La synthèse de la vitamine B12 enfin complète
IOCHIMIE
NOUVELOBS.COM | 26.03.2007 | 17:57
La fabrication de la vitamine B12 par les
microorganismes n’a plus de secret pour les
biochimistes : une équipe a découvert le mécanisme de
synthèse du dernier fragment qui résistait à
l’analyse.
Essentielle pour la santé humaine, la vitamine B12
n’est produite que par des microorganismes -bactéries,
champignons ou algues. Nous devons consommer de la
viande, des oeufs, du foie ou du poisson pour avoir
notre ration de vitamine B12. Un terme qui cache en
réalité un ensemble de composés, ou cobalamines, qui
fascine les biochimistes depuis plusieurs décennies et
qui résistait encore à leur compréhension. Malgré la
remise de quatre prix Nobel* pour des travaux sur la
vitamine B12 depuis 1934, la synthèse d’un fragment
demeurait incomprise.
Le mystère est enfin résolu, annoncent des chercheurs
américains dans la revue Nature datée du 22 mars 2007.
Graham Walker (Massachusetts Institute of Technology
(MIT), USA) et ses collègues de Harvard ont découvert
comment était fabriqué le fragment manquant, le
diméthyl-benzimidazole ou DMB.
C’est en travaillant sur une bactérie fixatrice
d’azote, le Sinorhizobium meliloti, qui vit en
symbiose avec une plante, que les chercheurs ont mis
en évidence le rôle d’un gène sans lequel la bactérie
n’était plus capable de fabriquer la B12. Sans ce gène
bluB il manquait un morceau, le fameux DMB.
Les chercheurs ont d’abord pensé que l’enzyme produite
par le gène bluB ne pouvait pas réaliser seule ce
travail. Pourtant, aucune autre protéine n’était
visible au cours de la création du DMB. Grâce à la
cristallographie, Graham Walker et ses collègues ont
dévoilé un mécanisme pas commun qui permet bel et bien
à l’enzyme BluB de faire le boulot. De fait, elle
cannibalise une autre vitamine, la B2, pour produire
le DMB. Au lieu de simplement utiliser ce co-facteur,
l’enzyme BluB s’en sert comme substrat et le détruit.
Un phénomène très rare en biochimie, analysent les
chercheurs.
Walker poursuit son travail. Il veut comprendre
pourquoi une bactérie du sol dépense autant d’énergie
à produire la vitamine B12, dont la fabrication
requiert pas moins de 30 gènes, sachant qu’elle-même
n’en a pas besoin pour survivre, pas plus que la
plante avec laquelle elle vit en symbiose. Les
chercheurs supposent que la B12 aiderait la bactérie à
supporter le stress (oxydatif) lié à sa vie
symbiotique.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
(26/03/07)
* Prix Nobel de médecine pour George Minot, William
Murphy et George Wipple en 1934; Prix Nobel de chimie
pour Dorothy Hodgkin en 1964 ; Prix Nobel de chimie
pour Robert Woodward en 1965 ; Prix Nobel de chimie
pour Fukui et Hoffamn en 1981.