veggiefit
Broute de l'herbe
Bonjour à tous ! :salut:
Fervente défenseuse (oui oui"défenseuse" ) de la cause des animaux, je me suis souvent interrogée sur la légitimité des zoos dans le monde.
Alors résumer cette question en "pour" ou "contre" les zoos n'a à mon sens pas vraiment d'intérêt car il est indéniable que sous ce mot "zoo" se cachent d'abord de nombreux organismes divers et variés qui ont des actions tout aussi variables !
Je vous propose donc un article que j'avais écris, fruit de plusieurs mois de recherches et de réflexion
Bonne lecture !
A une époque où nous pouvons voir le monde entier sans bouger de notre canapé, vivre en 3D ou même en vidéo immersive des expériences uniques, des questions se posent :
A-t-on encore besoin des zoos ?
Comment être critique vis-à-vis d’eux?
Et comment voudrions-nous qu’ils évoluent ?
________________________________________
Attention ! Je ne ferai pas de distinction de terminologie entre « zoo », « parc zoologique », « parc animalier » ou encore « bio parc ». Pourquoi ? Car si il y a une réelle volonté de se différencier de la connotation négative que porte le « zoo », certains parcs n’en sont pas forcément plus exemplaires.
Et comme là n’est pas la question ici, autant ne pas s’embêter avec ça !
J’exclue du mot « zoo » les structures de type « delfinarium ».
________________________________________
1. Une évolution lente…mais remarquable !
Initialement, les zoos avaient une valeur de récréation, de divertissement pour les visiteurs. A titre d’exemple, la ménagerie du jardin des Plantes de Paris, ouverte en 1794 a proposé au 19è siècle des balades à dos d’éléphant ou de dromadaire !
Le constat est simple : on venait voir des animaux pour se divertir, uniquement.
Si le bien-être physique devait être surveillé de façon à garder les animaux en vie, leur bien-être mental lui ne comptait pour ainsi dire, absolument pas.
Depuis, bonne nouvelle ! Les fosses à Ours, à Gorilles et les bocaux à Félins ont quasiment disparu de nos zoos en France et ceux restants sont voués à la fermeture, bousculés par des visiteurs toujours plus engagés pour le bien-être animal.
Les mentalités changent, les pratiques aussi :
Aujourd’hui dans la plupart zoos, on cherche à recréer fidèlement les écosystèmes des différentes espèces, on essaye de stimuler leur instinct naturel par des méthodes appelées « enrichissements », on s’applique à respecter leurs besoins sociaux…Bref, on voit une réelle prise de conscience pour l’animal reconnu comme un individu qui a des besoins et auxquels on se doit de répondre.
2. Les préoccupations des zoos
En tant que potentiel visiteur, que penser du fait d’aller visiter un zoo ? Peut-on seulement conclure sur le bien ou le mal de l’acte ? Cela me semble très difficile. En revanche, on peut peser le pour et le contre sous différents angles d’approche. On peut étudier la question selon plusieurs thématiques importantes.
Réfléchissons donc ensemble ici sur 4 points : l’éthique, le bien-être animal, l’origine de l’animal et enfin la valeur éducative des zoos.
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La question éthique
Cette première question est sans nul doute la plus fondamentale mais aussi la plus complexe. En effet, quoi de plus émouvant et d’excitant que de se retrouver nez à nez avec un rhinocéros ou croiser le regard d’un grand mâle gorille? Qui n’a jamais rien ressenti de très fort lors d’une visite d’un parc zoologique ? Personnellement, je suis intimement convaincue que tous ces animaux qui ont animé mon enfance ont activement participé à mon engagement aujourd’hui pour leur protection…Du moins c’est un argument souvent utilisé ! Et c’est là que je me pose sincèrement la question suivante :
Voir les animaux aux zoos n’aurait-il pas juste renforcé une passion pré-existante, une passion que j’avais déjà pour le vivant grâce aux documentaires et sorties nature… ?
Si voir l’animal en zoo suffisait à être sensibilisé à la préservation de l’environnement, le monde déborderait de fervents défenseurs de la nature ! Et pourtant à la sortie d’un zoo, on voit parfaitement qu’une fois l’excitation de l’exotisme passé, la plupart des personnes n’y pensent..tout simplement plus.
Puis d’ailleurs, de quel droit décide-t-on qu’un animal sauvage, pour l’exotisme qu’il présente, passera ses journées entières dans un enclos (n’oublions pas qu’aussi grands et « beaux » qu’ils soient, ils restent des cages améliorées pour des êtres vivants qui ont parfois besoin de centaines d’hectares pour vivre) et dont la vie ou la mort sera dictée par le bon vouloir de quelques personnes ?
Qui sommes-nous pour garder en éprouvette des êtres sensibles, avec des besoins sociaux, alimentaires, comportementaux bien spécifiques et complexes ?
C’est là une question dérangeante car elle me pousse dans mes retranchements, elle m’embête sincèrement. Et je n’ai pas encore de réponse !
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Le bien-être animal
On l’a vu précédemment, aujourd’hui le bien-être animal est globalement beaucoup mieux pris en compte dans les zoos, ou du moins il fait partie des préoccupations. Encore une fois, la préoccupation du bien-être animal dépend du zoo et tous ne se valent pas en France à ce sujet, certains sont très discutés. Lors de ma mission de 2 mois à la Vallée des Singes « Parc zoologique » de France, qui se démarque par sa qualité, j’ai pu voir la sincérité de la démarche des salariés pour le bien-être animal… Entre jeux, surprises et aménagements nous ne tarissions pas d’efforts pour leur procurer un maximum de bien-être !
Je me souviens encore avoir beaucoup transpiré et m’être griffée les bras aux mûriers inaccessibles aux singes dans le but de leur accrocher des petites branches pleines de fruits dans leur bâtiment pour la nuit
Lorsqu’un zoo prend à cœur le bien-être de l’animal, on peut le voir, le sentir en tant que visiteur : enclos propres, animaux apaisés et joueurs, pas de blessure, pas de comportement stéréotypé (comme le félin qui fait 40 fois le même mouvement en 1 min).
Ce bien-être est pourtant en danger dans la plupart des parcs par une sorte d’élitisme de l’espèce. Je m’explique, en commençant par cette question à laquelle je vous invite à répondre sincèrement :
Que voulez-vous voir dans un zoo ?
Un éléphant, un lion, un singe, un panda…en général un beau mammifère, bref, une espèce phare (aussi appelée « espèce porte-drapeau » en écologie de la conservation) ! Cette tendance naturelle que nous avons pour la plupart à préférer tous ces animaux mignons ou impressionnants amène les zoos à chercher à les collectionner et à les mettre en valeur.
Et là je dis : DANGER !!!
Pourquoi ? Car ce processus aboutit à une sorte « d’élitisme des espèces » où il est stratégiquement plus important pour le parc de prendre soin de son éléphant ou de son gorille que du serpent ou de l’oiseau. J’ai vraiment pu voir de mes propres yeux cet élitisme des espèces, que je comprends d’un point de vue stratégique mais que je ne cautionne pas. Pourquoi ? Car il rabaisse l’animal à un « objet » intéressant ou non et non plus comme un individu à part entière. Ainsi à urgence moindre pour le Gorille, celui-ci bénéficiait de plus d’attention que le mouton très malade du mini-jardin pour enfants du zoo…
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Quelle origine de l’animal ?
Je ne sais pas vous mais moi, quand je suis face à un animal dans un zoo, j’en viens toujours à me demander d’où il vient !
Alors dans 90% des cas la réponse est très simple : il est né en captivité et est issu d’échanges entre les différents zoos afin d’enrichir génétiquement le groupe (éviter la consanguinité). Jusque-là rien de bien choquant donc, on n’a pas retiré un animal de son environnement et théoriquement le transfert de l’animal n’implique aucun échange financier qui pourrait aboutir à des dérives.
J’ai même vu mieux : à la Vallée des Singes, certains singes comme Gégé -une femelle Atèle à face rouge (qui mérite un article à elle-seule)- viennent de sauvetage : singes trouvés par la douane française, singes détenus illégalement par des privés ou encore singes en captivité et maltraités dans leur pays d’origine comme c’est le cas de Gégé.
Les zoos peuvent présenter alors de véritables refuges et des bouffées d’air pour ces animaux « apprivoisés » qui, par leur vécu, seraient condamnés en milieu naturel.
Malheureusement cette pratique est encore trop rare au profit de programmes de reproduction en captivité qui, ironie du sort, se voient parfois confrontés au problème d’avoir trop de naissances ou de genres (mâle/femelle) mal répartis : par exemple, il est tristement ironique de voir que malgré la forte reproduction des Maki Catta en captivité et leur surnombre dans les zoos d’Europe, aucun à ma connaissance n’est pour autant relâché en liberté à Madagascar.
D’autres exemples de zoos eux sont plus inquiétants. Dans son livre Le nouveau-né, Chanee, défenseur des gibbons, en partage un. Le zoo anglais « Howletts » souhaitait 6 Gibbons de Java, des animaux rares et extrêmement menacés d’extinction dans leur milieu. Les animaux ont été capturés par des braconniers, vendus à des Indonésiens puis saisis par la police. Celle-ci les a placé dans un refuge à Java (Cikananga) puis au zoo de Ragunan (Zoo de Jakarta). Ainsi le gouvernement a pu les vendre au zoo de Howletts, accompagnant sa « vente » d’une lettre du président Susilo Bambang Yudoyono, annonçant que « dans l’intérêt de l’espèce, ils devaient partir en Angleterre ».
Et c’est ainsi que le zoo a pu se procurer des Gibbons de Java sans avoir officiellement « prélevé » dans la nature.
Chanee dévoile dans son livre (que je recommande) la méthode générale peu scrupuleuse que les zoo connaissent. Les animaux sont capturés dans la nature ou achetés à des particuliers. Les animaux sont placés dans des zoos locaux et, en devenant alors leur propriété obtiennent des papiers. Ainsi, aux yeux de la loi, l’animal est né en captivité, c’est un officiel « vrai-faux ». Et c’est comme ça que les zoos peuvent entretenir le braconnage.
Enfin, il faut savoir que les stud book, répertoires servant à gérer les espèces dans les zoos et tenus par les coordinateurs (il n’y a pas de sélection officielle pour devenir coordinateur) ne sont aujourd’hui que très peu contrôlés. Dans certains zoos, on trouve des animaux aux origines « inconnues »…
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Conservation de l’espèce
S’il y a bien une idée ancrée dans l’esprit de tous concernant les zoos, c’est bien celle-ci : les zoos participent à la conservation des animaux.
Qu’en est-il vraiment ?
Sont-ils conservé parce qu’on les remet en liberté ?
=> Non, mis à part quelques anciens cas bien connus qui se comptent sur les doigts d’une main comme la réintroduction du cheval de Przewalski, 99% des zoos ne relâchent pas les animaux en liberté, tout simplement car ces derniers, qui vivent depuis des générations en captivité, auraient de grande difficulté à survivre.
Alors, sont-ils sauvés grâce aux programmes de recherche en captivité ?
On pourrait penser que les études comportementales menées sur des individus en captivité permettraient d’en savoir plus sur leurs congénères en liberté, et donc, à prendre de meilleurs décisions pour leur sauvegarde. Comportement d’un groupe de Gorilles dans une condition particulière, étude du comportement de nutrition, de la morphologie…les études en captivité ne manquent pas. Ces études ont pourtant un défaut majeur : elles permettent de tirer des conclusions pour des animaux en captivité, qui ont plus ou moins perdu leurs comportements naturels ! Vouloir se servir de ces données pour des animaux en liberté n’a donc aucun sens.
Alors que j’étais à deux doigts de me lancer dans une profession d’éthologue (étude du comportement des animaux), je ne blâme pas les études qui sont faites dans les zoos pour « le savoir » en lui-même qu’il apporte ou mieux, pour l’amélioration des conditions de vie des animaux en captivité. En revanche, je ne soutiens pas le faux argument selon lequel ces études aideraient concrètement les animaux dans leur milieu naturel !
Est-ce que les zoos participent à la conservation des espèces in-situ (dans leurs milieux naturels) ?
Certains zoos en effet financent des programmes de sauvegarde d’espèces à l’étranger. Par là-même, ils financent réellement la conservation et sont exemplaires. C’est le cas du parc de Cerza en Normandie qui participe à des programmes de sauvegarde des Titi Gris en Colombie ou encore de transfert de Rhinocéros en Inde. Il y a aussi le Zoo d’Amneville qui finance l’association de sauvegarde des Gibbons Kalaweit à hauteur de 40 000e/an ce qui représente leur plus grosse source de financement!
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La valeur éducative du zoo
Il faut le reconnaître et le saluer, de plus en plus de zoos évoluent dans leur rapport avec l’animal et par là-même éduquent les visiteurs. Et ça, je l’ai vraiment vécu, au parc de la Vallée des Singes. L’objectif de ce parc un peu à part est d’inviter le visiteur dans l’environnement de l’animal. On est chez le singe, et non l’inverse. Il existe donc plusieurs règles de respect à avoir avec l’animal : on le laisse vivre sa vie, on le laisse nous passer devant voir dessus (au plus grand plaisir de tous !) sans l’intercepter, bref, on le respecte comme un individu à part entière qui nous accueille dans sa demeure. Là-bas, pas de grillage, pas de barrière, on se balade d’îles en îles et on joue le jeu de chercher les animaux à travers la végétation !
Le rapport de force et de domination de l’Homme sur l’animal disparaît au profit d’une relation plus humble et respectueuse.
D’ailleurs, certains parcs appuient leurs efforts sur une réflexion écologique plus globale (encore la Vallée des Singes dont je peux parler comme j’y ai travaillé) via l’utilisation de vaisselle en carton recyclables dans les restaurants ou la promotion de menus végétariens par exemple.
Les discours ont changé aussi. Lors de mon séjour à la Vallée des Singes, j’ai présenté plusieurs espèces via des nourrissages et non des spectacles. L’objectif était de présenter les animaux aux visiteurs de façon ludique. Nous avions tous un message à faire passer selon les espèces : sensibiliser à la consommation de l’huile de palme qui provoque des déforestations massives en Asie, sensibiliser à notre consommation en technologie (le coltan, élément essentiel de nos appareils électroniques, est encore aujourd’hui directement pris de mines au Congo au dépens de la survie des animaux et de la population locale).
La plupart des zoos jouent véritablement un rôle éducatif pour les visiteurs
Le risque ? Que ce message ne soit que du marketing, du greenwashing destiné à donner une bonne image du parc. Comment le voir ? Pas facile mais on peut encore une fois se fier à de petits indices comme le fait que le parc propose des nourrissages et non des spectacles de dressage de type cirque, spectacles d’un autre temps, de rapport de force avec l’animal sauvage, qui, selon moi, ne devraient plus exister.
3. Ce que nous pourrions exiger d’un parc en tant que visiteur
Zoos, bio parcs, parcs animaliers, parcs zoologiques… toutes ces structures ont le même passé. Ce qui les différencie aujourd’hui, c’est l’éthique de leurs directeurs.
Allez, c’est parti pour 1 min de rêve de mon « zoo » idéal :
Je me promène dans de vastes espaces naturels, peu anthropisés (des chemins suffisent) où je dois peut-être marcher un moment avant de croiser un animal, à la manière des parcs régionaux et nationaux actuels. Pour cela, des jumelles sont à ma disposition. Les animaux dont l’environnement est très différent de la région où je me trouve (comme un ours polaire par exemple) ne sont pas présents : à la place, des couloirs de « réalité augmentée » ont été aménagés où l’on est en totale immersion. Me voilà à suivre un chemin à travers les steppes polaires, où je croise une orque sautant hors de l’eau ou encore un ours blanc chasser…Puis là, je sors de cette formidable aventure, déclinable à toutes les espèces, tous les lieux, pour aller manger un petit bout. Tout est cohérent avec la logique de préservation des écosystèmes. On ne trouve pas de produits contenant de l’huile de palme, la viande est peu présente au profit de fruits et légumes bio et locaux…Enfin, le parc participe activement à des programmes de réintroduction des animaux dans leur milieu naturel…
Globalement, que pourrions-nous exiger en tant que visiteur quand nous choisissons un parc ?
Voici quelques clés non exhaustives de réflexion :
• la cohérence : il y a une cohérence entre l’image que le zoo a et ce qu’il fait vraiment: recyclage de ses déchets, consommation responsable, respect de l’animal…
• ses actions à l’étranger : est-ce qu’il participe à des programmes de réintroduction des animaux in situ ? Si oui à quelle hauteur ?
• sait-on d’où viennent les animaux ? Y-a-t-il eu polémique sur des provenances illégales ?
• les animaux ont-ils l’air heureux ? Sont-ils en groupe (pour ceux qui ont besoin de vivre en groupe), jouent-ils ? Ou au contraire sont-ils sales, ont-ils des plaies et des comportements stéréotypés dans de trop petites cages ?
Les zoos existent, c’est un fait. Remettre en question leur existence même n’aurait donc pas de sens. En revanche nous pouvons réfléchir à notre impact en tant que visiteur.
En faisant l’acte de payer un billet d’entrée, que finançons-nous réellement ?
Et c’est là qu’il est important que nous devenions pro-actifs dans nos choix de visites. Les questions que nous nous posons et donc notre exigence évoluant, nous pouvons par notre « consommation de billet d’entrée » être de véritables acteurs de progrès de ces parcs.
Les zoos ne se valent pas tous évidemment, et comme dirait Chanee, « les zoos doivent se faire la guerre ! Les honnêtes doivent dénoncer les enflures ».
Et vous ? Quelle est votre opinion là-dessus ?
Comment voyez-vous le zoo idéal ?
Quels changements voudriez-vous voir ?
A très vite ! :salut:
Fervente défenseuse (oui oui"défenseuse" ) de la cause des animaux, je me suis souvent interrogée sur la légitimité des zoos dans le monde.
Alors résumer cette question en "pour" ou "contre" les zoos n'a à mon sens pas vraiment d'intérêt car il est indéniable que sous ce mot "zoo" se cachent d'abord de nombreux organismes divers et variés qui ont des actions tout aussi variables !
Je vous propose donc un article que j'avais écris, fruit de plusieurs mois de recherches et de réflexion
Bonne lecture !
A une époque où nous pouvons voir le monde entier sans bouger de notre canapé, vivre en 3D ou même en vidéo immersive des expériences uniques, des questions se posent :
A-t-on encore besoin des zoos ?
Comment être critique vis-à-vis d’eux?
Et comment voudrions-nous qu’ils évoluent ?
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Attention ! Je ne ferai pas de distinction de terminologie entre « zoo », « parc zoologique », « parc animalier » ou encore « bio parc ». Pourquoi ? Car si il y a une réelle volonté de se différencier de la connotation négative que porte le « zoo », certains parcs n’en sont pas forcément plus exemplaires.
Et comme là n’est pas la question ici, autant ne pas s’embêter avec ça !
J’exclue du mot « zoo » les structures de type « delfinarium ».
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1. Une évolution lente…mais remarquable !
Initialement, les zoos avaient une valeur de récréation, de divertissement pour les visiteurs. A titre d’exemple, la ménagerie du jardin des Plantes de Paris, ouverte en 1794 a proposé au 19è siècle des balades à dos d’éléphant ou de dromadaire !
Le constat est simple : on venait voir des animaux pour se divertir, uniquement.
Si le bien-être physique devait être surveillé de façon à garder les animaux en vie, leur bien-être mental lui ne comptait pour ainsi dire, absolument pas.
Depuis, bonne nouvelle ! Les fosses à Ours, à Gorilles et les bocaux à Félins ont quasiment disparu de nos zoos en France et ceux restants sont voués à la fermeture, bousculés par des visiteurs toujours plus engagés pour le bien-être animal.
Les mentalités changent, les pratiques aussi :
Aujourd’hui dans la plupart zoos, on cherche à recréer fidèlement les écosystèmes des différentes espèces, on essaye de stimuler leur instinct naturel par des méthodes appelées « enrichissements », on s’applique à respecter leurs besoins sociaux…Bref, on voit une réelle prise de conscience pour l’animal reconnu comme un individu qui a des besoins et auxquels on se doit de répondre.
2. Les préoccupations des zoos
En tant que potentiel visiteur, que penser du fait d’aller visiter un zoo ? Peut-on seulement conclure sur le bien ou le mal de l’acte ? Cela me semble très difficile. En revanche, on peut peser le pour et le contre sous différents angles d’approche. On peut étudier la question selon plusieurs thématiques importantes.
Réfléchissons donc ensemble ici sur 4 points : l’éthique, le bien-être animal, l’origine de l’animal et enfin la valeur éducative des zoos.
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La question éthique
Cette première question est sans nul doute la plus fondamentale mais aussi la plus complexe. En effet, quoi de plus émouvant et d’excitant que de se retrouver nez à nez avec un rhinocéros ou croiser le regard d’un grand mâle gorille? Qui n’a jamais rien ressenti de très fort lors d’une visite d’un parc zoologique ? Personnellement, je suis intimement convaincue que tous ces animaux qui ont animé mon enfance ont activement participé à mon engagement aujourd’hui pour leur protection…Du moins c’est un argument souvent utilisé ! Et c’est là que je me pose sincèrement la question suivante :
Voir les animaux aux zoos n’aurait-il pas juste renforcé une passion pré-existante, une passion que j’avais déjà pour le vivant grâce aux documentaires et sorties nature… ?
Si voir l’animal en zoo suffisait à être sensibilisé à la préservation de l’environnement, le monde déborderait de fervents défenseurs de la nature ! Et pourtant à la sortie d’un zoo, on voit parfaitement qu’une fois l’excitation de l’exotisme passé, la plupart des personnes n’y pensent..tout simplement plus.
Puis d’ailleurs, de quel droit décide-t-on qu’un animal sauvage, pour l’exotisme qu’il présente, passera ses journées entières dans un enclos (n’oublions pas qu’aussi grands et « beaux » qu’ils soient, ils restent des cages améliorées pour des êtres vivants qui ont parfois besoin de centaines d’hectares pour vivre) et dont la vie ou la mort sera dictée par le bon vouloir de quelques personnes ?
Qui sommes-nous pour garder en éprouvette des êtres sensibles, avec des besoins sociaux, alimentaires, comportementaux bien spécifiques et complexes ?
C’est là une question dérangeante car elle me pousse dans mes retranchements, elle m’embête sincèrement. Et je n’ai pas encore de réponse !
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Le bien-être animal
On l’a vu précédemment, aujourd’hui le bien-être animal est globalement beaucoup mieux pris en compte dans les zoos, ou du moins il fait partie des préoccupations. Encore une fois, la préoccupation du bien-être animal dépend du zoo et tous ne se valent pas en France à ce sujet, certains sont très discutés. Lors de ma mission de 2 mois à la Vallée des Singes « Parc zoologique » de France, qui se démarque par sa qualité, j’ai pu voir la sincérité de la démarche des salariés pour le bien-être animal… Entre jeux, surprises et aménagements nous ne tarissions pas d’efforts pour leur procurer un maximum de bien-être !
Je me souviens encore avoir beaucoup transpiré et m’être griffée les bras aux mûriers inaccessibles aux singes dans le but de leur accrocher des petites branches pleines de fruits dans leur bâtiment pour la nuit
Lorsqu’un zoo prend à cœur le bien-être de l’animal, on peut le voir, le sentir en tant que visiteur : enclos propres, animaux apaisés et joueurs, pas de blessure, pas de comportement stéréotypé (comme le félin qui fait 40 fois le même mouvement en 1 min).
Ce bien-être est pourtant en danger dans la plupart des parcs par une sorte d’élitisme de l’espèce. Je m’explique, en commençant par cette question à laquelle je vous invite à répondre sincèrement :
Que voulez-vous voir dans un zoo ?
Un éléphant, un lion, un singe, un panda…en général un beau mammifère, bref, une espèce phare (aussi appelée « espèce porte-drapeau » en écologie de la conservation) ! Cette tendance naturelle que nous avons pour la plupart à préférer tous ces animaux mignons ou impressionnants amène les zoos à chercher à les collectionner et à les mettre en valeur.
Et là je dis : DANGER !!!
Pourquoi ? Car ce processus aboutit à une sorte « d’élitisme des espèces » où il est stratégiquement plus important pour le parc de prendre soin de son éléphant ou de son gorille que du serpent ou de l’oiseau. J’ai vraiment pu voir de mes propres yeux cet élitisme des espèces, que je comprends d’un point de vue stratégique mais que je ne cautionne pas. Pourquoi ? Car il rabaisse l’animal à un « objet » intéressant ou non et non plus comme un individu à part entière. Ainsi à urgence moindre pour le Gorille, celui-ci bénéficiait de plus d’attention que le mouton très malade du mini-jardin pour enfants du zoo…
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Quelle origine de l’animal ?
Je ne sais pas vous mais moi, quand je suis face à un animal dans un zoo, j’en viens toujours à me demander d’où il vient !
Alors dans 90% des cas la réponse est très simple : il est né en captivité et est issu d’échanges entre les différents zoos afin d’enrichir génétiquement le groupe (éviter la consanguinité). Jusque-là rien de bien choquant donc, on n’a pas retiré un animal de son environnement et théoriquement le transfert de l’animal n’implique aucun échange financier qui pourrait aboutir à des dérives.
J’ai même vu mieux : à la Vallée des Singes, certains singes comme Gégé -une femelle Atèle à face rouge (qui mérite un article à elle-seule)- viennent de sauvetage : singes trouvés par la douane française, singes détenus illégalement par des privés ou encore singes en captivité et maltraités dans leur pays d’origine comme c’est le cas de Gégé.
Les zoos peuvent présenter alors de véritables refuges et des bouffées d’air pour ces animaux « apprivoisés » qui, par leur vécu, seraient condamnés en milieu naturel.
Malheureusement cette pratique est encore trop rare au profit de programmes de reproduction en captivité qui, ironie du sort, se voient parfois confrontés au problème d’avoir trop de naissances ou de genres (mâle/femelle) mal répartis : par exemple, il est tristement ironique de voir que malgré la forte reproduction des Maki Catta en captivité et leur surnombre dans les zoos d’Europe, aucun à ma connaissance n’est pour autant relâché en liberté à Madagascar.
D’autres exemples de zoos eux sont plus inquiétants. Dans son livre Le nouveau-né, Chanee, défenseur des gibbons, en partage un. Le zoo anglais « Howletts » souhaitait 6 Gibbons de Java, des animaux rares et extrêmement menacés d’extinction dans leur milieu. Les animaux ont été capturés par des braconniers, vendus à des Indonésiens puis saisis par la police. Celle-ci les a placé dans un refuge à Java (Cikananga) puis au zoo de Ragunan (Zoo de Jakarta). Ainsi le gouvernement a pu les vendre au zoo de Howletts, accompagnant sa « vente » d’une lettre du président Susilo Bambang Yudoyono, annonçant que « dans l’intérêt de l’espèce, ils devaient partir en Angleterre ».
Et c’est ainsi que le zoo a pu se procurer des Gibbons de Java sans avoir officiellement « prélevé » dans la nature.
Chanee dévoile dans son livre (que je recommande) la méthode générale peu scrupuleuse que les zoo connaissent. Les animaux sont capturés dans la nature ou achetés à des particuliers. Les animaux sont placés dans des zoos locaux et, en devenant alors leur propriété obtiennent des papiers. Ainsi, aux yeux de la loi, l’animal est né en captivité, c’est un officiel « vrai-faux ». Et c’est comme ça que les zoos peuvent entretenir le braconnage.
Enfin, il faut savoir que les stud book, répertoires servant à gérer les espèces dans les zoos et tenus par les coordinateurs (il n’y a pas de sélection officielle pour devenir coordinateur) ne sont aujourd’hui que très peu contrôlés. Dans certains zoos, on trouve des animaux aux origines « inconnues »…
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Conservation de l’espèce
S’il y a bien une idée ancrée dans l’esprit de tous concernant les zoos, c’est bien celle-ci : les zoos participent à la conservation des animaux.
Qu’en est-il vraiment ?
Sont-ils conservé parce qu’on les remet en liberté ?
=> Non, mis à part quelques anciens cas bien connus qui se comptent sur les doigts d’une main comme la réintroduction du cheval de Przewalski, 99% des zoos ne relâchent pas les animaux en liberté, tout simplement car ces derniers, qui vivent depuis des générations en captivité, auraient de grande difficulté à survivre.
Alors, sont-ils sauvés grâce aux programmes de recherche en captivité ?
On pourrait penser que les études comportementales menées sur des individus en captivité permettraient d’en savoir plus sur leurs congénères en liberté, et donc, à prendre de meilleurs décisions pour leur sauvegarde. Comportement d’un groupe de Gorilles dans une condition particulière, étude du comportement de nutrition, de la morphologie…les études en captivité ne manquent pas. Ces études ont pourtant un défaut majeur : elles permettent de tirer des conclusions pour des animaux en captivité, qui ont plus ou moins perdu leurs comportements naturels ! Vouloir se servir de ces données pour des animaux en liberté n’a donc aucun sens.
Alors que j’étais à deux doigts de me lancer dans une profession d’éthologue (étude du comportement des animaux), je ne blâme pas les études qui sont faites dans les zoos pour « le savoir » en lui-même qu’il apporte ou mieux, pour l’amélioration des conditions de vie des animaux en captivité. En revanche, je ne soutiens pas le faux argument selon lequel ces études aideraient concrètement les animaux dans leur milieu naturel !
Est-ce que les zoos participent à la conservation des espèces in-situ (dans leurs milieux naturels) ?
Certains zoos en effet financent des programmes de sauvegarde d’espèces à l’étranger. Par là-même, ils financent réellement la conservation et sont exemplaires. C’est le cas du parc de Cerza en Normandie qui participe à des programmes de sauvegarde des Titi Gris en Colombie ou encore de transfert de Rhinocéros en Inde. Il y a aussi le Zoo d’Amneville qui finance l’association de sauvegarde des Gibbons Kalaweit à hauteur de 40 000e/an ce qui représente leur plus grosse source de financement!
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La valeur éducative du zoo
Il faut le reconnaître et le saluer, de plus en plus de zoos évoluent dans leur rapport avec l’animal et par là-même éduquent les visiteurs. Et ça, je l’ai vraiment vécu, au parc de la Vallée des Singes. L’objectif de ce parc un peu à part est d’inviter le visiteur dans l’environnement de l’animal. On est chez le singe, et non l’inverse. Il existe donc plusieurs règles de respect à avoir avec l’animal : on le laisse vivre sa vie, on le laisse nous passer devant voir dessus (au plus grand plaisir de tous !) sans l’intercepter, bref, on le respecte comme un individu à part entière qui nous accueille dans sa demeure. Là-bas, pas de grillage, pas de barrière, on se balade d’îles en îles et on joue le jeu de chercher les animaux à travers la végétation !
Le rapport de force et de domination de l’Homme sur l’animal disparaît au profit d’une relation plus humble et respectueuse.
D’ailleurs, certains parcs appuient leurs efforts sur une réflexion écologique plus globale (encore la Vallée des Singes dont je peux parler comme j’y ai travaillé) via l’utilisation de vaisselle en carton recyclables dans les restaurants ou la promotion de menus végétariens par exemple.
Les discours ont changé aussi. Lors de mon séjour à la Vallée des Singes, j’ai présenté plusieurs espèces via des nourrissages et non des spectacles. L’objectif était de présenter les animaux aux visiteurs de façon ludique. Nous avions tous un message à faire passer selon les espèces : sensibiliser à la consommation de l’huile de palme qui provoque des déforestations massives en Asie, sensibiliser à notre consommation en technologie (le coltan, élément essentiel de nos appareils électroniques, est encore aujourd’hui directement pris de mines au Congo au dépens de la survie des animaux et de la population locale).
La plupart des zoos jouent véritablement un rôle éducatif pour les visiteurs
Le risque ? Que ce message ne soit que du marketing, du greenwashing destiné à donner une bonne image du parc. Comment le voir ? Pas facile mais on peut encore une fois se fier à de petits indices comme le fait que le parc propose des nourrissages et non des spectacles de dressage de type cirque, spectacles d’un autre temps, de rapport de force avec l’animal sauvage, qui, selon moi, ne devraient plus exister.
3. Ce que nous pourrions exiger d’un parc en tant que visiteur
Zoos, bio parcs, parcs animaliers, parcs zoologiques… toutes ces structures ont le même passé. Ce qui les différencie aujourd’hui, c’est l’éthique de leurs directeurs.
Allez, c’est parti pour 1 min de rêve de mon « zoo » idéal :
Je me promène dans de vastes espaces naturels, peu anthropisés (des chemins suffisent) où je dois peut-être marcher un moment avant de croiser un animal, à la manière des parcs régionaux et nationaux actuels. Pour cela, des jumelles sont à ma disposition. Les animaux dont l’environnement est très différent de la région où je me trouve (comme un ours polaire par exemple) ne sont pas présents : à la place, des couloirs de « réalité augmentée » ont été aménagés où l’on est en totale immersion. Me voilà à suivre un chemin à travers les steppes polaires, où je croise une orque sautant hors de l’eau ou encore un ours blanc chasser…Puis là, je sors de cette formidable aventure, déclinable à toutes les espèces, tous les lieux, pour aller manger un petit bout. Tout est cohérent avec la logique de préservation des écosystèmes. On ne trouve pas de produits contenant de l’huile de palme, la viande est peu présente au profit de fruits et légumes bio et locaux…Enfin, le parc participe activement à des programmes de réintroduction des animaux dans leur milieu naturel…
Globalement, que pourrions-nous exiger en tant que visiteur quand nous choisissons un parc ?
Voici quelques clés non exhaustives de réflexion :
• la cohérence : il y a une cohérence entre l’image que le zoo a et ce qu’il fait vraiment: recyclage de ses déchets, consommation responsable, respect de l’animal…
• ses actions à l’étranger : est-ce qu’il participe à des programmes de réintroduction des animaux in situ ? Si oui à quelle hauteur ?
• sait-on d’où viennent les animaux ? Y-a-t-il eu polémique sur des provenances illégales ?
• les animaux ont-ils l’air heureux ? Sont-ils en groupe (pour ceux qui ont besoin de vivre en groupe), jouent-ils ? Ou au contraire sont-ils sales, ont-ils des plaies et des comportements stéréotypés dans de trop petites cages ?
Les zoos existent, c’est un fait. Remettre en question leur existence même n’aurait donc pas de sens. En revanche nous pouvons réfléchir à notre impact en tant que visiteur.
En faisant l’acte de payer un billet d’entrée, que finançons-nous réellement ?
Et c’est là qu’il est important que nous devenions pro-actifs dans nos choix de visites. Les questions que nous nous posons et donc notre exigence évoluant, nous pouvons par notre « consommation de billet d’entrée » être de véritables acteurs de progrès de ces parcs.
Les zoos ne se valent pas tous évidemment, et comme dirait Chanee, « les zoos doivent se faire la guerre ! Les honnêtes doivent dénoncer les enflures ».
Et vous ? Quelle est votre opinion là-dessus ?
Comment voyez-vous le zoo idéal ?
Quels changements voudriez-vous voir ?
A très vite ! :salut: