Je ne sais plus quel âge j'avais quand j'ai passé le test (comme tout le reste de ma classe).
Je me souviens juste que ça a tout changé dans mes relations avec ma mère.
Au début elle était fière que la Madame lui ait dit que sa fille était surdouée et puis... Et puis elle s'est mis en tête que je la méprisais, que je la regardais avec dédain et que je me croyais supérieure à elle. Elle n'a pas mené ses études secondaires à leur terme et la blessure était apparemment à vif.
Si je réussissais quelque chose c'était normal et je n'avais aucun mérite, et même j'aurais pu faire mieux parce que 94% ça veut dire qu'il reste des erreurs. Si j'obtenais un résultat moins bon (mon éternel 70% en néérlandais, mon cours détesté) c'était une preuve de mauvaise volonté.
Bref, elle s'est mis à me maltraiter comme le reste de la famille. J'étais une personne fondamentalement mauvaise à ses yeux. Depuis, je sais qu'elle était, et est toujours, malade, mais il m'a fallu du temps pour couper les ponts et encore beaucoup plus pour comprendre qu'il n'y avait rien à reconstruire dans cette relation.
Jusqu'à récemment, j'ai occulté l'information reçue à propos de mon HP. Bien sûr, je me sentais différente des autres, mais je considérais que c'était une tare, une difficulté d'adaptation et que je valais bien moins qu'eux du coup.
Comme beaucoup d'entre vous, les études supérieures ont été compliquées. En fait, j'ai réussi ma première année de psycho sans fournir d'efforts, j'avais l'impression d'avoir trouvé ma voie. Sauf que... Ça n'a pas duré. Pour résumer, j'ai fini par être physiquement malade en me rendant sur le campus. Je ne pouvais pas me rendre aux cours obligatoires et perdais donc de nombreux points. A la fin, je n'arrivais même plus à me rendre à tous les examens.
Je n'ai pas mené mes études à leur terme. J'ai eu honte pendant longtemps. Quand on me questionnait, je restais évasive. En fait je ne comprenais même pas pourquoi ça m'arrivait. Le plus douloureux restait les commentaires des gens qui considéraient que j'étais très intelligente et créative. Parce que moi je savais que c'était faux, moi je savais que je ne valais rien. J'avais l'impression d'être une impostrice (je crée un féminin si j'veux!) bien malgré moi. Les gens voyaient des choses qui n'existaient pas (à mes yeux).
Longtemps j'ai eu l'impression de ne jamais rien réussir. Étrangement c'est au cours d'un rendez-vous avec une diététicienne que j'ai compris que je me leurrais. Elle voulait travailler sur les émotions et le vécu. La première séance consistait donc à noter tout le chemin de vie, en commençant par les études et les expériences professionnelles (un peu comme un CV finalement, mais en ajoutant les résultats obtenus et les affects associés). Quand nous avons eu terminé, elle a conclu que j'étais brillante et déterminée; elle avait même l'air admirative. Je n'ai pas compris, alors je le lui ai dit. Parce que pour moi il n'y avait que cet énorme échec et mon incapacité à trouver autre chose qu'un emploi en intérim. Et là elle m'a montré tout ce que j'avais réussi, elle m'a montré que j'avais toujours été première partout et que j'avançais malgré les bâtons que je me mettais dans les roues. C'est moi qui lui ai donné ces informations mais je ne l'avais pas réalisé du tout!
Quelques mois plus tard, j'ai pris rendez-vous chez une nouvelle psychiatre (je ne tiens plus le compte des thérapeutes). J'ai raconté ma vie et elle a écouté sans rien dire. Quand je me suis tue, elle m'a demandé si j'avais déjà passé un test de QI (je n'avais évidemment pas parlé de ça) et j'ai eu l'impression d'être foudroyée. En fait, elle s'est spécialisée dans les personnes à HP et a tout de suite compris. Parce qu'il n'y a pas que l'intelligence, il y a surtout l'aspect émotionnel.
Elle m'a conseillé de lire deux livres qui pourront peut-être aider certains d'entre vous. Au début j'étais réfractaire et ne me reconnaissais pas du tout dans ces êtres qui semblaient avoir des super-pouvoirs mais j'ai bien dû admettre que ces livres me parlaient bien de moi et ça m'a aidée. Dans l'un d'eux j'ai même lu qu'il y aurait plus de vg parmi les HP (combo empathie et capacité d'analyse).
Les livres:
"Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué" de Jeanne Siaud-Facchin.
"L'adulte surdoué - Apprendre à faire simple quand on est compliqué" de Monique de Kermadec.
"Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant" de Christel Petitcollin. (Celui-là je l'ajoute même si elle ne me l'avait pas conseillé parce que je trouve qu'il est plus facile à lire quand on a encore des difficultés à accepter.)