Comment résumer une tranche de vie de 14 ans sans écrire un roman ?
Je vais essayer de faire court. Difficile de sortir une chronologie précise, mais je vais faire de mon mieux.
Tout commence il y a une quinzaine d’années. J’avais la vingtaine, j’étais jeune et naïf, avec une faible expérience de la vie réelle.
Sur des groupes politiques de gauche (facebook), j’ai eu l’occasion de parler avec des végétariens et vegans, ils m’ont exposé leurs arguments, j’ai décidé de tenter le végétarisme.
A ce moment là je travaillais chez McDo, ça m’a beaucoup aidé à prendre cette décision (j’étais formateur en cuisine, tout le temps dans les odeurs de viande).
Je décide de tenter le véganisme, et en 2009 je m’inscrit sur ce forum. Je commence aussi à prendre connaissance des groupes animalistes (surtout sur facebook). Je parlerai de ces groupes plus tard.
Peu de temps après, je m’inscris sur twitter. Abonnement à de nombreux animalistes, des vegans divers et variés. Impossible de vous donner le détail, ce compte a été ban def depuis (une sombre affaire de tweet sorti de son contexte).
Je décide de quitter facebook dans la foulée, j’ai testé Google+, mais là aussi j’ai décroché de ce réseau.
Vous l’aurez compris, mon expérience de l’animalisme se faisait surtout sur internet, bien que vivant à la campagne tout ce que je savais sur l’élevage, la chasse, tout ça venait uniquement des mêmes sources.
Je me réjouissait de la mort des chasseurs, je buvais les paroles de Brigitte Bardot, je refusais tout débat avec les paysans sous prétexte qu’ils « exploitent la misère et la souffrance ».
Début 2012, je change de travail. Je m’essaie à la soudure. Fini le graillon de McDo et ces connards de clients, bonjour la ferraille, la calamine, et la poussière de ciment.
Sur place, je concrétise mon engagement politique en m’inscrivant au MJS, puis PS. Je fais campagne pour Hollande, je soutiens Manuel Valls, … je découvre de l’intérieur la pourriture des mouvements politiques… Dans un certain sens, cela m’a aidé à remettre en questions certains de mes choix, surtout qu’en parallèle je préparais un projet qui me prenait beaucoup de temps libre.
2016 projet entreprise, autre chose à aire que d’aller sur des forums, sur twitter (j’y étais peu présent), finalement ça a foiré en beauté ». J’étais pas prêt, et je commençais aussi à me sentir mal. Sans doute le stress, il y avait un peu de ça… mais pas que.
Je reviens chez mon ancien employeur vers 2018, je n’étais plus le même.
J’avais une vision très différente des choses, du monde. La politique j’ai laissé tomber, je me suis aussi éloigné des mouvements animalistes : je commençait à sentir que quelque-chose n’allait pas, mais je ne savais pas encore dire quoi.
Au bout d’un moment, la routine s’installe. Je fais mes preuves, je passe en horaires de nuit, je travaille dur, je fais des heures sup très souvent, et je suis affecté à la à réalisations de pièces pour le génie civil. Malgré toute ma bonne volonté, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être excessivement fatigué, d’avoir des picotements aux extrémités, parfois la tête qui tourne. Sans doute le changement d’horaires ?
Puis viens le jour de la visite médicale, prise de tension, réflexes, vue poids… bref, un examen classique… Sauf que cette fois le médecin de recommande fortement de faire des analyses de sang.
Quelques jours plus tard, le verdict tombe: carences en fer, B12, vitamine D.
Je décide d’abandonner le régime végan pour du végétarien occasionnel. Plus tard, je trouve le contact d’un producteur local de viande charolaise, je préfère ça à de la viande de supermarché abattue à la chaîne.
Courant 2021, lors d’une journée de travail où il y avait pas grand-chose à faire, j’ai eu l’occasion de discuter avec le chef de prod, un chasseur passionné. Il m’avait demandé de lui fabriquer une tête de cerf en métal pour décorer chez lui (je faisais des sculptures métalliques).
Je lui ai sorti le blabla habituel sur les chasseurs, il m’a coupé direct dans mon élan.
Il n’a pas cherché à me faire de longs discours, mais il m’a simplement demandé QUI m’avait appris ce que je savais de la chasse… j’ai pas su répondre. Enfin si, j’ai baragouiné un truc du genre « bah pourquoi vous nourrissez les sangliers alors... », il m’a rit au nez.
La vérité, c’est que comme la quasi totalité des animalistes, je n’y connaissais rien réellement. Il savais que j’étais actif sur le net (j’ai pas de TV chez moi), il m’a dit de voir la chaîne YT d’un certain Richard sur Terre, et d’avoir le courage de confronter mes croyances à ce qu’il dit.
Le soir même j’ai regardé ses vidéos, j’ai pris une claque. Tout le narratif que j’ai gobé pendant toutes ces années s’écroulait, sources à l’appui. Que ce soit la manipulation des sondages de la fondation Brigitte Bardot, les enclos de l’ASPAS à la gestion catastrophique, la réalité derrière les industriels de la bouffe vegan, les manipulations de Pierre Rigaud ou Hugo Clémet, les vidéos hors contexte avec une musique triste….
Ce jour là, j’ai douté comme jamais. Je me suis renseigné sur l’élevage, sur la chasse, et surtout je me suis renseigné directement auprès d’eux (pas difficile, un collègue avait une ferme, quelques bêtes et des terres. D’autres collègues étaient chasseurs aussi…). Je me suis abonné à des chaînes d’éleveurs, de chasseurs, je suis entré en contact avec eux…
J’ai compris que le monde n’était pas aussi simple que je le pensait. Il y a beaucoup d’éleveurs qui travaillent correctement, les quelques cas mis au pinacle par L214 ne sont que des situations minoritaires et scandaleuses (que la plupart des éleveurs dénoncent d’ailleurs). Idem pour la chasse, j’ai découvert es passionnés de la nature, qui prennent soin des forets, qui plantent des haies, adaptent des habitats pour les migrateurs, rendent hommage à l’animal tué (ma plus grosse surprise). Beaucoup dénoncent la chasse en enclos (pas si fréquente), j’ai appris comment fonctionne un plan de chasse, comment travaille l’ONF, l’OFB...
Le temps à passé, puis arrive 2022. j’ai décidé de me préparer en vue de passer le permis de chasse, mais ayant une opportunité professionnelle que je ne pouvais pas laisser passer, j’ai décidé de reporter ma décision. Je déménage dans la Meuse, le temps passe encore, mes projets se concrétisent petit à petit.
J’ai aujourd’hui 38 ans, je ne suis plus le petit con idéaliste et influençable que j’étais. Je travaille dans l’aéronautique, mon projet de création d’entreprise est bien avancé, et je pense être prêt pour la saison de chasse 2024.
Que conclure de cette expérience ?
Certes, j’ai mal géré mon alimentation, mon hygiène de vie était inadaptée avec mon régime alimentaire. Cependant, le véganisme m’a apporté une vision différente de mon rapport à l’animal.
J’élimine les discours moralisateurs, la pleurniche des influvoleurs ça ne marche plus avec moi.
Oui, je mange des animaux, et ça implique de devoir les tuer… MAIS
J’estime faire le bon choix avec la production locale, et je compte bien un jour manger uniquement ce que j’aurai chassé moi même. Donner la mort n’est pas une chose anodine, j’en suis conscient, donc autant que ce soit fait correctement, sans souffrance inutile.
Tuer un animal sauvage qui a vécu libre est selon moi infiniment plus respectueux que de manger de la viande de supermarché qui a parcouru des milliers de kilomètres en camion, et dont la mise à mort est faite à la chaîne par un employé payé au SMIC qui n’a que faire de la souffrance animale.
J’estime aussi que la venaison et la viande issue de petits élevages locaux sont des choix bien plus judicieux que ces substituts de viande industriels VG emballés dans du plastique emballé dans du carton. Plus jamais je ne mangerai cette saloperie industrielle.
Ne voyez pas en ce message un doigt d’honneur ou une provocation. Si vous êtes heureux dans le veganisme, je suis heureux pour vous.
Seulement je vous invite chaleureusement à ne pas gober aveuglément un narratif sans vous demander à qui il profite. Énormément de désinformation circule dans les sphères animalistes, et c’est aussi une histoire de gros sous. Ne soyez pas les idiots utiles d’un système, m’être fait manipuler pendant toutes ces années me laisse encore aujourd’hui un goût amer.
Certes, je dit des choses qui ne sont pas agréables, mais c’est le fond de ma pensée, c’est un morceau de ma vie.
Ne vous laissez pas emporter par la haine envers ce que vous ne connaissez pas, et n’ayez pas peur de confronter vos convictions plutôt que de rester en cercle fermé. Ce fut la meilleure décision de ma vie.
Ce message sera le dernier que je publie sur ce forum.
Je n’ai plus ma place ici, mais sachez que je n’ai aucune haine ni malveillance en votre égard.
Soyez fiers d’être vegan, mais faites le correctement.
Au revoir les amis.
Anthony.