Au delà de l'alimentation, le métier et le mode de vie

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Anonymous

Guest
Le fil lancé par Tom sur le véganisme (http://vegeweb.org/viewtopic.php?id=6570) a quelque peu dérivé sur le miel et l'exploitation des abeilles, thème à partir duquel je m'interrogeais sur le métier d'apiculteur et ses mérites comparés en terme de préservation (ou non-dégradation, ou moins de dégradation) de la vie sauvage par rapport à n'importe quel autre métier.

En effet, au delà de l'alimentation, les modes de vie et notamment les métiers ont une influence énorme sur la vie sauvage. Les gens que j'ai rencontré lors de mon année de woofing étaient dans ces métiers-là (d'"exploitation" directe du vivant, élevage et agriculture) justement parce qu'ils cherchaient à minimiser leur impact écologique, et même à préserver la vie sauvage ("c'est autant qui ne deviendra pas de la monoculture", en très gros).
Avant, certains d'entre eux faisaient des métiers où ils ne tuaient jamais directement un animal (certains ne tuaient "que" des limaces), mais avaient choisi de changer de vie en prenant en compte les "morts cachées" de leur mode de vie (d'où mon exemple du trader, qui ne tue pas d'animal directement, mais dont le métier amène à mon sens à la destruction des écosystèmes)

Donc mon interrogation est (oui, j'y viens, mais j'ai souvent l'impression de m'exprimer de façon peu comprise sur ce forum, donc je détaille le truc) (puis j'avais préviendue que j'étais bavarde) :

Quels sont les métiers que vous souhaiterez voir se développer dans une société soucieuse du bien être animal ?

Et, question subsidiaire, comment conciliez vous dans votre métier ou projet de métier votre souci pour les animaux (et donc la nature en général) ?

Je précise que je ne parle pas tant de la société idéale, mais d'une société de transition (dans le sens où la réponse "le travail sera aboli et nous serons tous des glaneurs" me satisfait pas mal, mais que je vois mal l'appliquer demain).
 
Je pense que si on se concentrait sur avoir un toit, manger, s'habiller, quelques services, la production d'énergie décentralisée... on s'en sortirait pas mal. Comme on aurait beaucoup plus de temps (en quelques heures par semaines je pense qu'on peut réussir à combler nos besoins), on pourrait en profiter pour nos relations sociales, les arts, les spectacles, la culture... bénévolement sur notre temps libre. Un travail d'intérêt général au sens littéral.

Mon projet de vie, qui est très mal défini, encore s'oriente plutôt vers le domaine de la nourriture.
 
La problématique du métier me semble intéressante (et aussi gênante) pour tous ceux qui ont des principes, notamment pour les végétariens.
Dans le cadre du végétarisme, les métiers en rapport avec la viande semblent à proscrire. Mais c'est parfois plus difficile qu'il n'y parait. Une activité peut avoir des répercussions sur beaucoup de choses, par effet domino.
Même si je me dis que je ne serais jamais charcutier, je suis bien obligé d'avouer que je ne sais pas exactement jusqu'où mon métier peut avoir des répercussions sur le monde animal (mais si j'en ai quand même une petite idée, globalement).
Personnellement, je travaille dans une OPA (Organisation Professionnelle Agricole), mon activité est liée à l'agriculture dans son sens large. Je rend un service auprès des agriculteurs... mais aussi des éleveurs.
C'est complexe à gérer car, n'étant qu'employé, je ne peux pas choisir pour qui je bosse. Je travaille pour tous : les agriculteurs, les éleveurs, les viticulteurs, les producteurs de lait, de miel, de laine, de lin, de rutabaga... ou de viande.
Alors évidemment mon métier c'est d'aider des hommes et des femmes dans leur vie quotidienne, pas dans leur métier ; cela n'empêche pas que tous ces hommes et ces femmes n'ont pas mes principes, parfois ils ont même les principes opposés.
Et je pense que beaucoup de métiers ont cette ambiguïté, à faible ou forte dose. Dans le monde ou nous vivons, il est très dur de trouver un métier. Encore plus de le choisir...
 
Merci de vos réponses

Barbux, je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il n'est pas besoin de travailler toute la journée toute la semaine toute l'année et toute la vie pour vivre frugalement ... sauf qu'il y a le problème de l'accès à la terre et à l'habitat, largement payant (location ou propriété) du moins si on cherche une certaine stabilité (exit donc le squat ou l'échange de services).
Des amis à moi sont en train d'acheter une maison avec un hectare de terrain ... il s'endettent à 33% sur 20 ans ... autant dire qu'il est loin le mi-temps.

Jacob, ton métier est un bel exemple de l'effet domino en effet. mais ça peut être plus pervers que ça (ou plus indirect). Je suis bibliothécaire scolaire, mon métier n'a donc aucun rapport, bon ou mauvais, avec la vie sauvage ... sauf que pour l'exercer, j'ai été obligée, pendant plusieurs années, de me déplacer énormément (à un moment, deux heures de voiture par jour). Je ne pouvais pas prendre de transports en commun (inexistants ou pas les bons horaires) ni habiter sur place (deux métiers d'exercice différents).
Aujourd'hui notre projet est d'aller vers l'autonomie en vivant sur un terrain que nous cherchons, à la campagne donc. Mais combien d'années à faire des trajets en voiture avant de pouvoir, peut-être, la lâcher (les établissements sont en ville) ?
 
J'aimerais aussi travailler moins et avoir une vie plus confortable... Personnellement, je pense qu'il faudrait un système non capitaliste où les gens auraient plus ou moins de revenus, mais où le revenu maximum serait plafonné assez "bas" pour pouvoir permettre d'affecter de grosses sommes d'argent dans l'environnement, la recherche, l'école, la santé, la réduction de la pauvreté, etc... Un monde où chaque nouveau-né aurait une parcelle de terre, où chacun aurait d'office un accès gratuit pour les besoins de base (santé, eau, électricité, internet, nourriture), et un accès plus ou moins fortement payant pour les besoins secondaires (plus d'eau, plus d'électricité, médecine "de confort", etc)... Bref, le monde de Casimir diront certains...

Ce qui me gêne le plus dans mon métier actuel (infirmier à domicile, c'est d'ailleurs aussi ce métier qui m'a incité à devenir VG, c'est "bête" mais je trouvais ça bizarre de participer à prendre soin des humains et en même temps à faire souffrir les animaux), c'est l'utilisation intensive de ma voiture... Comme métier de remplacement, en même temps peu de choses et beaucoup me tenteraient : peu de métiers standards actuels, mais j'aimerais un métier où l'on parle avec les autres, où l'on apprend des deux côtés... Si c'était plus simple de faire d'autres études en France, je pencherais bien pour un métier de journaliste spécialisé, ou bien pourquoi pas ouvrir un magasin d'aliments... bios et VG bien sûr !
 
J'entends bien les notions de vivre simplement, sur les besoins essentiels. J'aurais une remarque quand à la diminution des services: dans une société du strict minimum, il faudrait accepter de mourir d'une fracture ouverte, d'une grossesse, du tétanos, etc. Sinon, on en revient à un système de santé nécessitant beaucoup de ressources pour fonctionner, pour la production des vaccins, des antibios, des traitements en tout genre, de matériel, de locaux, et de personnel.
C'est un choix.
 
Bien sûr que ça veut dire garder la médecine !! En tout cas la médecine vitale, n'allons pas dans les extrêmes ! On pourrait par contre peut-être faire payer au prix fort les chirurgies esthétiques "non nécessaires" (à définir, je suis d'accord), ou les injections pour faire disparaître les rides, ce genre de choses... Je pense qu'on ne se rend pas compte de l'énorme masse d'argent brassée ni de l'énorme somme que l'on pourrait épargner, mais je suis convaincu que c'est faisable.
 
Après reste à réussir à définir quand c'est pathologique et quand ça relève simplement de l'esthétique... Mais bon je suis pas sûr qu'on soit là pour faire dans ce genre de détail.

Pour info, le sujet [ur=http://vegeweb.org/viewtopic.php?id=3195]Votre métier est il en accord avec vos idées?[/url] est une bonne extension à celui-ci.
 
A mon avis, il faut prendre en compte deux éléments pour répondre à ta question:

- Si on ne souhaite pas remettre entierement en question la société dans laquelle on vit alors il faut mettre en rapport l'empreinte écologique d'une activité avec le bénéfice qu'elle apporte.
Dans le cas d'un infirmier à domicile, il me semble que le bénéfice est important et que le cout écologique est justifié. Ce n'est évidemment pas le cas d'un routier qui transporte des légumes d'un pays à l'autre.

- "Les gens que j'ai rencontré lors de mon année de woofing étaient dans ces métiers-là (d'"exploitation" directe du vivant, élevage et agriculture) justement parce qu'ils cherchaient à minimiser leur impact écologique" => c est tres tres contestable!! L'élevage, est difficilement écologique: il faut bcp d'eau, bcp de nourritures pour entretenir les betes. Il y a aussi des effets de bords, comme le fameux méthane des vaches. L'élevage est généralement classé comme la premiere ou le deuxieme source d'émission de gaz à effet de serre! Pour réduire son empreinte écologique on a vu mieux!
 
_Fabien_":19vdxpyh a dit:
A mon avis, il faut prendre en compte deux éléments pour répondre à ta question:

- Si on ne souhaite pas remettre entierement en question la société dans laquelle on vit alors il faut mettre en rapport l'empreinte écologique d'une activité avec le bénéfice qu'elle apporte.
Dans le cas d'un infirmier à domicile, il me semble que le bénéfice est important et que le cout écologique est justifié. Ce n'est évidemment pas le cas d'un routier qui transporte des légumes d'un pays à l'autre.

- "Les gens que j'ai rencontré lors de mon année de woofing étaient dans ces métiers-là (d'"exploitation" directe du vivant, élevage et agriculture) justement parce qu'ils cherchaient à minimiser leur impact écologique" => c est tres tres contestable!! L'élevage, est difficilement écologique: il faut bcp d'eau, bcp de nourritures pour entretenir les betes. Il y a aussi des effets de bords, comme le fameux méthane des vaches. L'élevage est généralement classé comme la premiere ou le deuxieme source d'émission de gaz à effet de serre! Pour réduire son empreinte écologique on a vu mieux!
Ca dépend aussi de comment on élève il me semble.
Description de la ferme des chèvres : 30 à 40 chèvres en semi liberté (elles partaient le matin sur un immense parc en fermage qu'elles entretenaient, sur des terres non exploitables en maraichage ou en arboriculture (c'est un parc protégé dont les chèvres assurent l'entretien), et rentraient dans l'aprem quand elles avaient fini leur tour ; elles sont parfois accompagnées du berger, parfois non), quelques hectares pour les foins et les graines (une dizaine) en bio pour compléter l'hiver, une fromagerie sur place (AOC pélardon), 2 adultes et 3 enfants (maintenant 4) vivant dans deux caravanes de récup, un aller-retour par semaine à 30 km de là pour le marché, un immense potager, trois poules en liberté, une fois par mois quelques achats à la biocoop, un peu de troc, des toilettes sèches, et une maison bois paille en auto (très auto) construction, une volonté de ne pas "grossir" pour laisser la place à d'autres fermes ...

Ça me semble tout de même une vie où il y a peu d'énergie "volée" (un peu d'essence surtout ...)
Bien sûr il y a ces dix hectares qui servent au complément pour les chèvres l'hiver (graines et foin) et à construire la maison (paille)... mais étant donné que l'AMAP maraichage voisine (où j'ai travaillé aussi, c'est comme ça que je les ai rencontré) ne trouvent pas preneurs pour tous ces paniers, les reconvertir en maraichage ne me semblent pas l'idée du siècle.

En tout cas, je suis admirative de cette vie, que je trouve plus cohérente que la mienne, et que je sais plus écologique, même si dans mon métier (documentaliste scolaire), je ne produis rien de polluant ... je participe à un système qui l'est davantage (renouvellement de tout l'équipement informatique tous les deux ans ...)

Ok avec ta première remarque ... mais qui doit/peut faire ce calcul ?
 
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