Abolitionnisme vs. welfarisme : fin du débat (?)

Fushichô

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Vidéo en anglais partant de données pour prouver que le welfarisme est la solution parfaite et que les abolitionnistes sont psychorigides :

It's a powerpoint presentation narrated by Nick Cooney from Farm Sanctuary. It was presented at the Animal Rights 2012 national conference in DC.
The links to all the references are here: http://ccc.farmsanctuary.org/welfare-re ... the-facts/
 
Hum, les données sont très libéralement interprétée ("surtout à partir de 2005 !" Ba non pas toujours. Et on sais d'où viennent les graphs, pas les données brutes.)

Ceci dit je pense aussi que l'abolitionnisme passe par le welfarisme, et une grosse dose de psychologie donc j'approuve globalement ce qui est dit ici.
Le welfarisme oblige à prendre conscience de la sensibilité de l'animal, sinon, pourquoi se préoccuperais t'on de bien les traiter ?
 
Pour justifier un peu plus leur exploitation et leurs "abattages dans de bonnes conditions" par exemple.

Combien d'entre vous ont entendu : "je mange telle viande / tels oeufs / tels produits laitiers car je sais que là-bas les animaux sont bien traités

Même si la plupart du temps ces gens qui savent ne savent justement pas, il y a un vrai souhait de voir un animal bien traité pendant son exploitation et "bien abattu" pour alléger la conscience de celui qui le mange.

C'est Porcher qui doit être ravie de lire ce genre de truc...

Rien que le premier point est déjà dans l'utopie : partir du principe qu'une réforme procure "instantanémement" un bénéfice aux bêtes... Mais on est déjà pas capable (et dans l'impossibilité technique) de seulement respecter les lois déjà en place depuis 20 ans, alors comment croire qu'une réforme de plus change quelque-chose ?

Il y a quelques avancées ponctuelles qui sont plus de l'achat de bonne conscience chez les exploitants pour masquer un peu l'avancée infernale des modèles industriels (les cages de volailles agrandies de la taille d'un tiquet de métro, youhou)

Les avancées les plus flagrantes sont dans les magasins et chez les clients eux-mêmes, par les campagnes de lettres, et les abandons de certaines catégories de "produits". Il est là le front, il n'est pas et n'a jamais vraiment été chez les producteurs de mon point de vue.

Puis aussi j'ai tendance à voir le welfarisme et le néo-welfarisme comme une belle excuse pour le consommateur pour se sentir dégagé de toute responsabilité (et donc d'effort) puisque concrètement, c'est "à l'usine/l'éleveur de faire ce qu'il faut pour que ça aille mieux". (je caricature, mais je suis certain qu'il y a une pensée global de cet ordre)
 
Wombattitude":an3uywx0 a dit:
Le welfarisme oblige à prendre conscience de la sensibilité de l'animal, sinon, pourquoi se préoccuperais t'on de bien les traiter ?
Si tout le monde était rationnel, oui. Mais j'ai pas l'impression que ça marche vraiment. Après tout, on a déjà des lois contre la maltraitance des animaux, les gens s'indignent (ou font semblant pour des motifs racistes, ok) de l'abattage hallal, etc. Pourtant ils remettent pas forcément en cause l'exploitation en elle-même.

J'ai entendu récemment un texte anti-végane où l'auteur enchaînait, à quelques phrases d'écart : « évidemment qu'il faut utiliser les méthodes d'abattage les plus douces possibles » et « de toutes façons les animaux on s'en fiche complètement » sans sembler voir la contradiction (c'est-à-dire que si on se fiche vraiment des animaux non-humains, on devrait aussi se ficher de la méthode d'abattage).
 
Oups en ouvrant le sujet je pensais que la fin du débat était le fait que les welfaristes avaient compris qu'ils s'étaient fourrés dans une impasse!

Ah bah non ce n'est pas une fin de débat, c'est le début d'un nouveau (bon pour moi, c'est comme pour la corrida je ne vois même pas ce qui peut faire débat!).

Merci Fushichô pour avoir allumer un nouveau feu (là on ne parle même pas de jeter de l'huile sur le feu) ;)
 
De rien ! :D
Et c'est pas pour rien que j'ai mis un point d'exclamation à la fin du titre du thread.^^
La présentation se pose comme mettant un terme au débat au débat à partir de chiffres, mais perso, je suis pas convaincu. Déjà, le type est de Farm Sanctuary, asso welfariste ; il était difficile d'imaginer qu'il vienne à dire "c'est les abolitionnistes qui ont raison".
Perso, si je suis d'accord d'une certaine manière que les animaux sont mieux à 2 dans une cage qu'à 12 dans la même cage, comme le dit V3nom les entorses à la législation sont nombreuses, d'une part, et les "avancées" sur le bien-être finissent tjs par profiter (au sens chiffre d'affaires du terme) aux producteurs. Ils rechignent parce que comme toute mise au norme, ça a un coût élevé (et les grands producteurs se cachent derrière l'éleveur de 12 poules que la mise au norme va faire couler), mais sinon, c'est tjs une activité lucrative ; les Autrichiens dont les supermarchés sont censés en plus vendre d'oeufs de poules élevées en batterie consomment toujours des oeufs et n'ont, que je sache, pas remis cette consommation elle même en question.

Quant à mettre la diminution de la conso de je sais plus quel produit sur le compte de la mise en place de lois welfaristes, comme il est fait dans le sujet, c'est un poil hasardeux. Corrélation, causalité, tout ça tout ça.
 
Fushichô":briivuzi a dit:
De rien ! :D
Et c'est pas pour rien que j'ai mis un point d'exclamation à la fin du titre du thread.^^

J'aurai bêtement dit un point d'interrogation... :whistle:
 
Le vrai terme linguistique, c'est point d'exclamation ondulant, pas point d'interrogation, c'est pour ça ; j'ai juste oublié l'adjectif tellement ça coule de source pour moi.
:whistle:
 
Ouai bien sûre et moi c'est des caresses fortes que je fout à Numa pendant que tu y es :p!
 
V3nom":3068qtsa a dit:
Combien d'entre vous ont entendu : "je mange telle viande / tels oeufs / tels produits laitiers car je sais que là-bas les animaux sont bien traités

Celle là (dont la déclinaison principale est "ma grand mère a des poules au fond de son jardin") je l'entends tellement souvent qu'on en viendrait presque a se demander comment font les élevages industriels pour trouver des clients.
 
On peut considérer que :
1. En attendant que tout le monde soit vegan (hum hum), il faut limiter la casse pour les animaux condamnés.
2. Si l'on procède par étapes vers le respect de la vie animale, la transition vers l'abolitionnisme n'en sera que plus facile. Les gens trouveront cela cohérent, simple, plutôt que de se sentir mis au pied du mur par d'autres personnes.
Vous voyez ce que je veux dire ?

C'est en ce sens là que le welfarisme a le mérite d'exister je trouve. C'est plutôt de façon complémentaire que ca doit être pris par rapport à l'abolitionnisme.
 
Voltairine de Cleyre":5gi20thg a dit:
C'est la vieille histoire : "Visez les étoiles et vous pourrez atteindre le linteau de la porte ; mais visez le sol et vous atteindrez le sol.
Il ne faut pas supposer qu'un individu quelconque puisse jamais atteindre la pleine réalisation de ce qu'il vise, même quand son but n'implique pas une action en commun avec d'autres ; il manquera son but. Dans une certaine mesure il sera vaincu par l'hostilité ouverte ou latente. Mais il atteindra quelque chose de haut s'il continue à viser un but élevé.
:whistle:
 
Shaar-Lun":y1537jrn a dit:
Voltairine de Cleyre":y1537jrn a dit:
C'est la vieille histoire : "Visez les étoiles et vous pourrez atteindre le linteau de la porte ; mais visez le sol et vous atteindrez le sol.
Il ne faut pas supposer qu'un individu quelconque puisse jamais atteindre la pleine réalisation de ce qu'il vise, même quand son but n'implique pas une action en commun avec d'autres ; il manquera son but. Dans une certaine mesure il sera vaincu par l'hostilité ouverte ou latente. Mais il atteindra quelque chose de haut s'il continue à viser un but élevé.
:whistle:
Oui, sauf qu'entre l'abolition et maintenant, selon les abolitionnistes, il n'y a aucune étape. Donc si on se contente des abolitionnistes, on reste au sol tant qu'on n'a pas atteint les étoiles.
Personnellement, je pense qu'il y a besoin de la présence constante du discours abolitionniste pour viser les étoiles, et qu'il y a besoin des actions (néo)welfaristes pour monter les marches de l'escabeau.

Je dis, je le répète, et je le répèterai encore : Toutes les méthodes, toutes les stratégies, tous les discours pour viser l'abolition sont valables, nécessaires et complémentaires. Qu'il s'agisse de stratégies individuelles/psychologiques, de discours éthiques mais aussi écologiques, purement marketing, d'augmentation de l'offre végé, de discours simplement végétarien, ou végétalien, ou complètement végane, d'actions focalisées sur une seule maltraitance animale (fourrure, vivisection, corrida, foie gras...), d'actions politiques, de réformes, et de discours abolitionniste... Et d'autres que j'oublie.
Tout est nécessaire parce que le système de défense du carnisme est protéiforme, donc pour le faire reculer et le neutraliser on a besoin d'attaquer simultanément sur tous les fronts.
Et il est particulièrement important de marquer les étapes à coups de réformes welfaristes ou d'abolitions de pratiques particulières, et d'augmentation de l'offre végé facilitant l'accès au végétarisme (et par là-même au végétalisme), tout cela pour éviter de faire un grand bon en arrière tous les dix ans, tout en maintenant le discours abolitionniste bien audible pour que l'objectif reste visible pour tout le monde jusqu'au bout.

Evidemment, si on est était plus nombreux, ou si les animaux pouvaient se battre eux-mêmes, comme c'est le cas pour toutes les autres formes d'oppression entre humains, ça serait beaucoup plus simple et rapide (et ça se règlerait probablement par des conflits physiques, comme c'est généralement le cas)... Mais cette fois-ci, on est dans une situation beaucoup plus complexe, et la solution l'est donc aussi.
 
Pers0nne":2lcg6i6l a dit:
Shaar-Lun":2lcg6i6l a dit:
Voltairine de Cleyre":2lcg6i6l a dit:
C'est la vieille histoire : "Visez les étoiles et vous pourrez atteindre le linteau de la porte ; mais visez le sol et vous atteindrez le sol.
Il ne faut pas supposer qu'un individu quelconque puisse jamais atteindre la pleine réalisation de ce qu'il vise, même quand son but n'implique pas une action en commun avec d'autres ; il manquera son but. Dans une certaine mesure il sera vaincu par l'hostilité ouverte ou latente. Mais il atteindra quelque chose de haut s'il continue à viser un but élevé.
:whistle:
Oui, sauf qu'entre l'abolition et maintenant, selon les abolitionnistes, il n'y a aucune étape. Donc si on se contente des abolitionnistes, on reste au sol tant qu'on n'a pas atteint les étoiles.


Je ne vois pas ce qui te permet de dire ça. C'est faux, les abolitionnistes ne comptent pas obtenir l'abolition du jour au lendemain.
En fait ce débat est biaisé. La question n'est pas "qu'est ce qui est le plus facile à obtenir" ou même "qu'est-ce qui est possible". La question est: que veux-t-on? Moi c'est clair, ce que je veux c'est l'abolition de ce système, donc je ne vois pas pourquoi je me préoccuperais que les poules de batterie aient 3cm2 en plus, ou limiter le nombre de coups de bâton, ou changer telle méthode d'abattage pour telle autre.
Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de transition entre aujourd'hui "on fait ce qu'on veut avec les animaux, ce sont des choses" et un jour "on ne fait pas de mal aux animaux, ce sont des êtres sentient". Mais je ne vois pas pourquoi les étapes seraient celles du welfarisme puisque le welfarisme ne sert pas le même but que l'abolitionnisme.

La libération animale ne passera pas par des cages plus grandes. Ca ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'étapes intermédiaires ayant trait au bien-être animal, puisque les animaux seront davantage considérés. Mais soyons réaliste, toute mesure welfariste ne constitue pas une évolution de notre rapport à l'animal. Exiger par exemple des cages un tout petit peu plus grandes ne signifie pas que l'on considère mieux les animaux en batterie et légitime non seulement l'usage d'animaux mais l'usage de cages.

Je pense que certaines pratiques seront interdites avant d'autres, comme par exemple la corrida et les numéros de cirque, et ce sera le signe que les choses avancent. En revanche, certaines mesures welfaristes n'ont aucun rapport avec une plus grande considération des animaux et l'avancée de l'abolitionnisme (d'ailleurs le welfarisme a toujours existé et il fait partie intégrante de l'exploitation des animaux comme la galanterie fait partie de l'ordre patriarcal). Ca ne veut pas dire que toute mesure welfariste est mauvaise ou inutile. Ca veut dire que le but n'est pas le même et que quand on fait avancer l'un on ne fait pas nécessairement avancer l'autre (bien que ça puisse accidentellement être le cas).
 
Il y a welfarisme pur et néo-welfarisme. Le néo-welfarisme n'est welfariste qu'en apparence, mais il est bien mené par des végés qui visent l'abolition.
Quelles sont pour toi les étapes possibles avant l'abolition qui ne seraient pas de l'ordre du welfarisme ? On peut toujours remettre en cause toute étape par "Oui, mais c'est injuste pour toutes les autres pratiques/tous les autres animaux. Ça ne résoud pas le problème, on veut que les animaux soit libres purement et simplement.".
Interdire les oeufs en batterie, interdire l’abatage sans étourdissement, c'est l'abolition d'une pratique, et pourtant c'est du welfarisme. Si on interdisait la corrida sans interdire les courses avec vachettes (sans torture ni mort à la clé), ça serait aussi du welfarisme.
Interdire le gavage, ça n'interdit pas l'élevage de canards pour en faire des terrines. C'est donc aussi du welfarisme.

Alors qu'est-ce qui n'est pas de l'ordre du welfarisme?

Moi, ce que je vois, c'est que plus le crime est grand, plus le nombre de victimes est immense, plus on est obligé de diminuer mentalement la valeur de chaque vie pour en accepter la réalité sans trop en souffrir. Donc plus le crime est grand, plus il est difficile à remettre en cause. C'est parce que l'injustice envers les animaux est généralisée que chaque injustice spécifique permet de justifier toutes les autres. On achète du cuir parce que de toute façon on mange les vaches. On accepte les corrida parce que c'est pire en abattoir. On accepte que les poussins soient broyés parce que de toute façon la vie des poules pondeuses en cage n'est pas meilleure... (Tout comme "Les animaux se mangent entre eux." permet de justifier "Mangeons-les aussi.", ou comme "Tout le monde le fait alors je peux le faire aussi.")
Le welfarisme pur sans discours végé, le bio, le label rouge, sont des mécanismes nouveaux de défense du carnisme (Joy appelle ça le "néocarnisme".), mais ils portent bien en eux leur paradoxe assez facile à montrer ("On se soucie des animaux -puisqu'on ne veut pas leur faire mal ni en tuer trop-, mais on préfère ne pas s'en soucier -puisqu'on les tue quand même-") et ce sont des symptômes de l'affaiblissement du carnisme. Si ça permettait de tuer "plus gentiment" un plus grand nombre d'animaux à moindre coût, ça serait différent.
Mais tout ce qui contient du (néo)welfarisme n'est pas anti-abolition.
 
D'ailleurs il y a foule d'abolitionnistes qui font des actions wellfaristes, comme L214 quand ils manifestent contre les oeufs en batterie chez Monoprix.
Ouais, en fait, tout est du wellfarisme.
 
Les réformes sont des avancées, tout ce que je dis c'est que si on ne vise que ça, on n'obtiendra rien. On les vide de tout sens et on ne fait peur à personne avec ça, on sert juste à donner bonne conscience.
Bien sûr qu'il y a des étapes, c'est une mauvaise caricature de dire que les abolitionnistes n'en sont pas conscients à mon avis. Le problème du welfarisme tel qu'il est présenté me semble-t-il dans l'article de départ, c'est qu'il se prend pour une fin et s'oppose à l'abolitionnisme en essayant de prouver que c'est eux qui ont la plus grosse raison, ce qui est crétin, puisque que sans les abolitionnistes, il n'y aura aucune réforme significative, et que le welfarisme sans visée abolitionniste est vide de sens.

Certes il y a des différences avec les mouvements de libération d'humains qui peuvent parler en leur nom, mais je trouve la comparaison pertinente ; c'est l'éternel débat entre réformistes et révolutionnaires. Le fait est que les réformistes sont incapable d'obtenir quoi que ce soit de significatif s'il n'y a pas de pression révolutionnaire derrière. C'est toujours comme ça que ça s'est passé en politique ; les réformes significatives ont lieu pour éviter "pire", c'est-à-dire pour reculer devant une remise en question trop profonde. Mais pour ça il faut que l'exigence de cette remise en question "trop profonde" soit très présente, sinon personne ne s'en préoccupe et on ne fait rien reculer.
 
J'ai pas lu l'article de départ. Mais personnellement, je trouve que tous ceux qui veulent tirer la couverture à eux ont tort. Je me répète : Tout est nécessaire. Le discours abolitionniste doit être bien présent et illustré d'actions welfaristes (entre autres choses).

Il y a longtemps, j'avais eu une réflexion de ce genre (que j'ai écrite dans je ne sais plus quelle section), en voyant dans le féminisme, le combat contre chaque injustice perpétrée contre les femmes, concrètement, un parallèle avec le welfarisme, et dans l'objectif final, l'abolition des genres (que j'appelais antisexisme) -et par la même occasion des orientations sexuelles, l'objectif étant la pansexualité- , un parallèle avec l'abolitionnisme. Mais on m'a dit que le féminisme avait déjà réfléchi à tout ça, et que je ferais mieux de fermer ma gueule. Dans le doute, j'ai préféré suivre le conseil.

Mais sinon, je ne sais pas... Montrer l'objectif final (enfin je dis ça, mais j'ai l'intuition inverse), ça peut aussi freiner les réformes, comme pourrait le montrer les arguments des anti-mariage-pour-tous : Si on commence à autoriser le mariage gay, qu'est-ce qui va venir ensuite ? (Bon, là, ils énumèrent un tas de conneries, mais ça veut dire qu'ils pensent à la suite...)
Et en commentaire d'une vidéo de L214 sur le foie gras, je crois, j'ai vu une réaction où toute la vidéo était niée en bloc, parce que le but de L214, c'était de nous faire tous devenir végétariens, ces sales fourbes extrémistes...

Mais bref, dans l'état actuel, la pression révolutionnaire de 5% de la population (2% en France), ça n'est pas suffisant... Donc il faut attirer plus de végétariens. On doit déjà revendiquer l'abolition (parce que ça a aussi beaucoup de conséquences importantes sur l'état mental de la société, de faire entendre ce discours), mais je ne pense pas que ça soit suffisant. Il faut utiliser tout ce qui est disponible pour faciliter l'accès au végétarisme.
Il faut bien comprendre que les réformes affaiblissent aussi financièrement le système carniste. Moins de poids financier, c'est moins de contrôle des médias, moins de poids sur le gouvernement, etc. C'est pas négligeable.

Et là, je suis en train de dire des trucs que si ça se trouve, ils sont déjà dans le texte que j'ai pas lu parce que j'aime pas lire des trucs sur le welfarisme, parce que dans l'idéal je me positionne pas sur un discours welfariste qui te dit "Faut pas trop torturer les animaux avant de les tuer..." et qui me gêne vachement...
 
Il faudrait distinguer deux choses ; les actions ciblées qui n'oublient pas la visée abolitionniste, et qui se concentre ponctuellement sur une chose en particulier parce qu'il faut bien, et les actions purement "welfaristes" qui n'ont pour ambition que d'améliorer un peu le sort des animaux sans remettre en question l'exploitation en elle-même.

Pers0nne":1qxzqy8p a dit:
Le discours abolitionniste doit être bien présent et illustré d'actions welfaristes (entre autres choses).
d'accord, mais pour moi là le mot "welfaristes" n'a pas sa place. Tu peux mettre "ciblées" à la place, et ce n'est pas la même chose parce que selon qu'on ait une "idéologie" welfariste ou abolitionniste, on ne va pas les argumenter de la même manière, ni au final forcément revendiquer les mêmes choses. Lutter pour que l'exploitation et la mise à mort se passent dans des conditions jugées optimales et lutter pour l'abolition de ces pratiques, au bout d'un moment deviennent des buts contradictoires.


Pers0nne":1qxzqy8p a dit:
parce que dans l'idéal je me positionne pas sur un discours welfariste qui te dit "Faut pas trop torturer les animaux avant de les tuer..." et qui me gêne vachement...

il te gêne mais tu le défends quand même... pourtant s'il te gêne c'est parce qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans ce discours. Alors je ne vois pas pourquoi il faudrait s'empêcher de le critiquer.
 
Shaar-Lun":2dhxl9an a dit:
Il faudrait distinguer deux choses ; les actions ciblées qui n'oublient pas la visée abolitionniste, et qui se concentre ponctuellement sur une chose en particulier parce qu'il faut bien, et les actions purement "welfaristes" qui n'ont pour ambition que d'améliorer un peu le sort des animaux sans remettre en question l'exploitation en elle-même.
Ben la distinction, c'est "welfarisme" et "neowelfarisme", dont j'ai parlé... Tout ce que fait L214, c'est du néo-welfarisme. Mais si c'était la PMAF qui faisait la même chose, ça serait du welfarisme.
L214 filme des abattoirs, fait remarquer que les réglementations ne sont pas respectées, etc. L214 aborde et mène des enquêtes sur des sujets welfaristes, mais quand elle fait des revendications précises, des campagnes, des pétitions, elle ne laisse pas supposer qu'elle considère que l'abattage est une chose normale. Mais ce qu'elle dit peut quand même être entendu comme du welfarisme si on ne creuse pas.
La PMAF par contre, elle explique quelle est la différence entre le label bio et le label rouge de la viande, donc là, c'est du welfarisme non abolitionniste sans confusion possible. (Ceci dit, les informations qu'elle donne sont tout de même tout à fait utiles même pour les militants végés pour faire comprendre que même le bio et le Label Rouge ne sont pas l'Eden...)

Shaar-Lun":2dhxl9an a dit:
Pers0nne":2dhxl9an a dit:
Le discours abolitionniste doit être bien présent et illustré d'actions welfaristes (entre autres choses).
d'accord, mais pour moi là le mot "welfaristes" n'a pas sa place. Tu peux mettre "ciblées" à la place, et ce n'est pas la même chose parce que selon qu'on ait une "idéologie" welfariste ou abolitionniste, on ne va pas les argumenter de la même manière, ni au final forcément revendiquer les mêmes choses. Lutter pour que l'exploitation et la mise à mort se passent dans des conditions jugées optimales et lutter pour l'abolition de ces pratiques, au bout d'un moment deviennent des buts contradictoires.
Ben d'après moi, l'abattage, c'est à peu près le seul sujet "tabou" (du moins "l'amélioration de l'abattage") pour du néo-welfarisme (abolitionnisme parsemé de réformes). Mais sinon, tous les autres sujets sont communs au welfarisme et au néowelfarisme. L214, avec sa campagne contre les oeufs de poules en batterie donne un discours qui peut être interprété comme "Des cages plus grandes.". Sauf que sa stratégie à long terme va beaucoup plus loin.

Shaar-Lun":2dhxl9an a dit:
Pers0nne":2dhxl9an a dit:
parce que dans l'idéal je me positionne pas sur un discours welfariste qui te dit "Faut pas trop torturer les animaux avant de les tuer..." et qui me gêne vachement...

il te gêne mais tu le défends quand même... pourtant s'il te gêne c'est parce qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans ce discours. Alors je ne vois pas pourquoi il faudrait s'empêcher de le critiquer.
Oui, je le défends, parce que stratégiquement, c'est un outil dont il serait idiot de se passer. Tout comme je peux débattre avec des carnistes sans toujours les bousculer, même me taire et les regarder manger tranquillement leur viande. Même leur être reconnaissant de dire "Ah oui, il faudrait penser à manger moins de viande..." quand je sais qu'ils ne sont pas encore prêts à dire "Il faudrait que j'arrête la viande.". Et pourtant ça me gêne, et pas qu'un peu. Si je devais refuser en bloc tout ce qui me gêne, je deviendrais terroriste et je poserais des bombes dans les abattoirs et les magasins de bidoche, et je me ferais très vite tuer, et ça ne servirait strictement à rien.

Tout comme ça me gênerait gravement, dans des circonstances ponctuelles, très particulières, très précises et évidentes, de devoir tuer une personne pour en sauver dix.

Tout comme ça gêne aussi, forcément, les militants animalistes qui s'infiltrent dans les élevages industriels ou les abattoirs en se faisant passer pour de gentils tortionnaires, ceux qui se font embaucher pour pouvoir voler des images, et qui pourtant mettent leurs mains directement dans la merde, et n'en sortent pas indemnes... et livrent finalement des images qui convainquent des tas de gens de devenir végétariens. Parfois la meilleure stratégie, la plus efficace, passe par un dilemme moral. Un crime pour un plus grand bien.
 
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