J'ai lu l'article en anglais... merci PersOnne d'avoir fourni le lien.
Personnellement je le trouve intéressant.
Mais comme je n'ai jamais été en Australie et que je ne connais pas leur économie agraire et leurs modes de production, je ne me permettrais pas de commenter l'article... de dire si ceci est juste ou si ceci est faux.
Par contre, ça me fait faire un rapprochement avec une économie pastorale et les modes de productions d'un environnement que je connais bien puisque j'y suis né et j'y ai grandit.
La montagne.
Dans toutes les zones de montagne, et pas seulement en Europe, les céréales, les légumes ne poussent plus ou très difficilement à partir de 1300 mètres.
J'habite à cette altitude et j'essaie depuis plusieurs années de tourner en auto suffisance partielle avec un système de production extensive.
Ben c'est pas facile.
Au niveau cultural, pour ma production de légumes, j'ai grosso modo trois semaines à un mois de retard pour les semis par rapport à la plaine, un ensoleillement moindre du à notre position dans la vallée et une saison estivale raccourcie du fait des températures, fait que mes choix de variétés sont limitées.
Les légumes comme les tomates par exemple (pour citer un basique) ne m'apportent pas un rendement suffisant pour que leur culture soit rentable, puisque les dernières tomates ne parviennent jamais à maturité.
La seule céréale qui pousse jusqu'à maturité à cette altitude c'est le seigle, et le maïs arrive au stade de graine mais ne sèche pas suffisamment pour pouvoir être stocké.
C'est pour cette raison que dans nos régions, traditionnellement, le pastoralisme a pris tant d'importance.
C'est le moyen le moins coûteux et le plus rationnel de valoriser des fourrages grossiers, prairies naturelles, alpages jusqu'à 2500 mètres, sous-bois, haies, que l'être humain ne peut pas consommer tel quel.
C'est aussi un gage de biodiversité, puisqu'il permet de maintenir des paysages ouverts qui favorisent des espèces rares, comme le torcol fourmilier, le lièvre brun, la rainette verte, l'alouette des champs, le bruant jaune, le grillon champêtre, la pie-grièche...
Sans compter tout le gibier qui profite aussi de ces surfaces ouvertes, cerfs, chevreuils, chamois, sangliers qui pâturent dans les prés et pâturages ouverts par l'agriculture locale.
Quand j'entend dire qu'il ne faudrait plus se nourrir que de végétaux, même si je pense que techniquement et économiquement ce challenge doit être réalisable, je trouve qu'on ne tient pas assez compte des réalités contextuelles et géographiques.
Faire que les animaux, la production de fromages d'alpage et l'élevage ne rentrent plus en compte dans l'écologie alpestre reviendrait à rendre les habitants des montagnes complètement dépendants des importations de la plaine ou à délocaliser ces populations.
Mais aussi à intensifier les productions de plaine, et qui dit intensification dit plus de moyens phytosanitaires et un plus gros impact sur l'environnement.
Le fromage par exemple, n'est rien d'autre qu'un moyen de stocker le lait à long terme, le lait qui est un moyen de valoriser des terres qui ne produisent que des fourrages grossiers assimilables par les ruminants et les autres herbivores strictes.
Dans le même temps, la pâture fertilise les sols naturellement.
Je pense que l'article qui parle de l'Australie va dans ce sens aussi, je ne le trouve pas illogique.
Moi aussi j'aime bien l'idée du "tout végétal"... mais à mon avis c'est un concept qui reste encore complètement flou et dont on ne peut encore absolument pas calculer l'impact global, d'un point de vue écologique ou même économique. Mais aussi d'un point de vue du respect des animaux, puisque toute action culturale engendre des pertes animales, que ce soit tant au niveau de la production (protection des cultures, défrichage) que du stockage, élimination des rongeurs. Et à ce moment... comment l'évaluer? Est-ce que la vie d'un campagnol mort en vain empoisonné dans un silo à grain est moins ou plus importante que la vie d'un lapin tué et consommé en entier?
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— Le 02 Aoû 2016, 15:39, fusion automatique du message précédent — <br /
br /> En tout cas, si je trouve que d'un point de vue éthique l'argumentaire végane est absolument imparable, d'un point de vue écologique et environnemental il y a encore du chemin à faire.
Le seul truc que je vois c'est que plein de gens balancent des chiffres et des pourcentages à tout va... alors qu'on en sait juste rien.
Autant ça m'énerve quand les gens défendent leur bout de bidoche en barquette acheté à mini prix alors qu'ils n'ont jamais eu le courage de mettre fin à la vie d'un animal, autant ça m'énerve d'entendre des théories sur les cultures australiennes faites par des gens qui ont jamais fait pousser un poireau chez eux, se sont jamais battus à main nue contre des limaces pour protéger leurs salades ou ont jamais engagé un chat pour la garde rapprochée du sellier.
Sinon, le point de vue d'une flexivégé sur le pastoralisme et les "fermes-maisons":
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