Bienvenue, et très beau récit de prise de conscience.
Je trouve ça d'autant plus intéressant que personnellement, je n'ai jamais vraiment eu cette sorte de "révélation subite". Enfant puis ado, j'ai toujours trouvé ça triste, injuste et horrible, mais je pensais ne pas avoir le choix, d'abord pour cause de risques santé et aussi parce que j'étais certain (peut-être à tort) que mes parents ne m'auraient pas laissé faire. Je me sentais forcé. Mais donc, dès que j'ai pu réduire ma consommation de viande (en mangeant à la cantine), puis m'en abstenir complètement (à ma majorité), je l'ai fait.
Par contre, ma vraie révélation a plutôt été récente, fin 2011/début 2012, pour le passage au végétalisme. Disons qu'en multipliant mes lectures j'ai enchaîné plusieurs prises de conscience en peu de temps. (Mon avis, c'est qu'il reste toujours des prises de conscience à faire, et qu'on ne peut avancer que graduellement. Et que rien n'est acquis.) Jusqu'à présent, j'avais toujours cru que le végétarisme était une "nature", et donc que personne ne pouvait être "convaincu", que tous les autres humains avaient une vision incompatible avec la mienne, et donc que l'injustice de l'exploitation animale était immuable, que je ne pouvais rien y changer. Et soudain j'ai compris que ça n'était pas le cas, en lisant des témoignages. Et donc qu'il est possible, et qu'il Faut faire ce qu'on peut pour diminuer le nombre de victimes. Que l'injustice est réelle, et pas juste une affaire de liberté individuelle de manger/torturer/tuer. Et il se trouve qu'après seulement quelques mois à être passé en mode "actif" (après 15 ans de végétarisme "passif"), je vois déjà une poignée de mes proches et amis (et pas forcément ceux auxquels je m'attendais) qui sont en train de se remettre en question et passer au végétarisme... Etre actif ne veut pas dire "harceler", mais savoir doser la distribution d'informations (et l'incitation à la réflexion), leur permettre de comprendre leurs blocages et incohérences, quoi...
Quant au fait de "convertir" gentiment ou pas gentiment de futurs végés, et la prise de conscience et tout ça, je te conseille de lire tout ce qui a trait au "carnisme" par Mélanie Joy (ou regarder cette
présentation). C'est hachement intéressant, même quand on est déjà (presque) végé.
Et ça aussi :
http://www.cahiers-antispecistes.org/sp ... article417
Ça parle notamment du fait qu'on ne peut pas avoir le même niveau de réflexion selon la pratique qu'on a. Grosso modo, on est plus apte à réfléchir aux incohérences du carnisme, à avoir de l'empathie pour les animaux, à accepter leur souffrance, etc. si on n'est pas en train d'en manger. Si on mange de la viande, si on vient d'en manger ou si on s'apprête à en manger, par contre, on aura besoin de se déculpabiliser en niant tous les arguments végé, en niant la souffrance animale, etc. Et ton récit illustre bien ça : Tu as pu commencer à réfléchir et prendre conscience de tout ça seulement après avoir fait l'effort d'arrêter (même seulement temporairement pour essayer).
