Nicollas
Avale du tofu
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Salut,
comme le forum est assez ouvert pour proposer un coin pour les omnivores et ne pas interdire le fait de dire qu'on mange de la viande, je vais en profiter pour poster un dialogue imaginaire où je prends la défense de mon régime omnivore.
En effet je trouve que souvent les argumentaires VG confondent des arguments pour défendre le droit d'être VG avec ceux pour proner le régime VG chez les omnivores. Par exemple le fait qu'on ait pas besoin de manger de la viande pour vivre est un argument pertinent pour défendre un régime VG, mais pas du tout pour convaincre un non VG de passer au végétarisme (vu qu'en tant qu'omnivore, ça fait le même effet que dire de pas utiliser de chaussure vu qu'on peut marcher pieds nus).
Voici le dialogue en question, point de vus et discussions bienvenues :
---------------
Lui - Je peux boire un jus de fruit ?
Moi - Oui t'as qu'à te servir dans le frigo
Lui - Tiens, t'as de la viande dans ton frigo ?
Moi - Oui pourquoi ?
Lui - Je pensais que comme tu es plutôt du genre écolo tendance dure, tu étais végétarien
Moi - On peut très bien se soucier de l'environnement et être omnivore ...
Lui - Pourtant l'élevage est un énorme gaspillage : en céréales, en terres, en eau ...
Moi - Cela dépend de quel type d'élevage on parle. L'élevage industriel est en effet très polluant et gaspilleur. Mais on ne devrait jamais donner des céréales à manger à des vaches, car elles mangent de l'herbe comme tous les ruminants. L'eau bue par les vaches retourne à la Terre, enrichie en azote, sous forme d'urine et stimule la repousse de l'herbe qu'elle mangera, quant à la place, l'élevage traditionnel en France s'est concentré sur les zones peu propices aux autres formes de culture, dans les régions montagnardes ou pluvieuses. Et la déforestation, elle dépend également des élevages industriels où les animaux sont nourris avec du soja sud-américain, mais certainement pas des élevages sur pâturages français !
Lui -Mais le GIEC estime que la part de l'élevage dans les émissions de gaz à effet de serre est énorme !
Moi - Et je le crois, mais cela concerne à la fois un problème d'échelle, on consomme beaucoup trop de viande, et de type d'élevage. L'élevage industriel rase des forêts, fait pousser du fourrage à grand coup de pesticides, d'engrais, de tracteurs et d'érosion qui libèrent des gaz à effet de serre. Avec une bonne gestion,je crois que l'élevage pourrait même aider la lutte contre le réchauffement climatique en augmentant le stockage de carbone dans le sol* !
Lui - Mais c'est immoral de donner à manger à nos animaux alors que des Hommes meurent de faim partout dans le monde !
Moi - Tout a fait, cependant les animaux consomment des ressources non comestibles pour l'Homme en général, les vaches mangent de l'herbe, les volailles des insectes et des graines. Les céréales données au bétail sont un crime pour les Hommes, mais aussi pour le bétail, car elles changent l'acidité de leur estomac et les rend malades. Ces céréales seraient mieux utilisées pour nourrir les gens qui ont faim, mais la fin de la faim passera par des politiques de souverainetés nationales, et l'envoi de céréales des pays "riches" vers les pays "pauvres" ne peut être qu'un palliatif d'urgence.
Lui - Mais si on arrête l'élevage, on pourra nourrir dix fois plus de monde, vu qu'il faut dix protéines végétale pour produire une protéine animale ...
Moi - Les chiffres peuvent masquer une grande complexité. La faim dans le monde ne va pas cesser avec des multiplications et des retenues. Encore faut-il pouvoir convertir les espaces de pâturage par des productions végétales comestibles qui combleraient les mêmes apports nutritionnels. Cela demande beaucoup d'énergie pour préparer le terrain, et pour faire pousser des cultures annuelles comme la plupart des céréales ou des légumineuses. Le travail de récolte est fastidieux à la main, ou requiert une mécanisation coûteuse et énergivore. Et la culture peut être tout simplement impossible sous certaines conditions climatiques ... Tous ces inconvénients sont à comparés au couple animaux/pâturage, où l'herbe est une ressource très résistance et qui ne demande pas d'entretien, et où les animaux cherchent eux mêmes leur nourriture. Et puis il faut se demander si c'est à nous de nourrir les pays pauvres plutôt qu'eux mêmes, et dans les pays pauvres aux environnements fragiles, l'élevage peut permettre de restauration des écosystèmes dégradés[2].
Lui - Et tu crois que l'élevage, même en France, ressemble au décor bucolique des boites de lait?
Moi - Certainement pas, et en tant que citoyen et écologiste, je bannis autant que je peux les viandes issues de filières industrielles, et je privilégie l'élevage local et traditionnel.
Lui - Mais nous ne sommes pas fait pour manger de la viande (me tendant cette fiche[3]) ! D'ailleurs de nombreuses études montrent que les végétariens sont en meilleure santé.
Moi - Les études remarquent que manger végétarien est préférable à la diet occidentale industrielle, et je ne les ai pas attendues pour en être convaincu. Mais cela ne dit rien sur le fait de manger très ponctuellement de la viande, ce qui revient à ne pas être végétarien. De plus la qualité de la viande varie considérablement suivant ce qu'elles ont mangé[4]. Et je trouve l'étude comparative que tu me montres douteuse. Il manque des précisions sur les animaux comparés. Quels sont les omnivores pris en compte, juste l'ours et le raton laveur comme le laisse supposer la fin de l'article ? La personne ne semble pas prendre en compte que nos ancêtres étaient des êtres sociaux et des chasseurs outillés, et qu'ils cuisaient la viande depuis 400 000 (voir 800 000[5]) ans, ce qui peut biaiser complètement les comparaisons, comme celles sur les griffes. Et puis je peux te passer une comparaison entre un Homme, un chien et une vache qui va dans le sens opposé[6].
Lui - Ce n'est pas parce que nos ancêtres chassaient que nous sommes obligés de manger de la viande, on ne vit plus dans des cavernes et on utilise des voitures ...
Moi - Le fait est que l'Homme est omnivore, ce qui signifie que l'on peut manger une multitude d'éléments. Mais cet avantage s'accompagne d'un inconvénient qui est que nous ne dépendons de la nourriture pour les substances dont nous avons besoin. Dans ces circonstances, même si la viande n'est pas indispensable, elle permet une diversité qui ne peut qu'aider à satisfaire nos besoins nutritionnels. Et les Hommes ont mangé de la viande depuis si longtemps que l'évolution a adapté le système digestif de l'Homme a son alimentation originelle, composée de végétaux, de baies, de fruits, de noix, et de viande. J'ai des doutes sur l'adéquation entre un régime composé en grande partie de céréales, puisque ces dernières sont apparues tardivement dans l'histoire de notre espèce, mais c'est un autre débat.
Lui - Mais tu ne vas pas me dire que l'élevage ne fait pas souffrir les animaux ! Tu as vu la vidéo "Terriens" que je t'avais envoyée ?
Moi - Je l'ai vue et ce que l'on peut faire aux animaux est d'une cruauté révoltante. Mais encore une fois les techniques d'élevages ne se valent pas.
Lui - Mais il n'empêche que quelque soit le mode d'élevage, on ne fait vivre les animaux que pour les faire mourir ...
Moi - Je vais surement te choquer mais ça ne me pose pas de problème qu'on élève des animaux pour les manger, ce qui implique de les tuer à un moment donné
Lui - Peut être qu'à l'avenir ce que tu dis sera condamné par la loi, comme le sont maintenant les propos raciste ou sexistes.
Moi - La loi condamne déjà certains comportements cruels envers les animaux, même si c'est loin d'être suffisant au vu de la vidéo que tu m'avais envoyée. Cela dit l'alimentation est un domaine assez spécial, qu'il ne faut pas mettre au même niveau que les mœurs.
Lui - Mais tu n'es pas obligé de manger de la viande, alors pourquoi le fais-tu ?
Moi - Vu que je ne vois aucun problème éthique au fait de tuer un animal pour le manger, je ne vois pas pourquoi je m'en priverai sous prétexte que je le peux.
Lui - Pour les raisons écologiques et sociales que j'ai déjà évoquées ?
Moi - J'y ai déjà répondu, et je pense que l'humanité doit réduire drastiquement sa consommation de viande et de produits animaux, et supprimer l'élevage industriel. Cela dit, je pense qu'on peut consommer une certaine quantité de viande, je ne sais pas laquelle, sans que cela n'ai d'impact sur l'environnement, et qu'une certaine quantité d'élevage est nécessaire concernant l'agriculture, pour par exemple entretenir les prairies, nettoyer les vergers des parasites, réduire les risques incendies, produire du fumier pour les productions végétales, etc.
Lui - Mais les animaux sont des êtres sensibles, tu ne peux pas les tuer "comme ça" ! D'ailleurs c'est toi qui tue les animaux que tu manges ?
Moi - Ce n'est pas moi, mais dans ma démarche de cohérence, j'aimerai tuer au moins un animal par espèce que je mange. Comme ça je mangerait de la viande en pleine conscience, sachant ce qui se passe pour l'animal et pour celui qui le tue. A terme, j'aimerai manger principalement des animaux que j'aurai élevés et tués moi-même. Et je ne veux pas qu'ils soient tués "comme ça", mais je veux qu'ils vivent une "belle vie" on va dire, et qu'ils soient tués dignement.
Lui - Comment peut-on vivre une "belle vie" d'esclave et être tué dignement ? Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Moi - Tout à fait. Vivre une "belle vie" veut dire pour moi que les animaux peuvent reproduire leurs comportements naturels, que par exemple les poules vivent en groupes, puissent gratter à la recherche de nourriture, se nourrissent elles-mêmes de ce qui leur convient, qu'elles aient des perchoirs, qu'elles puissent couver leurs poussins, qu'elles aient de l'eau propre. Tuer dignement une poule, c'est rendre l'acte aussi bref et peu douloureux que possible, et de la manger avec tout le respect et la reconnaissance qui lui sont dus.
Lui - Mais les animaux ont un système nerveux comme nous, et j'imagine que tu es contre le fait de tuer des Hommes, même pour les manger ...
Moi - Et parce que les animaux ont un système nerveux il serait mal de les manger ? Les peuples "primitifs" qui mangent de la viande, et qui sont pour moi un modèle d'intégration de l'Homme dans son environnement, ont tord ? Les animaux omnivore et carnivore ont "tord" de manger de la viande ?
Lui - Nous ne sommes pas obligés de manger de la viande !
Moi - Et ce n'est pas pour autant une aberration d'un point de vue évolutionniste d'en manger. Tant que tu ne m'auras pas convaincu que c'est mal de manger de la viande, le fait de pouvoir ne pas en manger n'est pas un argument. Est-ce qu'en tant que végétarien tu peux manger des insectes ?
Lui - Heu ... j'ai rarement eu l'occasion de me poser la question. Comme le végétarien respecte la vie, je dirais que non.
Moi - Donc tu es contre le "meurtre" des insectes, comme tu es contre le "meurtre" des cochons, des vaches, des poules ...
Lui - Oui
Moi - Te rends tu comptes du nombre d'insectes que tu tues chaque jour ? Pas directement, mais par tes "choix" de vie et la société dans laquelle tu vis ? Tes céréales végétariennes, sont aspergées de pesticides tueurs. Et même si elle sont "bio", quels écosystèmes étaient présents avant qu'on ne face place nette pour les céréales, combien de formes de vies pourraient s'épanouir dans l'espace occupé par ces hectares de blés tellement pauvres en diversité ?
Lui - Ou veux-tu en venir ?
Moi - Que vivre tue, que la vie est un grand cycle. Que la mort fournit le terreau à la vie, et que vouloir sortir l'Homme de ce cycle, c'est le sortir de la Nature, et que cela est impossible, et que ce ne peut apporter que de la frustration. Essayer de vivre en faisant le moins de mal possible, est-ce ce à quoi est condamnée la vie ? Plutôt que de tracer une ligne imaginaire entre ce qu'il ne faut pas tuer, et ce qu'on peut tuer du coup j'imagine, je préfère avoir une attitude de respect et de conscience. Oui pour que je vive, il faudra que d'autres meurent, les limaces qui veulent manger les salades, les myriades de décomposeurs qui permettent au cycle de recommencer, les habitants des écosystèmes qui étaient là avant ma maison, les champs, les routes ... et tout ce que je peux faire, c'est en avoir conscience, de l'accepter, mais de réduire cet impact, par une vie plus frugale, en comblant mes besoins par des systèmes non destructeurs.
Lui - Pour réduire ton impact, pourquoi tu ne deviens pas végétarien, ça en ferait des vies sauvées !
Moi - Parce que je vois plus large que ça. Je parlais d'écosystèmes, pas de vies. Pour moi il est important qu'on réduise notre impact pour laisser des espaces naturels, pour que des écosystèmes sans l'Homme puissent exister, s'épanouir, s'étendre. Mais il y aura aussi forcément des endroits où l'Homme sera présent, et dans ces systèmes, les animaux sont une pièce essentielle des systèmes agricoles, permettant de tirer partie de ressources inutilisables sinon, de recycler et de rendre les nutriments facilement accessibles, de réguler certains parasites, et de produire de la nourriture de façon soutenable et en utilisant peu d'énergie. Mon éthique alimentaire est différente de la tienne[7]. Oui je mange de la viande, mais je libère les guêpes emprisonnées dans les verres par des amis lors d'un repas estival champêtre, parce que ça ne me semble pas juste de tuer simplement parce que ça nous dérange. Si je mange de la viande, ce n'est pas parce que je n'ai pas réfléchi à la question, c'est parce que j'ai développé une éthique différente, et je te prie de croire que ce n'est pas par opportunisme ou faiblesse.
Lui - ... au fait y a de la moisissure dans ton jus de pomme.
[1] The Omnivore Dilemma, Michal Polland
[2] Holistic Management, Allan Savory
[3] http://www.vegetarisme.fr/vegetarien.ph ... iecomparee
[4] http://www.eatwild.com/healthbenefits.htm
[5] http://www.futura-sciences.com/fr/news/ ... s_17147-1/
[6] The Vegetarian Myth: Food, Justice, and Sustainability, Lierre Keith
[7] http://madeinearth.wordpress.com/2009/1 ... permacole/
comme le forum est assez ouvert pour proposer un coin pour les omnivores et ne pas interdire le fait de dire qu'on mange de la viande, je vais en profiter pour poster un dialogue imaginaire où je prends la défense de mon régime omnivore.
En effet je trouve que souvent les argumentaires VG confondent des arguments pour défendre le droit d'être VG avec ceux pour proner le régime VG chez les omnivores. Par exemple le fait qu'on ait pas besoin de manger de la viande pour vivre est un argument pertinent pour défendre un régime VG, mais pas du tout pour convaincre un non VG de passer au végétarisme (vu qu'en tant qu'omnivore, ça fait le même effet que dire de pas utiliser de chaussure vu qu'on peut marcher pieds nus).
Voici le dialogue en question, point de vus et discussions bienvenues :
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Lui - Je peux boire un jus de fruit ?
Moi - Oui t'as qu'à te servir dans le frigo
Lui - Tiens, t'as de la viande dans ton frigo ?
Moi - Oui pourquoi ?
Lui - Je pensais que comme tu es plutôt du genre écolo tendance dure, tu étais végétarien
Moi - On peut très bien se soucier de l'environnement et être omnivore ...
Lui - Pourtant l'élevage est un énorme gaspillage : en céréales, en terres, en eau ...
Moi - Cela dépend de quel type d'élevage on parle. L'élevage industriel est en effet très polluant et gaspilleur. Mais on ne devrait jamais donner des céréales à manger à des vaches, car elles mangent de l'herbe comme tous les ruminants. L'eau bue par les vaches retourne à la Terre, enrichie en azote, sous forme d'urine et stimule la repousse de l'herbe qu'elle mangera, quant à la place, l'élevage traditionnel en France s'est concentré sur les zones peu propices aux autres formes de culture, dans les régions montagnardes ou pluvieuses. Et la déforestation, elle dépend également des élevages industriels où les animaux sont nourris avec du soja sud-américain, mais certainement pas des élevages sur pâturages français !
Lui -Mais le GIEC estime que la part de l'élevage dans les émissions de gaz à effet de serre est énorme !
Moi - Et je le crois, mais cela concerne à la fois un problème d'échelle, on consomme beaucoup trop de viande, et de type d'élevage. L'élevage industriel rase des forêts, fait pousser du fourrage à grand coup de pesticides, d'engrais, de tracteurs et d'érosion qui libèrent des gaz à effet de serre. Avec une bonne gestion,je crois que l'élevage pourrait même aider la lutte contre le réchauffement climatique en augmentant le stockage de carbone dans le sol* !
Lui - Mais c'est immoral de donner à manger à nos animaux alors que des Hommes meurent de faim partout dans le monde !
Moi - Tout a fait, cependant les animaux consomment des ressources non comestibles pour l'Homme en général, les vaches mangent de l'herbe, les volailles des insectes et des graines. Les céréales données au bétail sont un crime pour les Hommes, mais aussi pour le bétail, car elles changent l'acidité de leur estomac et les rend malades. Ces céréales seraient mieux utilisées pour nourrir les gens qui ont faim, mais la fin de la faim passera par des politiques de souverainetés nationales, et l'envoi de céréales des pays "riches" vers les pays "pauvres" ne peut être qu'un palliatif d'urgence.
Lui - Mais si on arrête l'élevage, on pourra nourrir dix fois plus de monde, vu qu'il faut dix protéines végétale pour produire une protéine animale ...
Moi - Les chiffres peuvent masquer une grande complexité. La faim dans le monde ne va pas cesser avec des multiplications et des retenues. Encore faut-il pouvoir convertir les espaces de pâturage par des productions végétales comestibles qui combleraient les mêmes apports nutritionnels. Cela demande beaucoup d'énergie pour préparer le terrain, et pour faire pousser des cultures annuelles comme la plupart des céréales ou des légumineuses. Le travail de récolte est fastidieux à la main, ou requiert une mécanisation coûteuse et énergivore. Et la culture peut être tout simplement impossible sous certaines conditions climatiques ... Tous ces inconvénients sont à comparés au couple animaux/pâturage, où l'herbe est une ressource très résistance et qui ne demande pas d'entretien, et où les animaux cherchent eux mêmes leur nourriture. Et puis il faut se demander si c'est à nous de nourrir les pays pauvres plutôt qu'eux mêmes, et dans les pays pauvres aux environnements fragiles, l'élevage peut permettre de restauration des écosystèmes dégradés[2].
Lui - Et tu crois que l'élevage, même en France, ressemble au décor bucolique des boites de lait?
Moi - Certainement pas, et en tant que citoyen et écologiste, je bannis autant que je peux les viandes issues de filières industrielles, et je privilégie l'élevage local et traditionnel.
Lui - Mais nous ne sommes pas fait pour manger de la viande (me tendant cette fiche[3]) ! D'ailleurs de nombreuses études montrent que les végétariens sont en meilleure santé.
Moi - Les études remarquent que manger végétarien est préférable à la diet occidentale industrielle, et je ne les ai pas attendues pour en être convaincu. Mais cela ne dit rien sur le fait de manger très ponctuellement de la viande, ce qui revient à ne pas être végétarien. De plus la qualité de la viande varie considérablement suivant ce qu'elles ont mangé[4]. Et je trouve l'étude comparative que tu me montres douteuse. Il manque des précisions sur les animaux comparés. Quels sont les omnivores pris en compte, juste l'ours et le raton laveur comme le laisse supposer la fin de l'article ? La personne ne semble pas prendre en compte que nos ancêtres étaient des êtres sociaux et des chasseurs outillés, et qu'ils cuisaient la viande depuis 400 000 (voir 800 000[5]) ans, ce qui peut biaiser complètement les comparaisons, comme celles sur les griffes. Et puis je peux te passer une comparaison entre un Homme, un chien et une vache qui va dans le sens opposé[6].
Lui - Ce n'est pas parce que nos ancêtres chassaient que nous sommes obligés de manger de la viande, on ne vit plus dans des cavernes et on utilise des voitures ...
Moi - Le fait est que l'Homme est omnivore, ce qui signifie que l'on peut manger une multitude d'éléments. Mais cet avantage s'accompagne d'un inconvénient qui est que nous ne dépendons de la nourriture pour les substances dont nous avons besoin. Dans ces circonstances, même si la viande n'est pas indispensable, elle permet une diversité qui ne peut qu'aider à satisfaire nos besoins nutritionnels. Et les Hommes ont mangé de la viande depuis si longtemps que l'évolution a adapté le système digestif de l'Homme a son alimentation originelle, composée de végétaux, de baies, de fruits, de noix, et de viande. J'ai des doutes sur l'adéquation entre un régime composé en grande partie de céréales, puisque ces dernières sont apparues tardivement dans l'histoire de notre espèce, mais c'est un autre débat.
Lui - Mais tu ne vas pas me dire que l'élevage ne fait pas souffrir les animaux ! Tu as vu la vidéo "Terriens" que je t'avais envoyée ?
Moi - Je l'ai vue et ce que l'on peut faire aux animaux est d'une cruauté révoltante. Mais encore une fois les techniques d'élevages ne se valent pas.
Lui - Mais il n'empêche que quelque soit le mode d'élevage, on ne fait vivre les animaux que pour les faire mourir ...
Moi - Je vais surement te choquer mais ça ne me pose pas de problème qu'on élève des animaux pour les manger, ce qui implique de les tuer à un moment donné
Lui - Peut être qu'à l'avenir ce que tu dis sera condamné par la loi, comme le sont maintenant les propos raciste ou sexistes.
Moi - La loi condamne déjà certains comportements cruels envers les animaux, même si c'est loin d'être suffisant au vu de la vidéo que tu m'avais envoyée. Cela dit l'alimentation est un domaine assez spécial, qu'il ne faut pas mettre au même niveau que les mœurs.
Lui - Mais tu n'es pas obligé de manger de la viande, alors pourquoi le fais-tu ?
Moi - Vu que je ne vois aucun problème éthique au fait de tuer un animal pour le manger, je ne vois pas pourquoi je m'en priverai sous prétexte que je le peux.
Lui - Pour les raisons écologiques et sociales que j'ai déjà évoquées ?
Moi - J'y ai déjà répondu, et je pense que l'humanité doit réduire drastiquement sa consommation de viande et de produits animaux, et supprimer l'élevage industriel. Cela dit, je pense qu'on peut consommer une certaine quantité de viande, je ne sais pas laquelle, sans que cela n'ai d'impact sur l'environnement, et qu'une certaine quantité d'élevage est nécessaire concernant l'agriculture, pour par exemple entretenir les prairies, nettoyer les vergers des parasites, réduire les risques incendies, produire du fumier pour les productions végétales, etc.
Lui - Mais les animaux sont des êtres sensibles, tu ne peux pas les tuer "comme ça" ! D'ailleurs c'est toi qui tue les animaux que tu manges ?
Moi - Ce n'est pas moi, mais dans ma démarche de cohérence, j'aimerai tuer au moins un animal par espèce que je mange. Comme ça je mangerait de la viande en pleine conscience, sachant ce qui se passe pour l'animal et pour celui qui le tue. A terme, j'aimerai manger principalement des animaux que j'aurai élevés et tués moi-même. Et je ne veux pas qu'ils soient tués "comme ça", mais je veux qu'ils vivent une "belle vie" on va dire, et qu'ils soient tués dignement.
Lui - Comment peut-on vivre une "belle vie" d'esclave et être tué dignement ? Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Moi - Tout à fait. Vivre une "belle vie" veut dire pour moi que les animaux peuvent reproduire leurs comportements naturels, que par exemple les poules vivent en groupes, puissent gratter à la recherche de nourriture, se nourrissent elles-mêmes de ce qui leur convient, qu'elles aient des perchoirs, qu'elles puissent couver leurs poussins, qu'elles aient de l'eau propre. Tuer dignement une poule, c'est rendre l'acte aussi bref et peu douloureux que possible, et de la manger avec tout le respect et la reconnaissance qui lui sont dus.
Lui - Mais les animaux ont un système nerveux comme nous, et j'imagine que tu es contre le fait de tuer des Hommes, même pour les manger ...
Moi - Et parce que les animaux ont un système nerveux il serait mal de les manger ? Les peuples "primitifs" qui mangent de la viande, et qui sont pour moi un modèle d'intégration de l'Homme dans son environnement, ont tord ? Les animaux omnivore et carnivore ont "tord" de manger de la viande ?
Lui - Nous ne sommes pas obligés de manger de la viande !
Moi - Et ce n'est pas pour autant une aberration d'un point de vue évolutionniste d'en manger. Tant que tu ne m'auras pas convaincu que c'est mal de manger de la viande, le fait de pouvoir ne pas en manger n'est pas un argument. Est-ce qu'en tant que végétarien tu peux manger des insectes ?
Lui - Heu ... j'ai rarement eu l'occasion de me poser la question. Comme le végétarien respecte la vie, je dirais que non.
Moi - Donc tu es contre le "meurtre" des insectes, comme tu es contre le "meurtre" des cochons, des vaches, des poules ...
Lui - Oui
Moi - Te rends tu comptes du nombre d'insectes que tu tues chaque jour ? Pas directement, mais par tes "choix" de vie et la société dans laquelle tu vis ? Tes céréales végétariennes, sont aspergées de pesticides tueurs. Et même si elle sont "bio", quels écosystèmes étaient présents avant qu'on ne face place nette pour les céréales, combien de formes de vies pourraient s'épanouir dans l'espace occupé par ces hectares de blés tellement pauvres en diversité ?
Lui - Ou veux-tu en venir ?
Moi - Que vivre tue, que la vie est un grand cycle. Que la mort fournit le terreau à la vie, et que vouloir sortir l'Homme de ce cycle, c'est le sortir de la Nature, et que cela est impossible, et que ce ne peut apporter que de la frustration. Essayer de vivre en faisant le moins de mal possible, est-ce ce à quoi est condamnée la vie ? Plutôt que de tracer une ligne imaginaire entre ce qu'il ne faut pas tuer, et ce qu'on peut tuer du coup j'imagine, je préfère avoir une attitude de respect et de conscience. Oui pour que je vive, il faudra que d'autres meurent, les limaces qui veulent manger les salades, les myriades de décomposeurs qui permettent au cycle de recommencer, les habitants des écosystèmes qui étaient là avant ma maison, les champs, les routes ... et tout ce que je peux faire, c'est en avoir conscience, de l'accepter, mais de réduire cet impact, par une vie plus frugale, en comblant mes besoins par des systèmes non destructeurs.
Lui - Pour réduire ton impact, pourquoi tu ne deviens pas végétarien, ça en ferait des vies sauvées !
Moi - Parce que je vois plus large que ça. Je parlais d'écosystèmes, pas de vies. Pour moi il est important qu'on réduise notre impact pour laisser des espaces naturels, pour que des écosystèmes sans l'Homme puissent exister, s'épanouir, s'étendre. Mais il y aura aussi forcément des endroits où l'Homme sera présent, et dans ces systèmes, les animaux sont une pièce essentielle des systèmes agricoles, permettant de tirer partie de ressources inutilisables sinon, de recycler et de rendre les nutriments facilement accessibles, de réguler certains parasites, et de produire de la nourriture de façon soutenable et en utilisant peu d'énergie. Mon éthique alimentaire est différente de la tienne[7]. Oui je mange de la viande, mais je libère les guêpes emprisonnées dans les verres par des amis lors d'un repas estival champêtre, parce que ça ne me semble pas juste de tuer simplement parce que ça nous dérange. Si je mange de la viande, ce n'est pas parce que je n'ai pas réfléchi à la question, c'est parce que j'ai développé une éthique différente, et je te prie de croire que ce n'est pas par opportunisme ou faiblesse.
Lui - ... au fait y a de la moisissure dans ton jus de pomme.
[1] The Omnivore Dilemma, Michal Polland
[2] Holistic Management, Allan Savory
[3] http://www.vegetarisme.fr/vegetarien.ph ... iecomparee
[4] http://www.eatwild.com/healthbenefits.htm
[5] http://www.futura-sciences.com/fr/news/ ... s_17147-1/
[6] The Vegetarian Myth: Food, Justice, and Sustainability, Lierre Keith
[7] http://madeinearth.wordpress.com/2009/1 ... permacole/