Parler en mal ou se taire ?

Zigzag

Broute de l'herbe
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Pendant le repas, mon ptifrère végan a lancé un débat sur une question que je me pose moi-même :
Vaut il mieux beaucoup parler du véganisme, même en mal, ou ne pas en parler ?

Qu'en pensez vous ? Voici ce que j'ai répondu :
Déjà, sa question pourrait être élargie à d'autres idéologies, comme le féminisme par exemple.
Ensuite, même si je pense que beaucoup (et mal) parler de véganisme peut informer des personnes (et donc créer, pourquoi pas, quelques végans), je pense que mal parler de véganisme est plutôt négatif.
Les gens ont pour habitude de manger de la viande. Parce qu'il faut conserver cette habitude, par pur confort, il y a un à priori négatif sur le véganisme. Or, avec le biais de confirmation, les articles et autres vidéos négatifs sur le véganisme, cet à priori est renforcé et se développe une haine du véganisme-ce qui est surtout nocif pour les animaux, ainsi que pour la planète, pour les personnes mourant de faim...

De manière général, même si parler en mal fait un peu de pub (via la réactance), je pense que l'aspect pub est un peu faible par rapport aux réactions négatives que ce type de discours peut avoir (et les discours peuvent réellement être puissants).
 
Le débat n'est pas toujours possible. Le plus souvent, s'abstenir surtout en groupe où l'on peut se retrouver mis en difficulté, caricaturé.
Pour autant, être attentif. L'alimentation est souvent un sujet qui revient dans les discussions. Parfois des réflexions peuvent être faites et méritent d'être corrigées.

Exemple : le veganisme est un extrémisme. Les vegans ne respectent pas les autres... Cassent des vitrines.
Essayer de déconstruire cet argument en expliquant la cause vegan. En la plaçant sur le thème de l'éthique, la justice, la lutte pour les minorités. Bref, une cause noble qui est parfois moquée mais mérite d'être défendue. Je pense que l'argument peut faire mouche si la personne en face est par exemple sensible au féminisme, aux revendications LGBT, à la lutte contre le handicap, contre le racisme etc... S'interroger sur l'oppression, la domination. D'où vient-elle ? Par qui est-elle exercée ? L'interlocuteur ne deviendra probablement pas végétarien ou vegan juste après mais si sa pensée est moins caricaturale, plus ouverte, c'est déjà un petit pas.
Sur le cassage des vitrines (ne jamais cautionner la violence, c'est contre-productif même si l'on pense qu'ici elle est légitime ou compréhensible) mais mettre en parallèle avec l'égorgement, le gazage, le broyage, l'éventration, le tronçonnage, le gavage, le viol (j'emploie à dessein des termes choquants), avancer les chiffres des abattoirs et mettre en parallèle avec quelques vitres cassées. Non-représentatives de l'ensemble des vegans...

En parler maladroitement, je pense que ça nous est tous arrivé. Mais on peut progresser. Je pense que l'exemple social, la représentation lors d'un repas, c'est important. Même s'il faut parfois prendre sur soi. Se faire tout petit. Se faire "taquiner". 9 fois sur 10, pas de question, pas de remarque. Etre simplement là. Encore et encore. Le végétarien/lien de la table. Ne pas imposer le débat mais si le sujet arrive, saisir la balle au bond le mieux possible.
La véhémence de l'interlocuteur en face, ce n'est pas toujours parce que le débat a été mal amené, mal argumenté. Cela peut aussi signifier qu'il a remué les positions de l'interlocuteur et que celui-ci se défend, défend une pratique qu'il n'a probablement jamais songé à remettre en cause et qui a l’approbation sociétale. "Vu que tout le monde fait comme cela, pourquoi me pointer du doigt, moi ?" "Suis-je donc un monstre". Non bien évidemment, donc je me mets en position de défense face à ce que tu dis.
Si mon interlocuteur s’énerve (malgré mon intention, parce que j'ai été peut être trop direct), je lui rappelle que j'ai été carniste moi aussi. Et sans cautionner ses pratiques même s'il me dit qu'il en consomme moins (bien souvent c'est de l'auto-persuasion illusoire), lui expliquer que mon intention n'était pas belliqueuse mais de converser sur un sujet dont bien souvent je ne suis plus l'initiateur... Je ne suis pas dans le militantisme permanent.

Content la semaine dernière d'avoir eu comme question (avant le confinement). Quelle est la différence entre végétalisme et veganisme ? L'occasion de présenter ce qu'était pour moi le veganisme, les caricatures et les ennemis, pourquoi est-ce une cause importante, transversale à plein d'autres.
A savoir, je ne me présente pas comme vegan (ce que je ne suis pas encore) mais comme végétarien (si je ne veux pas trop de questions, d'objections) ou végétalien (cela effraie déjà plus les gens). Ma pratique se restreignant donc surtout pour l'instant à l'alimentation.
 
Je pense qu'il faut se rappeler comment nous on était lorsqu'on mangeait de la viande.
Est-ce qu'on aurait aimé qu'on nous parle mal? Est-ce que cela aurait eu un effet positif sur nous?

Le changement d'habitude, est un processus qui peut prendre du temps, que cela soit pour les réflexions ou le passage à l'acte.

Donc face à un omni, de la douceur et de la patience me semble être un meilleur choix que de mal parler. Après cela ne signifie pas pour autant ne pas savoir bien défendre sa position si la discussion/débat s'invite de "manière naturelle" sur la table.

Là on est en minorité, c'est donc la meilleur stratégie, il me semble.

Après pour certaine personne, le rentre dedans peut marcher, mais en règle général cela ne fonctionne pas.
 
Je ne suis pas sûre de comprendre ce que cela veut dire de "parler en mal", mais dans la foulée des réponses, et ça n'engage que moi, je pense qu'au final beaucoup de gens changent parce que la dynamique du "gentil végane" et du "végane agressif" se complètent. Et ça vaut pour beaucoup de mouvements sociaux. Si les gens ne sont pas bousculés, ils ne changent pas. S'ils ne sont que bousculés, ils se braquent.
Donc parce qu'on s'est reçu dans la figure des messages agressifs, culpabilisateurs, des images choquantes, on est marqué et alors on remarquera le "gentil" végane qui veut rien forcer sur personne mais propose une solution et une alternative à ces trucs qu'on nous a forcé à voir et qui nous ont dérangé même si on veut pas l'admettre.
Ce sont des généralités, mais je pense que la dynamique "good cop, bad cop" est assez efficace dans pas mal de cas. Et cela veut bien dire que le changement est un processus, pas juste un événement.
 
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