Le numéro de juin de philosophie magazine consacre son dossier à "Je suis ce que je mange". La question du végétarisme est à peine évoquée, celle du végétalisme pas du tout.
L'éditorial est un odieux éloge du boudin qui se termine ainsi :
"C'est pourquoi je souhaite que tu restes égal à toi-même (il s'adresse directement au boudin), en qualité comme en quantité, et que tu ne te laisses pas impressionner par les rodomontades des esprits étroits et de la néo-bourgeoisie aux mains blanches et à la taille fine de nos grandes villes. Ne te font-ils pas rire, ces porte-parole de l'idéologie végétarienne ? Ah ! mon cher, comme il faut avoir l'estomac plein, n'avoir jamais connu le manque et grandi dans la dentelle pour se permettre de mépriser la viande. Toi, au moins , tu combats pour une cause qui en vaut la peine et chaque jour qui passe, tu l'emploies à l'action contre la faim".
J'ai donc pris mon clavier et ai envoyé ceci au journal :
""Bonjour,
Certains végétariens le sont par refus de la violence à l'encontre des animaux. Assimiler le végétarisme à un "mépris de la viande" est un contresens : on peut refuser la viande par (dé)goût, mais on peut aussi la refuser parce que son industrie tue, pollue et affame les plus pauvres (une grand proportion des céréales cultivées dans le monde est destinée... au bétail !). On nourrit donc avec des céréales le bétail destiné à la consommation des plus riches, pendant que des millions d’êtres humains meurent de faim...
Pour ce qui est de "la néo-bourgeoisie aux mains blanches et à la taille fine", sachez que le végétarisme a aussi pour avantage d'être économique, viande et poisson étant ce qui coûte le plus cher.
Les végétariens ne méprisent pas la viande : ils voient au contraire en elle l'animal qui a souffert inutilement (nous n'avons pas besoin de viande pour vivre, Cf. l'exemple de l'Inde).
Et quand on sait qu’un végétarisme plus généralisé permettrait de nourrir convenablement dix fois plus de personnes, on ne peut qu’être outré par votre éloge au boudin pour son « action contre la faim ».
D'autre part, pas d'allusion dans votre dossier "Je suis ce que je mange" aux philosophes contemporains qui ont pensé et pensent cette question de l'animalité : Jacques Derrida, Florence Burgat, Elisabeth de Fontenay, ou qui ont une réflexion philosophique sur le carnisme et le végétarisme (récemment Marcela Iacub par exemple).
C'est dommage. Cette question et celle du spécisme dépassent largement l'aspect "diététique", notre rapport aux animaux révélant notre conception du vivant, et peut-être par-là notre rapport à l'autre.
Faisant partie des « esprits étroits » dont vous parlez, j’ai donc été déçue que votre dossier n’approfondisse pas davantage la dimension fondamentalement éthique du végétarisme, qui, loin de ne se soucier que des animaux, peut être un plaidoyer pour une humanité plus « humaine ».
La jolie réponse de Pierre Péju à Louis -"se soucier ou tenir compte de leur sensibilité est un beau signe d'humanité""- devrait nous faire réfléchir, nous adultes, à notre relation à l'animal. ""
J'ai écrit après que le numéro de juillet-août soit sorti, donc j'attends de voir le courrier des lecteurs du numéro de septembre, sans me faire trop d'illusions...
L'éditorial est un odieux éloge du boudin qui se termine ainsi :
"C'est pourquoi je souhaite que tu restes égal à toi-même (il s'adresse directement au boudin), en qualité comme en quantité, et que tu ne te laisses pas impressionner par les rodomontades des esprits étroits et de la néo-bourgeoisie aux mains blanches et à la taille fine de nos grandes villes. Ne te font-ils pas rire, ces porte-parole de l'idéologie végétarienne ? Ah ! mon cher, comme il faut avoir l'estomac plein, n'avoir jamais connu le manque et grandi dans la dentelle pour se permettre de mépriser la viande. Toi, au moins , tu combats pour une cause qui en vaut la peine et chaque jour qui passe, tu l'emploies à l'action contre la faim".
J'ai donc pris mon clavier et ai envoyé ceci au journal :
""Bonjour,
Certains végétariens le sont par refus de la violence à l'encontre des animaux. Assimiler le végétarisme à un "mépris de la viande" est un contresens : on peut refuser la viande par (dé)goût, mais on peut aussi la refuser parce que son industrie tue, pollue et affame les plus pauvres (une grand proportion des céréales cultivées dans le monde est destinée... au bétail !). On nourrit donc avec des céréales le bétail destiné à la consommation des plus riches, pendant que des millions d’êtres humains meurent de faim...
Pour ce qui est de "la néo-bourgeoisie aux mains blanches et à la taille fine", sachez que le végétarisme a aussi pour avantage d'être économique, viande et poisson étant ce qui coûte le plus cher.
Les végétariens ne méprisent pas la viande : ils voient au contraire en elle l'animal qui a souffert inutilement (nous n'avons pas besoin de viande pour vivre, Cf. l'exemple de l'Inde).
Et quand on sait qu’un végétarisme plus généralisé permettrait de nourrir convenablement dix fois plus de personnes, on ne peut qu’être outré par votre éloge au boudin pour son « action contre la faim ».
D'autre part, pas d'allusion dans votre dossier "Je suis ce que je mange" aux philosophes contemporains qui ont pensé et pensent cette question de l'animalité : Jacques Derrida, Florence Burgat, Elisabeth de Fontenay, ou qui ont une réflexion philosophique sur le carnisme et le végétarisme (récemment Marcela Iacub par exemple).
C'est dommage. Cette question et celle du spécisme dépassent largement l'aspect "diététique", notre rapport aux animaux révélant notre conception du vivant, et peut-être par-là notre rapport à l'autre.
Faisant partie des « esprits étroits » dont vous parlez, j’ai donc été déçue que votre dossier n’approfondisse pas davantage la dimension fondamentalement éthique du végétarisme, qui, loin de ne se soucier que des animaux, peut être un plaidoyer pour une humanité plus « humaine ».
La jolie réponse de Pierre Péju à Louis -"se soucier ou tenir compte de leur sensibilité est un beau signe d'humanité""- devrait nous faire réfléchir, nous adultes, à notre relation à l'animal. ""
J'ai écrit après que le numéro de juillet-août soit sorti, donc j'attends de voir le courrier des lecteurs du numéro de septembre, sans me faire trop d'illusions...