Pour le coup Numa, à l'inverse de toi, je pense sincèrement qu'au moins les premiers à rechercher des raisons rationnelles (mais arbitraires) afin de dresser une barrière de droits entre "nous" et "eux" sont clairement conscients et volontaires. Ensuite, avec de telles "marques à pointer du doigt", il est facile de conditionner une foule cherchant un "émissaire" à abattre ou expulser. (
Et s'il doit exister une différence de reconnaissance et de détournement entre la couleurs des yeux et la couleur de peau, c'est simplement pour une raison pratique qui sert bien l'appel à l'impulsion irréfléchie : la teinte de la peau, ça se voit de loin, pas besoin de se rapprocher et scruter les yeux pour ça. (c'est encore plus flagrant quand ce n'est pas un non humain évidemment, et justement la difficulté d'empathie envers les poissons va dans ce sens à mon avis.)
Une petite illustration de ce désir de rationalisation à mon avis totalement conscient :
Le mal vient de ce que les Français, dans leur grande partie, ne savent pas
reconnaître les Juifs. S’ils le savaient, ils se tiendraient sur leurs gardes. Donc la
question ne se poserait pas si, par exemple, les Juifs avaient la peau bleue. Mais ce
n’est pas le cas. Il faut donc qu’on puisse les reconnaître.
Charles Laville, Radio Paris, 29 mai 1942.
Depuis huit jours, les Juifs doivent porter l’étoile jaune et appeler sur eux le mépris
public. Jamais les gens n’ont été avec eux si aimables. C’est qu’il n’est sans doute
rien de plus ignoble que de contraindre un homme à avoir à tous les instants honte
de lui même, et le gentil peuple de Paris le sait ”.
Jean Guéhenno, Journal des années noires, 16 juin 1942.
Les juifs ne portent pas leur prétendu caractère délétère sur eux, à part les caricature qu'on a connu de cette époque, mais, zut, ça ne permet pas de tous les débusquer. Alors on va leur coller une étoile jaune bien visible. ça fera l'affaire.
Et 2 fois une heure sur la façon dont la france a construit puis adapté sa définitions de l'étranger, qui est à peu près aussi fermement établie que la mode vestimentaire...
http://www.polemixetlavoixoff.com/histo ... er-part-1/
http://www.polemixetlavoixoff.com/histo ... er-part-2/
Pour résumer (en le rendant très réducteur): on étend le "nous" au fur et à mesure que les anciens "eux" deviennent des citoyens intégrés, qui paient leurs impots et surtout qui votent. (hispaniques, puis noirs, puis arabes, roms maintenant...)
Pour les animaux non humains, c'est confortable qu'ils ne puissent parler, ni participer de façon "active et spontanée" à la société, ce qui leur retirerait le statut de sujets de droit.
Ce qui avait été habilement contre-argumenté par Singer avec l'exemple des nourissons ou des handicapés, ce qui là aussi, peut-être de la même façon que pour l'article de Dominic, lui avait valu des condamnations déchainées.
Sinon exemples inverses mais qui ne sont pas antinomiques :
-les personnes de rang royales qui prétendaient avoir le sang bleu... Distinction naturaliste, mais invérifiable.
-La race aryenne voulue par Hitler et d'autres, qui se focalisait sur des détails sujets à interprétation. (cheveux blonds, yeux bleus, grande taille... plus ou moins quoi...)