la terre après les humains

Marmota

Jeune bulbe
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22/4/13
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Région Centre
Bonjour.

Je vous préviens, je ne vais pas bien du tout et j’ai les idées noires.

Ce matin, en rongeant mes ongles et en m’arrachant la peau du bout des doigts comme à l’accoutumée, j’ai regardé Earthlings, puis visionné encore quelques vidéos et consulté quelques articles sur des sites ou blogs véganes, antispécistes ou de la même mouvance.

Me voici démolie, en proie à une colère intériorisée qui, comme toujours, se retourne contre moi-même et alimente le terrain dépressif que je défriche péniblement depuis plusieurs années.

Je me sens comme quelqu’un qui a choisi la pilule rouge mais qui n’est pas capable d’en assumer les conséquences.
Je me sens comme une piètre nageuse qui, ayant croisé quelques champions olympiques et d’habiles surfeurs, vient d’entreprendre de remonter avec eux le fleuve de boue à contre-courant.
Ha ha ha ha ! C’est bien présomptueux de ma part.

Je n’y crois pas, je n’y crois plus, d’ailleurs je n’y ai jamais vraiment cru.
Je vais m’essouffler, je vais me noyer, et de toutes façons, champions olympiques et surfeurs ou pas d’ailleurs, la boue continuera à déferler sur le monde, jusqu’au point de non-retour, et ce n’est peut-être pas si mal, après tout.

De par mon histoire et ma structure psychique, la résignation silencieuse m’est plus familière que l’attaque frontale. Le conflit m’inhibe et m’annihile. Le débat, la discussion, la simple conversation même, me fatiguent.

A titre d’exemple, childfree dans l’âme depuis l’âge de 6 ans aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours préféré laisser croire au plus grand nombre que je ne pouvais pas avoir d’enfant : c’est plus « politiquement correct », ça m’évite de devoir répondre à des tas de questions et à devoir justifier mon non-désir d’enfants (VG, childfree : même combat. Et moi, je suis nulle au combat.)

La vérité est que je n’ai jamais, au grand jamais, ressenti l’envie ni le besoin de mettre un enfant au monde. Ma souffrance est tout simplement trop grande, depuis des générations, pour que je prenne le moindre risque de la transmettre. Elle s’éteindra avec moi.

Et puis, prenez-le au premier ou au dixième degré selon votre humeur, mais si j’osais m’affirmer childfree, je dirais qu’en ne mettant pas d’enfant au monde j’ai fait un geste pour la planète.

Bref.

Le quotidien m’emmerde, je suis mal à l’aise avec la plupart des gens, la société, les conventions, les croyances, les schémas, les contradictions qui régissent tout.
Mais, je suis une huître, un caméléon, une marmotte embusquée dans son terrier.
Je ne suis pas capable de débattre, d’argumenter, de contre-argumenter en direct.
On me rabat le clapet en moins de deux.

Si beaucoup parlent pour ne rien dire, j’aurais beaucoup à dire mais je ne sais que me taire.
J’écoute, j’observe, je contemple…
Je me défile.
Je suis lâche.
Je dis que je ne sais pas, ou je ne dis rien.
Alors maintenant que ma conscience m’impose de rester végétarienne, et d’évoluer vers le véganisme, je vais le faire, certes, mais à quel prix, et pour qui ? pour quoi ?


Pour ma santé ?
Malgré tout ce que j’ai bouffé jusqu’au mois dernier comme viande, poisson et produits laitiers, il se trouve que ma santé physique est parfaite. Analyses sanguines nickel, ossature solide, IMC correct… A part mon cancer de la joie de vivre, tout baigne.
J’ai donc déjà appris que cet argument est à éliminer auprès des omnis, car ils m’ont répondu qu’il y a des pesticides dans les légumes, que l’eau et les sols sont pollués et que par conséquent le bio n’existe pas, et si j’ai le malheur d’être malade maintenant, on m’assènera que c’est parce que je ne mange plus de viande.

Pour mon karma ?
Avec tout ce que j’ai bouffé jusqu’au mois dernier comme viande, poisson et produits laitiers, il est grillé mon karma.

Pour l’avenir de l’humanité ?
Là, tout de suite, pardon aux champions olympiques et surfeurs habiles, mais j’en ai rien à foutre de l’humanité. Elle me semble surtout digne d’être éliminée de toute urgence. Elle y travaille activement, d’ailleurs. Qu’on en finisse !
Et je veux bien aller à la guillotine en premier.

Pour le règne animal.
Oui.
Pour eux, pour les animaux, je vais le faire.
Et si un jour (ce qui est peu probable) je croise un prédateur carnassier qui me saute à la gorge et se repaît de mes viscères, ou un reptile venimeux qui me mord alors que je serai seule, à pied, sans moyen de communication et loin de tout, eh bien je calancherai dans la peur et la souffrance, et là, à juste titre, on pourra dire que c’est la loi de la nature.

Pour la planète ?
Elle nous survivra la planète, je ne suis pas inquiète pour elle.
Et même, à cet instant, c’est la seule chose à laquelle j’aspire.
http://www.dailymotion.com/video/x84q1d_la-terre-apres-les-humains-premiere_news#.UYzlbco5Moo
 
Je ne sais que te répondre si ce n'est que je te comprends et je me reconnais dans ton message... Je n'ai donc rien à te dire, moi-même n'ayant pas trouvé comment avancer...
Par contre, contrairement à toi, j'ai 2 enfants. Je les ai fait par pur égoïsme... Et s'ils n'étaient pas là, je ne le serais très probablement plus...

Je ne sais que te dire mais au moins je t'ai répondu et dit que tu n'es pas seule...
 
Marmota, je comprend tout a fait tes points de vue (que je trouve pour la plupart valide).

Et voullen aussi ne pas vouloir d'enfant, des gens aussi de mon âge ne comprenne pas le non désir d'avoir des enfants.
 
Marmota, cela me touche au plus profond ce que tu as écrit, c'est bouleversant.
Combien je te comprends, combien on se sent impuissant quand on est face à tout ce que tu décris.
Ces idées noires sont un cycle infernal duquel on est prisonnier qui s'appuie sur des ressentis, des perceptions, qui pour certaines d'entre elles correspondent à une réalité car oui, le monde n'est pas un paradis, il est largement empreint de souffrances. Alors ne pas vouloir d'enfants, c'est aussi le choix que nous avons fait avec ma compagne car je ne veux pas qu'un être endure ce que j'ai pu enduré et ma compagne ne souhaite pas non plus d'enfant parce-qu'elle considère que c'est une damnation d'être sur Terre.
Je me sens aussi impuissant face aux autres, face à leurs "idéologies", incapable selon mon état de rentrer dans un débat faute d'énergie pour le faire. Je me suis replié sur moi-même parce-que je n'avais pas le choix.
Alors, ça me touche terriblement ce que tu évoques.
J'ai tout de même réussi à me défaire en partie de ce cycle infernal et je crois que tout le monde peut être en mesure de le faire. Je ne te dirai pas, pour ma part, de changer radicalement ta façon de voir les choses puisque je pense qu'elle est en partie juste, je ne te dirai pas non plus qu'on se libère facilement de ses idées noires.
Je te dirai seulement qu'on peut parvenir à ne pas leur accorder plus de place qu'elles ne devraient en avoir.
Fondamentalement, ce ne sont que des pensées Marmota et même si elles sont justes, les pensées n'ont pas le pouvoir de nous affecter sauf si on les valide, si on les autorise à le faire. Quand tu as le moral au fond du gouffre, je ne vois que quelques possibilités de réactions que j'ai expérimentées. Soit tu alimentes ces pensées en renchérissant malgré toi et là, c'est infernal, soit tu les alimentes mais en le faisant exprès de sorte à les évacuer, à faire une crise de tristesse, à pleurer, à te vider, et après, ça ne peut que remonter par contraste quand ce sera passé, soit, et c'est le mieux quand on peut, tu n'alimentes pas ces pensées, tu ne les bloques pas, tu les prends juste pour ce qu'elles sont, des pensées sans pouvoir sur toi, des chimères en somme, un rêve, et ça tu peux le faire en portant ton attention non pas sur tes pensées mais sur ton ressenti corporel par exemple, ou sur ton état d'esprit (pas les pensées, l'humeur), en laissant de côté les pensées. Je n'irais pas plus loin sur les conseils car je sais que quand on est pas bien, on a pas toujours besoin de conseils mais de réconfort d'abord.

Tu ne risques rien Marmota, tu es triste, tu souffres, mais tu ne risques fondamentalement rien, je t'assure, sauf à être prisonnière avec des tortionnaires. Tu es là, chez toi (ou ailleurs), personne ne t'agresse, les pensées des autres ne peuvent pas t'atteindre, laisse-les avec leurs pensées, leurs idées qui ne peuvent pas t'affecter. Le monde est cruel, on ne peut pas le changer drastiquement, on peut apporter sa petite pierre (je sais pas si tu connais l'histoire du colibri) mais on ne peut pas contrôler ce qui se passera et surtout, il ne faut pas endosser la responsabilité des horreurs humaines, encore moins se sentir coupable. Non, tu es là, comme tu es, tu n'as pas besoin de justifier ton existence, tu as ta place, tu mérites de vivre car le monde ne serait pas mieux sans toi, au contraire, tu as quelque chose à apporter.
Tu as raison, la Terre se débrouillera très bien après les humains, les humains me révoltent souvent mais parfois, un humain me réconcilie avec moi-même, avec mes congénères. Développe la confiance, la confiance en tes propres ressources, la confiance en les personnes qui t'aiment.

Je t'embrasse très très fort Marmota. :kiss:

Ah oui, ton karma, t'en occupes pas, tu connais l'histoire de Milarépa ? Milarépa a commis les pires crimes et finalement, il est parvenu à devenir le plus sage et le plus aimant des hommes, tout le monde peut changer son karma, il n'y a pas de condamnation.
 
Ça va mieux aujourd'hui Marmota ?
 
Hé Marmota! Tu as une si jolie plume, dommage que nous ne puissions plus en profiter :)
 
Bonjour Marmota.

Je me reconnais aussi un peu dans ton discours. Ça a changé quand je suis devenue végétarienne. Ça m'a enlevé un poids des épaules.
On est mal compris par la société, mais "ce n'est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tord qu'ils ont raison". Tu trouves tes idées justes ? Pourquoi ne pas les suivre alors ?
Quand je me sens "agressée" (surtout sur internet, il n'y a que ma mère et mon copain qui sont au courant de mon arrêt de la viande), je pense aux 3000L d'eau "économisés" par mon arrêt de la viande. En 1 mois, ça fait déjà une petite piscine.

Je ne veux pas non plus avoir d'enfant (mon chéri, avec qui j'espère passé un long pan de la vie, en veut lui, et ça me travaille). Je considère que donner la vie actuellement, ce n'est pas un cadeau. Pareil. La société ne veut pas comprendre.

Tu parles de ton karma. C'est vrai que tu as mangé de la viande pendant des années. Mais le plus important, c'est que tu as décidé, que tu as choisi d’arrêter d'en manger (tu le fais pas pour t'amuser). Bref, selon moi, c'est ce que tu es maintenant qui compte, surtout qu'en plus tu as fait l'effort de le devenir.
 
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