Le soldat vegan fait plier l’armée suisse
Il voulait absolument faire son service militaire. Mais refusait de porter des bottes de combat en cuir, jugeant indigne que l’on tue des animaux pour cela. Antoni Da Campo, un jeune Suisse de 19 ans, vient d’obtenir gain de cause après un an de procédure.
Antoni Da Campo a le sourire. Ce jeune habitant du Valais, âgé de 19 ans, va finalement pouvoir marcher au pas. L’armée suisse vient de le déclarer apte à effectuer son service militaire, après l’avoir recalé fin 2015.
Le jeune homme avait toutes les qualités requises. Adepte des arts martiaux, il avait même obtenu la mention « très bien » lors des tests d’aptitude physique. Seulement voilà, il refusait de porter les bottes réglementaires. En cuir. Or Antoni est vegan, un mode de vie qui exclut toute consommation de produit issu des animaux, mais aussi leur exploitation : fourrure, soie, cire d’abeille, etc.
« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être parfaitement intégré à une société malade », plaidait le jeune homme. Quand à la fin de son entretien d’incorporation, il avait été invité à aller prendre possession de ses bottes de combat, il avait refusé, demandant l’autorisation au médecin d’acheter, sur ses propres francs suisses, des bottes en simili.
La hiérarchie avait refusé, se basant sur une directive de juin 2008 qui recommande de déclarer inaptes les végétaliens qui « pratiquent de manière avérée ce mode d’alimentation depuis longtemps ». « L’armée vit de l’efficacité de grandes unités, elle ne peut pas s’adapter à chaque individu », avait précisé, devant le tollé, un porte-parole de l’armée suisse.
De quoi faire enrager Antoni Da Campo, qui a engagé une procédure devant le Tribunal administratif fédéral. « Je considère que le fait de tuer des animaux pour des pratiques non nécessaires pour les humains est injuste et devrait être aboli. Cependant, défendre la démocratie et mes concitoyens en cas d’agression par un autre pays me paraît parfaitement légitime. »
Discours entendu par l’armée suisse, contrainte de le convoquer de nouveau lundi à Lausanne. À l’issue d’un entretien, le médecin militaire du centre de recrutement lui a signifié qu’il revenait sur sa décision. Il pourra intégrer une école de recrues début 2018. Reste à savoir comment il se nourrira durant son service…
Une victoire symbolique pour le futur soldat, lauréat du prix « Hero for the Animals » décerné par l’association internationale Peta. Qui laissera pantois tous ceux qui ont connu feu le service national à la française, qui ont fait des pieds et des mains pour y échapper. Ah ! Ces Suisses…
http://www.ouest-france.fr/leditionduso ... 858/page/5