bonjour à tous
histoire de donner le fin mot de cette affaire pour ceux qui seraient face aux mêmes problématiques, je reviens presque un an après pour l'épilogue...
alors, la demie mesure mise en place à l'époque a tenu jusqu'à la fin de l'année scolaire, avec un gamin totalement détaché de l'école, mais avide d'avancer à la maison. passe l'été, puis une rentrée en demie teinte.
et ensuite, le gnome commence à s'éteindre, au point d'inquiéter papa cette fois. puis arrivent des phrases telles que "je suis un bon à rien, je ne sais rien faire", des rapports avec les autres élèves de plus en plus tendus, avec un soulagement visible quand l'un ou l'autre est absent le matin.
très vite, on passe à d'interminables négociations le matin sur le thème de "pourquoi je dois aller à l'école", mais attention pas de larmes, ou de manque d'envie seulement, une vraie négociation argumentée tous les jours, et il faut reconnaître que j'ai rapidement commencé à manquer d'arguments... il a donc été beaucoup "malade" en première période, car je ne me sentais pas de le forcer à coup de "c'est comme ça et puis c'est tout", j'aurais alors été à l'encontre de tout ce que ce que je trouve logique en terme d'éducation...
on a fait avec lui des listes de pour et de contre, pleins parce-que si on lui demandais si il aimait l'école, non, mais chaque élément séparément, oui... bref, le flou le plus total...
la situation a vite dégradé, il est passé de ne plus apprendre à ne plus savoir ce qu'il avait déjà acquis en quelques semaines, il a commencé à rentrer avec des contractures musculaires, des douleurs diffuses, et une humeur de plus en plus maussade. j'ai commencé en entendre parler de punition (genre privé de récréation) en cas d'exercice non réussi, de cris et de menaces, de moqueries diverses... mais je voyais que c'était difficile pour lui de dénoncer ces comportements venant d'adultes qu'il appréciait malgré tout et qui représentaient une autorité (bien qu'ils aient peu à peu perdu ce statut à ses yeux). en fait, il a fallu que ces reproches soient faits à un remplaçant en premier lieu, avant qu'il finisse par dire que c'était comme ça aussi les autres jours.
donc, avant les vacances de noël, on a fait une sorte de crash test, pour moi plus que pour lui: deux semaines d'apprentissage à la maison. test pour moi, car avec mon emploi du temps de dingue, je ne voyais pas comment organiser mes journées pour qu'il fasse autre chose que de me suivre partout, et puis j'avais de gros gros doutes sur ma capacité à lui enseigner... je voulais aussi mettre ce temps à profit pour essayer d'y voir plus clair sur le découragement du loulou sur la question des apprentissages scolaires. le constat a été sans appel: il a non seulement récupéré ce qu'il ne savait plus quasi instantanément, mais encore il a plus avancé sur les basiques que depuis la rentrée... le tout au rythme d'une à deux heures grand max par jour, et le reste en autonomie à sa demande. exemple: il estimait que ses lettres n'étaient pas "jolies", donc il a noirci des pages et des pages dans un coin de mon bureau jusqu'à être satisfait. la vraie difficulté a été que je n'étais pas préparée, donc j'ai un peu de mal à fournir assez de matière.
passé ce temps, la décision finale était prise sans le dire, mais j'ai trouvé bien que le petit y réfléchisse sérieusement, nous avons donc attendu qu'il nous donne SA décision, qui a été d'apprendre à la maison. je vous laisse imaginer le grand blanc au téléphone quand j'ai annoncé ça à l'école... mais surprise, l'instit m'a rappelée dans la journée pour me dire qu'elle avait pris des infos sur l'instruction en famille, me proposer de rencontrer une de ses collègues qui a ses enfants dans ce cas, et me donner ses supports de travail... après discussion, elle avait besoin d'être rassurée sur le fait qu'elle n'était pas personnellement la source d'un problème, et m'a dit du bout des lèvres qu'elle n'était pas étonnée par notre choix, qui était sans doute le bon. j'ai son téléphone perso en cas de souci avec l'inspectrice régionale, qu'elle connaît personnellement.
voilà donc quelques mois qu'on est lancés, avec des thèmes différents toutes les deux à trois semaines, choisis par le petit, du coup on passe des oiseaux aux dinosaures et des arbres au corps humain en passant par le système solaire. on est restés sur deux fois une heure dans la journée, c'est suffisant pour l'instant, on discute beaucoup toute la journée en fait... hormis le fait que mes clients s'inquiètent de recevoir les compte rendus à trois heures du mat', tout va bien... ben oui, j'ai arrêté de dormir du coup.
je vois disparaître les "séquelles" scolaires, et du coup je prends du même coup conscience qu'elles étaient là. et j'ai toujours du mal à préparer assez de supports en avance tellement il va vite, mais vite...
sinon, en terme de comportement, il a retrouvé sa joie de vivre, il a renoué avec son amie la ponette (qui sentant ses tensions avait tendance à lui refuser toute activité ludique, préférant s'en tenir aux câlins, elle est très fine observatrice celle-ci...), et il est redevenu sociable avec les humains.
il a quelque chose comme dix milles projets, mais surtout il veut apprendre à connaître tout ce qui est vivant pour comprendre "pourquoi les humains détruisent tout"...
voilà, bravo à ceux qui sont arrivés au bout du pavé, et si certains veulent partager leur expérience c'est avec grand plaisir!