raison vs émotion

wali

Broute de l'herbe
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Salut :)
Je voudrais rebondir sur le post de Pers0nne en réponse à Murène (fil Comment ça va, hier) qui met en avant un état d'esprit rationnel face à (l'atrocité de) la situation animale actuelle et plus généralement face à toute injustice.
Je réalise que je marche à l'émotion puisque ce sont principalement mes émotions perturbées qui me guident dans mon choix d'agir à mon échelle, pour les animaux.
Je me demande alors: Est-ce une étape avant une attitude/pensée rationnelle? Les victimes sont-elles mieux défendues en mettant nos émotions de côté afin de penser à/trouver des solutions? Peut-on concilier les deux, l'émotion et la raison?
Quand je vois des horreurs perpetrées sur des humains, cela me touche mais pas de la mm manière et pourtant je sais que c'est inadmissible et qu'il faut que ça cesse.
Est-ce parce que la mise à nu de la véritable condition animale est relativement récente et donc choquante?

Je sais plus, je m'embrouille...

Comment voyez-vous les choses?
 
Je trouve ça très intéressant comme question.

Je pense que la raison doit servir l'émotion. Je trouve "rassûrant" (dans le sens que c'est humain) de ressentir des émotions fortes face aux horreurs, ça veut dire que tu es sensible (et pas un robot). Mais ensuite la raison, les arguments doivent prendre le dessus pour servir la cause. Ils sont plus convaincants parfois pour certaines personnes.

J'ai aussi l'impression d'être parfois plus sensible à la souffrance animale qu'humaine et c'est assez déroutant. Mais c'est parce que les animaux sont plus vulnérables, ils n'ont pas les moyens de se défendre, ils n'ont pas de mains pour s'armer, pas de technologies, alors que face à un humain, c'est le dégoût de ma propre espèce qui prend le dessus. J'accuse l'Homme au lieu de le plaindre.
Je sais plus si c'est Gandhi, mais qqn a dit un truc du genre, "Plus un être est vulnérable, plus on a le devoir de le protéger."
 
Voilà déroutant, c'est le terme qui convient; Déroutant en effet de voir à quel point on consent à bouleverser son train-train quotidien par égard pour le sort des animaux plutôt qu'un autre; Effectivement dans ce combat là, les oppressés ne disposent pas des ressources pour se libérer par leurs propres moyens et l'ampleur du problème dépasse l'entendement...
Pour ma part, visionner des images réalistes est (encore) au-dessus de mes forces (juste des extraits par ci par là) ; Le sentiment de révolte rationnelle qui naît en moi est alors saturé de douleur émotionnelle au point de me pétrifier. Oui, la vulnérabilité des concernés en est sans doute une des causes majeures.
Je me demande si les connaissances, l'argumentation acquises par la lecture, l'expérience permettent de dépasser, de se détacher de cette emprise, charge affective et de développer des automatismes logiques. Où reste-t-on dépendant de ce trait de caractère, si cela en est un.
Enfin, enfin, je m'en vais de ce pas m'enrichir de nourriture cérébrale...^^
Merci Karouba pour ton retour, « la raison doit servir l'émotion » est une belle phrase-clé.:)
 
Je ne sais pas si c'est préférable de faire passer la raison avant l'émotion. Moi, c'est comme ça que je marche, mais je ne suis pas sûr d'être capable de fonctionner autrement, de toute façon. L'intérêt de la raison, c'est que c'est un langage universel (à partir du moment où l'auditeur/lecteur est honnête et analyse patiemment le discours). Un raisonnement irrationnel, ça se déconstruit, on ne peut mentir ou se leurrer indéfiniment. Tandis que l'émotionnel, c'est subjectif, ça fonctionne par degrés, c'est malléable, c'est fluctuant. On peut être touché par certaines choses à certaines époques de notre vie alors qu'on ne l'était pas avant, ou qu'on ne l'est plus ensuite. On peut éprouver de l'empathie pour certains individus, mais on peut aussi la faire taire, ou la pousser jusqu'à tout ce qui est individu potentiel (Certains peuvent même éprouver de l'empathie pour les plantes, voire pour les choses quand on est objectophile...). On peut bloquer son empathie envers les autres animaux, mais on peut aussi bloquer son empathie pour les humains, quand on est en condition de commettre des atrocités envers les humains. Les sentiments, par définition sont subjectifs, ils expriment une façon d'interpréter ce qu'on perçoit du monde, mais ils ne sont pas un constat cru de la réalité. Du coup, en parlant avec les sentiments, on peut avoir des dialogues de sourds, si l'un les exprime à fond sur le sujet, tandis que l'autre les bloque.

D'autant plus que les fortes émotions peuvent conduire aux impulsions d'amour, comme aux impulsions de haine contre-productive (y a qu'à voir le discours de certains militants... qui n'ont juste rien compris au spécisme et au carnisme...).

Donc d'après moi, c'est beaucoup plus sain de tout baser sur un fond rationnel, et n'utiliser l'empathie/émotion que comme un vrai indice de la réalité, un moteur motivant pour agir au mieux, et une preuve absolue des terribles incohérences humaines.

(Et du coup, je contredis ma tirade désespérée et aigrie que tu as pu lire ailleurs...)
 
Juste un truc pour faire chier le monde.

« La machine a gagné l'homme, l'homme s'est fait machine, fonctionne et ne vit plus.»
Gandhi

Juste pour dire que heureusement, on ne fonctionne pas, ce sont les machines qui fonctionnent.
Je dis ça, je dis rien, c'était juste pour faire chier, pas pour viser qui que ce soit.
 
Merci Pers0nne pour cette réponse bien explicite; La langage universel de la raison, voilà le petit plus qu'il me fallait pour décliquer. :)

Oui, je vois ça et c'est tant mieux.^^



Picatau":2lx8jqq0 a dit:
Juste un truc pour faire chier le monde.

« La machine a gagné l'homme, l'homme s'est fait machine, fonctionne et ne vit plus.»
Gandhi

Juste pour dire que heureusement, on ne fonctionne pas, ce sont les machines qui fonctionnent.
Je dis ça, je dis rien, c'était juste pour faire chier, pas pour viser qui que ce soit.

Picatau, fais pas chier, demain nous serons tous et toutes des androïdes carburant à l'énergie vigane ! :p
 
L'énergie vigane ? Une nouvelle source d'énergie ? Un sorte de propane, butane ?
 
Tout à fait, vIgane comme « vegan » et mm que c'est grâce à la machine-humaine que ça existera oui oui !
 
Je ne vais pas répondre à la question, mais je viens de tomber sur un article très intéressant, qui concerne la douleur chez les enfants qui est très souvent niée...
www.agoravox.fr/actualites/societe/arti ... que-139180
Et où il est écrit :
Inutile d'opposer un camp à l'autre, c'est chacun de nous qui est constitué de façon à tourner la tête quant ça devient insoutenable, et pour ceux qui sont toujours là à lire ces lignes, qui ont probalement appris à passer outre, vous faites sans l'ombre d'un doute partie des sensibilisées, des compatissant, et pas des négateurs, ou des réservées.
 
snoopyne":3uyr871h a dit:
Inutile d'opposer un camp à l'autre, c'est chacun de nous qui est constitué de façon à tourner la tête quant ça devient insoutenable, et pour ceux qui sont toujours là à lire ces lignes, qui ont probalement appris à passer outre, vous faites sans l'ombre d'un doute partie des sensibilisées, des compatissant, et pas des négateurs, ou des réservées.

J'avoue ne pas trop capter ce que l'auteur veut dire par "négateurs ou réservées"? A première vue, je ne me reconnais pas du tout dans ces termes mm s'il m'arrive de tourner la tête en visionnant l'insoutenable.^^
 
wali":215xqbn8 a dit:
J'avoue ne pas trop capter ce que l'auteur veut dire par "négateurs ou réservées"? A première vue, je ne me reconnais pas du tout dans ces termes mm s'il m'arrive de tourner la tête en visionnant l'insoutenable.^^
As-tu lu l'article dont j'ai donné le lien ? ;)

Ce rapport distingue bien deux groupe d'attitudes, les réservées et les sensibilisées. Des études sociologiques plus anciennes parlent plus clairement de négateurs et de compatissants.

La réponse est assez simple, évidente si on lit "la douleur de l'enfant" (cité au dessus), c'est que tout le monde qui refuse de voir, et les parents sont pas les derniers, loin de là. C'est une soupape normale, humaine, comme le décrivent ces deux passage difficilement soutenables de ce livre :

L'un, p.46, parle de Bruno, 5 ans, qui était entrain de mourir d'une leucémie (réputé douloureuse) sans antalgique, pour qui, devant la détresse de la mère qui le voyait se tordre de douleur et lutter pour ne par hurler, c'est vu amener un aspirine par une infirmière qui a vite tourné les talons...
L'autre, p.71, raconte la souffrance d'un bébé, tordu de douleur, encore une fois, mais dont les parents avait volontairement arrêté le traitement. Ils demandaient aux médecins qui ont écrit ce livre de leur confirmer que l'enfant n'avait plus mal...

Inutile d'opposer un camp à l'autre, c'est chacun de nous qui est constitué de façon à tourner la tête quant ça devient insoutenable, et pour ceux qui sont toujours là à lire ces lignes, qui ont probalement appris à passer outre, vous faites sans l'ombre d'un doute partie des sensibilisées, des compatissant, et pas des négateurs, ou des réservées.
 
Oui Snoopyne, je l'avais lu...sans doute un peu trop en diagonale. :oops: C'est très intéressant et en même temps terrifiant de voir à quel point la douleur exprimée chez les (touts) petits a été prise en considération relativement tard même si cela semble encore un sujet délicat.
J'ai fait qlq recherches sur les termes utilisés par l'auteur car dans son article il ne permet pas de comprendre clairement leur sens à mon point de vue et j'ai également beaucoup de mal avec les étiquettes (Voici le lien complet sur les différences d'approche de la douleur au sujet d'enfants devant subir des soins: http://pediadol.org/IMG/pdf/U2007_Tourniaire).
Concernant les images insoutenables de la condition animale, je dirais que la douleur ressentie par les victimes est tellement palpable, tellement flagrante ou indéniable et que je me sais si impuissante en visionnant ces horreurs légales qu'en conséquence j'aurais tendance à vouloir regarder ailleurs... Mais je ne suis pas dupe, les images restent en moi et des flashs remontent régulièrement à la surface, on ne peut pas oublier. Ainsi, mon être sensibilisé à l'origine de mon végéta*isme éthique me mène vers un combat par la raison.^^
 
Personnellement, je trouve que l'émotion, négative de surcroît, est un ennemi.
En fait, l'émotion est la réaction du corps face à la réflexion mentale d'un stimulus extérieur.
Et dans la plupart des cas, les émotions non gérées ne permettent pas de bien agir.
Donc pour moi, agir sous le coup de l'émotion est une erreur. Il vaut mieux être témoin de son émotion, et ne pas forcément s'y identifier.
 
Intéressant Wallo; Vos réponses m'ont aidée, merci à vous :)
J'en tire ma conclusion: Il me faut développer ce détachement face à l'ampleur de l'émotion causée par la connaissance de la condition animale afin de l'appréhender de manière critique et rationnelle et de pouvoir enclencher l'action sereine. En somme, apprendre à me blinder sans pour autant perdre ma sensibilité.
 
Walloo":kz08sj69 a dit:
Donc pour moi, agir sous le coup de l'émotion est une erreur.
Je dirais que ça dépend des circonstances...
Le jour où je me suis retrouvée face à un camion sur une route très étroite, je pense que j'ai eu raison d'agir sous le coup de mon émotion de peur et de sauter sur le frein ;)
 
snoopyne":141xzyf7 a dit:
Walloo":141xzyf7 a dit:
Donc pour moi, agir sous le coup de l'émotion est une erreur.
Je dirais que ça dépend des circonstances...
Le jour où je me suis retrouvée face à un camion sur une route très étroite, je pense que j'ai eu raison d'agir sous le coup de mon émotion de peur et de sauter sur le frein ;)

Dans ce cas ce n'est pas de l'émotion, c'est une réaction réflexe intense. L'émotion, tu as du la ressentir après coup !

Si vous voulez approfondir un peu, je vous conseille ma bible personnelle : "le pouvoir du moment présent" de Tolle.
 
Pour le coup, je vois pas bien la différence entre "réaction réflexe intense" et "émotion" dans le cas décrit pas snoopyne. Stimulus externe: le camion > réaction émotionnelle: peur > elle freine. :)
 
Luisão":1pdswy0p a dit:
Pour le coup, je vois pas bien la différence entre "réaction réflexe intense" et "émotion" dans le cas décrit pas snoopyne. Stimulus externe: le camion > réaction émotionnelle: peur > elle freine. :)


La seule différence, c'est que l'émotion résulte d'une réflexion mentale, alors que le réflexe ne laisse pas le temps pour l'interprétation.

En réalité, lorsqu'elle au vu le camion, elle n'a pas eu "peur" au sens émotionnel, mais plutôt au sens "réflexe de survie".

La véritable émotion a du se faire sentir après coup, après réflexion mentale ("j'ai failli y passer"). Mais sur le coup de l'action, elle n'a pas du ressentir de la peur émotionnelle, sinon elle aurait été figée et n'aurait rien pu faire.

Le réflexe ne laisse pas le temps au mental de réfléchir.
 
L'émotion se manifeste pourtant par des tendances à l'action : envie de fuir quand on a peur, envie de se battre quand on est en colère, envie de pleurer quand on est triste...

Walloo":3lz3d23g a dit:
La seule différence, c'est que l'émotion résulte d'une réflexion mentale, alors que le réflexe ne laisse pas le temps pour l'interprétation.

En réalité, lorsqu'elle au vu le camion, elle n'a pas eu "peur" au sens émotionnel, mais plutôt au sens "réflexe de survie".
Ben se dire que le truc qui arrive à toute vitesse face à moi c'est un camion, c'est une interprétation, non ?
 
Je suis d'accord pour dire que les émotions ont des tendances à l'action (ces dernières étant souvent mauvaises à causes de ces émotions), c'est ce que je dis dans mes précédents posts.

Mais à mon avis, quand tu vois arriver un camion à toute vitesse, ce n'est pas une interprétation réfléchie, mais un constat qui entraîne une réponse d'instinct de survie immédiate, car ta vie est en jeu. Ce n'est pas amha une réaction à une émotion.

Exemple : si quelqu'un a une énorme peur bleue, il mettra forcément un certain temps avant de fuir. Ce ne sera pas un réflexe, car la peur ressentie la figera un moment. Et près réflexion, elle fuira.
Dans le cas du camion, le réflexe ne fait pas intervenir les sentiments.

Bon après, je ne suis pas spécialiste, j'expose juste mon avis et mes réflexions !
 
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