J'ai bien compris que tu étais le seul végétarien de ton entourage. Cependant, ce n'est pas une excuse pour te traiter en bête curieuse, ni pour t'ennuyer à chaque occasion. Tu n'es quand même pas le seul végétarien de l'hémisphère Nord et même si c'était le cas, je rappelle qu'on a encore le droit à la liberté et à la réflexion dans ce monde.
Je suis en couple avec un jeune homme omnivore, et qui ne compte absolument pas devenir végétarien (même s'il a pas mal diminué sa consommation de viande) et qui m'a connue et aimée en tant que "mangeuse de viande dès que l'occasion se présente". Pendant les 6 premiers mois de mon végétalisme, je n'avais aucun ami sensible au sujet. Ma mère m'a élevée au foie gras et aux rillettes, à la viande à table à chaque repas, et m'a vue du jour au lendemain préférer les légumes et le crème de soja.
C'est pas pour ça qu'on ne m'a pas respectée. S'il y a eu un peu de questions et d'inquiétude au début (ce qui est normal face à ce qu'on ne connaît pas), ça a été dissipé. Et ça, ce n'est pas avoir un entourage tolérant, j'insiste, c'est avoir un entourage sain.
Il m'est arrivé d'être face à ce genre de demandes "tu peux bien faire un effort", "ça change quoi en vrai ?", "t'es devenue chiante et intolérante". Mais figure toi que je me suis rendue compte par la suite que le végétalisme n'était qu'un prétexte : sur d'autres sujets, ces mêmes personnes me demandaient de mettre un mouchoir sur ma vision et de suivre leurs opinions.
Ainsi, j'ai du rompre toute collaboration avec ces individus.
Maintenant deux choix s'offrent à toi : où tu abdiques, où tu expliques fermement que tes convictions ne vont pas changer, et qu'on te prend tel quel ou plus du tout.
Dans ce dernier cas ce n'est pas toi qui est extrême, ce sont ceux qui jouent encore le combat de la fierté mal placée et d'une persévérance ridicule pour ce qui ne les concerne pas (puisque tu ne comptes pas les priver de leur sacro-saint steak). Tu es la même personne qu'avant, sauf que tu as fait la démarche d'être cohérent avec tes convictions, et personne ne devrait te le reprocher aussi violemment, personne ne devrait jouer de chantage.
Non parce qu'à moins que tu sois un peu masochiste, je t'imagine mal vivre dans ce climat éternellement, même chez toi, avec ta moitié. Tu peux attendre, faire tous les efforts du monde pour que ça se calme, mais maintenant ou dans deux ans, cette discussion franche de la part de tous, elle est nécessaire.
Parce que soyons honnêtes, tu pourras mettre sous les yeux des septiques les plus belles preuves que tu ne risques rien, si personne n'ouvre les yeux pour les voir, ça ne servira à rien. Mais tu n'es pas le seul à devoir faire un pas vers les autres et si chacun fait un effort pour comprendre l'autre, tout est possible.
J'ai remarqué que, souvent, les réactions violentes envers les conjoints végé étaient plutôt liées à des peurs de l'abandon ou qu'on leur demande de changer (par exemple), l'inconfort futur de la vie à deux, le simple fait de changer ce qui "marchait bien", des trucs qui n'ont au final plus grands choses à voir avec le végé concerné mais avec la relation elle-même et le conjoint omnivore. Essaie de creuser aussi par là et de la rassurer si besoin.