Brigande":isy5x0pd a dit:
Encore une fois, je me moque de l'aspect technique et viable de l'utérus artificiel. D'ailleurs, il ne me semble pas avoir lu une seule fois sur ce fil quelqu'un défendre cet outil techniquement.
Mais... Dans ce cas il me semble qu'on peut dire un peu tout ce qu'on veut. Par exemple "je me moque de l'aspect technique et viable de la question, mais si on pouvait ne jamais tomber malade ça serait bien". Si on s'autorise à penser comme ça, je suis d'accord avec toi : la fonction féminine de procréation est une source majeure de discrimination, qu'elle soit positive ou négative, et la supprimer de manière toute théorique aiderait à restaurer l'égalité.
Car le côté "les hommes sont naturellement plus forts" que soulignait Excalibur je n'y crois pas du tout - j'ai d'ailleurs eu une discussion intéressante avec mon compagnon à ce sujet, lorsque j'essayais de lui faire comprendre la peur du viol chez les femmes ; il m'a dit que même s'il était susceptible d'être la cible d'un désir sexuel agressif, il était persuadé d'être moins vulnérable car plus prompt à se défendre physiquement, alors même qu'il est loin d'être un bodybuilder ni même tellement plus fort que moi. C'est juste que dans sa tête, clairement, il se
sent plus fort que moi, et moi plus faible que lui, car on a été élevés dans cette idée là : face à la menace, l'idée de me défendre physiquement me viendrait sans doute moins rapidement qu'à lui, quelles que soient concrètement nos forces respectives. C'est clairement une question de représentation de soi plutôt que de capacité physique.
Bref, ok sur le principe, mais vu les problèmes majeurs dans la réalisation technique d'une telle idée, que tout le monde souligne depuis le début, je ne suis pas sûre qu'on puisse en faire grand chose... Et puis ça serait assez terrible de n'être capable d'avoir l'égalité et surtout la justice que dans l'absence de différence. Sinon on peut donner la même couleur de peau à tous les habitants de la planète, dans le même genre : pas de différence, pas de problème... Sauf que la discrimination on la fondera sur autre chose, tant que ce n'est pas la principe de discrimination lui-même qui sera remis en cause. Tous les humains naissent libres et égaux
en droits, mais pas
en faits. Il me semble qu'il serait plus productif de travailler sur l'application de la première idée que sur la réalisation de la deuxième (ex : congé de durée égale pour les deux conjoints et mise en place culturelle d'une implication affective et pratique beaucoup plus importante qu'actuellement pour celui qui ne porte pas physiquement l'enfant - si le "handicap" est partagé par tout le monde à travers l'implication égale de chacun pour l'enfant à venir, ce handicap s'annule presque aussi bien que si on l'extériorisait dans une machine - et on y gagne une super aventure humaine en couple, plutôt que la froideur d'une machine).
En une phrase : puisqu'on impose culturellement aux femmes d'êtres futures-mères, on peut tout aussi bien imposer culturellement aux hommes d'être futurs-pères (ou plutôt laisser aux deux le libre choix de le devenir ou pas tout en instaurant l'idée que la norme culturelle lorsqu'on choisit d'avoir un enfant, c'est l'implication égale des deux
conjoints dans le projet d'enfant, quel que soit leur sexe et que la filiation génétique avec l'enfant existe ou pas).
Je vais parler très rudement, mais pendant la grossesse, la femme est en quelque sorte physiquement "esclave" de son ventre, de l'enfant à venir. Quoi de plus normal que de soulager cet "esclavage" physique par l' "esclavage" culturel d'un compagnon homme ou femme plus libre de ses mouvements ? Au lieu d'avoir deux êtres libérés de la grossesse par la machine, on a certes deux êtres handicapés par la grossesse physique. Mais il faut peser les pour et les contre avec tous les soucis techniques de viabilité de la solution mécanique...
lelfe":isy5x0pd a dit:
"pleure pas t'es pas une fille" -> ça veut dire les filles sont inférieures, mais ça veut dire aussi pour le petit garçon: ta gueule, t'as pas le droit d'avoir des émotions et de les exprimer.
Ça me fait penser à une conversation récente avec ma mère. J'expliquais en gros que si j'avais un garçon je ne tenterais pas de le viriliser mais le laisserais plutôt exprimer sa sensibilité. Ma mère m'a répondu que c'était dangereux parce que plus tard il ne saurait peut-être pas s'affirmer, comme une fille finalement (à qui en général on apprend malheureusement qu'être ouvertement vulnérable, discrète et effacée sont des qualités, ce qui entraîne le manque de confiance en soi dont tu parles ensuite). Du coup je me dis que la bonne solution est peut-être entre les deux : assumer sa sensibilité, mais avec force, fierté et indépendance. Ni "pleure pas, t'es pas une fille", ni "pleure autant que tu veux" mais, garçon ou fille, "pleure dans les bras de ceux qui t'aiment, reste fort face à ceux qui ne te veulent pas spécialement du bien". Je ne sais pas si c'est le bon chemin mais je pense qu'il ne faut pas oublier qu'au-delà du cercle familial proche nos enfants vivront dans un monde de brutes...