Je suis d'accord avec tout ce que dit Synae.
J'ajoute que : Le sentience, la conscience + la sensibilité, personne n'est capable de la définir ni de donner la preuve de son existence. Je sais simplement que MOI, j'existe et je ressens. Si vous existez et ressentez, je ne peux pas vous prouver que j'existe et ressens. Et réciproquement, vous ne pouvez pas me le prouver non plus. Et ma conscience, ma sensibilité, je ne suis même pas capable d'en expliquer la cause ni de la décomposer pour en comprendre le principe. Je peux juste vaguement y réfléchir sans pouvoir y poser des termes concrets compréhensible (voir
les qualias) Je sais que je suis, c'est tout. C'est une connaissance arbitraire, un postulat de base pour tout le reste de mes raisonnements. Mais vu que vous avez des comportements très similaires aux miens et que je comprends votre langage et les concepts que vous êtes censés me transmettre, j'en déduis que vous avez la même existence mentale que moi.
Vu que beaucoup d'animaux ont également des comportements très similaires, dans l'expression de leurs réactions et de leurs souffrances, j'en déduis également qu'ils ont une forme d'existence mentale, de ressenti.
Mais à aucun moment je ne suis capable de le démontrer.
La science semble prouver et décortiquer les principes de raisonnement, l'élaboration des pensées et des ressentis, par l'étude du système nerveux et du cerveau. Mais malgré tout, si nos pensées et ressentis dépendent bien de la matière, ça donne toujours pas une explication absolue parfaitement compréhensible. Un système logique qui analyse des données et actionne les membres et les mécanismes d'un ensemble de moteur pour se préserver n'a aucune raison d'être doté d'une existence mentale. Le tout n'est qu'un ensemble d'échanges électriques, de calculs binaires (ajouts ou suppressions des flux). Ça explique la complexité des traitements et des réactions, mais peu importe la complexité de la chose, ça ne justifie toujours pas "l'existence mentale" (voir
La chambre Chinoise).
Malheureusement, même en postulant que la conscience, la sensibilité, la sentience, ont une nature immatérielle, ça ne résout pas non plus le problème : Ça n'explique rien. La matière, la biologie ont bel et bien une incidence sur mes capacités de réflexions, sur ma mémoire, sur ma personnalité, sur ma perception. Postuler l'immatériel ne fait que déplacer le problème, puisqu'on suppose un autre domaine dimensionnel, alors que ce qui caractérise mon existence, c'est d'être unique, insécable, ponctuelle, et distincte de tout.
De toute façon, étudier la conscience, la nature de la conscience/sentience, sa cause est voué à l'échec, simplement par le fait que c'est un cercle vicieux. Un cerveau qui s'étudie soi-même. On peut étudier ce qu'on peut observer qui est extérieur à soi, on peut étudier un système fini, on peut étudier une chose plus petite que soi. On ne peut pas étudier ce qui nous englobe, ce qui nous produit ou ce qui nous détermine. La logique ne peut pas prouver elle-même que la logique est toujours vraie. On ne peut pas définir le terme "être". On ne peut pas définir le terme "vérité". On ne peut pas définir "je". On ne peut pas étudier "la conscience", parce que pour étudier la conscience on fait appel à la conscience. Du moins, on peut l'étudier éternellement, par approximations scientifiques probabilistes, mais pas l'expliquer de manière absolue.
"j'existe" est un postulat pour toute réflexion, c'est ce qui permet de définir le mot "être", c'est ce qui permet tout le reste. Et donc en tant que postulat de base, "j'existe" n'est pas décomposable, démontrable, explicable. L'impossibilité de cette explication est tout simplement logique.
Donc, je pose que les autres existent, ont une conscience, une sensibilité, une sentience, par analogie avec ma propre existence. Et visiblement le système nerveux n'y est pas pour rien. Puisque visiblement, la capacité de traitement d'informations joue un rôle dans l'élaboration de la pensée, et dans la conscience. Et les plantes n'ont pas de capacité de traitement de l'information. Elles ont des réflexes, des réactions chimiques, tout comme mon système immunitaire a des réactions chimiques, ou comme un membre séparé de mon corps peut encore rester en vie et réagir à certains stimuli extérieurs. Séparé de mon corps, l'ensemble de ses cellules continueront à vivre et à réagir. (Si on l'entretient avec un afflux sanguin, par exemple). Est-ce que je dois mettre une sentience dans chaque cellule ? Dans chaque atome ? Dans chaque gluon ?...
Mais la conscience, la sentience, la sensibilité sont étroitement liées à
l'individualité.. Pour être un individu, il faut avoir un système de traitement d'informations centralisé, il faut une "localisation de l'individu", un centre qui récupère toutes les informations collectées de l'extérieur. Le cerveau, ou un centre nerveux.
Sans ça, on peut poser "la conscience" absolument n'importe où. Et la conscience n'est alors plus liée à rien de biologique, pas même à la sensibilité. On peut mettre mille consciences dans une pierre, et ces consciences passeront leur existence dans un grand vide noir et silencieux dénué du moindre stimuli et du moindre souvenir... Ce qui n'a pas grand sens. Et la question éthique ne se poserait alors même pas puisque rien de ce qu'on pourrait faire subir à cette pierre n'aurait de conséquence pour ces consciences... Elles resteraient dans leur grand vide noir et silencieux, quoi qu'il arrive. Les localiser dans une pierre ou dans quoi que ce soit n'apporterait absolument rien : Elles n'auraient jamais aucune interaction avec quoi que ce soit. Leur "localisation" ne serait que virtuelle.
Les plantes ne collectent pas les informations, elles ne les centralisent pas, elles n'ont pas de système de traitement de ces informations. Les plantes n'ont même pas de forme définie, elles fonctionnent par fractales, survivent en se séparant d'une partie de leur corps (à moins que les graines aient une individualité propre ?). Et surtout, elles se bouturent. Il y a autant d'individualités hypothétiques qu'il y a de morceaux susceptibles d'être bouturés...
Et bien sûr, rien dans le métabolisme des plantes ne nécessite de traitement d'information centralisé, de sensibilité, de sentience... Ça n'est tout simplement pas leur mode de fonctionnement, ça n'est pas quelque chose qui augmenterait leurs atouts pour survivre, se reproduire, se multiplier.
Pas d'individualité, pas de système de traitement d'informations centralisé complexe => pas de sentience.