Pers0nne
Se gave de B12
https://www.youtube.com/watch?v=XBGlF7-MPFI
J'ai regardé ça hier et avant-hier. C'est long mais c'est super chouette. Et c'est très drôle.
C'est une session de Communication NonViolente (qu'un certain nombre ici doivent déjà connaître, probablement pas tout le monde). Et tout le monde devrait être formé à ça, ça devrait être OBLIGATOIRE tellement c'est trop bien.
Comme la vidéo est tout en anglais et que je n'ai pas trouvé de sous-titres, je vais résumer le principe.
Déjà, en Français, ça donne ça : http://fr.wikipedia.org/wiki/Communicat ... senberg%29
Le principe, c'est de favoriser autant que possible l'empathie entre deux individus dans un dialogue afin de favoriser la résolution du conflit, sans pour autant faire de compromis.
Ca a l'air évident décrit comme ça, mais quand on se rend compte que tout dans notre langage est axé sur le conflit, sur la rupture de l'empathie, sur la défense de ses propres intérêts et de ses propres croyances sans essayer d'intégrer réellement les intérets et les croyances d'autrui... (ce qui va se traduire dans un dialogue par l'agacement, la moquerie, les sarcasmes, l'énervement, la colère, la rancune, la peur, les blessures d'amour propre, etc. qui vont systématiquement fermer le dialogue)... ben en pratique, c'est quelque chose de beaucoup plus complexe qu'on s'imagine.
Donc l'observation, c'est le fait de décrire la situation, sans juger, sans interpréter ce que ressent l'autre ni ce qu'il pense. "Quant tu dis ceci..."
L'expression des sentiments, c'est le fait d'exprimer ce qu'on ressent exactement, au niveau personnel, toujours sans impliquer l'autre dans ce qu'on ressent. "... je ressens de la tristesse..."
L'expression du besoin, c'est l'expression du besoin personnel, toujours sans impliquer l'autre. "J'ai besoin d'être rassuré."
Et la demande (qui est d'ailleurs mal traduite en français, puisque c'est un faux ami en anglais. Il faudrait plutôt utiliser "requête"). C'est le fait de demander à l'autre ce qu'on aimerait qu'il fasse, mais à la seule et uniquement condition qu'il ait envie de le faire à 100%. La requête n'est pas être un ordre, elle ne doit pas impliquer de frustration, de sentiment de contrainte pour celui qui l'exécute. Si la personne donne son accord mais semble répondre à la requête avec réticence, alors il faut refaire la démarche, réexpliquer son ressenti, ses besoins et sa requête. Le requête n'est correcte que si l'empathie est réelle et l'envie d'y répondre fait plaisir.
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L'intérêt de toute la démarche, c'est qu'on évite énormément de freins à un dialogue honnête :
- Pas d'étiquetage => On ne suppose rien de notre interlocuteur, on ne lui prête pas des pensées qu'il n'a pas (ou dont on n'a aucun droit de supposer). Parce qu'un étiquette qu'on pose sur lui, ça nous empêche de l'écouter, et s'il perçoit l'étiquette, il se sentira soit agressé dans son identité soit poussé à obéir à cette étiquette, fermant ainsi encore plus le dialogue et la réflexion honnêtes. Or personne n'est une étiquette, personne n'est figé dans son ressenti et ses croyances, on n'est tous dans l'évolution en continu.
- Pas de croyance dans l'absence de choix. On ne fait rien par contrainte, on doit toujours être pleinement conscient de notre liberté de choix. On ne peut pas se déresponsabiliser avec des "J'avais pas le choix.", "C'est comme ça.".
- Pas de culpabilisation, puisqu'on n'émet jamais aucun jugement moral. On constate ce qui est fait, concrètement. Et on constate notre ressenti. Notre ressenti ne peut pas être mis en doute. Notre constat ne peut pas être remis en doute non plus. La requête n'est donc pas un reproche fait à l'autre, même s'il est pleinement responsable de ses actes, la requête ne repose que sur l'empathie, et sur la capacité de l'autre de comprendre notre besoin réel grâce à l'empathie qu'on a recréée. On ne s'enferme pas dans la culpabilisation, qui peut pétrifier, on fait au contraire appel à l'action, en tenant compte d'autrui.
- Pas de manipulation, pas de malhonnêteté. Tout repose sur un lien d'empathie réciproque. Si l'autre est capable de comprendre notre ressenti et notre besoin, c'est parce qu'on se met dans la même position, en état de comprendre son ressenti et son besoin. S'il refuse de se mettre dans cette position, alors il faut essayer de montrer l'intérêt empathique qu'on a pour lui avec une question, une tentative qui ne se prétend pas juste, mais qui montre l'intérêt qu'on porte à l'autre "Est-ce que tu ressens [ceci] parce que j'ai dit [ceci] ?". Si l'autre nous corrige, il rétablit l'empathie, il nous livre ce qu'il ressent et nous autorise un peu plus à lui faire écouter notre ressenti et notre besoin.
- Pas de tentative de "convaincre", de "changer les croyances" de l'autre. L'interlocuteur ne peut pas se sentir trahi, poussé, censuré, etc. Tout ce qu'on essaie de faire, c'est de recrééer l'empathie réciproque, pour que chaque besoin et ressenti soit évalué de manière jsute par chacun des deux camps.
Et sans doute d'autres avantages que j'ai oubliés pour le moment...
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Les limites que je vois :
- Ca marche bien entre deux interlocuteurs, mais beaucoup plus difficilement quand on multiplie le nombre d'individus impliqués. Ca s'applique sur un échange personnalisé, ça résout un conflit particulier, ça n'est pas un outil pour modifier des processus sociaux globaux. Pourtant, si c'était quelque chose de réellement généralisé, les systèmes de domination n'existeraient pas, puisque les dominant.e.s eux-mêmes rétabliraient leur lien d'empathie avec les dominé.e.s, ce qui rendrait la domination impossible. Pour pouvoir opprimer, il faut nier la souffrance des opprimé.e.s et/ou nier sa propre responsabilité/sa liberté de choix. Mais si on se contente d'améliorer la capacité d'empathie des opprimé.e.s, ça ne sert évidemment à rien (Ca peut même faire empirer les choses.).
- Pour pouvoir être pris en compte dans cet outil de résolution de conflit (donc qui permet de tendre vers l'égalité entre les individus impliqués), il faut être capable d'utiliser le langage pour exprimer son individualité, son ressenti, ses besoins... Cet outil est parfait pour établir l'équilibre et l'égalité entre tous les individus pourvus du langage, mais ça peut se faire au dépens des autres (handicapés mentaux lourds, animaux non humains, etc.).
J'ai regardé ça hier et avant-hier. C'est long mais c'est super chouette. Et c'est très drôle.
C'est une session de Communication NonViolente (qu'un certain nombre ici doivent déjà connaître, probablement pas tout le monde). Et tout le monde devrait être formé à ça, ça devrait être OBLIGATOIRE tellement c'est trop bien.
Comme la vidéo est tout en anglais et que je n'ai pas trouvé de sous-titres, je vais résumer le principe.
Déjà, en Français, ça donne ça : http://fr.wikipedia.org/wiki/Communicat ... senberg%29
Le principe, c'est de favoriser autant que possible l'empathie entre deux individus dans un dialogue afin de favoriser la résolution du conflit, sans pour autant faire de compromis.
Ca a l'air évident décrit comme ça, mais quand on se rend compte que tout dans notre langage est axé sur le conflit, sur la rupture de l'empathie, sur la défense de ses propres intérêts et de ses propres croyances sans essayer d'intégrer réellement les intérets et les croyances d'autrui... (ce qui va se traduire dans un dialogue par l'agacement, la moquerie, les sarcasmes, l'énervement, la colère, la rancune, la peur, les blessures d'amour propre, etc. qui vont systématiquement fermer le dialogue)... ben en pratique, c'est quelque chose de beaucoup plus complexe qu'on s'imagine.
Qu'il s'agisse de clarifier ce qui se passe en soi ou de communiquer avec d'autres, la méthode de la CNV peut être résumée comme un cheminement en quatre temps :
Observation (O) : décrire la situation en termes d'observation partageable ;
Sentiment et attitudes (S) : exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette situation
Besoin (B) : clarifier le(s) besoin(s) ,
Demande (D) : faire une demande respectant les critères suivants : réalisable, concrète, précise et formulée positivement. Si cela est possible, que l'action soit faisable dans l'instant présent. Le fait que la demande soit accompagnée d'une formulation des besoins la rend négociable.
Donc l'observation, c'est le fait de décrire la situation, sans juger, sans interpréter ce que ressent l'autre ni ce qu'il pense. "Quant tu dis ceci..."
L'expression des sentiments, c'est le fait d'exprimer ce qu'on ressent exactement, au niveau personnel, toujours sans impliquer l'autre dans ce qu'on ressent. "... je ressens de la tristesse..."
L'expression du besoin, c'est l'expression du besoin personnel, toujours sans impliquer l'autre. "J'ai besoin d'être rassuré."
Et la demande (qui est d'ailleurs mal traduite en français, puisque c'est un faux ami en anglais. Il faudrait plutôt utiliser "requête"). C'est le fait de demander à l'autre ce qu'on aimerait qu'il fasse, mais à la seule et uniquement condition qu'il ait envie de le faire à 100%. La requête n'est pas être un ordre, elle ne doit pas impliquer de frustration, de sentiment de contrainte pour celui qui l'exécute. Si la personne donne son accord mais semble répondre à la requête avec réticence, alors il faut refaire la démarche, réexpliquer son ressenti, ses besoins et sa requête. Le requête n'est correcte que si l'empathie est réelle et l'envie d'y répondre fait plaisir.
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L'intérêt de toute la démarche, c'est qu'on évite énormément de freins à un dialogue honnête :
- Pas d'étiquetage => On ne suppose rien de notre interlocuteur, on ne lui prête pas des pensées qu'il n'a pas (ou dont on n'a aucun droit de supposer). Parce qu'un étiquette qu'on pose sur lui, ça nous empêche de l'écouter, et s'il perçoit l'étiquette, il se sentira soit agressé dans son identité soit poussé à obéir à cette étiquette, fermant ainsi encore plus le dialogue et la réflexion honnêtes. Or personne n'est une étiquette, personne n'est figé dans son ressenti et ses croyances, on n'est tous dans l'évolution en continu.
- Pas de croyance dans l'absence de choix. On ne fait rien par contrainte, on doit toujours être pleinement conscient de notre liberté de choix. On ne peut pas se déresponsabiliser avec des "J'avais pas le choix.", "C'est comme ça.".
- Pas de culpabilisation, puisqu'on n'émet jamais aucun jugement moral. On constate ce qui est fait, concrètement. Et on constate notre ressenti. Notre ressenti ne peut pas être mis en doute. Notre constat ne peut pas être remis en doute non plus. La requête n'est donc pas un reproche fait à l'autre, même s'il est pleinement responsable de ses actes, la requête ne repose que sur l'empathie, et sur la capacité de l'autre de comprendre notre besoin réel grâce à l'empathie qu'on a recréée. On ne s'enferme pas dans la culpabilisation, qui peut pétrifier, on fait au contraire appel à l'action, en tenant compte d'autrui.
- Pas de manipulation, pas de malhonnêteté. Tout repose sur un lien d'empathie réciproque. Si l'autre est capable de comprendre notre ressenti et notre besoin, c'est parce qu'on se met dans la même position, en état de comprendre son ressenti et son besoin. S'il refuse de se mettre dans cette position, alors il faut essayer de montrer l'intérêt empathique qu'on a pour lui avec une question, une tentative qui ne se prétend pas juste, mais qui montre l'intérêt qu'on porte à l'autre "Est-ce que tu ressens [ceci] parce que j'ai dit [ceci] ?". Si l'autre nous corrige, il rétablit l'empathie, il nous livre ce qu'il ressent et nous autorise un peu plus à lui faire écouter notre ressenti et notre besoin.
- Pas de tentative de "convaincre", de "changer les croyances" de l'autre. L'interlocuteur ne peut pas se sentir trahi, poussé, censuré, etc. Tout ce qu'on essaie de faire, c'est de recrééer l'empathie réciproque, pour que chaque besoin et ressenti soit évalué de manière jsute par chacun des deux camps.
Et sans doute d'autres avantages que j'ai oubliés pour le moment...
--------------------------------
Les limites que je vois :
- Ca marche bien entre deux interlocuteurs, mais beaucoup plus difficilement quand on multiplie le nombre d'individus impliqués. Ca s'applique sur un échange personnalisé, ça résout un conflit particulier, ça n'est pas un outil pour modifier des processus sociaux globaux. Pourtant, si c'était quelque chose de réellement généralisé, les systèmes de domination n'existeraient pas, puisque les dominant.e.s eux-mêmes rétabliraient leur lien d'empathie avec les dominé.e.s, ce qui rendrait la domination impossible. Pour pouvoir opprimer, il faut nier la souffrance des opprimé.e.s et/ou nier sa propre responsabilité/sa liberté de choix. Mais si on se contente d'améliorer la capacité d'empathie des opprimé.e.s, ça ne sert évidemment à rien (Ca peut même faire empirer les choses.).
- Pour pouvoir être pris en compte dans cet outil de résolution de conflit (donc qui permet de tendre vers l'égalité entre les individus impliqués), il faut être capable d'utiliser le langage pour exprimer son individualité, son ressenti, ses besoins... Cet outil est parfait pour établir l'équilibre et l'égalité entre tous les individus pourvus du langage, mais ça peut se faire au dépens des autres (handicapés mentaux lourds, animaux non humains, etc.).