Vient de paraître : La Révolution végétarienne / T. Lepeltier

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Anonymous

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Aux éditions sciences humaines. 12 euros la version papier. 10 euros la version numérique

La révolution Végétarienne
Thomas Lepeltier
14 novembre 2013 - 176 pages - ISBN : 9782361060411

Une grande révolution culturelle s’annonce : demain, nous ne mangerons plus de produits d’origine animale. Tout d’abord, la consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers n’est pas nécessaire pour être en bonne santé. Ensuite, et peut-être surtout, cette consommation se fonde toujours sur des actes de cruauté envers les animaux. Or, comme de nos jours plus personne n’accepte que l’on soit cruel sans nécessité, la consommation des produits d’origine animale finira bien par être abolie, comme l’a été jadis l’esclavage.

Pour l’instant, on en est encore au temps du déni : déni de la souffrance des animaux et déni de notre cruauté. Mais, comme le montre ce livre percutant, la société moderne ne pourra pas occulter pendant longtemps encore les souffrances effroyables qu’elle inflige à ces animaux qui finissent dans nos assiettes et dont elle reconnaît de plus en plus la sensibilité, l’émotivité et l’intelligence. Voilà pourquoi demain nous serons tous végétariens !

http://editions.scienceshumaines.com/la ... fr-516.htm
 
J'aimerais. J'ai déjà tellement de trucs à lire malheureusement !
Mais le plan annonce un bon livre et il n'est pas long...
 
Bonsoir,

Livre acheté hier, terminé aujourd'hui, première recension :)

A.S (Ante-scriptum) : Avant toute chose, je tiens à prévenir que j'ai auparavant lu No Steak d'Aymeric CARON, Bidoche de Fabrice NICOLINO et quelques articles des Cahiers Antispécistes. J'expliquerai plus loin pourquoi cette mention a son importance (mais j'aperçois des regards entendus au fond de la salle... silence s'il vous plaît).

A.S.2 : Il s'agit là de ma première recension. Je compare ce livre aux connaissances apportées par d'autres, et juge donc de son utilité par rapport à ces derniers. Mon végétarisme est récent, certaines convictions sont solides depuis longtemps. Merci donc de juger cet écrit à l'aune de ces quelques éléments.

I - Le plan

Un livre donc, découpé en quatre grandes parties.

La première Ces bêtes qu'on abat, dresse en 36 pages très exactement le portrait de l'élevage tel qu'il se pratique aujourd'hui : porcs entassés et maltraités dès la naissance, vaches auxquelles on enlève le veau dès la naissance, poules pondeuses et de chair vues comme de purs objets... Je ne développe pas : c'est court, glauque à souhait et les descriptions paraîtront familières à celles et ceux qui ont vu des documentaires comme Earthlings ou qui ont lu les livres susmentionnés. C'est court, c'est "choc" et c'est au final un bon panorama de l'élevage tel qu'il se pratique actuellement, mais qui ne surprendra pas les habitués.

La deuxième partie, Tuer humainement, vient cordialement tordre le cou à l'idée qu'il est possible de revenir à un élevage plus respectueux en théorie de l'animal, un argument fréquemment avancé par les omnivores qui prônent un élevage extensif, un retour au modèle paysan. Tout en critiquant cette démarche, l'auteur commence à aborder, en douceur, les notions d'éthique qui visent à montrer que ce n'est pas tant le processus de production actuel qui est condamnable (il l'est assurément) que la croyance qu'il est possible de concilier bien-être et respect de l'animal avec la finalité qui est de s'en nourrir directement (viande) ou indirectement (œufs, lait...).

La troisième partie, L'animal est une personne, développe quant à lui, sur une quarantaine de pages, l'histoire des réflexions sur l'animal et le respect qui lui est dû. On part donc des premières réflexions antiques (Plutarque...) en passant par les Lumières (Montaigne, More, Tryon, le blocage encore actuel sur l'animal mécanique de Descartes), pour se diriger ensuite vers les penseurs du XXème siècle (Singer, Regan, Francione, Joy). Ceux qui ont lu lesdits auteurs (ou la partie consacrée à cette thématique dans No Steak) n'apprendront bien évidemment rien, mais l'ensemble est bien résumé et limpide.

La quatrième partie, enfin, La litanie des excuses, qui consiste à prendre un argument d'omnivore/carniste et à le dé-mon-ter (exemple parmi d'autres, le fameux cri de la carotte - qui n'est jamais parvenu à mes oreilles). J'ai évidemment adoré, c'est clair, concis, logique, dans la veine d'Exégèse des nouveaux lieux communs de Jacques ELLUL pour ceux qui connaissent (et histoire de faire un peu la promo d'un de mes penseurs favori).

II - Avis à chaud

J'admets avoir hésité à me procurer ce bouquin : le plan du livre disponible sur le site de l'éditeur ne me paraissait pas apporter suffisamment de nouveauté par rapport aux lectures susmentionnées pour en justifier l'achat. Mais bon, je suis curieux, impatient et mon budget bouquins mensuel - déjà allégrement explosé - n'allait pas chialer pour 12€ (quoique...).

En résumé, c'est un bon bouquin, qui synthétise en environ 160 pages pas mal de choses déjà lues à droite à gauche. Est-ce que j'ai appris des choses ? Assez peu au final, mais l'ensemble est plutôt bien présenté, et concis (plus que No Steak ou Bidoche, ou n'importe lequel des ouvrages cités comme sources).

On regrettera en revanche que l'auteur s'appuie trop souvent sur les mêmes sources pour étayer ses dires. Évoquer seulement le rapport Campbell dès qu'il s'agit d'affirmer que la viande n'est pas nécessaire à l'alimentation humaine et qu'elle peut être néfaste, navré mais en 2013 j'en attendais quand même un peu plus. A part des livres maintenant assez connus et quelques articles des Cahiers antispécistes, LEPELTIER ne cherche pas à apporter plus d'arguments et à fouiller les rapports nationaux ou internationaux.

Le gros, très gros point noir, que je lui trouve, c'est que son titre, La révolution végétarienne passe au premier abord un peu à côté de son propos. Thomas LEPELTIER semble presque s'en excuser dans son prologue, intitulé Tous végétaliens. Hein, en trois pages à peine, on passe du végétarisme au végétalisme ?
Bah oui, il faut sans doute y voir un choix de l'éditeur, Sciences Humaines, à qui l'on peut pour la peine jeter quelques pierres (mais pas trop fort), mais le véritable propos de l'auteur diffère de celui d'un Aymeric CARON, qui traite essentiellement de la viande, en ce qu'il appelle à passer directement au végétalisme. On apprécie du coup l'honnêteté d'esprit de LEPELTIER, qui lie véritablement les enjeux de la viande et de ses produits dérivés et souligne à de nombreuses reprises l'incohérence qu'il y a à n'être "que" végétarien.

Autres points noirs, moins graves certes, mais qui me touchent dans la mesure où j'ai travaillé dans l'édition :
1/ un travail de relecture parfois approximatif, on croise à droite à gauche des fautes d'orthographe assez grossières, chose qui me paraît impardonnable dans la mesure où l'auteur est censé soigner son manuscrit, et ce dernier être relu par une personne qualifiée. Quand j'investis 12€ dans un objet conçu pour rester dans une bibliothèque de nombreuses années et circuler de main en main, j'aime que le travail soit parfait.
2/ un travail de communication qui semble absent de la part de l'éditeur (là encore, déformation professionnelle, j'étudie la communication...). Presque dix jours après la sortie du livre, pas une seule recension sur les sites de journaux, alors qu'il est fréquent dans le secteur de l'édition d'adresser l'ouvrage aux médias plus de trois semaines avant la sortie en librairie. Or je pense que ce livre, même si les informations qu'il contient peuvent paraître vues et revues aux yeux de certains, tire son originalité de son postulat ouvertement végétalien, chose encore trop rare.

Bref, un ouvrage intéressant, qui se lit rapidement et qui concentre beaucoup d'informations, saboté par un travail d'édition (ou de l'auteur, mais je doute que ça vienne de lui) qui lui retire son originalité...

III - Un livre à conseiller aux vg ?

On en arrive au point sensible (ah, le rôle de prescripteur...).

Est-ce que je conseillerais ce livre aux personnes végéta*iennes et qui connaissent un peu les fondements éthiques et "théoriques" de leurs pratiques ? Pas vraiment. La partie IV constitue assurément un bon bréviaire, un petit "traité de contre-argumentation" appréciable, mais si vous avez déjà lu quelques articles ou les ouvrages susmentionnés, il est tout à fait dispensable ; de même si vous avez déjà vu les documentaires les plus fréquemment cités, ou consulté certains sites comme ceux de L214. Attendez donc de pouvoir l'emprunter en bibliothèque, ou de trouver un pote qui accumule les bouquins qui soit susceptible de vous le prêter. L'achat n'en vaut peut-être pas la peine, et il ne deviendra pas votre livre de chevet.

IV - Et pour les omnivores ?

Clairement, non. No Steak de CARON semble de toute évidence être un meilleur choix : plus modéré, moins rentre-dedans (d'expérience, se voir qualifié de carniste ou carnivore n'est pas la meilleure invitation au dialogue - quand bien même cela serait en partie ou totalement vrai), et surtout plus développé. L'auteur ne met pas ici son expérience personnelle dans la balance pour créer de l'empathie et se contente d'envoyer des infos brutes.

Après, si votre but est juste de présenter les arguments végétaliens, sans avoir peu de froisser indirectement votre interlocuteur, pourquoi pas...

V - Conclusion

Je reste assez mitigé sur l'utilité de cet ouvrage. Le postulat végétalien est savamment saboté par un titre vaguement trompeur, et il faut aller plus avant pour constater son originalité, c'est vraiment dommage. Les informations, malgré leur côté vu et revu, restent toutefois suffisamment bien condensées pour conférer à cet ouvrage un intérêt certain à ceux qui maîtrisent mal le sujet. Le véritable point fort est à mon sens la quatrième partie de l'ouvrage, qui reprend des éléments connus mais généralement dispersés.

J'oublie au final le côté "révolution" : la réflexion de l'auteur est intéressante dans la mesure où elle rappelle que le carnisme n'est pas un horizon indépassable, mais un avenir inévitable, inéluctable. Une frontière comme le racisme, le sexisme... qu'il s'agit de dépasser pour le bien de tous.
 
Je l'ai publié sur un groupe facebook de Végé. Il me tente bien aussi personnellement je n'ai pas encore lu No Steak, donc je vais quand même le procurer.

Merci pour cet avis très détaillé Citron. Penses tu que ce genre de livres peut-être lu par des non végés (assez accessible?)
 
Lapinotte":64cuozqb a dit:
Penses tu que ce genre de livres peut-être lu par des non végés (assez accessible?)

Si l'on parle d'une personne prête à mettre ses convictions dans la balance, ouverte, oui. Comme je le dis dans ma critique, c'est un livre très synthétique, qui peut convenir au "petits" lecteurs qui n'ont pas envie de se farcir un bouquin de 600 pages qui va leur faire la morale ou risquer de les saouler. Pour une première approche, ça peut être pas mal, mais le propos est assez "cash", tout en présentant un bon panorama des arguments. Bref, je reste assez indécis (et ça se voit), je compte le passer à une amie omni afin d'avoir son ressenti.
 
Hnn, je n'ai pas lu No Steak mas je compte le lire prochainement (là je suis en train de lire "Faut-il manger les animaux?" et j'ai "Bidoche" sur mon chevet, donc je suppose que ce ne sera pas la peine que je rajoute cette lecture par-dessus. Même si au final le côté synthétique pourrait permettre de faire le point pour la nouvelle végé que je suis...
La façon dont tu en parles, ça me donne l'impression que ce livre s'adresse aux nouveaux végétaliens qui ne se sont pas encore basé sur les sources de savoir existantes, non? Une sorte de mise en bouche?
 
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