Hello vous les plus beaux !
Bon, ce que je m’apprête à écrire (désolée d’avance pour le pavé) aurait également sa place dans la partie COUP DE GUEULE, mais comme ça touche à mon végéta*isme et qu’en fait je sais pas tellement à qui parler de ça pour trouver un vrai écho...
Je travaille actuellement sur un chantier archéologique où le repas du midi est pris en charge par mon service mais dans un routier tout pourri dégueulasse. L’entrée consiste en une orgie de charcuteries diverses et variées et quelques crudités trempant allègrement dans l’huile, la mayo ou le gras en général. Le plat c’est toujours une viande avec des accompagnements, classiques, tout le temps surgelés. De la bouffe sans aucune vibration. Et le dessert ben des trucs bien lourds aussi, à base de crème et compagnie.
Pour faire des efforts, j’ai pris sur moi de manger là bas deux semaines. Bon, ben c’était juste affreux… déjà l’accompagnement petits pois ou haricots blancs, y a forcément des bouts de viande dedans et quand tu le pointes à la serveuse elle répond "Ah oui oh non, y avait pas de viande, juste quelques lardons", ben oui madame mais les lardons ça pousse pas dans les arbres.... Du coup j'ai passé deux semaines à m'enfiler des mauvaises crudités sans goût et pleines de gras, des patates vapeur avec des frites et des desserts sans intérêt nutritif ou gustatif.
Le week end dernier, je passe 4 jours en retraite bouddhiste à me recentrer sur mon bien-être, à remettre en perspective le fait que la nourriture de mon corps nourrit également mon esprit et surtout, je mange la délicieuse nourriture vietnamienne végétalienne des soeurs matin midi et soir et juste je revis.
Alors en arrivant au boulot mardi dernier je dis à mon chef que je ne compte plus manger au routier. Que je compte manger ma gamelle sur le chantier, seule et à mes frais. Il me demande de me justifier là dessus (mmmmmlol une autre fouilleuse, elle pourtant habituée à manger de la merde (selon ses propres dires hein, pas de jugement de ma part), est régulièrement malade les après-midi à cause de ce resto....). Je lui dis que ça joue sur mon corps et sur mon moral et que du coup c'est pas possible pour moi de manger de la nourriture vide. Il monte sur ses grands chevaux et me dit que pour des raisons sanitaires et de sécurité je peux pas rester manger seule blablablabla. Au final, il accepte assez rapidement.
Puis le midi vient, je reste manger seule sur le chantier. Les collègues reviennent et m'expliquent qu'à table, le chef a dit que t'façons les Vegans sont comparables aux nazis, que faut vraiment être un connard pour considérer qu'une vie animale vaut autant que celle d'un homme et que même que il a déjà entendu des nazi vegan dire qu'il faudrait tuer des humains pour que les animaux s'en sortent. Il ajoute qu'il a quand même accepté que je mange ma gamelle car je suis "fragile mentalement" en ce moment.... (il fait allusion à un craquage de ma part à son égard, car il me répétais chaque jour pendant une semaine que j'étais nulle.... alors certes il le pensait pas, mais c'était dit avec violence et j'avais déjà pas confiance en moi sur le travail que j'effectuais alors. Mais tous les collègues le subissent en ce moment, c'est compliqué.... bref).
L'autre anecdote mais elle fait partie de notre quotidien à tous.... J'ai passé une partie de ce week end dans la maison de campagne d'une amie avec deux de mes collocs. Nous étions 5 à manger. Moi, ne mangeant donc ni viande ni poisson ni oeuf ni laitage ni miel. Je le présente juste comme un fait pour justifier que non, je ne mangerais pas leur fromage ou leur viande. POINT. A aucun moment on ne me demande les raisons de mon végétarisme, à aucun moment je ne leur demande les raisons de leur carnisme, je suis là pour passer un moment sympa pas pour débattre sur la consommation de produits animaux (je ne suis pas une militante H24). Et là, je sais pas vous mais pour moi c'est hyper fréquent, y en a un qui sort "Ah moi je pourrais pas me passer de viande". Et ça c'est la phrase qui ouvre la boîte de Pandore. Et comme d'hab, je dis rien, j'écoute, j'observe. Je vois 4 humains se justifier, trouver des raisons et monologuer (pardon, quadriloguer) sur tout ce qui fait qu'ils mangent de la viande. Je les vois patauger dans leur marasme de culpabilité.... parce que franchement, si j'avais pas été là pour appuyer sur cette "consommation" et donc réveiller une culpabilité en eux, ils ne se poseraient pas la question et mangeraient leur viande sans parler des conditions d'élevage ou autre. D'autant que là vraiment, je ne disais rien, aussi parce que ça me fait souffrir. Et que quand on prend part au débat on est direct taxés de "culpabilisant".
Idem, j'étais à un barbecue récemment. Mon flirt du moment, qui est carniste, s'extasie devant les bouts de viande. C'était très théâtral. Moi ça m'a un peu choqué. Du coup spontanément je dis "Hey bah dis donc, ça te fait vachement d'effet les morceaux de cadavre!". Et là une de mes colocs me rouspète en me disant "Tsss, le fait pas culpabiliser ! C'est pas des morceaux de cadavre! C'est de la nourriture !!!".
..... Toutes ces anecdotes pour dire que ça m'emmerde vraiment ce déni. Non ce n'est pas que de la nourriture, il s'agit d'une créature sensible qui est née, à grandit sous le même ciel que toi, parfois sans le voir, à l'abris d'une cage de béton, et qui s'est faite tuer pour ton plaisir gustatif. Qu'il ne faut pas perdre ça de vue. Que c'est de la vie qu'on fauche et nos corps que l'on remplie de morts injustes.
Que si j'arrose de la culpabilité en toi c'est qu'elle est déjà là. Que si même quand je dis rien, ne demande rien et que seule ma présence fait que tu ais besoin de te justifier alors cette culpabilité n'a pas besoin de moi pour exister. Et que si cette culpabilité est là, alors c'est qu'en ton âme et conscience tu sais que tu fais quelque chose de "mal", ça t'irrite juste de te le faire pointer du doigt.
Qu'en fin de compte, vouloir protéger la vie fait de moi une nazie, mais ton silence face à la souffrance et ton manque de remise en question face à tous les massacres que tu laisses perpétrer par d'autres pour le plaisir de la chaire, est normal. Que rien que ça c'est se marcher sur la tête.
Bref, j'avais besoin de vider mon sac et je sais que vous vous comprenez.
je sens que je suis de plus en plus sensible, dans tous les domaines de la vie, et ça m'atteint comme des coups de couteau dans le coeur tout ça.
En ce moment c'est vraiment la foire, j'ai des histoires comme ça quasi tous les jours, alors que d'habitude on me fout la paix (ou que je n'y prête pas attention), du coup ça met un peu le moral dans les chaussettes....
Enfin bref.... Merci pour votre attention. <3 Merci d'exister.