on a jamais fait croire aux femmes qu'il était normal d'avoir des hommes à leur disposition, les hommes, oui. Or, considérer la prostitution copmme normal, c'est considérer normal qu'il faille des femmes pour ça. Vraiment?

La prostittuion volontaire, enfin. Environ 90% des indépendantes finissent par être rattrapées par un réseau. Que cette prostitution soit voulue ou pas, les retombées en matière de santé mentale et corporelle sont loin d'être sans conséquence.
Le taux de suicide y est effarant et une prostituée a une espérance de vie moindre que celle d'un SDF. Plus d'info sur le blog de Muriel Salmona médecin traumatologue qui travaille avec des prostituées.

J'ai aussi lu le témoignage d'un jeune homme, militant au Strass, et qui annonçait d'emblée que lui se prostituait occasionnellement, on peut vraiment prendre ce genre de témoignage en compte, est-ce réellement représentatif de la réalité de la prostitution? Est-ce comparable avec la situation d'une personne qui le fait tous les jours en enchainant jusqu'à 20 passes grace à de la pommade anesthésiante?

Pour la parole des prostituées, on trouve pas mal de témoignages de survivantes sur internet, certaines ont des blogs comme Angel K ou Rebecca Mott. Il y a également le Survivor Connect Network

Bref, les choses à dire ne manquent, hélas, pas, mais avant de vous précipiter sur les libertés individuelles et le droit de chacun à disposer de son corps, je vous enjoints vraiment à vous renseigner sur ce que recouvre vraiment la prostitution.

J'aimerais aussi qu'on arrête de dépeindre les abolitionistes comme des empêcheurs-ses de baiser en rond alors que le but est de cesser l'exploitation et la marchandisation d'humain-e, pas de régenter ni de policer quoique ce soit. Gardez en tête que beaucoup de prostituées "volontaires" sont des mineures, et oui, en Europe, pas dans un quelconque pays exotique (ce qui ne change pas grand chose à l'affaire soit dit en passant).

Les pays qui ont légalisé la prostitution, tels que les Pays-Bas ou encore l'Allemagne sont en train de reconsidérer leur position devant l'afflux des problèmes que cela a généré, entre autres, une augmentation de la traite, une dégradation des condition de vie et de travail des prostituées (baisse des tarifs, acceptations de pratiques plus hard-core, mise en "solde" des prostituées dans les bordels), en gros, ce qu'on reproche exactement à la Suède et sa politique abolitioniste. La légalisation n'est pas exactement la panacée non plus.

Le texte qu'a cité Mélodie concernant Merteuil et son féminisme "révolutionaire".
C'est effectivement très révolutionnaire la prostitution, surtout quand on sait que c'est un des moyens d'oppression du patriarcat depuis des siècles.
Je ne connais aucun-e abolitioniste qui soit bourgeois, c'est quoi ce délire?
Combien de prostitué-es le revendiquent par choix, on cette "chance", cette liberté?
Faire une dichotomie volontaire/forcée, c'est vraiment faire un tour de passe-passe et occulter la réalité, à mon sens.

Enfin, faire en sorte que seule la prostitution volontaire existe ne mettre finalement jamais fin à la demande et la demande alimente le trafic et la contrainte. Ca ne changera pas tant qu'on considérera normal d'avoir des humains à sa disposition. Et non, la prostitution n'est pas un travail comme un autre. Louer ses bras ou son cerveau ne met pas, normalement, en jeu son intimité (sauf en cas de harcèlement, justement). Chaque culture définie son espace intime, sa sphère de protection. Cet espace peut être plus ou moins grand, mais il existe. Se prostituer, c'est accepter, de manière répétée, de faire rentrer des inconnu-es dans cette sphère et ça n'est pas anodin psychologiquement parlant.

Bref, je viens de pondre un pavé, surtout pour vous dire de vraiment, vraiment, bien considérer l'ampleur et la complexité du phénomène et de ne pas le réduire à une "simple" liberté individuelle.

@V3nom:
Il y aurait aussi beaucoup à dire de la pornographie mais selon certaines, c'est pas le royaume de bambi non plus:
http://artsetspectacles.nouvelobs.com/p1859/a45486.html
http://survivrealaprostitution.blogspot ... ps-je.html
C'est juste un exemple pour te montrer qu'il y a aussi des problèmes avec cette industrie et que cela peut rejoindre certains problèmes de la prostitution, effectivement (même si ça mérite une analyse sous d'autres angles).
 
Et surtout, je trouve absurde de se prétendre féministe et de véhiculer des préjugés archaïques entièrement créés par une société dominée par des religions machistes, raison pour laquelle je ne fais pas partie d'une association féministe.

Ah donc toutes les associations féministes et celles qui y adhèrent se prétendent féministes mais ne le sont pas. Par extension, on ne peut pas être féministe si on est abolitioniste non plus, parce que l'on considère que la prostitution est une institution patriarcale multi-millénaire qui vise à mettre le corps de certaines femmes à disposition des hommes.
Mais non, en fait on est à la solde du machisme archaique et religieux...

Pour info, les religions encouragent fortement la prostitution pour justement "protéger" la femme qu'est la mère et l'épouse des ardeurs sales et dégradantes de son mari. La prostitution s'est énormément développée parallèlement à la bourgeoisie parce que le bourgeois respectable et croyant n'allait quand même pas faire subir de telles choses à sa femme, la mère de ses enfants qui était pure et chaste.
La bourgeoisie est hypocrite, en niant la sexualité dans le foyer mais en autorisant l'achat de sexe en dehors (voire notamment "the angel in the house" du 19e victorien).

Donc, ou je me trompe, ou les abolitionistes se font accuser d'être ce qu'ils ne sont pas? Nous sommes donc bourgeois, hypocrites, moralisateurs, prudes, ah, et bien sûr, pas féministes?
C'est pas se foutre de la gueule du monde?

(oui, je suis franchement en colère à la lecture de ceci)
 
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