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Jeune bulbe
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Le monde en parle (un peu) :
http://mediateur.blog.lemonde.fr/2017/0 ... rejoindre/
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Environnement et cause animale: « Les extrêmes finissent toujours par se rejoindre »…
Ayant lu dans Le Monde du 29 avril 2017 un reportage « 269Life, les enragés de la protection animale » sur les méthodes musclées de certains animalistes contre les abattoirs et les élevages, j’y vois la confirmation du fait que les tristes extrêmes finissent toujours par se rejoindre.
On ne voit guère la différence, en effet, avec les violences corporatistes de certains éleveurs ou de certains chasseurs, à ceci près que ces dernières sont souvent beaucoup plus graves, tout en étant paradoxalement beaucoup plus susceptibles de bénéficier de l’indulgence des autorités et de la complaisance des médias, notamment en province, et du monde politique toutes tendances confondues.
Mais le principe est le même : il s’agit, pour les divers protagonistes, animalistes, chasseurs, éleveurs, de régner par l’intox, l’intimidation, la culpabilisation, parfois la violence, alors que ces divers activistes, les uns invoquant les droits de l’animal individu, les autres faisant de la tradition ou du terroir un absolu tout aussi simpliste et sectaire, quitte à discréditer leurs causes respectives, sont des minorités, qui n’ont pas un grand respect de la démocratie.
En servant de repoussoir et en suscitant la réprobation du public, certains animalistes font le jeu des ayatollahs de l’élevage et de la chasse, qui, tout en se faisant passer pour de grands humanistes, et c’est un comble de leur part, en profitent pour dissimuler ou minimiser leurs propres abus.
UN TABOU DE LA MORT
L’indigence intellectuelle des antispécistes et autres végans a été confirmée au passage dans les colonnes de Politis (20 avril 2017) par les propos tenus par la philosophe Florence Burgat, auteur du livre L’humanité carnivore (Seuil, 472 pages, 26 euros) , qui prétendait que le végétarisme permet de se passer de tuer pour se nourrir (sic)… [lire également « Penser la terreur carnivore » (Le Monde du 3 mars 2017)ndlr]. Donc, Florence Burgat ignore que les végétaux sont eux aussi des êtres vivants, que pour se nourrir il faut en effet consommer et par là même tuer d’autres vivants, animaux ou végétaux, que l’agriculture modifie la nature au détriment de nombre d’espèces, qu’elle rend nécessaire la régulation par la chasse de certains animaux sauvages pour en limiter les dégâts agricoles.
En disant cela, j’entends bien au passage que les abus de la chasse en France sont très graves et concernent aussi beaucoup d’espèces inoffensives, même si en contrepartie ce loisir contribue à la protection des biotopes. Mais force est de constater que chez beaucoup d’antispécistes il y a un tabou de la mort et une haine de la nature, dès lors qu’elle repose sur la prédation et les chaînes alimentaires, qui évoquent l’idéologie des puritains et des intégristes religieux, ces derniers, en proie à la même soif de pureté, voyant dans le monde une vallée de larmes et dans la nature un mal à éradiquer.
Cela se traduit par d’étranges revendications chez les plus exaltés d’entre eux, qui ainsi souhaitent qu’on use des biotechnologies pour transformer les prédateurs en végétariens (sic) et qu’on fabrique en usine de la viande artificielle pour pouvoir se passer des élevages et des abattoirs (voir à ce sujet Les Cahiers antispécistes).
Aussi n’est-il pas étonnant si certains antispécistes, comme l’a dénoncé l’excellent site de critique de la techno science, PMO (Pièces et main-d’œuvre), se sont rapprochés des transhumanistes et des multinationales, dont ils partagent le désir d’instaurer un monde entièrement artificialisé et manipulé par la triple tyrannie des bons sentiments, de la technique et du commerce. Donc, loin de s’inscrire dans les progrès de la prise de conscience écologique, l’antispécisme participe à sa façon à la dénaturation du monde et à l’impérialisme industriel.
FERTILISATION DES SOLS ET BIODIVERSITE
De manière beaucoup plus prosaïque, on peut penser que si une forte diminution de la consommation de viande serait une excellente chose pour la santé publique et l’écologie, entre autres parce que cela remettrait en cause les détestables élevages industriels, il n’en reste pas moins qu’une humanité entièrement végétarienne ne serait pas pour autant souhaitable (voir à ce sujet le livre Le mythe végétarien de Keith Lierre) car cela entraînerait la disparition de l’élevage en plein air, alors que ce dernier, pour peu qu’il évite le surpâturage et l’éradication des grands prédateurs, et qu’il laisse de la place à la forêt et au bocage, contribue à la fertilisation des sols et à la biodiversité.
Le mieux est l’ennemi du bien et l’enfer est pavé de bonnes intentions, si bien que les végétariens ne sont pas meilleurs que nous, mais simplement beaucoup plus inconséquents et hypocrites.
L’erreur des antispécistes, à force de focaliser sur l’animal individu, réside dans leur ignorance de la démarche naturaliste d’étude et de protection des espèces et des milieux, de la part de naturalité qu’ils expriment, du bonheur et des ressources qu’ils nous apportent, sans oublier le fait que la nature permet les processus physiques nécessaires à la vie végétale, animale et humaine. C’est la raison pour laquelle ils sont pour la plupart incompétents en matière de faune et de nature et très enclins à vouloir imposer des solutions simplistes et liberticides à des problèmes très réels, mais dont ils sous-estiment la complexité.
Ne connaissant les animaux que sous la forme des animaux de compagnie, ressentis comme des membres à part entière de la famille humaine et par là même absolument sacrés, ils tendent à transposer sur l’ensemble du monde animal, sauvage et domestique confondus, cette vision particulière, d’où leur réelle incapacité à tolérer d’autres approches de la faune, un peu comme ces chasseurs abusifs qui, enfermés à double tour dans le carcan de la tradition et du corporatisme cynégétique, s’avèrent incapables de cohabiter pacifiquement avec les naturalistes et les autres usagers de la nature et de respecter la faune.
La nature et la démocratie sont toutes les deux victimes de ces extrémismes.
Jean-Claude Courbis, Chambéry
Ayant lu dans Le Monde du 29 avril 2017 un reportage « 269Life, les enragés de la protection animale » sur les méthodes musclées de certains animalistes contre les abattoirs et les élevages, j’y vois la confirmation du fait que les tristes extrêmes finissent toujours par se rejoindre.
On ne voit guère la différence, en effet, avec les violences corporatistes de certains éleveurs ou de certains chasseurs, à ceci près que ces dernières sont souvent beaucoup plus graves, tout en étant paradoxalement beaucoup plus susceptibles de bénéficier de l’indulgence des autorités et de la complaisance des médias, notamment en province, et du monde politique toutes tendances confondues.
Mais le principe est le même : il s’agit, pour les divers protagonistes, animalistes, chasseurs, éleveurs, de régner par l’intox, l’intimidation, la culpabilisation, parfois la violence, alors que ces divers activistes, les uns invoquant les droits de l’animal individu, les autres faisant de la tradition ou du terroir un absolu tout aussi simpliste et sectaire, quitte à discréditer leurs causes respectives, sont des minorités, qui n’ont pas un grand respect de la démocratie.
En servant de repoussoir et en suscitant la réprobation du public, certains animalistes font le jeu des ayatollahs de l’élevage et de la chasse, qui, tout en se faisant passer pour de grands humanistes, et c’est un comble de leur part, en profitent pour dissimuler ou minimiser leurs propres abus.
UN TABOU DE LA MORT
L’indigence intellectuelle des antispécistes et autres végans a été confirmée au passage dans les colonnes de Politis (20 avril 2017) par les propos tenus par la philosophe Florence Burgat, auteur du livre L’humanité carnivore (Seuil, 472 pages, 26 euros) , qui prétendait que le végétarisme permet de se passer de tuer pour se nourrir (sic)… [lire également « Penser la terreur carnivore » (Le Monde du 3 mars 2017)ndlr]. Donc, Florence Burgat ignore que les végétaux sont eux aussi des êtres vivants, que pour se nourrir il faut en effet consommer et par là même tuer d’autres vivants, animaux ou végétaux, que l’agriculture modifie la nature au détriment de nombre d’espèces, qu’elle rend nécessaire la régulation par la chasse de certains animaux sauvages pour en limiter les dégâts agricoles.
En disant cela, j’entends bien au passage que les abus de la chasse en France sont très graves et concernent aussi beaucoup d’espèces inoffensives, même si en contrepartie ce loisir contribue à la protection des biotopes. Mais force est de constater que chez beaucoup d’antispécistes il y a un tabou de la mort et une haine de la nature, dès lors qu’elle repose sur la prédation et les chaînes alimentaires, qui évoquent l’idéologie des puritains et des intégristes religieux, ces derniers, en proie à la même soif de pureté, voyant dans le monde une vallée de larmes et dans la nature un mal à éradiquer.
Cela se traduit par d’étranges revendications chez les plus exaltés d’entre eux, qui ainsi souhaitent qu’on use des biotechnologies pour transformer les prédateurs en végétariens (sic) et qu’on fabrique en usine de la viande artificielle pour pouvoir se passer des élevages et des abattoirs (voir à ce sujet Les Cahiers antispécistes).
Aussi n’est-il pas étonnant si certains antispécistes, comme l’a dénoncé l’excellent site de critique de la techno science, PMO (Pièces et main-d’œuvre), se sont rapprochés des transhumanistes et des multinationales, dont ils partagent le désir d’instaurer un monde entièrement artificialisé et manipulé par la triple tyrannie des bons sentiments, de la technique et du commerce. Donc, loin de s’inscrire dans les progrès de la prise de conscience écologique, l’antispécisme participe à sa façon à la dénaturation du monde et à l’impérialisme industriel.
FERTILISATION DES SOLS ET BIODIVERSITE
De manière beaucoup plus prosaïque, on peut penser que si une forte diminution de la consommation de viande serait une excellente chose pour la santé publique et l’écologie, entre autres parce que cela remettrait en cause les détestables élevages industriels, il n’en reste pas moins qu’une humanité entièrement végétarienne ne serait pas pour autant souhaitable (voir à ce sujet le livre Le mythe végétarien de Keith Lierre) car cela entraînerait la disparition de l’élevage en plein air, alors que ce dernier, pour peu qu’il évite le surpâturage et l’éradication des grands prédateurs, et qu’il laisse de la place à la forêt et au bocage, contribue à la fertilisation des sols et à la biodiversité.
Le mieux est l’ennemi du bien et l’enfer est pavé de bonnes intentions, si bien que les végétariens ne sont pas meilleurs que nous, mais simplement beaucoup plus inconséquents et hypocrites.
L’erreur des antispécistes, à force de focaliser sur l’animal individu, réside dans leur ignorance de la démarche naturaliste d’étude et de protection des espèces et des milieux, de la part de naturalité qu’ils expriment, du bonheur et des ressources qu’ils nous apportent, sans oublier le fait que la nature permet les processus physiques nécessaires à la vie végétale, animale et humaine. C’est la raison pour laquelle ils sont pour la plupart incompétents en matière de faune et de nature et très enclins à vouloir imposer des solutions simplistes et liberticides à des problèmes très réels, mais dont ils sous-estiment la complexité.
Ne connaissant les animaux que sous la forme des animaux de compagnie, ressentis comme des membres à part entière de la famille humaine et par là même absolument sacrés, ils tendent à transposer sur l’ensemble du monde animal, sauvage et domestique confondus, cette vision particulière, d’où leur réelle incapacité à tolérer d’autres approches de la faune, un peu comme ces chasseurs abusifs qui, enfermés à double tour dans le carcan de la tradition et du corporatisme cynégétique, s’avèrent incapables de cohabiter pacifiquement avec les naturalistes et les autres usagers de la nature et de respecter la faune.
La nature et la démocratie sont toutes les deux victimes de ces extrémismes.
Jean-Claude Courbis, Chambéry