En fin d'après-midi, je suis allée faire une course.
Je faisais la queue à la caisse, et là une femme remonte toute la queue pour se mettre à la fin, en disant super fort "la fille avec son short là, on voit ses fesses", d'un ton super méprisant, en s'adressant à personne en particulier, et on savait pas non plus de qui elle parlait.
Et un mec lui répond "Ouais, c'est clair".
Trop heureuse d'avoir quelqu'un à qui parler "Ah, vous aussi vous avez vu"
"Oui, c'est n'importe quoi" "Non mais c'est comme ça maintenant, elle font toutes ça, elle ont aucun respect pour elles mêmes. Comment vous voulez qu'elles trouvent un homme si elles se respectent pas ? Les hommes ils vont pas la respecter. Personne ne veut faire sa vie avec des filles comme ça. Les filles qui montrent leur cul les hommes ils en veulent pas. Juste coucher avec pour une nuit à la limite, c'est tout."
Et elle continue à déblatérer sa merde, et le mec acquiesce.
A un moment j'ai eu un doute, je me suis dit "si ça se trouve elle parle de moi". Mon short était un peu moulant, mais on voyait pas mes fesses techniquement. Et je me suis dit qu'elle pouvait pas être en train de parler de moi si fort comme si j'étais pas là juste devant moi quand-même. Mais le doute subsiste encore...
Et après, elle dit "Non mais elles se rendent pas compte que c'est pas ça qui fait leur valeur, c'est parce qu'elles croient qu'il y a que comme ça qu'elles ont de la valeur, c'est ce qu'on leur dit en même temps, c'est la société qui leur fait croire ça, c'est pas entièrement leur faute"
Après j'avais payé mon concombre et je suis partie, je n'ai pas eu le plaisir d'entendre la suite.
Et j'ai un peu pleuré, sous mes lunettes de soleil.
J'ai pleuré le sexisme, la société patriarcale, la connerie des gens. L'angoisse et un peu la honte de me dire que si ça se trouve elle parlait de moi. J'ai marché jusqu'à chez moi, hyper consciente de la façon dont j'étais habillée, de mes fesses qui bougent naturellement quand je marche, des hommes que je croisais, de ceux qui étaient derrière moi, en tirant le bas de mon short toutes les 2 minutes. Je suis rentrée chez moi et j'ai regardé dans la glace si mon short était inapproprié, si moulant, si mon corps était si indigne de respect que ça. J'ai pas réussi à me dire qu'on s'en foutait, si mon short paraissait inapproprié à quelqu'un. J'ai pas réussi à penser à autre chose de toute la soirée.
J'arrive pas à m'ôter ce truc lourd là, qui pèse sur mon coeur de façon insupportable. Je suis fatiguée et je ne crois plus en rien ce soir.