Nonviolent Communication Workshop - Marshall Rosenberg

Pers0nne

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pangolincariboukoala.free.fr
https://www.youtube.com/watch?v=XBGlF7-MPFI
J'ai regardé ça hier et avant-hier. C'est long mais c'est super chouette. Et c'est très drôle.
C'est une session de Communication NonViolente (qu'un certain nombre ici doivent déjà connaître, probablement pas tout le monde). Et tout le monde devrait être formé à ça, ça devrait être OBLIGATOIRE tellement c'est trop bien.
Comme la vidéo est tout en anglais et que je n'ai pas trouvé de sous-titres, je vais résumer le principe.

Déjà, en Français, ça donne ça : http://fr.wikipedia.org/wiki/Communicat ... senberg%29
Le principe, c'est de favoriser autant que possible l'empathie entre deux individus dans un dialogue afin de favoriser la résolution du conflit, sans pour autant faire de compromis.

Ca a l'air évident décrit comme ça, mais quand on se rend compte que tout dans notre langage est axé sur le conflit, sur la rupture de l'empathie, sur la défense de ses propres intérêts et de ses propres croyances sans essayer d'intégrer réellement les intérets et les croyances d'autrui... (ce qui va se traduire dans un dialogue par l'agacement, la moquerie, les sarcasmes, l'énervement, la colère, la rancune, la peur, les blessures d'amour propre, etc. qui vont systématiquement fermer le dialogue)... ben en pratique, c'est quelque chose de beaucoup plus complexe qu'on s'imagine.

Qu'il s'agisse de clarifier ce qui se passe en soi ou de communiquer avec d'autres, la méthode de la CNV peut être résumée comme un cheminement en quatre temps :
Observation (O) : décrire la situation en termes d'observation partageable ;
Sentiment et attitudes (S) : exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette situation
Besoin (B) : clarifier le(s) besoin(s) ,
Demande (D) : faire une demande respectant les critères suivants : réalisable, concrète, précise et formulée positivement. Si cela est possible, que l'action soit faisable dans l'instant présent. Le fait que la demande soit accompagnée d'une formulation des besoins la rend négociable.

Donc l'observation, c'est le fait de décrire la situation, sans juger, sans interpréter ce que ressent l'autre ni ce qu'il pense. "Quant tu dis ceci..."
L'expression des sentiments, c'est le fait d'exprimer ce qu'on ressent exactement, au niveau personnel, toujours sans impliquer l'autre dans ce qu'on ressent. "... je ressens de la tristesse..."
L'expression du besoin, c'est l'expression du besoin personnel, toujours sans impliquer l'autre. "J'ai besoin d'être rassuré."
Et la demande (qui est d'ailleurs mal traduite en français, puisque c'est un faux ami en anglais. Il faudrait plutôt utiliser "requête"). C'est le fait de demander à l'autre ce qu'on aimerait qu'il fasse, mais à la seule et uniquement condition qu'il ait envie de le faire à 100%. La requête n'est pas être un ordre, elle ne doit pas impliquer de frustration, de sentiment de contrainte pour celui qui l'exécute. Si la personne donne son accord mais semble répondre à la requête avec réticence, alors il faut refaire la démarche, réexpliquer son ressenti, ses besoins et sa requête. Le requête n'est correcte que si l'empathie est réelle et l'envie d'y répondre fait plaisir.

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L'intérêt de toute la démarche, c'est qu'on évite énormément de freins à un dialogue honnête :

- Pas d'étiquetage => On ne suppose rien de notre interlocuteur, on ne lui prête pas des pensées qu'il n'a pas (ou dont on n'a aucun droit de supposer). Parce qu'un étiquette qu'on pose sur lui, ça nous empêche de l'écouter, et s'il perçoit l'étiquette, il se sentira soit agressé dans son identité soit poussé à obéir à cette étiquette, fermant ainsi encore plus le dialogue et la réflexion honnêtes. Or personne n'est une étiquette, personne n'est figé dans son ressenti et ses croyances, on n'est tous dans l'évolution en continu.

- Pas de croyance dans l'absence de choix. On ne fait rien par contrainte, on doit toujours être pleinement conscient de notre liberté de choix. On ne peut pas se déresponsabiliser avec des "J'avais pas le choix.", "C'est comme ça.".

- Pas de culpabilisation, puisqu'on n'émet jamais aucun jugement moral. On constate ce qui est fait, concrètement. Et on constate notre ressenti. Notre ressenti ne peut pas être mis en doute. Notre constat ne peut pas être remis en doute non plus. La requête n'est donc pas un reproche fait à l'autre, même s'il est pleinement responsable de ses actes, la requête ne repose que sur l'empathie, et sur la capacité de l'autre de comprendre notre besoin réel grâce à l'empathie qu'on a recréée. On ne s'enferme pas dans la culpabilisation, qui peut pétrifier, on fait au contraire appel à l'action, en tenant compte d'autrui.

- Pas de manipulation, pas de malhonnêteté. Tout repose sur un lien d'empathie réciproque. Si l'autre est capable de comprendre notre ressenti et notre besoin, c'est parce qu'on se met dans la même position, en état de comprendre son ressenti et son besoin. S'il refuse de se mettre dans cette position, alors il faut essayer de montrer l'intérêt empathique qu'on a pour lui avec une question, une tentative qui ne se prétend pas juste, mais qui montre l'intérêt qu'on porte à l'autre "Est-ce que tu ressens [ceci] parce que j'ai dit [ceci] ?". Si l'autre nous corrige, il rétablit l'empathie, il nous livre ce qu'il ressent et nous autorise un peu plus à lui faire écouter notre ressenti et notre besoin.

- Pas de tentative de "convaincre", de "changer les croyances" de l'autre. L'interlocuteur ne peut pas se sentir trahi, poussé, censuré, etc. Tout ce qu'on essaie de faire, c'est de recrééer l'empathie réciproque, pour que chaque besoin et ressenti soit évalué de manière jsute par chacun des deux camps.
Et sans doute d'autres avantages que j'ai oubliés pour le moment...

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Les limites que je vois :

- Ca marche bien entre deux interlocuteurs, mais beaucoup plus difficilement quand on multiplie le nombre d'individus impliqués. Ca s'applique sur un échange personnalisé, ça résout un conflit particulier, ça n'est pas un outil pour modifier des processus sociaux globaux. Pourtant, si c'était quelque chose de réellement généralisé, les systèmes de domination n'existeraient pas, puisque les dominant.e.s eux-mêmes rétabliraient leur lien d'empathie avec les dominé.e.s, ce qui rendrait la domination impossible. Pour pouvoir opprimer, il faut nier la souffrance des opprimé.e.s et/ou nier sa propre responsabilité/sa liberté de choix. Mais si on se contente d'améliorer la capacité d'empathie des opprimé.e.s, ça ne sert évidemment à rien (Ca peut même faire empirer les choses.).

- Pour pouvoir être pris en compte dans cet outil de résolution de conflit (donc qui permet de tendre vers l'égalité entre les individus impliqués), il faut être capable d'utiliser le langage pour exprimer son individualité, son ressenti, ses besoins... Cet outil est parfait pour établir l'équilibre et l'égalité entre tous les individus pourvus du langage, mais ça peut se faire au dépens des autres (handicapés mentaux lourds, animaux non humains, etc.).
 
Passionant ! Si t'as d'autres liens sur le sujet à partager je prends :)
 
C'est très intéressant en effet. Par contre, je suis définitivement une quiche en anglais :(
 
Mectile":rhvnxvfl a dit:
C'est très intéressant en effet. Par contre, je suis définitivement une quiche en anglais :(
Alors sous-titré en Français, ça donne ça :
https://www.youtube.com/watch?v=EDrmtCD ... 2-7qxonkOD
(Mais c'est plus court, il n'y a qu'une heure de vidéo. Alors que ça dure 3 heures avec les vidéos sous-titrées en anglais.)

Et le bouquin en Français, c'est ça : http://www.amazon.fr/mots-sont-fen%C3%A ... 2707143812
Et voilà un extrait du bouquin.
Et un autre extrait : et-vous-vous-lisez-quoi-t1820-930.html#p429135
 
Merci beaucoup.
Je pense que je vais me commander le livre dès que j'aurais un peu de sous, j'aime beaucoup cette approche. :)
 
Bonjour, je suis le fil de la Communication NonViolente. Je m'auto-up lorsque le monde est en danger et que l'humanité a besoin de mon aide.

Je peux résoudre tous tes soucis, argent, amour, santé. J'annule les malédictions, je guéris ton cancer, ton mal de dos, tes varices, tes cors aux pieds, je fais revenir ton/ta partenaire, j'améliore ta vitalité sexuelle, je te trouve du travail, je fais fuir les virus de ton ordinateur et je bouche les trous dans tes murs. Un jour, tu cesseras d'avoir la flemme de me lire en entier et de creuser le truc, et tu retrouveras le bonheur et la plénitude.
 
J'ai pas regardé la vidéo et j'ai lu une partie de ton post, mais pas tout, et il y a pas mal d'années, dans ma jeunesse, je m'étais pas mal documentée sur la communication et la lutte non violentes, donc je ne dois plus être à jour. Mais le sujet est intéressant alors hop, je contribue.
Autant la lutte non violente me semble super pertinente pour plein de causes et de situations, autant j'ai beaucoup de réserves sur la communication non violente. Mais ces réserves sont peut-être des préjugés ou une méconnaissance. En tout cas, je trouve ça très intéressant et ça fait beaucoup réfléchir.
La communication non violente c'est super bien, mais une fois que t'es déjà plus trop en colère je trouve ou pas suffisamment en colère pour être débordé par tes émotions. S'il s'agit de dire que c'est une méthode adaptée à des circonstances et des dispositifs particuliers, typiquement table de négociation ou conflit déjà ouvert, c'est super. mais s'il s'agit de dire que c'est une solution à tous les maux et à toutes les situations, je ne sais pas trop quoi en penser.
Dans certains cas, la colère (personnelle, politique, sociale, bien qu'on ne puisse pas tout mettre dans un même sac) est le reflet d'une incapacité à exprimer ses émotions/messages/revendications, à déjà comprendre quel est le problème. On explose soit parce qu'on ne nous laisse pas l'espace d'expression nécessaire ou qu'on est pas entendu ou que la parole est étouffée, soit parce que le malaise nous déborde tellement qu'il est précisément non formulable, qu'on ne peut pas le mettre en mots. Du coup, je trouve que c'est faire double violence, dans certains cas bien précis, d'exiger de certaines personnes d'appliquer les méthodes de communication non violente ; c'est déjà un peu nier ou minimiser ou contraindre ou se défausser... enfin, ça dépend des cas. Mais ça me fait penser à un gars qui serait en train de s'électrocuter et auquel on demanderait de prendre le temps de respirer, d'articuler posément parce qu'on ne comprend pas ce qu'il veut dire alors que dans un premier temps, il faut juste lui retirer les doigts de la prise. Bien évidemment, si la personne en face est aveugle, elle n'aura pas les moyens de savoir quoi faire sans que la personne électrocutée puisse exprimer correctement ses besoins. Et tu me diras qu'un médiateur est alors la solution... ce qui est préconisé parmi d'autres techniques de communication non violente, je crois ?

Bon, ça se trouve je suis à côté de la plaque et tout cela est abordé dans le workshop... :oops:
 
Fabicha":3vclcej4 a dit:
J'ai pas regardé la vidéo et j'ai lu une partie de ton post, mais pas tout, et il y a pas mal d'années, dans ma jeunesse, je m'étais pas mal documentée sur la communication et la lutte non violentes, donc je ne dois plus être à jour. Mais le sujet est intéressant alors hop, je contribue.
Autant la lutte non violente me semble super pertinente pour plein de causes et de situations, autant j'ai beaucoup de réserves sur la communication non violente. Mais ces réserves sont peut-être des préjugés ou une méconnaissance. En tout cas, je trouve ça très intéressant et ça fait beaucoup réfléchir.
La communication non violente c'est super bien, mais une fois que t'es déjà plus trop en colère je trouve ou pas suffisamment en colère pour être débordé par tes émotions. S'il s'agit de dire que c'est une méthode adaptée à des circonstances et des dispositifs particuliers, typiquement table de négociation ou conflit déjà ouvert, c'est super. mais s'il s'agit de dire que c'est une solution à tous les maux et à toutes les situations, je ne sais pas trop quoi en penser.
Dans certains cas, la colère (personnelle, politique, sociale, bien qu'on ne puisse pas tout mettre dans un même sac) est le reflet d'une incapacité à exprimer ses émotions/messages/revendications, à déjà comprendre quel est le problème. On explose soit parce qu'on ne nous laisse pas l'espace d'expression nécessaire ou qu'on est pas entendu ou que la parole est étouffée, soit parce que le malaise nous déborde tellement qu'il est précisément non formulable, qu'on ne peut pas le mettre en mots. Du coup, je trouve que c'est faire double violence, dans certains cas bien précis, d'exiger de certaines personnes d'appliquer les méthodes de communication non violente ; c'est déjà un peu nier ou minimiser ou contraindre ou se défausser... enfin, ça dépend des cas. Mais ça me fait penser à un gars qui serait en train de s'électrocuter et auquel on demanderait de prendre le temps de respirer, d'articuler posément parce qu'on ne comprend pas ce qu'il veut dire alors que dans un premier temps, il faut juste lui retirer les doigts de la prise. Bien évidemment, si la personne en face est aveugle, elle n'aura pas les moyens de savoir quoi faire sans que la personne électrocutée puisse exprimer correctement ses besoins. Et tu me diras qu'un médiateur est alors la solution... ce qui est préconisé parmi d'autres techniques de communication non violente, je crois ?

Bon, ça se trouve je suis à côté de la plaque et tout cela est abordé dans le workshop... :oops:
Un peu.

La CNV, c'est un outil, ça s'apprend, ça s'acquiert et ça prend du temps à maîtriser.
Si tu n'as pas la méthode/l'outil, tu ne peux évidemment pas l'utiliser. (Je ne vais pas te forcer à t'asseoir devant un piano et t'obliger à me jouer du Bach si tu n'as jamais appris à en jouer, ou si tu n'as pas le niveau.).
Si tu l'as, tu peux savoir selon les circonstances si tu es en mesure de l'utiliser ou pas. (Par exemple, dans les situations d'urgence, notamment, ça n'est pas forcément possible.). Si tu ne l'as pas, tu ne pourras jamais savoir si tu aurais pu l'utiliser.

Un outil, ça ne résout pas tout, mais ça peut simplifier énormément de choses. (Mon couteau suisse ne répare pas les pneus crevés, il ne repeint pas le plafond et il ne fait pas la vaisselle, mais il peut découper des feuilles, couper du pain, scier une branche, poinçonner, déboucher une bouteille, en décapsuler une autre, me servir de loupe, serrer/déserrer des vis (de plusieurs tailles - mais pas toutes), et d'autres trucs... Je ne peux pas faire tout ça à mains nues. Je serais bête de jeter mon couteau suisse parce qu'il ne fait pas tout ou parce que je ne connais pas encore toutes ses fonctions.)

Et pour les plupart des gros conflits, oui, pour réussir à régler le truc, c'est infiniment plus simple et rapide effectivement de passer par un intermédiaire/médiateur, qui a l'avantage de ne pas être impliqué émotionnellement d'un côté ou de l'autre (et de probablement moins subir le biais de perception/le jugement figé qui s'est installé avec le temps entre les interlocuteurs), surtout s'il est déjà très largement formé à la CNV (ou toute autre expertise en médiation, puisqu'en fait la CNV est surtout une manière de formuler méthodiquement des principes fondamentaux assez évidents qu'on doit pouvoir retrouver formulés autrement).

Les exemples proposés par Marshall Rosenberg, qu'il a lui-même vécus, sont flagrants, on parle vraiment de trucs extrêmes, de conflits avec rapports de forces disproportionnés, avec des meurtres, des oppressions graves, etc. Marshall Rosenberg n'a pas mis fin aux guerres dans le monde, il n'a pas inventé une méthode miracle qui guérit tout en un clin d'oeil. Mais il a utilisé la CNV dans des situations où presque personne n'aurait spontanément pensé à l'utiliser et il a obtenu au moins ponctuellement des résultats stupéfiants. (Il a aussi d'autres exemples, de la part de témoins pour qui la CNV a permis effectivement d'éviter le pire dans des situations d'urgence, où il y avait risques de violence physique grave.)

Et la grosse majorité des situations de conflits quotidiens, par exemple entre deux individus sans violence ou menace physiques, sont bien loin du niveau de difficulté de ses exemples... Et ça, je le vois de mes yeux... (Ce qui ne veut pas dire que ces situations sont simples pour autant pour celleux qui les vivent.)

— Le 09 Sep 2014, 00:32, fusion automatique du message précédent —

----------------
Je développe juste ça :
Pers0nne":3vclcej4 a dit:
Les exemples proposés par Marshall Rosenberg, qu'il a lui-même vécus, sont flagrants, on parle vraiment de trucs extrêmes, de conflits avec rapports de forces disproportionnés, avec des meurtres, des oppressions graves, etc.
Négociation/réconciliation entre deux groupes opposés (où il y a concrètement oppression de l'un par l'autre), dans des cas de conflits armés et même de génocides, où il a servi de médiateur en utilisant la CNV.
Pers0nne":3vclcej4 a dit:
(Il a aussi d'autres exemples, de la part de témoins pour qui la CNV a permis effectivement d'éviter le pire dans des situations d'urgence, où il y avait risques de violence physique grave.)
Deux situations où des personnes qui n'avaient pas les capacités physiques ou la maîtrise de techniques de défense/combat se sont retrouvées menacées de mort et de viol, seules avec l'agresseur armé et bien décidé. Elles ont réussi à désamorcer la situation et s'en sortir sans une égratignure en utilisant la CNV. Ca ne veut pas dire que c'était la meilleure méthode à utiliser si elles avaient eu une autre option sous la main, ni que c'était dès le départ une réussite assurée à 100%, ni qu'elles n'ont pas eu besoin d'un sang froid immense pour l'appliquer, mais il se trouve que là, c'est bien leur connaissance avancée de la CNV qui leur a sauvé la peau. <br /:><:br /> — Le 09 Sep 2014, 01:02, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br />
Pers0nne":3vclcej4 a dit:
Fabicha":3vclcej4 a dit:
J'ai pas regardé la vidéo et j'ai lu une partie de ton post, mais pas tout, et il y a pas mal d'années, dans ma jeunesse, je m'étais pas mal documentée sur la communication et la lutte non violentes, donc je ne dois plus être à jour. Mais le sujet est intéressant alors hop, je contribue.
Autant la lutte non violente me semble super pertinente pour plein de causes et de situations, autant j'ai beaucoup de réserves sur la communication non violente. Mais ces réserves sont peut-être des préjugés ou une méconnaissance. En tout cas, je trouve ça très intéressant et ça fait beaucoup réfléchir.
La communication non violente c'est super bien, mais une fois que t'es déjà plus trop en colère je trouve ou pas suffisamment en colère pour être débordé par tes émotions. S'il s'agit de dire que c'est une méthode adaptée à des circonstances et des dispositifs particuliers, typiquement table de négociation ou conflit déjà ouvert, c'est super. mais s'il s'agit de dire que c'est une solution à tous les maux et à toutes les situations, je ne sais pas trop quoi en penser.
Dans certains cas, la colère (personnelle, politique, sociale, bien qu'on ne puisse pas tout mettre dans un même sac) est le reflet d'une incapacité à exprimer ses émotions/messages/revendications, à déjà comprendre quel est le problème. On explose soit parce qu'on ne nous laisse pas l'espace d'expression nécessaire ou qu'on est pas entendu ou que la parole est étouffée, soit parce que le malaise nous déborde tellement qu'il est précisément non formulable, qu'on ne peut pas le mettre en mots. Du coup, je trouve que c'est faire double violence, dans certains cas bien précis, d'exiger de certaines personnes d'appliquer les méthodes de communication non violente ; c'est déjà un peu nier ou minimiser ou contraindre ou se défausser... enfin, ça dépend des cas. Mais ça me fait penser à un gars qui serait en train de s'électrocuter et auquel on demanderait de prendre le temps de respirer, d'articuler posément parce qu'on ne comprend pas ce qu'il veut dire alors que dans un premier temps, il faut juste lui retirer les doigts de la prise. Bien évidemment, si la personne en face est aveugle, elle n'aura pas les moyens de savoir quoi faire sans que la personne électrocutée puisse exprimer correctement ses besoins. Et tu me diras qu'un médiateur est alors la solution... ce qui est préconisé parmi d'autres techniques de communication non violente, je crois ?

Bon, ça se trouve je suis à côté de la plaque et tout cela est abordé dans le workshop... :oops:
Un peu.

La CNV, c'est un outil, ça s'apprend, ça s'acquiert et ça prend du temps à maîtriser.
Si tu n'as pas la méthode/l'outil, tu ne peux évidemment pas l'utiliser. (Je ne vais pas te forcer à t'asseoir devant un piano et t'obliger à me jouer du Bach si tu n'as jamais appris à en jouer, ou si tu n'as pas le niveau.).
Si tu l'as, tu peux savoir selon les circonstances si tu es en mesure de l'utiliser ou pas. (Par exemple, dans les situations d'urgence, notamment, ça n'est pas forcément possible.). Si tu ne l'as pas, tu ne pourras jamais savoir si tu aurais pu l'utiliser.

Un outil, ça ne résout pas tout, mais ça peut simplifier énormément de choses. (Mon couteau suisse ne répare pas les pneus crevés, il ne repeint pas le plafond et il ne fait pas la vaisselle, mais il peut découper des feuilles, couper du pain, scier une branche, poinçonner, déboucher une bouteille, en décapsuler une autre, me servir de loupe, serrer/déserrer des vis (de plusieurs tailles - mais pas toutes), et d'autres trucs... Je ne peux pas faire tout ça à mains nues. Je serais bête de jeter mon couteau suisse parce qu'il ne fait pas tout ou parce que je ne connais pas encore toutes ses fonctions.)

Et pour les plupart des gros conflits, oui, pour réussir à régler le truc, c'est infiniment plus simple et rapide effectivement de passer par un intermédiaire/médiateur, qui a l'avantage de ne pas être impliqué émotionnellement d'un côté ou de l'autre (et de probablement moins subir le biais de perception/le jugement figé qui s'est installé avec le temps entre les interlocuteurs), surtout s'il est déjà très largement formé à la CNV (ou toute autre expertise en médiation, puisqu'en fait la CNV est surtout une manière de formuler méthodiquement des principes fondamentaux assez évidents qu'on doit pouvoir retrouver formulés autrement).

Les exemples proposés par Marshall Rosenberg, qu'il a lui-même vécus, sont flagrants, on parle vraiment de trucs extrêmes, de conflits avec rapports de forces disproportionnés, avec des meurtres, des oppressions graves, etc. Marshall Rosenberg n'a pas mis fin aux guerres dans le monde, il n'a pas inventé une méthode miracle qui guérit tout en un clin d'oeil. Mais il a utilisé la CNV dans des situations où presque personne n'aurait spontanément pensé à l'utiliser et il a obtenu au moins ponctuellement des résultats stupéfiants. (Il a aussi d'autres exemples, de la part de témoins pour qui la CNV a permis effectivement d'éviter le pire dans des situations d'urgence, où il y avait risques de violence physique grave.)

Et la grosse majorité des situations de conflits quotidiens, par exemple entre deux individus sans violence ou menace physiques, sont bien loin du niveau de difficulté de ses exemples... Et ça, je le vois de mes yeux... (Ce qui ne veut pas dire que ces situations sont simples pour autant pour celleux qui les vivent.)

— Le 09 Sep 2014, 00:32, fusion automatique du message précédent —

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Je développe juste ça :
Pers0nne":3vclcej4 a dit:
Les exemples proposés par Marshall Rosenberg, qu'il a lui-même vécus, sont flagrants, on parle vraiment de trucs extrêmes, de conflits avec rapports de forces disproportionnés, avec des meurtres, des oppressions graves, etc.
Négociation/réconciliation entre deux groupes opposés (où il y a concrètement oppression de l'un par l'autre), dans des cas de conflits armés et même de génocides, où il a servi de médiateur en utilisant la CNV.
Pers0nne":3vclcej4 a dit:
(Il a aussi d'autres exemples, de la part de témoins pour qui la CNV a permis effectivement d'éviter le pire dans des situations d'urgence, où il y avait risques de violence physique grave.)
Deux situations où des personnes qui n'avaient pas les capacités physiques ou la maîtrise de techniques de défense/combat se sont retrouvées menacées de mort et de viol, seules avec l'agresseur armé et bien décidé. Elles ont réussi à désamorcer la situation et s'en sortir sans une égratignure en utilisant la CNV. Ca ne veut pas dire que c'était la meilleure méthode à utiliser si elles avaient eu une autre option sous la main, ni que c'était dès le départ une réussite assurée à 100%, ni qu'elles n'ont pas eu besoin d'un sang froid immense pour l'appliquer, mais il se trouve que là, c'est bien leur connaissance avancée de la CNV qui leur a sauvé la peau.
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(Et si j'ai développé, ça n'est pas pour mettre la responsabilité sur les victimes, ni pour dire que la CNV est la solution idéale pour ces situations -ni pour analyser leurs causes-. C'est juste pour dire, en illustrant par ces situations extrêmes, que la CNV est quelque chose qui peut avoir des effets bien plus positifs qu'on ose croire, surtout pour des cas moins critiques.)
 
J'entends bien :) J'essayais de mordre à l'hameçon végane que tu (re)lançais parce que le sujet est intéressant et le mérite bien, mais effectivement, il faudrait surtout que je trouve le temps de tout regarder :p
 
C'est débile mais j'ai envie de le raconter quand même : l'autre jour, j'ai voulu dire "communication non-violente", mais ma fourche a langué, et j'ai dit "non-communication violente" ^^

(c'était le post utile du jour).
 
Et, à peine quelques jours plus tard, en voulant toujours parler de communication non-violente, je dis "communication bien violente"...^^ j'ai un problème, moi.
 
Grussie, tu sembles souffrir d'une allergie sévère à la non-violence... ;)
 
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