Le véganisme est la stratégie de boycott des produits de l'exploitation animale
=> dans le but de revendiquer l'abolition de l'exploitation animale
=> qui est une revendication qui découle de la réflexion antispéciste (Avec débat sur ce que l'on considère faire partie de "l'exploitation animale" ou pas. Cf les articles des CA sur Zoopolis. L'important est surtout de déterminer s'il y a un réel consentement des individus. Dans le monde actuel, ce consentement n'est à peu près jamais présent.)
Donc, sachant que l'objectif est l'abolition (de la viande, de l'exploitation animale)... et que le véganisme n'est que la stratégie de boycott pour y parvenir, il faut aussi prendre en compte que :
- Le boycott seul ne peut pas être suffisant pour obtenir l'abolition. On n'a jamais obtenu l'abolition de quoi que ce soit avec un simple mouvement de boycott. Il faut en passer par des lois, par des pressions sur les acteurs de la société, par des actions politiques, etc. Le boycott est l'un de ces moyens d'action, il est très utile dans beaucoup de situations, mais il n'est pas suffisant.
- Le boycott parfait n'existe pas. Il est impossible de boycotter toutes nos interactions avec les acteurs visés. Il est impossible de convaincre 100% de la population de participer au boycott. Et un boycott est d'autant plus difficile à maintenir et propager qu'il va requérir de "règles" à suivre. Par exemple, un boycott où l'on doit retenir 50 noms de marques à éviter aura beaucoup de mal à prendre (Ca n'est pas vraiment le cas du véganisme, mais quand, pour x raison, je vois circuler des organigrammes avec x noms de marques pour boycotter telle ou telle entreprise, je soupire... Idem avec les listes d'additifs.). Un boycott où les marques à éviter changent régulièrement, idem. Et un boycott où tu dois lire la liste des ingrédients de tout ce que tu manges, où tu dois demander la liste des ingrédients de tout ce que tu manges (même quand ça n'est pas toi qui prépares), où la liste d'ingrédients n'en finit par de s'allonger toutes les semaines (les additifs, les noix de coco, l'huile de palme, les truffes, etc.)... à toutes les chances de tomber rapidement dans une impasse.
Parce que plus le boycott demande d'énergie, puis il va devenir épuisant, mais il va réussir à convaincre de nouvelles personnes de s'y mettre et plus il va amener de personnes à l'abandonner... et abandonner toutes leurs convictions par la même occasion. (Je rappelle que rien que pour le végétarisme, la majorité des personnes qui essaient arrête en moins d'un an.)
Et tout ça, sans parler du fait que les contraintes ne peuvent pas être les mêmes pour tout le monde. La pression sociale n'est pas la même pour tout le monde. Les peurs santé ne sont pas les mêmes. L'accès aux alternatives n'est pas le même. Et ces contraintes vont aussi varier pour chacun selon les circonstances du moment.
(Par contre, la personne qui sort "J'aime les animaux. Mais je mange de la viande parce que j'aime ça, et je n'arrêterai jamais." ou "Tuer les animaux, c'est pas grave, si on les tue humainement.", soyons bien clairs, c'est un immense foutage de gueule.)
Donc le boycott, l'application stricte du véganisme, ne peut pas être l'alpha et l'oméga de la revendication d'abolition (=> Abolition de la viande, chasse, pêche. Mettre fin au massacre permanent des animaux. Interdire et faire disparaître les structures de mise à mort. Abolir l'exploitation animale.)
Si on arrive à affirmer son refus de participer au massacre, par la pratique, très bien.
Si ça devient une course à la pureté, si ça nous pompe plus d'énergie que ça n'apporte de bénéfices pour l'avancée vers l'abolition... si on est en train de se diriger lentement mais sûrement vers un "burnout du véganisme" qui va tout simplement nous amener à un moment donné à tout envoyer chier, parce qu'on aura atteint nos limites émotionnelles, parce qu'on aura épuisé toutes nos ressources personnelles sur des détails... jusqu'à nous amener à croire que, puisqu'on n'a pas réussi à atteindre/maintenir cette perfection morale individuelle (dans une société en évolution, mais qui s'y oppose encore très fort), alors c'est impossible et ça n'a aucune utilité (alors que l'intérêt, c'est justement de pousser la société à évoluer, pour que ça devienne une évidence pour l'ensemble de la collectivité, de sorte que ces contraintes n'existeront plus pour personne)... ben ça perd tout son intérêt.
Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas dire "Je ne mange de viande/produits animaux pour ne pas tuer d'animaux.", ni "Je ne mange pas de viande/produits animaux, parce que je revendique l'abolition.", au contraire. Ca veut juste dire qu'il vaut admettre la réalité de ces contraintes, et ne pas perdre toute son énergie sur la chasse au dernier gramme d'exploitation animale (sachant que plus les derniers détails deviennent minuscules, plus l'énergie dépensée s'accroît vite...). Alors que cette énergie pourrait être utilisée de manière bien plus efficace sur des tas d'autres leviers pour faire avancer le chemin vers l'abolition.
Maintenant, à mon humble avis, si on est convaincu/e par la nécessité morale de l'abolition, je pense que le minimum, pour un adulte, et qui est totalement tenable dans nos sociétés occidentales, c'est bien de refuser d'acheter ou manger de la chair animale, et de l'affirmer aussi souvent que possible, et de ne pas se faire écraser par les copains en laissant croire que "Oh oui, c'est pas si grave que ça, et puis c'est trop bon...". Le végétalisme n'est pas forcément simple, encore, à mettre en pratique partout. Mais l'ovo-lacto-végétarisme, ça va, on a passé le cap, quand même (pour une personne majeure qui n'est pas soumise à la pression autoritaire des adultes, donc)...
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Aslanthe, la question spéciste/antispéciste ne se pose pas sur le fait de manger de la chair animale, humaine ou pas... L'objet "viande", "corps sans vie", et ce qu'on en fait, ne pose aucune question morale, puisque l'objet inanimé et n'a aucun intérêt personnel particulier.
La question éthique se pose sur le fait de tuer autrui pour satisfaire un plaisir qui n'est pas une nécessité de survie.
Donc on s'en fiche que quelqu'un ne voie aucune différence morale entre manger de la chair humaine et de la chair d'autres animaux, puisqu'il n'a pas de question morale ni sur l'un, ni sur l'autre.
La question est : Est-ce que cette personne ne trouverait aucun problème moral à tuer un humain en bonne santé, qui veut vivre, pour satisfaire les papilles gustatives d'un autre humain ? (Et a priori, pour mettre la comparaison sur un niveau d'égalité, il faudrait même qu'il s'agisse d'humains très jeunes, du genre 1/20 de leur espérance de vie naturelle, voire moins. Donc il s'agirait de tuer et manger des enfants humains âgés de 3 ou 4 ans :
http://www.vegactu.com/wp-content/uploa ... age-01.jpg)