Watermelon":1rjglvt6 a dit:
@ Pers0nne
Je ne sais pas si mon exemple est parfaitement dénué de sexisme. Je me pose les même questions que toi. Je ne crois pas que la limite puisse être posée de manière précise.
Comme je l'ai dit, ça n'est pas le désir le problème, c'est le fait d'être résumée au désir que l'on inspire. Une chose à laquelle je n'avais pas pensé tout à l'heure concernant mon exemple c'est qu'il met en scène une personne et pas seulement un corps. Le fait d'avoir une activité ça change tout par rapport aux corps de femmes exposés partout dans les rues (qui sont parfois des morceaux de corps sans tête). C'est une réflexion que je m'étais déjà faîte avant de m'intéresser sérieusement au féminisme. Le fait qu'un nombre d'homme suffisamment conséquent pour assurer le succès d'une revue comme playboy semblent être capables d'être attirés par des corps de femmes sans qu'il y soit attaché une quelconque personnalité. Pour moi par exemple un gogo dancer, aussi beau soit-il ne m'attire pas du tout. Les femmes sont plus éduquées que les hommes à avoir besoin d'un indice, un début de personnalité à attacher à un homme pour le trouver attirant. Ça peut être futile, genre un chanteur à la mode. Mais du coup on ne peut pas réduire un homme à son corps. Ça détruirait son attrait.
J'ai pas trop envie de développer là-dessus, mais j'ai pas l'impression que ça soit aussi simple. Des femmes peuvent n'être attirées que par le physique. Des hommes peuvent être attirés en priorité par la personnalité. Et puis on peut faire des mixes des deux, et se retrouver selon la situation dans un cas ou dans l'autre.
Et lorsqu'on se trouve dans un état amoureux, voire dans un état de désir sexuel intense, c'est l'idée "d'essence" de l'autre, sa conscience, ce qu'iel EST, qui devient important. On ne cherche plus à savoir si les qualités physiques ou intellectuelles lui font mériter d'être aimé.e (ou désiré.e), on l'aime parce qu'on a déjà choisi qu'on l'aime (ou le désire), on passe dans un état où les critères véritables/mesurables deviennent secondaires (au moins pour un temps).
Watermelon":1rjglvt6 a dit:
Je suis d'accord que le ratio femmes à poil/hommes à poil sur les images dans l'espace public est problématique. Mais je ne suis pas sure que ça soit la cause, plutôt la conséquence. J'ai du mal à imaginer une société où toutes les femmes seraient à poil et où tous les hommes seraient en costard. La différence de traitement indiquerait une société patriarcale. Étant donné que le contrôle du corps des femmes est l'arme privilégiée du patriarcat, une telle société serait paradoxale.
Justement, c'est ce que je dis. Ce ratio est à la fois une cause et une conséquence. Comme pour tout, c'est un cercle vicieux. Par exemple, le principe de la discrimination positive, ça peut paraître injuste et ostracisant dans un premier temps, mais n'empêche qu'une fois que les quotas sont là, ils s'entretiennent d'eux-mêmes. Les personnes du groupe minoritaires qui ont été ajoutées artificiellement prouvent par elles-mêmes qu'elles sont parfaitement à leur place, le groupe majoritaire en vient à les accepter, et ça fait appel d'air pour les suivants du groupe minoritaire...
Ben dans mon exemple, c'est la même chose. Pour arriver à la parité, il faut forcer artificiellement la parité et/ou faire évoluer la mentalité de la société. Mais au final, la parité et la mentalité évoluée s'entretiendront l'une l'autre. (Et peut être qu'un des deux paramètres est plus simple à forcer que l'autre... Qu'on devrait dépenser plus de temps et d'énergie pour forcer l'un plutôt que l'autre...)
Et donc le ratio homme/femme d'aujourd'hui est à la fois une cause et une conséquence. Il est produit par la mentalité misogyne, et il entretient la mentalité misogyne. Dans une société où toutes les femmes seraient à poil, et les hommes en costards à les mater, ça serait la même chose. (Et quelque part, il y a déjà un peu de ça aujourd'hui, dans l'idée que les femmes doivent être séduisantes dans la rue. Que les jupes et les décolletés sont pour les femmes. Et que donc les femmes nues soient omniprésentes dans les pub et les arts... Ce qui n'empêche pas que le phénomène inverse des femmes voilées soit aussi dû au patriarcat, mais selon un autre mode de fonctionnement, même s'il s'agit d'idées de base communes.)
(Le principe des causes <=> conséquences réciproques, ça vaut d'ailleurs pour énormément de choses dans la société... Rien que le carnisme : On justifie le carnisme par des idées qui nous viennent du fait que tous nos contemporains sont carnistes... Donc les sophismes et fausses croyances du carnisme existent parce que tout le monde mange de la viande. Et tout le monde mange de la viande parce que les sophismes et fausses croyances disent qu'il faut manger de la viande. Mentalité et pratique s'entretiennent l'une l'autre... C'est un principe d'inertie de la société qu'on peut sûrement observer presque en tout.)
Picatau":1rjglvt6 a dit:
Luis Royo, art ou sexisme ? Voilà son site :
http://www.luisroyo.fr/
Une petite recherche Images dans votre moteur de recherches vous montrera un aperçu des créations de Royo, presque que des femmes, quelques monstres et de très rares hommes.
Sexiste, comme l'immense majorité des dessinateurs BD.
Et forcément, pour un.e féminosexuel.le, c'est agréable à l'oeil. Donc même devant cette image, ça m'arrache moi-même la gueule de déclarer que c'est "mal" de faire ce genre de dessins (du moins, d'en faire tout le temps, surtout dans le milieu de la BD). Parce que c'est quand même vachement agréable à l'oeil...
[Edit : Watermelon, je te signale que je NE VOULAIS PAS revenir dans ce sujet. Par frustration de ne pas me sentir libre de parler, et aussi/surtout par respect pour l'idée que les hommes ne doivent pas parler de féminisme. Mais c'est toi qui m'as traîné ici. Je le rappelle.]