kob27g":19gndhto a dit:
Le duel Raptors - Warriors devrait être sympa. Les Raptors ont gagné 5 de leurs 6 derniers matchs.
Le basket nba est un jeu simple : 10 joueurs s'affrontent, 5 dans chaque équipe, pendant 48 minutes, et à la fin les Warriors gagnent
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— Le 06 Déc 2015, 22:55, fusion automatique du message précédent — <br /
br /> Stephen Curry, le « guerrier » souriant
LE MONDE| 27.11.2015 | Par Clément Guillou
Avant le match qui a fait entrer les Golden State Warriors dans l’histoire, l’entraîneur Steve Kerr, qui a transformé une belle équipe en machine à gagner, s’est saisi d’un feutre et a écrit au tableau les quatre valeurs de son groupe. Tout en haut, il y avait la joie. Luke Walton, entraîneur intérimaire en raison des problèmes de dos de Kerr, a explicité : « C’est [la valeur] la plus importante. Il veut qu’on s’éclate. La saison est longue, et l’essence de ce sport, c’est le “fun”. »
Mardi 24 novembre, ces « guerriers » hilares ont dispersé (111-77) les Los Angeles Lakers et Kobe Bryant, idole déchue et austère en tournée d’adieu. Une seizième victoire en seize matchs depuis le début de saison, record absolu. Et tout cela tiendrait sur la joie. C’est un bouleversement des repères du sport américain, qui exalte l’esbroufe, la sueur, le combat, la morgue, en un mot la testostérone.
Plus que n’importe quel joueur, Stephen Curry, culotté et allègre, incarne le succès joyeux de l’équipe de la baie de San Francisco. Protège-dents dehors, comme un prolongement de son sourire extra-large, il célèbre ses paniers les plus extravagants ou décisifs d’une petite danse, ni prétentieuse ni moqueuse, simple manifestation du plaisir de marquer, à l’unisson de son équipe.
« Ce mec est sur sa propre planète »
Il remplit les salles, fascine les observateurs, enivre ses supporteurs et désespère ceux de l’adversaire. Depuis un mois, les Etats-Unis peuvent voir, tous les deux jours, évoluer un joueur en état de grâce. On murmure, crime de lèse-majesté, des comparaisons avec Michael Jordan. Kevin Garnett, 20 saisons de NBA dans les pattes, dont cinq contemporaines du n° 23 des Chicago Bulls : « De même que Michael Jordan était un extraterrestre, ce mec est sur sa propre planète. »
Jordan électrisait les foules par ses dunks athlétiques et son temps de suspension hors du commun. Curry les fait se lever par des dribbles de playground et son adresse de loin – de très, très loin – quelles que soient la situation ou la proximité du défenseur. Sa confiance en lui, acquise la saison passée, lui fait oser des tirs incroyables, et la magie opère souvent. Kobe Bryant résumait au mois de mai le problème que pose à ses adversaires le meneur de Golden State, élu meilleur joueur de NBA la saison passée. A savoir le fait que les défenses sont déstabilisées par les tirs improbables que Curry parvient à réussir.
Steve Nash, meilleur meneur de la dernière décennie, travaille désormais à Oakland aux côtés de Stephen Curry. Aujourd’hui, il aimerait « être un gamin de 13 ans qui débute le basket pour grandir en le regardant jouer, en voulant l’imiter », dit-il au journaliste spécialisé Tim Kawakami. Le meneur canadien ajoute : « Son dribble, sa gestuelle, son habileté, son efficacité… c’est simplement hors du commun. C’est beau à regarder. »
« IL Y A UNE FORME DE MUSICALITÉ DANS LA FAÇON DONT SON CORPS ÉVOLUE. ON DIRAIT QU’IL EST DANS UNE DIMENSION LÉGÈREMENT DIFFÉRENTE, ET JE CROIS QUE CELA TIENT À SA VITESSE PURE, À SA FORCE ET À SON CONTRÔLE. ET C’EST CE QUE L’ON ATTEND D’UN DANSEUR. »
Lorsqu’on regarde jouer Stephen Curry, rien ne dit l’effort, la prouesse athlétique, les trésors de concentration que requiert son jeu. C’est ce qui a particulièrement frappé les danseurs classiques interrogés par le New York Times : ils y voient une similarité avec leur art, qui impose de rester impassible tout en produisant un effort physique prodigieux. « Il n’essaie même pas de faire quelque chose de beau, son entraîneur ne lui demande pas de retomber d’une certaine façon, mais lui le fait. C’est inné. Son corps tout entier sait quoi faire dans l’air et en retombant », admire Graham Lustig, directeur artistique du ballet d’Oakland. « Il y a une forme de musicalité dans la façon dont son corps évolue. On dirait qu’il est dans une dimension légèrement différente, et je crois que cela tient à sa vitesse pure, à sa force et à son contrôle – un contrôle de son corps incroyable. Et c’est ce que l’on attend d’un danseur. »
Dans ce monde de muscles qu’est la NBA, son 1,91 m et ses « 84 kilos tout mouillés » détonnent. On pense à Lionel Messi, petit gabarit de 1,69 m dans un football toujours plus physique. Curry ne fuit pas la comparaison avec l’Argentin du FC Barcelone. Dans une audioconférence avec des médias étrangers réalisée mercredi, il souligne : « Nous avons tous les deux un jeu créatif, de sensations. J’essaye de faire des choses originales, en jouant à deux mains, en faisant des crossovers[dribble avec un changement de main et de direction rapide] et en apportant une certaine créativité. »
Comme Lionel Messi au sommet de son art, ses statistiques sont rarissimes. Sur les 16 premiers matchs de la saison, Curry tourne à 32,1 points par match. Depuis trente ans, seuls Michael Jordan (à quatre reprises) et Allen Iverson ont fait mieux.
Il excelle dans les tirs à trois points
Sa production pâtit pourtant de l’utilisation parcimonieuse qu’en fait son entraîneur, puisque, compte tenu de la supériorité des Warriors, il joue peu dans les quatrièmes quart-temps. Ainsi, sa moyenne de points pour quarante-huit minutes – temps réglementaire d’un match en NBA – atteint le total ahurissant de 44,4 points, soit près d’un point par minute.
C’est surtout dans le tir à trois points que « Steph », comme ont pris l’habitude de l’ap-peler certains commentateurs américains, ¬excelle. Son père, Dell Curry, était lui-même un maître artificier, passé par Charlotte et ¬Toronto.
Sauf blessure, son fils est parti pour battre le record de paniers primés inscrits en une saison, déjà battu en 2014, et cela sans recourir à l’« arrosage automatique », puisqu’il revendique un taux de réussite de 43 %.
Il est d’ailleurs parti pour rejoindre ce club de « shooteurs » que les férus de chiffres de la NBA appellent le « 50-40-90 » : plus de 50 % de réussite aux tirs, dont 40 % à 3 points, et 90 % de réussite aux lancers francs. Il en serait le septième membre seulement.
Mais tout l’apport de Curry ne se lit pas dans les statistiques. Sa capacité à marquer de très, très loin, même quand la balle semble lui échapper des doigts, est effrayante pour les défenses adverses et offre des possibilités à ses coéquipiers. Tant que Curry affiche cette réussite, les extérieurs adverses ne peuvent relâcher leur concentration en défense, et les intérieurs sont parfois attirés vers l’arc de cercle, offrant des paniers faciles aux petits pivots des Golden State, dont les statistiques sont en hausse.
Le rêve du « match parfait »
Lui-même a appris à déjouer les « prises à deux » [lorsque deux joueurs défendent sur lui], par le dribble ou la passe supplémentaire, qui va profiter à un coéquipier démarqué, si possible à trois points. En défense, enfin, Stephen Curry est devenu plus agressif . En témoigne sa position de meilleur intercepteur de la ligue avec 3,5 ballons volés toutes les quarante-huit minutes.
L’un des meilleurs meneurs de l’histoire, l’ancien des Detroit Pistons Isiah Thomas, a récemment salué la métamorphose de celui qui, à son entrée dans la ligue, n’était pas présenté comme un futur « MVP » [Most Valuable Player] : « Quand il est arrivé dans la Ligue, il n’avait pas les qualités de dribbleur qu’il a aujourd’hui. Il a toujours été un grand tireur, mais il ne pouvait pas shooter en sortie de dribble comme aujourd’hui. Il n’était pas connu comme un grand défenseur, mais maintenant on ne peut plus prendre l’avantage sur lui. Il n’était pas non plus réputé faire les bons choix, ni même être un bon passeur. Il est tout cela aujourd’hui. »
L’intéressé, perfectionniste, voit pourtant une marge de progression : « La première chose que je regarde sur une feuille de statistiques, ce sont les balles perdues. Même si j’ai marqué 50 points, si j’ai plus de trois balles perdues particulièrement moches, je suis assez déçu. J’essaye toujours de m’améliorer pour produire un jour le match parfait. Je ne l’ai jamais joué jusqu’à présent. Peut-être un jour. » Face à Los Angeles, pour le match du 24 novembre, Stephen Curry a délivré l’incroyable ratio de neuf passes décisives et zéro balle perdue. Il est sorti du terrain avec un sourire satisfait.