bulline
Broute de l'herbe
Volontiers provocatrice, et née en Argentine, pays qui voue un culte aux "asados" (grillades), la juriste spécialisée en bioéthique Marcela Iacub explique dans "Confessions d'une mangeuse de viande" (150 pages) comment elle est devenue végétarienne.
"Je n'aurais jamais imaginé délaisser les plaisirs de la chair, et j'étais une carnivore féroce", confesse-t-elle, avec un humour distancié et un style au scalpel à la Amélie Nothomb.
Mais "il y a quelques mois, un événement tragique a complètement transformé l'idée que je me faisais de mon passé", écrit cette directrice de recherche au CNRS. "Depuis, je sais que la seule chose digne d'intérêt qui me soit arrivée, c'est le fait d'avoir mangé de la viande".
En fait, deux épisodes ont bouleversé la juriste, dont la marque de fabrique est d'observer les moeurs contemporaines à travers le droit.
Tout d'abord, une étrange affaire judiciaire dans laquelle un homme avait été condamné pour avoir commis des pénétrations sexuelles sur son poney, puis la découverte d'un court texte de Plutarque "Manger la chair", dans lequel le philosophe grec interroge la morale sur les raisons qui poussent l'humain à tuer et à manger des animaux.
L'écrivain conclut ainsi l'histoire du poney : "Dans notre droit, on peut jouir d'un animal mort (en le mangeant), mais on ne peut pas jouir de sa vie..." Cette règle "me remplit de stupeur". Mais, écrit-elle plus loin, dès lors, manger de la viande "m'est devenu insoutenable".