"La vie Moderne" ...

Vegecat

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Vous pensez quoi du prochain film de Depardon ?

"La vie Moderne" ?

Je viens de lire un article (très sympa) dans Telerama et il me botte bien se film ...
Pourtant je suis pas très cinoche ...
 
L'article de Telerama ... ;)



Le royaume des morts ? C'est en tout cas une région reculée qu'on approche en musique, avec le Requiem de Fauré. Prologue de toute beauté que ce long plan-séquence sur une route sinueuse de campagne avec, tout au bout, une ferme. Bienvenue dans le dernier opus d'une trilogie documentaire sur le monde rural, Profils paysans, débutée il y a presque dix ans. Où l'on retrouve les frères Privat, le solitaire Paul Argaud et sa crinière d'Apache, et des agriculteurs plus jeunes qui disent leur difficulté à assurer la relève.

Des trois films, celui-ci est assurément le plus mélancolique. Du temps a passé, certains sont décédés (telle la délicieuse Marcelle Brès). Et Marcel, l'aîné des Privat (84 ans !), ne peut plus mener les bêtes au pré sinon aux beaux jours. Il y a bien des bonnes nouvelles, des naissances, un garçonnet qui aimerait être agriculteur comme son père, ou le neveu des Privat qui s'est trouvé une femme et dont l'exploitation tourne bien. Mais le sentiment dominant est plutôt celui de l'isolement, d'une précarité accrue.

On voit les paysages en hiver, les fermes cévenoles ensevelies sous la neige, on apprend qu'il y a eu une épidémie ou que tel animal se porte mal. Lorsque Raymond Privat regarde sa vache paralysée en train de mourir, il a l'air aussi terrassé qu'elle. C'est bien la vie moderne mais avec une relation immémoriale aux animaux, à la nature. Tout est affaire ici de traditions, d'enracinement. Depardon filme ces paysans comme des chênes. Des gens dignes, qui sont ce qu'ils sont, qui ne cachent rien malgré leur caractère taiseux. Transparaissent à la fois l'échec de l'échange et un lien fort, qui se passe de mots. Et surtout l'attachement profond de Depardon à ces hommes et ces femmes, à ce monde dont il vient et qu'il a quitté, trahi d'une certaine manière, en devenant photographe puis cinéaste.

La Vie moderne parle à chacun de nous, ne cesse d'éveiller des résonances. Cet homme sur son tracteur, qui acquiesce sans vraiment répondre aux questions du cinéaste, ne l'a-t-on pas vu ailleurs, dans un vieil ­album de famille ? Le film regorge de détails réalistes qui ne s'inventent pas - le verre Duralex pour boire le café, une marque de cigarettes anté­diluvienne, le « klong » de l'horloge. C'est aussi un puits de fictions possibles, du film de fantômes au western. Mais il est tard, il faut se rentrer. On reprend la route qui descend vers la vallée, Raymond Privat nous salue de loin, et cette fois la caméra filme depuis l'arrière. Mouvement simple, magnifique, dernier geste de détachement difficile, presque d'arrachement.

Jacques Morice

Télérama, Samedi 01 novembre 2008


Et la bande annonce LA...

0:)
 
J'ai failli y aller lors de mon séjour à Toulouse mais y avait Tokyo ! et Home qui ont été plus forts. Je pense que c'est un chouette documentaire. Et puis le regard de Depardon sur les paysans... :)
 
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